Elle vous a coûté des dizaines d'euros lorsque vous avez acheté votre dernier smartphone, et vous ne le savez peut-être pas. Elle finance l'industrie musicale depuis de très longues années. Mais au fait, c'est quoi la redevance pour copie privée ? On en parle avec Marc Rees, journaliste à L'informé.
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00:00 Elle vous a coûté des dizaines d'euros et vous le savez peut-être pas quand vous avez acheté vos derniers smartphones.
00:05 Elle est censée financer, entre autres, l'industrie musicale depuis quelques années, de très longues années.
00:11 Mais au fait, c'est quoi la redevance pour copies privées ?
00:14 Bienvenue dans Métadonnée, le podcast qui revient aux fondamentaux de la tech.
00:18 - Bonjour Marc Ress. - Bonjour Raphaël.
00:25 - Merci de venir dans Métadonnée. - Merci pour l'invitation.
00:28 Tu es journaliste pour l'Informer et puis je pense que tu es une des personnes qu'il nous fallait pour parler de copies privées,
00:35 si ce n'est la personne en France qui doit suivre à mon avis le mieux le dossier.
00:40 Parce que finalement, c'est quelque chose qu'on voit souvent quand on achète un smartphone,
00:44 quand on achète aussi dans le temps des CD, des choses comme ça, enfin des CD vierges.
00:50 C'est la part copies privées, quelques euros.
00:52 Mais c'est vrai que je voulais revenir un peu sur ce sujet pour savoir, un peu comprendre ce que c'est que cette fameuse redevance pour copies privées,
00:58 pourquoi elle fait autant parler, parce qu'on en a beaucoup parlé ces dernières années,
01:01 c'est devenu et même ces derniers mois, c'est devenu un sujet très politique,
01:04 notamment sur l'histoire des smartphones reconditionnés.
01:06 On va revenir là dessus. Mais déjà, évidemment, je voudrais revenir à la base.
01:09 Alors explique-moi, Marc, c'est quoi le concept de cette redevance pour copies privées ?
01:14 Il faut revenir, il faut revenir aux fondamentaux du droit d'auteur.
01:17 Normalement, lorsque tu peux faire la copie d'une oeuvre, d'une musique, d'un film ou autre que tu as chez toi,
01:24 il faut l'autorisation de ses créateurs.
01:27 Évidemment, ce n'est pas possible.
01:29 On ne peut pas imaginer 60, 70 millions de personnes qui viennent demander à chaque auteur l'autorisation de copier.
01:35 Donc, ce qui a été prévu, c'était l'instauration d'une espèce de forfait qui est une indemnisation aussi,
01:44 et qui autorise ou qui offre la liberté à chacun de réaliser ses copies d'oeuvres.
01:49 Donc, d'un côté, on a la liberté de réaliser ses copies d'oeuvres.
01:52 C'est une exception au droit d'auteur ou une exception au monopole du droit d'auteur.
01:56 Mais en compensation de cette exception, chacun paye une somme qui va varier suivant les supports.
02:04 Ce que j'appelle support, c'est téléphone, tablette, évidemment, disque dur externe, box, clé.
02:10 Dès qu'il y a du stockage.
02:11 Dès qu'il y a du stockage.
02:12 Donc, c'est tout.
02:13 Le champ est très vaste.
02:14 C'est tous les supports, sauf les ordinateurs.
02:18 Donc, à chaque fois, il y a des petites sommes qui sont prélevées.
02:22 Par exemple, au niveau des montants sur un DVD vierge, le support est aujourd'hui complètement mort.
02:27 Il est assez.
02:29 À l'époque, dans les années 2010, il fallait compter entre 90 centimes hors taxe par DVD.
02:37 C'est beaucoup parce que c'est plus cher que le prix du DVD.
02:41 Oui, c'est ça. Donc, ça doublait quasiment le prix.
02:43 Alors, attends, je voudrais revenir aussi à la base historique parce que ça date.
02:49 C'est pas du tout parce que là, tu parles de DVD vierge, etc.
02:51 C'est encore antérieur à ça.
02:53 Bien sûr, ça remonte à l'année 85, dans les années 80, à une époque où les gens copiaient sur cassette VHS.
03:01 C'est ça, c'était les cassettes audio ou VHS.
