Ce samedi 8 mars au soir, le message "SOS femmes afghanes" s'affichera sur la Tour Eiffel. Un appel aux entreprises et aux universités pour s'engager à recruter les femmes afghanes alors que la liste de ce qui leur est interdit par le régime taliban ne cesse de s'allonger. Entretien.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00Et à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, une initiative sur
00:04laquelle nous voulions braquer le projecteur dans le grand entretien, ce soir, la tour
00:09Eiffel fera apparaître un message SOS femmes afghanes.
00:13SOS femmes afghanes, c'est le nom d'un appel lancé aux entreprises, aux universités
00:19françaises qui ont des partenaires, des filiales dans le monde, pour s'engager à former,
00:24à recruter ces femmes afghanes alors que la liste de ce qui leur est interdit ne cesse
00:29de s'allonger.
00:31Question, réaction chers auditeurs, au 0145 24 7000 ou sur l'appli Radio France, ces trois
00:38invitées avec nous en plateau que j'ai le bonheur d'accueillir, bonjour à tous les
00:42trois.
00:43Bonjour.
00:44Ayam Suro, vous êtes philosophe, vous êtes écrivaine, fondatrice de l'école Pierre
00:48Clavert, une école qui œuvre à l'intégration des réfugiés en France, et on va parler
00:53de ce que vous faites d'ores et déjà pour les femmes en Afghanistan, et à vos côtés
00:57donc deux acteurs, actrices de ce monde économique et universitaire qui répondent
01:03présents avant la séance, la première séance de travail ce soir, Marguerite Johnston-Clarke,
01:08bonjour, directrice Monde de la diversité, de l'équité et de l'inclusion chez L'Oréal
01:14et Éloïque Perrache, directeur de la très prestigieuse école de commerce HEC à Paris,
01:20bonjour à vous et bienvenue dans ce grand entretien de France Inter, démarrons donc
01:25par cet appel du 8 mars à Ayam Suro, c'est la journée des droits des femmes, mais la
01:31situation des femmes afghanes n'a aucun équivalent dans le monde, elles ont perdu tous les droits,
01:37on peut le dire aussi simplement que ça c'est leur réalité aujourd'hui.
01:41Oui, la situation des femmes afghanes est en effet incomparable, les femmes sont malheureuses
01:47dans beaucoup de pays du monde, et aujourd'hui sera l'occasion, comme chaque année, d'organiser
01:53toutes sortes d'événements pour rappeler les injustices, etc.
01:57En Afghanistan, il y a quelque chose de particulier, c'est que l'oppression des femmes est légale.
02:02Elle est légale, et c'est justement pour ça que l'indignation ne suffit pas et que
02:08l'action à mener n'est pas d'ordre uniquement humanitaire, il faut que vous nous décriviez
02:15à quoi va ressembler donc cet appel à la mobilisation et le symbole ce soir de ce qui
02:20va se jouer à Paris avec cette tour Eiffel illuminée et ce message SOS Femmes Afghanes.
02:27C'est accompagné, ce message, d'un dessin de la dessinatrice Coco ?
02:31C'est plus qu'accompagné d'un dessin, c'est inspiré par un dessin.
02:35C'est assez extraordinaire les dessins de presse, comment ils cristallisent quelque
02:40chose en un instant.
02:41C'est un dessin de Coco qui est paru dans Libération en octobre dernier et qui représente,
02:47en fait on ne voit rien au départ, on voit SOS écrit en bleu et lorsque vous regardez
02:53de plus près, vous voyez que ces lettres SOS sont composées de corps de femmes debout
03:00en burqa bleu et comme lorsque vous êtes naufragé sur une île, échoué sur une île,
03:07vous voulez appeler de l'aide par exemple un avion qui passe dans le ciel, des personnes
03:13se mettent ensemble pour écrire les lettres SOS sur le sable et Coco a mis en titre « Les
03:21Afghanes interditent de parler entre elles ». En effet, quand elle a fait ce dessin,
03:24c'était au moment où on apprenait cette interdiction ubuesque, extraordinaire, qui
03:30est la dernière, une sorte de violence ultime et elle représente…
03:33Interdiction d'aller à l'école, de s'instruire, de travailler.
