Double vie - épisode 4 : Yann, vice-champion de France de lancer de poids, est passionné de peinture

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Double vie - Épisode 4 : Yann est vice-champion de France de lancer de poids. Et en parallèle il est passionné de peinture. ☄️
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00:00 Je voulais pas devenir peintre, ça me semblait insurmontable.
00:02 C'était trop technique.
00:03 Mon temps libre, je le passe à être payé en fait.
00:05 Je travaille dans un lycée, je suis surveillant.
00:07 Et mon temps de travail, c'est tout du moment où je suis pas payé.
00:10 Quand je fais ma peinture, quand je fais de l'eau lancée de poids,
00:13 pour moi ça c'est du travail.
00:14 Je suis Yann Moisan, je suis vice-champion de France de lancée de poids.
00:21 Et là, je vais faire ma séance d'entraînement.
00:24 Mon record c'est 18m65, mais avec le 7,260kg.
00:28 Et ça c'est un 6,750kg.
00:30 Donc du coup c'est vraiment plus facile.
00:31 Là pour l'instant c'est les pivots, donc c'est du demi-élan un peu.
00:34 C'est pas très clair, je crache sur mon poids.
00:39 C'est pour que ça accroche dans le cou.
00:41 Si ça accroche pas, c'est l'enfer.
00:43 Un poids qui glisse comme ça,
00:45 quand le poids est n'importe comment, le coude il a mal.
00:47 J'ai un bon coup de bras, mais...
00:55 j'utilise pas du tout mes jambes, je suis en avance.
00:58 Je mets pas grand chose dans le poids à part mon bras.
01:01 Du coup on perd énormément en distance.
01:03 L'objectif c'est de passer les 19m cet été.
01:06 Pour battre le record de Bretagne,
01:08 donc avoir le record de ma région.
01:10 Et aussi faire 19m parce que personne de ma taille ne l'a fait dans l'histoire.
01:13 C'est un peu un objectif, parce que je suis vraiment petit.
01:16 En termes de taille, ça c'est mes concurrents ça.
01:19 Ils font à peu près cette taille là en moyenne, mais il y en a qui sont bien plus gros.
01:22 Et ils mettent bien 20, 20 ou 30kg.
01:25 Et je suis déjà lourd, je fais 110kg.
01:27 Du coup là, je vais passer sur les élans complets.
01:29 Donc là on rentre dans le vif de la séance du coup.
01:31 Sur ce jet là, j'ai créé plus de tension.
01:41 Du coup moi qui voulais tomber au niveau du plo,
01:44 je me suis surpris, je dois être 70cm plus loin.
01:46 60cm plus loin.
01:48 Et pourtant j'ai mis moins d'effort que dans le jet d'avant.
01:51 Parce qu'il y avait plus d'élasticité musculaire.
01:55 Les gens voient juste des gros gars, grands gars,
01:58 qui ont l'air de monstres physiques, d'ogres,
02:00 qui lancent des objets et qui crient.
02:02 Donc ça paraît pour des gros bourrins,
02:04 mais en fait on voit pas toute la finesse qu'il y a derrière,
02:06 tout l'entraînement, tout le travail sur la technique.
02:08 C'est toujours combiner deux variables qui ne vont pas ensemble.
02:11 Par exemple le relâchement et la tension.
02:13 Mettre de la force, mais tout en restant souple.
02:16 C'est plein de notions qui ne vont pas ensemble normalement.
02:19 Et il faut les combiner dans un seul petit mouvement très court.
02:21 Donc c'est très compliqué.
02:22 Il y a difficilement plus de technique.
02:24 Les lanceurs de poids, particulièrement,
02:26 on est un peu les décathlètes de la force.
02:28 C'est-à-dire qu'on doit avoir toutes les sphères de la force,
02:30 l'haltérophilie, le powerlifting,
02:33 donc la force développée, couchée, squat, soulevé de terre.
02:36 Toutes les sphères de la force, on doit plus ou moins les maîtriser,
02:39 mais on doit les associer et s'entraîner
02:41 pour aller dans un mouvement élastique d'athlète.
02:44 Donc il faut être fort, mais en même temps il faut être un athlète.
02:46 Si on tue l'athlète qui est en nous
02:48 et qu'on devient juste quelqu'un qui fait de la force,
02:50 on se soulèvera très loin, mais on en sera vraiment pas loin.
02:52 On sera vraiment nul.
02:54 Il y a tout un côté méditatif,
02:57 le côté où c'est un sport où il faut être hyper explosif,
03:01 hyper tonique, limite quand on va y aller,
03:05 il faut être prêt à se battre, à casser une bouche.
