• l’année dernière
Oui, les violences sexistes et sexuelles au sein de la communauté LGBTQIA+ existent. Anissa, créatrice de contenus et militante, en a été victime et elle témoigne.
Transcription
00:00 Je me suis dit "Waouh, en fait, c'est pas que les hommes quoi !"
00:02 Ce n'est pas parce qu'on fait partie d'une communauté qui est censée être safe,
00:05 où on est entre nous, etc., que ça passe droit en fait.
00:07 Comme vous le savez, à l'origine, je n'avais pas du tout envie de m'exprimer
00:11 sur les agressions sexuelles que je peux subir depuis un an,
00:14 puisqu'il y a des gens qui essayent de faire du buzz dessus sur les réseaux sociaux,
00:17 autant que j'en parle une bonne fois pour toutes.
00:18 Il faut savoir qu'il y a aussi des violences sexistes et sexuelles
00:21 dans la communauté LGBTQIA+,
00:23 dont moi j'ai été victime et dont d'autres personnes sont victimes,
00:25 que ce soit des hommes, des femmes, peu importe.
00:27 Les premières fois, ça a été en soirée, quand je suis sortie en boîte avec des amis,
00:30 ça s'est manifesté de manière différente,
00:32 que ce soit par du harcèlement sexuel, par des petites réflexions,
00:35 par des mains au cul, on m'a déjà attrapée par le coup.
00:37 On m'a expliqué que j'étais son fantasme.
00:39 C'est vrai que moi, les premières fois que j'ai été victime de violences
00:41 au sein de la communauté LGBTQIA+, j'ai été très choquée,
00:43 parce qu'en fait, quand on débarque dans cette communauté-là,
00:45 quand on s'affirme, quand on fait notre coming out,
00:47 même si j'aime pas ce terme-là,
00:48 on s'attend à une communauté qui va être forcément que safe,
00:50 parce qu'on est entre nous, on se soutient vis-à-vis de toutes les inégalités qu'on subit,
00:53 toutes les violences qu'on subit dans la société, étant une minorité.
00:56 Finalement, on se rend compte, il y a aussi des violences dans la communauté LGBTQIA+.
00:59 Tous les stéréotypes qu'on a, que ce soit sexiste, misogyne,
01:02 peu importe, en fait, se répercutent aussi au sein de cette communauté.
01:05 En tant que femme, on se dit "bon, c'est compliqué, on va en soirée,
01:08 il y a des garçons qui vont nous regarder, il y a des garçons qui vont nous toucher, etc."
01:10 C'est notre consentement.
01:11 Il y a beaucoup de personnes qui se disent "on est entre nous, du coup, je peux faire ce que je veux.
01:14 On va avoir des femmes, on est entre meufs, du coup, je peux aller l'embrasser sur la bouche, etc."
01:17 sans lui demander son consentement.
01:18 Ce n'est pas parce qu'on fait partie d'une communauté qui est censée être safe,
01:21 on est entre nous, etc., que c'est un passe-droit.
01:23 J'ai eu le retour d'une amie à moi qui est aussi sur les réseaux sociaux
01:27 et qui racontait qu'elle avait des amis gays qui, en fait, se permettaient tout et n'importe quel comportement,
01:31 parce qu'ils se disent "non mais je suis gay, ça va, je suis gay, c'est une meuf,
01:34 elle sait très bien que j'aime les hommes, du coup, je peux arriver, t'embrasser sur la bouche, etc."
01:38 C'est un corps qui n'est pas le vôtre.
01:40 Je pense que le consentement, ce n'est pas juste une notion qui ne s'applique qu'aux hommes
01:43 et que dans les relations hétéro, c'est vraiment pour tout le monde.
01:45 On normalise ça, on a l'habitude.
01:47 C'est tellement le quotidien en soirée que personne n'en parle.
01:49 J'ai une double peine parce que je vais en soirée, je peux me faire agresser.
01:52 Et en plus de ça, je suis quelqu'un qui est connu.
01:54 Forcément, les gens se disent "mais c'est pas grave, elle est connue, elle est accessible,
01:57 t'as décidé de mettre ta vie sur les réseaux sociaux, donc on peut venir te parler, on peut venir te toucher."
02:00 Les gens oublient qu'on est des êtres humains.
02:02 Il y a des femmes qui, lorsqu'elles me voient, se disent "oh mon dieu, Yannissa, c'est maintenant ou jamais,
02:06 je tente toutes mes chances, j'ai rien à perdre."
02:07 Ça fait deux ans que je suis sur les réseaux et il n'y a pas une soirée où je ne rentre pas en pleurant,
02:12 ou énervée, ou traumatisée.
02:13 Ce n'est pas parce que c'est la main d'une femme ou que c'est une femme qui est venue m'agresser
02:16 que ça change quelque chose, c'est exactement la même chose que si c'était un homme.
02:19 Sachez que ça m'énerve de faire cette vidéo pour la seule et bonne raison que ça va donner du crédit aux hommes.
02:23 Je sais pertinemment qu'il y a des hommes qui vont commenter des choses telles que
02:26 "ben alors les féministes, il y a même des violences entre les femmes,
02:28 ben alors les féministes, on découvre que les hommes ne sont pas le problème et que c'est juste l'être humain."
02:32 Et non, ce n'est pas vrai, mon discours ne change rien au fait que la plupart des personnes qui sont auteurs de violences
02:36 restent des hommes, on vit dans une société patriarcale qui fait que.
02:39 Je me suis tellement fait agresser par des hommes que malheureusement en tant que femme dans cette société-là,
02:43 on a normalisé la chose et on a habitué.
02:45 Quand ça vient de la part d'une femme, je me dis "mais on est dans le même camp, qu'est-ce que tu fais ?"
02:50 On est censé se soutenir entre femmes et là on se rend compte que ce n'est pas le cas et c'est hyper désolant.
02:54 Il n'y a pas de profil type de victime, il n'y a pas de profil type d'agresseur ou d'agresseuse.
02:58 Le consentement s'applique à tout le monde et à tout espace et toute communauté.
03:03 On est mis !
03:05 [Musique]

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