03:37Toutes les interdictions.
03:38La première c'est en effet d'aller à l'école, l'interdiction d'aller à l'école n'existe
03:43pas ailleurs dans le monde.
03:45Les femmes ne peuvent pas pouvoir aller à l'école par l'effet de la misère, de
03:48l'éloignement, des traditions, de la superstition, ce que vous voulez, mais interdite par la
03:53loi d'aller à l'école, c'est unique au monde.
03:56Interdite de travailler, interdite de sortir sans être accompagnée et là justement en
04:02octobre on entendait « interdite de parler même entre elles » et c'est à ça que
04:07réagit Coco.
04:08Et dans le coin, vous voyez deux petits personnages barbus un peu ridicules qui disent « ah,
04:16toujours à se faire remarquer ». Et donc tout est déjà dans ce dessin, parce qu'elles
04:22sont remarquables, elles se font remarquer et c'est de là qu'on est parti.
04:26Et on en prend d'ailleurs dans le couloir de France Inter, vous êtes passée devant
04:28des visages dévoilés de femmes afghanes, puisque c'est une situation et une cause
04:35que nous soutenons depuis longtemps.
04:37Un mot, d'un mot seulement, mais ce symbole illuminé de la Tour Eiffel, ce n'est pas
04:41qu'un symbole pour les Français, Ayam Suro ?
04:44C'est un symbole très puissant, d'abord parce que la Tour Eiffel est connue dans le
04:48monde entier.
04:49Qu'en Afghanistan comme ailleurs, elle représente Paris certainement, mais également la France
04:54et ce que toute la France représente aux yeux du monde, c'est-à-dire justement des
04:59idées de liberté, d'émancipation et donc c'est un symbole extrêmement fort.
05:05Nous nous sommes bouleversés de savoir que les Afghanes en Afghanistan et aussi les Afghans
05:11sans doute, vont voir qu'ils ne sont pas oubliés, ils ne sont pas dans l'obscurité,
05:16que nous entendons leur appel.
05:18C'est aussi un symbole de résistance à l'oppression.
05:22Vous connaissez le calligramme d'Apollinaire ?
05:23D'Apollinaire, avec la Tour Eiffel.
05:26Voilà.
05:27Et c'est là qu'il faut expliquer votre initiative SOS Femmes Afghanes et qu'on va pouvoir
05:31ouvrir le dialogue avec Marguerite Johnstone-Clarke et Loïc Perrache, c'est que vous lancez
05:36une initiative qui n'est pas humanitaire, vous le dites, c'est une initiative pour
05:39trouver des solutions pour ces femmes qui sont remarquables, comme vous dites, qui sont
05:43formées.
05:44En quoi ça consiste ?
05:45Nous proposons une petite solution, c'est-à-dire plutôt que de réparer le monde dans son
05:49ensemble qui est un peu difficile, de faire quelque chose d'assez modeste, d'assez simple
05:54mais concret et faisable.
05:56Et donc, ce que nous proposons aux entreprises françaises les plus fortes et aux établissements
06:04d'enseignement supérieur les plus grands, les plus prestigieux, vous l'avez dit vous-même,
06:08ils sont bien représentés ici dans ce studio, de prendre part à un effort simple qui consiste
06:16à simplement soutenir les femmes afghanes en Afghanistan qui sont capables de travailler
06:23et d'étudier mais qui en sont empêchées.
06:25Comment le faire ? En leur proposant des postes ou des formations supérieures partout dans
06:33le monde où ces entreprises et ces établissements d'enseignement sont représentés, donc pas
06:38forcément en Europe, ce qui ronde avec un automatisme de pensée assez ancré.
06:42Et Margaret Johnston-Clark, forcément, ça, ça vous parle, vous qui êtes directrice
06:48de la diversité, de l'équité et de l'inclusion chez L'Oréal qui est une entreprise éminemment
06:51internationale.