03:05 Les sommes, c'était quelques millions de francs chaque année qui étaient prélevés,
03:10 qui étaient collectés par les sociétés de gestion collective comme la SACM, la SACD, etc.
03:15 Mais évidemment, lorsque le numérique a éclaté dans le ciel mondial et en tout cas français,
03:22 ça a été une explosion de redevance puisqu'on est passé à des montants extrêmement conséquents collectés chaque année.
03:29 Donc, si je reviens vraiment à la base, en gros, si on prend l'exemple du CD,
03:34 puisque c'est l'exemple le plus récent avec ses supports physiques, un CD,
03:37 le dernier album de Florent Pagny, par exemple, ou peu importe, j'achète cet album.
03:43 En principe, évidemment, si je veux copier cet album, je dois régler des droits d'auteur à Florent Pagny, à sa maison de disques, etc.
03:50 Alors, je ne sais pas pourquoi je prends Florent Pagny, le pauvre, il n'a rien demandé à personne.
03:54 Et par contre, si je veux faire une copie parce que j'ai un lecteur CD dans ma voiture
04:00 et que je veux un deuxième exemplaire de ce CD, j'achète un CD vert et théoriquement...
04:05 Sur lequel il y a quelques centimes.
04:07 C'est ça, parce qu'en théorie, si j'avais voulu faire une copie, j'aurais dû payer une petite somme.
04:12 Ou demander l'autorisation à Florent Pagny.
04:15 Ou peu importe...
04:17 Et donc, quelque part, le mécanisme...
04:19 Donc là, je paye par principe, c'est un forfait, comme ça, on dit, vous n'allez pas demander de l'autorisation à chaque fois,
04:24 vous payez tous et vous pouvez faire vos petites copies pour votre maison de vacances, pour la voiture, etc.
04:29 Donc, quelque part, le mécanisme, je ne sais pas s'il faut le condamner absolument,
04:33 mais en théorie, il n'est pas totalement absurde et c'est quelque chose d'assez sympathique pour tout le monde.
04:40 Il y a une espèce de pot commun, où chacun va payer une petite somme,
04:44 et en échange de la possibilité de réaliser librement des pratiques de copie.
04:48 Ça c'est pour la théorie.
04:49 Mais alors, aujourd'hui, le principal objet qui est taxé,
04:54 on va revenir, pourquoi je dis taxé, il ne faut pas dire taxé, mais on va revenir là-dessus.
04:58 C'est notamment le smartphone.
05:00 Donc, ça veut dire, si je retranscris ça au smartphone,
05:04 ça veut dire que concrètement, je paye pour acheter un CD.
05:08 Je copie la musique sur mon téléphone, en MP3, et j'écoute finalement cette musique sur mon téléphone,
05:15 et je paye pour avoir le droit d'écouter la musique "rippée", que j'ai copiée sur mon téléphone,
05:20 manuellement, en MP3, sur mon appareil.
05:23 On est d'accord que c'est censé être un dédommagement pour ça ?
05:26 C'est un dédommagement, ça ressemble à une espèce de dommage à intérêt,
05:30 à une indemnisation de cette possibilité de réaliser des copies.
05:33 Donc, en théorie, je vous dis, c'est plutôt sympathique.
05:37 Oui, mais j'ai quand même une remarque, que je sais qu'il y en a plusieurs,
05:42 c'est que pas grand monde ne fait ça aujourd'hui.
05:45 C'est-à-dire qu'en général, on est plutôt abonnés aujourd'hui à Spotify, à Deezer, à Apple Music, tout ce qu'on veut.
05:50 J'ai connu les années 80 et les années 2000, 2010, effectivement,
05:54 on avait d'abord des masses de cassettes VHS, des cassettes audio,
05:58 on se faisait des compilations, et c'était pas mal,
06:00 on faisait des compilations à partir des morceaux écoutés à la radio.
06:03 Pareil pour les CD audio, aujourd'hui, on a glissé d'une économie du stock,
06:11 c'est-à-dire on stockait des fichiers, on stockait beaucoup de fichiers,
06:13 on avait une bibliothèque de fichiers, à une économie de flux.
06:16 Donc, les pratiques ont complètement changé.
06:20 On a du YouTube, on a du Dailymotion, du Spotify, du Netflix, du Deezer aussi, je ne vais pas l'oublier, évidemment.
06:31 Donc, les pratiques ont complètement changé aujourd'hui.