03:09 Sauf qu'en fait, il faut réussir à garder un calme olympien,
03:13 une détente, un relâchement,
03:15 pour que vraiment quand on met la patate dans le poids,
03:18 il y ait vraiment tout qui explose.
03:20 Là, on passe à l'étape presque la plus importante,
03:23 en tout cas la plus marrante.
03:25 Enfin, ça dépend des jours, mais la mesure.
03:27 Il fait 16,60 sur le pivot et 19,10 à peu près sur l'élan complet.
03:41 Donc ça va, c'est une séance correcte.
03:44 Bon, là du coup, après deux heures de séance d'entraînement,
03:47 je vais aller chez moi pour vous montrer ma deuxième passion,
03:50 la peinture, ce qui anime et qui animera après ma carrière
03:53 de lancer aussi ma vie.
03:55 Là, c'est mon atelier et ma chambre en même temps.
03:58 Donc c'est là où je peins.
03:59 Là, ça va être une sorte de loue,
04:01 mais je m'inspire d'une peinture de De Vinci.
04:03 Ça, c'est peint à l'acrylique.
04:04 L'acrylique, c'est une peinture un peu plastique.
04:06 Ça me permet de faire les fonds et d'avoir une base
04:09 et après, je reviens à l'huile dessus
04:11 pour travailler, continuer un peu comme un artiste.
04:14 Pour travailler, continuer un peu comme à l'entraînement ce matin.
04:18 C'est répéter des gestes,
04:20 se familiariser avec la lumière, la couleur.
04:23 Je voulais à la base devenir maquettiste
04:25 parce que quand j'étais au collège,
04:26 j'avais vu l'exposition Star Wars à la géode
04:29 avec toutes les petites maquettes et tout ça.
04:31 Je voulais devenir maquettiste.
04:32 J'ai commencé vraiment la peinture
04:34 quand j'ai fait mes études d'art appliqué.
04:36 On avait un prof de peinture.
04:37 Il nous a appris les jeux entre les couleurs,
04:39 les liens entre les mélanges,
04:41 les liens entre l'ombre et la lumière.
04:43 Il nous a donné un peu des yeux.
04:45 Et à partir de ça, ça m'a vraiment donné le goût de la peinture,
04:48 l'envie de peindre de plus en plus.
04:51 J'aimerais bien en vivre.
04:52 Ce serait un objectif, ce serait extraordinaire.
04:54 Et puis comme il y a en même temps ma carrière de sportif
04:58 et que sportif, c'est beaucoup plus périssable que peintre,
05:01 pour l'instant, je ne peux pas me mettre à 100%
05:04 à essayer de vendre, démarcher.
05:07 Il y a beaucoup de temps où je fais des allers-retours.
05:10 Il faut toujours prendre du recul.
05:12 Ce matin, je disais par exemple que j'aimais m'entraîner tout seul,
05:14 dans le silence, calmement, pour me concentrer sur mes sensations,
05:18 sur le mouvement.
05:20 Et là, on est un peu sur ça.
05:22 Moi, je vois beaucoup de rapports sur ça,
05:23 surtout sur l'expression du corps, là sur la toile.
05:27 Mais ce matin, c'était dans le plateau.
05:29 Il y a beaucoup de parallèles qui ne sont pas assez faits.
05:32 C'est souvent par exemple une sorte de recherche constante,
05:35 de progrès, l'abnégation qu'il faut pour progresser.
05:38 C'est comme dans le sport.
05:39 Si tu ne travailles pas, tu ne vas pas progresser.
05:41 Et si tu te dis que c'est impossible, c'est sûr que tu ne vas pas le faire.
05:44 Je dirais plus que c'est le sport qui m'a aidé pour la peinture.
05:47 Le fait de faire des trucs que tu n'as pas envie de faire pour un objectif.
05:51 Si tu te dis que tu ne peins pas tous les jours,
05:53 ou tu ne peins pas régulièrement, ou au moins tu ne dessines pas tous les jours,
05:56 tu ne vas jamais progresser, ce n'est pas possible.
05:58 Et donc, tu vas te décourager, et donc tu vas arrêter.
06:00 C'est un cercle vicieux, alors que si tu te forces,
06:03 c'est un cercle vertueux.
06:04 Le sport, ça apporte ça, et c'est hyper important de l'avoir.
06:07 Parce qu'entre deux personnes, un qui l'a et un qui ne l'a pas,
06:09 c'est toujours celui qui l'a qui sera devant.
06:12 Sous-titrage Société Radio-Canada
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06:17 [SILENCE]

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