06:52Pourquoi ça vous intéresse ? Pourquoi ça vous parle ?
06:54Parce que ça fait complètement partie de nos valeurs.
06:57Nous, ça fait 23 ans qu'on est engagé sur ces questions de diversité, d'équité et
07:03d'inclusion.
07:04Ça fait plus de 20 ans à l'international, donc l'ensemble de nos filiales.
07:06L'équité de genre fait partie évidemment de nos ambitions parce que même si on est
07:13dans la beauté, on n'était pas nécessairement équitable.
07:15Et c'est vrai que toutes ces personnes exilées, vu que les chiffres ont triplé en 10 ans,
07:22ça nous concerne directement parce que c'est des talents.
07:24Et là, l'idée, c'est de vous valoriser dans une entreprise.
07:26Et là, l'opportunité extraordinaire, c'est pas juste d'attendre qu'ils soient déplacés
07:30vers nous, mais aussi qu'on puisse aller vers ces femmes et leur trouver des opportunités
07:36dans la région parce qu'on a la chance d'être un peu partout.
07:38Et Loïc Pérache, une grande école comme HEC a déjà un programme, d'ailleurs, à
07:42destination des étudiantes, notamment des étudiantes afghanes.
07:47Vous avez répondu présent lorsque Ayam Sourau a lancé l'appel.
07:51Décrivez-nous ce que vous faites d'ores et déjà et ce que vous comptez ou imaginez
07:55faire avec SOS Amzamgan ?
07:58Sur le campus HEC, il y a 135 nationalités, c'est un forum mondial, parfois des ressortissants
08:05de pays.
08:06C'est quasiment l'ONU, mais c'est plus petit que l'ORÉAL.
08:08C'est plus petit que l'ORÉAL, mais c'est quasiment l'ONU et j'en parlais avec un diplômé
08:14il y a trois ans, Adrien Nussenbaum, le fondateur de Miracle, qui m'a dit, un peu comme les
08:18entrepreneurs, on va aller plus loin, on va aller chercher des étudiants issus de
08:20pays en guerre.
08:21Et donc, on a lancé Imagine et c'était juste après la prise de Kaboul par les talibans.
08:29En 2021, on s'est dit que les premiers récipiendaires de ces bourses, ça doit être des jeunes
08:34femmes afghanes.
08:35Et pour nous, c'est une révolution parce qu'on a des milliers de candidatures à HEC.
08:39Là, c'est nous qui avons été cherchés.
08:41On a fait passer des entretiens dans des camps à Abu Dhabi, on a été sortir des femmes
08:45de Kaboul, alors là, pour les faire venir ici.
08:50Ça, c'est le programme Imagine d'HEC.
08:52Alors, c'est notamment ça.
08:54Mais c'est vrai qu'en venant sur le campus, on parle aussi sur le campus de conflit.
08:57On a des gens qui l'ont vécu dans leur chair et ça change beaucoup, beaucoup la dynamique
09:01aussi sur un campus.
09:02Je voudrais préciser quelque chose pour appuyer ce que dit M.
09:06Perache, c'est que les étudiantes afghanes qui sont dans le programme Imagine et que
09:11j'ai eu la chance de connaître, sont exceptionnelles.
09:15Et ça, c'est très important, ça m'a beaucoup frappé parce que parfois, on fait venir des
09:20gens, pas par charité, mais un peu par gentillesse et leur niveau ne correspond pas.
09:25Et en fait, ce que HEC a fait de remarquable, c'est qu'ils ont véritablement sélectionné
09:31des gens, des personnes, des étudiants de très, très grande valeur.
09:35Et j'ai rencontré Soumaya Siddiqui, par exemple, au Najwa Alam, qui va intervenir
09:40ce soir.
09:41Elles sont canons, c'est quelque chose, vraiment.
09:43Comme d'autres grandes écoles, comme Sciences Po Paris, par exemple.
09:46Mais en 2021, Ayam Suro, pour comprendre votre implication et ce que vous faites justement
09:50d'ores et déjà avec les femmes afghanes, vous avez créé une plateforme en ligne à
09:55destination, à leur destination, pour qu'elles puissent s'émanciper.
