Nicolas est le fondateur de la Société Protectrice des Végétaux. Dans son hôpital végétal, il récupère les plantes destinées à être jetées ou abandonnées. Il nous explique comment donner une seconde chance à ces plantes
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00:00 Si mon enfant est malade, c'est normal que j'aille chez le médecin.
00:03 Si mon chien est malade, c'est normal que j'aille chez le vétérinaire.
00:05 On doit avoir la même chose avec les végétaux.
00:07 C'est mon petit hôpital végétal.
00:10 Moi, ce que je veux, c'est qu'on apprenne à entretenir sa plante
00:12 parce qu'entretenir une plante, c'est déjà avoir un lien social avec son environnement.
00:16 Quand tu prends une plante, demande-toi est-ce qu'elle va mourir chez toi.
00:19 Si c'est le but, n'achète pas de plante.
00:20 Bienvenue à la SPV, la Société Protectrice des Végétaux.
00:28 C'est une pépinière urbaine, parce qu'elle est en plein centre-ville de Lyon,
00:31 dans laquelle on récupère des plantes qui sont censées partir à la poubelle.
00:35 Il y a des fleuristes, des pépiniéristes, des particuliers et des paysagistes
00:38 qui font appel à moi pour ne pas payer la déchetterie.
00:41 Ça, typiquement, chez un fleuriste, ça ne partirait pas.
00:44 Par contre, ça, oui.
00:45 Mais on a surtout à vous apprendre comment est-ce qu'on fait
00:47 pour que cette plante-là, on puisse la faire devenir comme ça.
00:51 Du coup, ce qu'on m'a de vente, ce n'est pas une plante,
00:53 c'est le conseil et l'apprentissage.
00:55 On vend des plantes d'intérieur, des plantes d'extérieur,
00:58 des plantes qui sont trop grandes, des plantes qui sont tordues,
01:00 des plantes qui sont moches, des plantes qui sont jolies.
01:03 Il est beau et pas beau.
01:06 Il y a juste à le tailler, il redeviendra beau.
01:09 À partir du moment où elles sont arrivées là,
01:11 c'est qu'en fait, elles n'avaient plus d'autre recours à part nous,
01:14 et du coup, on les a prises.
01:16 Si vous ne voyez jamais ça dans les magasins,
01:18 en gros, ça veut dire qu'on les met à la poubelle.
01:21 Et c'est ça qui est triste.
01:23 Notre plus grosse mission, c'est lutter contre le gaspillage,
01:26 et donc, du coup, pour ça, c'est la revente de végétaux.
01:28 On vient mettre quatre plantes ensemble,
01:30 et puis, il suffit qu'il y en ait une qui meure sur les quatre,
01:33 pour que la composition soit plus vendable.
01:35 Mais moi, ce que je vois, c'est qu'en fait, il y a encore trois plantes
01:37 qu'on pourrait vendre.
01:39 La deuxième mission, c'est le diagnostic et le soin.
01:41 Si mon enfant est malade, c'est normal que j'aille chez le médecin.
01:44 Si mon chien est malade, c'est normal que j'aille chez le vétérinaire.
01:46 Eh bien, on doit avoir la même chose avec les végétaux.
01:48 C'est mon petit, je ne sais pas si on le voit, mon petit hôpital végétal.
01:53 Comme ici, ce n'est pas de la vente, c'est vraiment que du soin.
01:55 Il y a des plantes que j'ai récupérées sur des chantiers,
01:57 donc on a des ratés.
01:59 Et puis, au milieu des ratés, on a des feuilles qui repoussent.
02:04 Donc, du coup, même quand nous, on a perdu espoir,
02:06 finalement, en fait, on se rend compte que la nature est capable de rattraper.
02:09 Il y a aussi, du coup, mes sapins que je n'ai pas récupérés.
02:12 Donc, c'est vraiment un peu comme un petit peu de soin.
02:14 Mais, finalement, on se rend compte que la nature est capable de rattraper.
02:17 Il y a aussi, du coup, mes sapins que je ne ferai pas cette insulte d'appeler de Noël.
02:21 C'est un sapin avant tout.
02:22 Et on espère pouvoir après les replanter,
02:24 s'en servir pour végétaliser les cours d'école et autres.
02:26 On a créé un centre de pension.
02:28 Comme ça, en fait, on s'occupe des plantes.
02:29 Les gens sont contents.
02:30 Ils ont des photos des plantes quand ils partent en vacances.
02:33 Ils peuvent les suivre à distance.
02:34 C'est génial.