06:34 Je ne sais pas si encore beaucoup de monde copie,
06:36 mais en tout cas, une certitude, c'est que beaucoup de monde paye la redevance copie privée.
06:40 Oui, parce que tu as écrit évidemment beaucoup d'articles là-dessus,
06:43 en fait, contrairement à ce qu'on pourrait penser,
06:44 puisque ça nous donne le droit de copier manuellement un MP3 et que plus personne ne fait ça,
06:48 on se dit "bon, du coup, on va peut-être moins payer".
06:50 Sauf qu'en fait, la somme globale augmente depuis pas mal d'années.
06:55 Les sommes, aujourd'hui, on a atteint, j'ai obtenu les derniers chiffres que j'ai publiés dans l'informé,
06:59 on était en 2022, 285 millions d'euros ont été collectés.
07:06 Mais après, il faut savoir aussi qu'il y a une particularité dans le secteur,
07:09 c'est que la redevance, cette indemnisation, cette rémunération,
07:15 comme l'appelle le Code de la propriété intellectuelle,
07:18 elle est collectée non pas chez le vendeur final,
07:24 lorsque l'on va acheter le téléphone, non, ce n'est pas comme ça.
07:27 Elle est collectée au plus haut niveau de la chaîne commerciale, chez l'importateur.
07:30 J'allais dire, grosso modo, en sortie de Pagbo, de SuperTanker, qui vient livrer des...
07:35 - Donc si j'achète un smartphone, moi je vais payer une quinzaine d'euros s'il est neuf,
07:40 et je crois 9 euros ou 8,50 s'il est reconditionné.
07:43 En fait, je rembourse quelque chose qui avait déjà été payé en amont, c'est ça ?
07:47 - Oui, donc qui est-ce qui paye juridiquement, c'est l'importateur ou le reconditionneur ?
07:51 Enfin, on va dire l'importateur, pour faciliter les choses.
07:53 C'est-à-dire qu'en sortie d'importation, enfin en sortie de Pagbo,
07:58 lorsque ces cartons, ces palettes de tablettes et de téléphones arrivent de notre territoire,
08:03 il y a une déclaration qui est effectuée par l'importateur auprès des ayants droit,
08:07 en disant "ben voilà, j'importe tant de smartphones, tant de..."
08:11 et puis ça, on multiplie par 15 euros, et puis voilà.
08:14 Mais après, il faut comprendre aussi une chose,
08:16 c'est que la redevance copie privée, qui est la liberté qui est offerte à chacun,
08:19 à chaque personne physique, de réaliser des copies,
08:23 eh bien finalement, cette redevance copie privée, elle va s'appliquer à beaucoup de monde.
08:28 J'explique. Lorsque vous prélevez la redevance copie privée
08:30 au plus haut niveau de la chaîne commerciale, lors de l'importation,
08:34 l'importateur, lui, ne sait pas si ce smartphone, cette tablette,
08:38 va tomber dans les mains de monsieur ou madame Michu,
08:41 d'un particulier comme toi et moi, ou dans les mains d'un laboratoire d'analyse médicale,
08:48 d'une grande société, d'un artisan, d'un avocat, d'un comptable.
08:52 L'importateur ne sait pas, il ne peut pas deviner.
08:54 Résultat des courses, c'est que toute la chaîne commerciale,
08:57 toute la chaîne commerciale en France, paye la redevance copie privée.
09:00 Est-ce que juridiquement, les professionnels n'ont pas, normalement...
09:02 Eh bien, ils n'ont pas accès à cette redevance...
09:03 C'est que pour les particuliers.
09:04 Ils n'ont pas accès à cette...
09:05 Enfin, un professionnel, lorsqu'il achète des supports,
09:07 ce n'est pas pour faire, hors secteur culturel, mais ce n'est pas pour faire des copies d'œuvres.
09:11 Oui, il ne va pas...
09:11 Il va acheter du support pour copier, là, des mémoires ou des documents, des fichiers, des tableurs.
09:18 Ou des résultats d'analyse médicale pour l'image du laboratoire,
09:21 mais pas l'album de Louane ou de...
09:23 Peu importe.
09:23 Et donc, tout le monde paye.
09:25 Et c'est pour ça que les rendements, aussi, ils sont extrêmement élevés.
09:30 Et parce que, oui, mais s'ils ont payé pour tout le monde,
09:33 c'est-à-dire qu'après, il faut que les professionnels, du coup, se fassent rembourser...