09:59C'est une plateforme d'enseignement à distance sur Zoom.
10:02C'est invraisemblable de l'imaginer en Afghanistan, mais ça s'organise quasiment
10:07sur le modèle de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale parce que les risques
10:11sont immenses si elles sont repérées par les talibans.
10:15Donc, c'est un réseau de femmes diplômées qui parlent plusieurs langues, qui sont prêtes
10:19à travailler.
10:20Et vous leur permettez de dialoguer entre elles, vous leur permettez d'avoir accès
10:25à Internet dans la clandestinité.
10:27C'est pour ça que l'on propose ce programme.
10:30C'est-à-dire qu'on demande quelque chose aux entreprises et aux universités françaises,
10:34mais on a quelque chose à proposer.
10:35C'est-à-dire justement, en Afghanistan, un réseau très important de femmes remarquables,
10:42de femmes diplômées, ou bien qui avaient déjà un métier et qui ne travaillent plus,
10:48ou bien étaient des étudiantes dont les études ont été interrompues en cours d'études,
10:54ou bien qui sont déjà diplômées et qui n'ont pas encore travaillé.
10:56C'est parce que nous avons ce réseau que l'on peut travailler avec des universités
11:00et des entreprises.
11:01Maintenant, ce réseau est assez, comment dire, en effet, difficile à entretenir à
11:07cause des raisons de la sécurité en Afghanistan.
11:11Il n'y a plus de fenêtres, les fenêtres sont mûrées, il faut mobiliser aussi des
11:14hommes qui puissent emporter du matériel lorsqu'il est cassé.
11:17Il faut savoir que les femmes en Afghanistan, même si les talibans sont revenus, ne sont
11:22pas dans le même état que l'ont été leurs mères.
11:25Elles ont quelque chose de parfaitement différent, elles ont Internet.
11:28Et Internet, c'est une fenêtre qui est très difficile à fermer.
11:31Et c'est donc sur Internet, à distance, que nous donnons des cours aux universitaires
11:37qui ont été chassés des universités.
11:39Mais nous ne sommes pas seuls.
11:40Il y a beaucoup de programmes comme le nôtre.
11:42Notre programme existe depuis octobre 2021.
11:45Il y a des hommes afghans.
11:47Alors, les hommes afghans, il faut qu'on en parle, parce qu'on n'en parle pas assez.
11:51Ce réseau, qui est dirigé par une femme afghane, ici à Paris, qui s'appelle Dida
11:55Azami, il est soutenu beaucoup par des hommes, parce que nous enseignons uniquement aux femmes.
12:01Mais comme elles n'ont pas, parfois, d'ordinateur ou de téléphone portable pour assister aux
12:07cours, on est obligé de leur en fournir.
12:10Et donc, il y a tout un réseau d'armées des ombres, d'hommes en Afghanistan, qui
12:15eux ont le droit de circuler, qui vont dans les 14 provinces d'Afghanistan où nous avons
12:20des élèves, des étudiantes, porter les appareils à leurs portes et leurs frères
12:24descendent prendre l'appareil, remontent, etc.
12:27Les classes sont enseignées par des femmes, pour qu'on ne trouve jamais une pauvre étudiante
12:33afghane qui parle avec un moustachu sur son écran.
12:37Et puis, c'est organisé en effet un peu comme la résistance, c'est-à-dire que
12:43les classes ne se connaissent pas entre elles.
12:47Chaque professeur a un nombre d'élèves, ne connaît pas les autres.
12:51Si une classe tombe, elle tombe seule, elle n'emporte pas tout le réseau.
12:55Les femmes elles-mêmes, les filles sont remarquables, c'est-à-dire elles ont un sens.
12:59D'abord, elles sont courageuses, parce que si elles sont prises, c'est quand même
13:02la fin du monde.
13:03Et elles sont très audacieuses et incroyablement déterminées.
13:09Dida me racontait hier, ça donne une image de leur détermination, il n'y a pas beaucoup
13:15de réseaux en Afghanistan, c'est un pays dévasté.