02:35 Et depuis peu, on a créé, du coup, une parcelle spéciale
02:37 pour faire les ateliers sur la taille, le tutorage,
02:40 le rempotage et le traitement en lutte bio.
02:44 Du coup, une Monstera, l'erreur que je vois le plus souvent,
02:47 c'est les tuteurs qui ne savent rien.
02:49 Là, on va chercher à la faire monter.
02:51 Moi, ce que je veux, c'est qu'on apprenne à entretenir sa plante
02:56 parce qu'entretenir une plante, c'est déjà avoir un lien social avec son environnement.
03:00 Je n'ai pas une politique de prix.
03:01 Moi, j'ai une vraie politique éthique.
03:03 Au début, c'était ce que je voulais faire.
03:05 Dire -50% du prix du marché en moyenne.
03:07 Et en fait, on a arrêté en se disant
03:10 en fait, on va la vendre en fonction du prix d'achat.
03:13 Tu entends ce bruit délicieux ?
03:17 C'est thé.
03:19 Effectivement, aujourd'hui, on est dans une société
03:22 où on adore acheter maintenant.
03:24 J'ai eu un coup de foudre devant une plante qui était magnifique
03:27 et elle avait des super belles fleurs.
03:28 Ce n'était pas le moment de la planter.
03:29 Ça allait être très compliqué parce qu'on avait parti en vacances.
03:31 Mais on a eu un coup de cœur.
03:33 Même si c'est compulsif, il faut zéroer très bien.
03:35 Il y a quand même une responsabilité derrière.
03:36 Parce que là, pour le coup, c'est un engagement avec un être vivant.
03:38 Sur le même principe que la SPA, en gros,
03:40 une plante, normalement, on l'achète pour 20 ans.
03:42 Et moi, ce qui me dérange, c'est le fait qu'on n'achète pas sa plante pour 20 ans.
03:45 Ça, c'est une dame qui est partie, je crois, en Allemagne pour faire ses études.
03:50 Ça fait deux ans et donc, du coup, c'est son papa qui s'en occupe.
03:52 Et donc, du coup, à force, elle dit "Bon, voilà, j'en ai marre".
03:54 Et donc, du coup, nous, on la récupère.
03:56 Quand quelqu'un vient nous déposer une plante,
04:02 il a une histoire à nous raconter.
04:04 La première qui m'a encore les larmes aux yeux,
04:07 c'est une prof qui avait diagnostiqué une leucémie sur un élève.
04:10 On a offert la plante à la prof pour la remercier d'avoir été la première personne à avoir la leucémie.
04:16 Et elle me dit "En fait, je vous la laisse, elle est dix fois trop grande pour chez moi.
04:18 Mais on ne peut pas l'acheter parce qu'elles sont raccordées.
04:21 La fille est encore vivante et la plante aussi.
04:23 Il faut surtout qu'elles aillent bien.
04:24 Et je ne peux pas vendre la plante à quelqu'un qui se dit
04:26 "Oui, je vais la prendre pour mon séminaire ce week-end
04:28 et après, je la mets à la poubelle".
04:30 Donc, quand tu prends une plante, demande-toi, est-ce qu'elle va mourir chez toi ?
04:32 Si c'est le but, n'achète pas de plante.
04:34 Ce que je suis en train de faire, si tu veux, tu peux venir toi avec ta plante le faire.
04:43 Du coup, je vais juste regarder et dire "Fais gaffe, peut-être que tu devrais enlever un peu plus le chignon.
04:48 Est-ce que tu as pensé à mettre de l'engrais ?
04:50 Est-ce que tu es sûr que c'est la bonne terre ?
04:52 Comme ça, du coup, en gros, tu peux venir avec ta jardinière et la remplir ici
04:55 et acheter seulement le terreau que tu as besoin
04:57 plutôt que de le stocker et de salir ton appartement.
04:59 J'ai un terreau qui est hyper bien aéré grâce à Wolfie.
05:02 Chacun son boulot à la SPV.
05:04 En plus de ça, mettre les mains dans la terre, il paraît que ça fait sécréter de la sérotonine.
05:09 Tu es heureux ?
05:10 Oui. Les jours où je fais ça, je suis refait.
05:13 Franchement, tu rentres le soir et tu as l'impression que ça va être dix fois mieux que le matin, tu ne sais pas pourquoi.
05:17 Et en fait, je pense que c'est ça.
05:19 C'est le fait d'avoir pris soin de végétaux qui étaient morts.
05:25 Ça ne devrait pas être gratifiant et pourtant, ça te fait du bien.
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