09:36 Parce qu'eux, ils vont payer, ils vont rembourser l'importateur qui a payé pour tout,
09:40 ce qui est normal, et donc, après, ils se font rembourser, c'est ça.
09:43 Et là, on devine assez facilement l'usine à gaz qui se développe devant nous.
09:46 L'expression, elle est peut-être malheureuse, mais je l'assume.
09:50 L'usine à gaz, c'est-à-dire que tous les professionnels vont payer leurs revances copies privées
09:54 parce qu'ils vont acheter des supports dans telle ou telle boutique.
09:59 Et en plus, après, ils vont devoir se lancer dans une procédure de remboursement
10:04 pour récupérer la somme qu'ils n'avaient pas à payer.
10:06 Et donc, évidemment, c'est un peu dissuasif.
10:10 C'est-à-dire que si vous lancez dans une procédure de remboursement qui va vous prendre 2h, 3h...
10:15 Parce que c'est quoi ? C'est compliqué de se faire rembourser ?
10:17 Il y a un service en ligne, j'imagine ?
10:19 Il y a un service en ligne, mais il y a du formulaire, il y a des données à rentrer...
10:22 Oui, donc ça coûte de l'argent.
10:23 Ça coûte du temps, donc ça coûte de l'argent.
10:26 Et parfois, le montant, quand on est un petit artisan, par exemple,
10:29 le montant, il est évidemment plus élevé que les chiffres d'affaires qu'il pourrait récupérer
10:33 pendant ce temps-là en réparant une voiture ou une tuyauterie.
10:37 Et alors, au niveau global, tout ça, on est sur quel montant ?
10:41 285 millions d'euros chaque année.
10:44 Et les montants...
10:46 Mais par exemple, sur les smartphones, parce que je crois que c'est quasiment maintenant l'essentiel des revenus,
10:52 ça se divise comment selon les différents supports ?
10:55 Tout à fait, au niveau de la ventilation des ressources,
11:00 ce sont les smartphones et les tablettes qui rapportent le plus.
11:03 On est à autour de 70-80% même.
11:05 Donc les autres supports, ils sont devenus complètement résiduels.
11:09 Les clés USB, les cartes mémoire ou autres...
11:12 Mais qui sont toujours assujetties.
11:15 Mais du coup, on comprend bien aussi pourquoi il y a eu une volonté d'assujettir les smartphones reconditionnés,
11:21 parce que là, il y avait un trou dans la raquette, puisque le marché du reconditionné est en plein essor.
11:26 Donc les smartphones, c'est le principal revenu.
11:28 Donc c'est vrai que les ayants de droits, ils se sont dit "on va aller essayer d'appliquer la redevance aux smartphones reconditionnés".
11:34 Alors si le smartphone reconditionné avait d'abord été vendu en France,
11:36 c'est vrai qu'on se dit "il aurait été taxé" entre guillemets, deux fois.
11:41 Il y a eu une grosse bataille politique...
11:42 Oui, ou plus.
11:44 Il y a eu une grosse bataille politique entre notamment à l'époque, l'année dernière,
11:48 Roselyne Bachelot et Cédric O, qui étaient ministre du numérique.
11:51 Et puis c'est Roselyne Bachelot qui a gagné, puisque ça a été décidé, ça a été appliqué.
11:56 Maintenant, on paye aussi sur un smartphone reconditionné.
11:58 Oui, on paye aussi sur un smartphone reconditionné.
12:01 Et l'épisode, il est assez symptomatique.
12:05 C'est-à-dire que le dispositif, cette extension de la redevance à ces téléphones remis sur le marché,
12:12 a été adopté dans le cadre d'une loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique.
12:17 Et c'est une performance, en termes de lobbying, c'est une performance absolue.
12:23 Oui, c'était une loi pour faire la promotion du reconditionné.
12:26 Ils ont réussi à mettre une nouvelle redevance sur le reconditionné.
12:30 Donc, cette loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique,
12:33 elle a aussi permis d'augmenter l'empreinte culturelle sur le numérique.
12:38 Et alors, la question que je me pose, c'est donc là, on parle des montants.
12:42 Alors déjà, avant, je voudrais revenir sur le mot "redevance" et pas "taxe".
12:46 Parce que souvent, on dit la taxe copie privée et on se fait reprendre.