13:18Et il y a une de nos étudiantes qui habite dans un petit village, dans une région réculée.
13:24Au moment de son cours, elle fait des kilomètres à pied pour se mettre au-dessus d'une colline
13:30où elle capte le réseau.
13:31Et sous la neige ou sous la pluie, elle suit ses cours en haut, toute seule, en haut de
13:36la colline.
13:37Par zoom, sur son téléphone, incroyable.
13:39Vous vous rendez compte de ça.
13:40Avant de revenir à l'entreprise et à Marguerite Johnstone-Clarke, juste à Yamsuro, vous entendez
13:46le reproche qui va peut-être vous être fait à un côté élitiste de la chose.
13:50Vous parlez de ces filles remarquables, extrêmement formées.
13:52Et finalement, et les autres ?
13:53Ça, c'est la différence entre l'humanitaire, qui est indispensable, et notre programme
14:01qui est petit et faisable.
14:03Moi, je pense que dans des situations de crise, il faut aider les femmes qui peuvent aider
14:09les autres.
14:10Et donc, elles vont être là pour changer les choses.
14:12C'est ce que l'on fait toujours.
14:14En temps de crise, dans un typhon, les Américains savent très bien ça, on sauve les médecins
14:20d'abord.
14:21Parce que les médecins peuvent aider les autres.
14:22Vous voyez ? Ça, c'est une règle en situation de crise.
14:26Par ailleurs, c'est faisable.
14:28Il y a besoin de rôle-modèle.
14:29C'est une question très importante, effectivement, rôle-modèle.
14:34J'aimerais vous entendre…
14:35De rôle-modèle et aussi de coalition.
14:37Parce qu'en fait, nous, ce qu'on a pu voir chez Le Réel, par exemple, c'est que tous
14:42ces sujets un peu plus difficiles, un peu plus complexes, notamment de lutter contre
14:47le déclassement, par exemple, professionnel de personnes réfugiées, ça ne fonctionne
14:52que quand on est allié avec le milieu associatif, avec le milieu académique.
14:56Et c'est là où ça a vraiment très bien fonctionné.
14:58Avec des écoles comme HEC, par exemple.
15:00Mais vous, vous allez participer à la réunion ce soir.
15:03Qu'est-ce que vous allez concrètement pouvoir proposer pour profiter de ces talents, pour
15:09pouvoir les former en faire des rôles-modèles ?
15:10On a déjà mobilisé nos équipes sur place, donc on a la chance d'avoir un hub Le Réel
15:15sur toute cette région.
15:16Donc, en fait, ils sont déjà au courant.
15:17Et ensuite, à quel endroit ?
15:18Vous êtes présents au Pakistan, vous êtes présents Le Réel dans 150 pays, donc dans
15:23la région.
15:24Absolument.
15:25Donc, l'idée, c'était de pouvoir mobiliser et de pouvoir faire ce lien entre ces femmes
15:30extraordinaires et ces talents et nos équipes pour voir s'il y a des opportunités qui
15:35sont tout à fait propres à la méritocratie et propres à leurs compétences.
15:39On parlait des rôles-modèles tout à l'heure.
15:40La première qui est arrivée sur le campus il y a trois ans, on l'a connectée avec
15:45vous.
15:46La première est une indogane.
15:47Voilà, c'est-à-dire qu'elle était extrêmement engagée sur les deux programmes Inside Kaboul
15:52et Outside Kaboul.
15:53C'est le podcast de Caroline Guinet, c'était elle.
15:55Donc, très présente.
15:57Donc, elle joue ce rôle-modèle, elle diffuse et cette jeune femme, Behista, j'ai en parlé
16:02des cours tout à l'heure, elle était en cours à HEC la journée et elle donnait des
16:05cours à distance aux jeunes femmes afghanes qui étaient en Afghanistan la nuit parce
16:09qu'elles voulaient absolument continuer à être…
16:10Ça ne faisait pas beaucoup de sommeil.
16:11Ça ne faisait pas beaucoup de sommeil, mais c'est là où elles sont extrêmement engagées.
16:15Et c'est vrai que parler de ces femmes-là, parler de difficultés, parler de paix sur
16:19le campus, ça n'a pas la même profondeur quand vous avez des gens qui bénéficient.
16:24Et juste sur un plan vraiment pragmatique, vous êtes chef d'entreprise en quelque sorte,
16:29vous connaissez bien l'économie, il y a un vrai apport économique de ces personnes-là ?
16:35De toute façon, la diversité, on sait tous que ça amène à beaucoup plus de performances.
16:39Donc c'est vrai que nous le programme, c'est pas seulement des jams karmagans, on a des
16:42Syriens, des Ukrainiens, cette année des Palestiniens et des Israéliens.
16:45Et donc, voilà, cette diversité-là, c'est un atout et on veut en faire des ambassadeurs
16:51de cette diversité, nos étudiants.
16:52C'est pour ça qu'il y a autant de nationalités sur le campus.
16:54Bonjour Sonia et bienvenue sur France Inter.
16:57Oui, bonjour, merci beaucoup, votre émission est remarquable, cette initiative est absolument
17:03allouée.
17:04Merci d'y participer.
17:05Oui, merci, j'ai travaillé à Kaboul jusqu'en mai 2024 à l'hôpital français.
17:10Je connais très bien la situation des femmes afghanes, en particulier dans le domaine de
17:14la santé.
17:15J'habite toujours à Kaboul aujourd'hui, j'essaie de continuer à apporter mon soutien
17:20sous toute forme possible aux femmes afghanes dans leur intégralité.
17:25Ce que vous dites est très vrai, mais effectivement, se concentrer sur des jeunes femmes remarquables,
17:30malheureusement, ce n'est pas ça qui va changer le destin du pays.
17:32On a, nous, beaucoup aidé au niveau familial, amical, des anciens collègues, à l'intégration
17:37de jeunes femmes afghanes en France.
17:39On le fait toujours, c'est essentiel, je le répète, c'est absolument essentiel.
17:42Bravo pour cette initiative.
17:45En allant un tout petit peu plus loin, la logistique de sortir les femmes afghanes d'Afghanistan
17:50est très, très compliquée.
17:52Je crois que les autorités françaises nous aident un peu plus à faire un espèce de
17:56couloir qui leur permette de sortir d'une façon sûre de l'Afghanistan et de faire
18:01leur demande de visa en Iran ou au Pakistan.
18:04La chose sur laquelle je voudrais insister, c'est essentiel, c'est le début d'un cheminement,
18:11et être aux côtés des femmes et des jeunes filles afghanes en Afghanistan aujourd'hui.
18:15Il ne faut surtout pas l'oublier, c'est là que les choses peuvent changer.
18:19Il faut que les ONG puissent continuer à travailler avec des financements substantiels.
18:23Malheureusement, suite au retrait en particulier de l'USAID, les ONG aujourd'hui en Afghanistan
18:29souffrent énormément.
18:30Et c'est très important.
18:31Merci infiniment Sonia pour votre témoignage et également pour votre appel.
18:36C'est vrai qu'on a plusieurs auditeurs, auditrices qui disent qu'ils ont essayé,
18:42elles ont essayé depuis l'arrivée des talibans de faire venir des femmes afghanes
18:47en France ou du moins de les aider à sortir de leur pays.
18:51Elle a alerté nombre d'associations, Magali, elle a appelé des élus en vain et finalement
18:56elle a réussi à fuir au Pakistan en fête du Magali.
19:00J'ai honte de ne rien pouvoir faire pour cette amie, c'est désespérant.
19:04Bravo pour cette initiative.
19:05Mais Ayaan Sourau, vous connaissez bien cette situation-là.
19:08Je connais bien la situation et ce programme SOS Afghan est né justement d'une expérience
19:15concrète.
19:16Ce qui est très très difficile et de plus en plus difficile, Sonia a raison de le dire,
19:22c'est de faire sortir comme on dit, c'est-à-dire d'évacuer les femmes afghanes au titre de
19:28l'asile.