12:49 Non, ce n'est pas une taxe, c'est une redevance.
12:51 Est-ce que tu peux revenir rapidement sur cette différence qui est assez importante et juridique ?
12:55 Alors, c'est effectivement vrai.
12:58 Juridiquement, ce n'est pas une taxe.
13:00 Parce que la taxe a une nature fiscale.
13:02 On va avoir des taxes qui vont être adoptées dans le cadre de la loi de finances,
13:05 qui est une loi qui est adoptée après des débats parlementaires qui sont ouverts,
13:09 qui sont documentés.
13:10 On a des débats qui sont filmés.
13:12 Donc, on a toute cette transparence qui est là.
13:15 Là, juridiquement, on est plus proche d'une indemnisation.
13:17 On appelle ça une redevance, mais les ayants droit appellent ça une rémunération.
13:21 C'est ainsi qu'ils l'ont fait inscrire dans le Code à la propriété intellectuelle.
13:24 Mais très juridiquement et même économiquement, c'est une indemnisation.
13:29 C'est pour non-payement dans les droits d'auteur.
13:33 Parce que là aussi, il faut bien comprendre aussi, c'est que si on avait eu une taxe,
13:36 normalement la taxe tombe dans le pot commun, c'est-à-dire dans le budget public.
13:40 Là, non.
13:41 Ces sommes, ces 285 millions d'euros qui ont été prélevés l'an passé,
13:46 sont perçus par les sociétés de gestion collective,
13:49 les sociétés de perception et de répartition des droits.
13:51 Ça ne passe jamais dans les caisses de l'État, en fait.
13:53 Indirectement, puisqu'il y a la TVA qui tombe dessus.
13:56 C'est-à-dire que lorsque vous avez 14 euros hors-taxe sur un téléphone...
13:59 C'est 20% de cette redevance qui va dans les caisses de l'État,
14:02 puisque ça gonfle le prix hors-taxe.
14:04 En TVA, oui.
14:05 Mais par contre, ça va directement...
14:08 Ça va où concrètement, d'ailleurs ?
14:10 C'est une certaine constellation.
14:12 Aux auteurs, enfin j'imagine, pour reprendre les exemples, à Florent Pagny, à Louane...
14:16 Et j'espère aussi aux artistes indépendants.
14:19 Oui, bien sûr, c'est plus compliqué que ça.
14:22 Il faut un peu aimer l'astronomie,
14:24 parce qu'il y a une certaine constellation de sociétés de gestion collective.
14:27 Alors, ce n'est pas diffamatoire, ce que je dis.
14:29 C'est la Commission de contrôle des sociétés de gestion collective qui a appelé ça ainsi.
14:33 C'est Copy France, qui est une société de gestion collective.
14:38 Copy France, qui était la société de gestion collective,
14:41 qui est en charge de collecter la redevance.
14:43 C'est 285 millions d'euros.
14:44 Ensuite, elle, elle va...
14:47 ventiler ses sommes
14:49 en fonction de toutes les autres sociétés de gestion collective qui sont derrière.
14:52 SACEM, alors il y a beaucoup d'abréviations.
14:55 SACEM, SACD, Spedidam, SCPF,
14:59 SCPP, Adami, etc.
15:01 Oui, donc c'est les sociétés qui gèrent les droits d'auteur.
15:03 Et après, celles-ci, dans leurs domaines respectifs,
15:06 ici les producteurs de musique,
15:08 là le cinéma, là les producteurs de...
15:12 Enfin, etc.
15:13 Tous les auteurs aussi, évidemment, les musiciens,
15:15 vont répartir auprès de leur univers.
15:19 Et comment ils appliquent ? Je ne sais pas, un ratio ?
15:21 Il y a un ratio qui est prévu, oui.
15:23 Il y a des préparations, il y a du un tiers, un tiers, etc.
15:25 Il y a un ratio qui est prévu dans le cadre de la propriété intellectuelle.
15:27 Alors ça, c'est la logique normale.
15:29 Sauf que les sociétés de gestion collective
15:32 ne répartissent pas 100% des droits,
15:35 de ces 285 millions,
15:37 dans les poches directes des membres de leur catalogue,
15:40 enfin des ailleurs droits qu'ils représentent.
15:42 Il y a aussi 25% de la redemence copie privée,
15:45 donc 25% de 285 millions d'euros.
15:48 Ça commence à chiffrer, là.
15:49 Ça commence à chiffrer,
15:50 qui est conservé par les sociétés de gestion collective.
15:52 Et ça, c'est le code à propriété intellectuelle qui leur demande,
15:55 ils ont l'obligation de le faire,
15:57 afin de financer les festivals,
15:59 les actions culturelles, voilà.
16:01 Ce qui est quelque part assez...
16:04 Alors c'est un choix, mais...
16:05 C'est un choix.
16:06 Ça peut être aussi...
16:07 Non, mais là...
16:08 Encourager le spectacle vivant, oui.
16:10 Et donc, ces sommes-là sont distribuées,
16:14 donc il y a des tants de sommes qui tombent
16:16 pour financer tel festival,
16:18 relatif au cinéma, la musique,
16:20 à rock en scène ou autre,
16:21 je n'ai pas la liste en tête, puisqu'il y a beaucoup de projets.
16:23 Donc ça sert quand même aussi,
16:24 cette redevance copie privée,
16:26 à financer des festivals,
16:28 et en plus de rémunérer les artistes.
16:30 Et c'est pour ça aussi que, d'expérience,
16:32 dès lors qu'on commence à soulever le couvercle,
16:35 on s'interroge sur tel mécanisme, etc.,
16:38 on doute peut-être,
16:40 avec des arguments étayés.
16:43 Souvent, les ayants-droits montent sur les barricades
16:47 et justifient la collecte par l'usage de ces sommes.
16:51 Mais non, non, ça ne marche pas ainsi.
16:54 Justement, là je pense qu'on en vient,
16:56 et après on reviendra sur les conditions,
16:58 comment sont fixées ces barèmes de copies privées.
17:01 Mais oui, cette...
17:04 Comment dire ?
17:05 La justification de la collecte.
17:07 On justifie, oui, c'est vrai,
17:08 on va organiser des festivals,
17:09 on va payer les artistes,
17:10 et je pense qu'on est tous pour ça,
17:12 enfin, j'imagine.
17:14 Mais comment est-ce que tu justifies aujourd'hui
17:17 cette redevance qui est basée sur un usage,
17:20 encore une fois,
17:21 qui est celui, concrètement,
17:23 d'acheter un CD,
17:24 puis de copier ce CD,
17:25 puis de mettre les MP3 dans son smartphone,
17:27 puis d'écouter les MP3 de son smartphone.
17:30 Comment tu justifies ça,
17:31 alors qu'aujourd'hui, quand même,
17:32 l'immense majorité des gens, on voit bien,
17:34 sont abonnés à des services de streaming qui payent ?
17:36 Donc, quand tu payes, je ne sais pas moi,
17:38 15 euros par mois pour un service de streaming,
17:40 tu payes pour payer les artistes.
17:42 Donc là, pour le coup,
17:43 tu n'es plus dans l'exception.
17:44 Tu payes déjà les artistes,
17:46 donc tu n'as plus à payer quelque chose en plus.
17:48 Donc le streaming n'est, a priori,
17:49 pas concerné par ça.
17:51 Donc comment est-ce que tu justifies encore
17:53 cette copie privée ?
17:55 Enfin, cette redevance pour copie privée ?
17:57 Alors,
17:59 je la justifie déjà légalement,
18:00 la loi est ainsi.
18:01 Oui, bien sûr.
18:02 Après, tout cela s'explique
18:04 par les mécanismes qui visent
18:06 à l'adoption des barèmes,
18:07 c'est-à-dire les montants et les tarifs
18:08 qui sont appliqués sur,
18:10 ici le téléphone, là la tablette.
18:12 C'est une commission administrative
18:15 qui va faire des études d'usage.
18:17 C'est-à-dire qu'on prend un panel
18:19 de 1000 personnes environ,
18:21 et on tend un micro,
18:22 et on leur demande,
18:23 est-ce que vous copiez des œuvres ?
18:25 Est-ce que vous récupérez des fichiers sur Internet ?
18:27 Est-ce que vous faites ceci ?
18:28 Est-ce que vous faites cela ?
18:29 Est-ce que vous téléchargez sur les réseaux peer-to-peer ?