19:29Ce que nous proposons c'est une autre approche.
19:32Oui, totalement différent.
19:33Une autre approche c'est en fait de proposer des postes, c'est-à-dire des emplois ou
19:39des formations supérieures comme à n'importe quelle étudiante ou professionnelle du monde.
19:45C'est-à-dire qu'elle quitterait l'Afghanistan temporairement et non pas définitivement
19:51pour une mission, pour travailler dans une entreprise ou pour faire une formation supérieure
19:55dans une université et revenir dans son pays.
19:58Mais question aux Américaines, puisque l'entretien malheureusement arrive à son terme mais c'est
20:02vrai que la suppression de USAID, ou en tout cas des financements de USAID, c'est une
20:07véritable catastrophe dont on voit les effets concrets quand on parle des femmes afghanes
20:10par exemple.
20:11Les décisions de Monsieur Trump seraient guignolesques si leurs effets n'étaient pas criminels.
20:16Mais il faut bien voir qu'il n'y a pas que l'Amérique qui a réduit son aide.
20:21L'aide de l'Amérique étant colossale, évidemment ça va avoir des conséquences
20:25fatales pour beaucoup de populations.
20:27Mais l'Europe aussi, les pays donateurs ont également réduit de beaucoup leur aide
20:32au développement.
20:33Je pense que ça doit être pour nous, non pas une opportunité de pleurer encore, mais
20:39de chercher d'autres manières de développer, d'autres opportunités.
20:43Justement, en tant qu'entreprise, nous c'est vraiment une opportunité de pouvoir
20:47trouver et de pouvoir accompagner des talents.
20:50Et donc c'est précisément pour ça qu'on est là et c'est pour ça qu'on le fait
20:55depuis des années.
20:56Justement, dans le cadre de cette lutte contre le déclassement professionnel, de pouvoir
21:04changer le regard, pouvoir éduquer en interne et pouvoir s'assurer que l'équité mais
21:10aussi l'inclusion puissent vraiment s'organiser dans toutes nos équipes.
21:12Donc nous on a 166 nationalités.
21:15Mais ce qui est vrai, c'est que c'est le travail ensemble qui est...
21:19C'est pas une compétition et vous êtes battus par une femme aujourd'hui.
21:23Non, mais je pense que ce qui est vraiment très bien, c'est de pouvoir continuer à
21:26travailler ensemble avec le monde académique, le monde associatif et le monde de l'entreprise
21:31pour trouver d'autres solutions.
21:33Et puis c'est très important d'être créatif en ce moment.
21:35C'est vrai qu'on peut toujours se dire, on ne fait pas assez, il faut aller plus loin,
21:38etc.
21:39On a besoin de ces émissions comme les vôtres.
21:40Là, on a besoin d'en parler parce qu'il y a besoin de fonds, comme vous dites.
21:44Nous, ces jeunes femmes afghanes qui viennent sur le campus, elles n'ont rien.
21:47Elles cassent leurs lunettes, on les accompagne, on repaye leurs lunettes parce qu'à un moment,
21:51elles n'ont plus rien.
21:52Et donc, s'il n'y a plus USAID, c'est à nous tous de se mobiliser.
21:56Nous, on mobilise nos diplômés, les entreprises.
21:58Et voilà.
21:59Donc merci beaucoup de donner beaucoup de visibilité.
22:02Merci à vous.
22:03Et bravo.
22:04Le mot de la fin à Yann Sureau, puisque nous sommes déjà très en retard.
22:06Je trouve que ce que nous proposons ensemble, avec les entreprises et les universités comme
22:11HEC, c'est la chose la plus forte contre Donald Trump.
22:16C'est-à-dire une conversation raisonnable entre gens intelligents sur les solutions possibles.
22:21Et un monde ouvert.
22:22Et une belle coalition.
22:23Et vive la Tour Eiffel.
22:24Et vive la Tour Eiffel.
22:26Merci infiniment à tous les trois.
22:28Et bravo.
22:29On suivra cette initiative.
22:30Excellente journée à vous tous.