18:31 Il y a quand même une volonté de savoir
18:34 ce qu'est la réalité,
18:35 et les organismes qui gèrent ça,
18:38 qui gèrent la redevance,
18:40 j'imagine que c'est la commission copie privée
18:43 qui fait ça,
18:44 vont faire une étude pour dire,
18:45 en gros, est-ce que le fait de faire payer
18:48 pour copier un CD sur un smartphone,
18:49 c'est justifié ?
18:50 Je vais faire une étude pour savoir
18:51 si les gens copient.
18:52 Ça veut dire qu'on se plante
18:53 et que les gens le font.
18:54 C'est une espèce de sondage
18:56 qui est effectué auprès d'un panel,
18:59 et ensuite, tout ça tombe dans une marmite
19:02 dont on n'a pas toujours les clés.
19:04 On n'a pas les clés,
19:06 grosso modo, de la méthode technique
19:09 qui, au final, permet de dire
19:11 qu'on a 50 personnes
19:13 qui copient 3 photos protégées par mois,
19:16 et donc on en arrive à une redevance de temps.
19:19 L'Adopie avait essayé un jour
19:22 d'analyser cette méthode de calcul,
19:25 et elle s'est un petit peu cassée les dents là-dessus.
19:28 Donc, il y a un problème de transparence
19:31 sur les questions qui sont posées à ces sondés,
19:35 sur les méthodes d'analyse de ces réponses,
19:39 et la façon dont on arrive à des réponses
19:42 positives ou négatives sur des copies,
19:44 jusqu'à un taux.
19:45 Donc, ce que tu nous dis,
19:47 c'est qu'aujourd'hui,
19:48 les études, ce qu'on appelle une étude d'usage,
19:51 qui sont faites pour savoir si, effectivement,
19:53 aujourd'hui, les gens achètent des CD
19:55 pour copier les MP3 dans les smartphones,
19:57 pour savoir si les gens font vraiment ça,
19:59 en fait, on n'a pas le résultat.
20:01 Disons qu'il y a une approche scientifique,
20:04 quelque part, avec une équation
20:06 qui est un petit peu compliquée,
20:08 mais au bout du bout,
20:09 il y a des négociations qui sont effectuées
20:11 en commission copie privée.
20:13 Oui, mais moi, la question que je me pose,
20:15 plus bêtement,
20:16 c'est puisque tout le monde paye pour ça,
20:18 tout le monde paye 15 euros
20:19 pour avoir le droit de copier un CD
20:20 sur son smartphone,
20:21 quel pourcentage de la population fait ça,
20:23 j'imagine ?
20:24 Parce que tu as une logique a posteriori,
20:26 les barèmes sont fixés a priori,
20:28 c'est-à-dire qu'on prend ces 1000 personnes
20:30 qui vont donner la pluie et le beau temps
20:32 sur tout le marché.
20:33 Oui, mais pendant combien de temps ?
20:35 Les études d'usage qui remontent à 2017-2018
20:38 s'appliquent encore aujourd'hui.
20:40 Oui, c'est ça, il faut peut-être les refaire.
20:42 C'est ce qu'a demandé le Conseil d'État,
20:44 mais sans fixer, évidemment, un rythme.
20:47 C'est ce qu'a demandé aussi
20:48 l'Inspection Générale des Finances,
20:50 donc il faut renouveler régulièrement ces barèmes.
20:52 Peut-être aussi ouvrir les fenêtres,
20:54 ouvrir les fenêtres, c'est-à-dire
20:56 avoir un peu de transparence,
20:58 pourquoi pas une explication un peu plus solide.
21:01 Une autre piste consisterait à
21:04 externaliser ces études d'usage,
21:06 c'est-à-dire plutôt que de les laisser
21:08 en vase clos, en commission copie privée,
21:10 qui est une commission qui est hébergée
21:12 par le ministère de la Culture.
21:13 On va en parler juste avant.
21:15 Peut-être repasser par une autorité
21:17 indépendante externe qui sera en charge
21:19 de ce dispositif, de faire ces études d'usage
21:23 et après de produire ces études d'usage
21:25 auprès de la commission copie privée
21:27 afin que celle-ci puisse établir ces barèmes.
21:29 Tu parles d'une étude de 2017-2018.
21:32 En 2017-2018, il y avait encore beaucoup de gens
21:35 qui utilisaient leur droit à la copie privée.
21:38 Le fait est qu'il peut y avoir des biais
21:41 dans les réponses,
21:42 enfin des biais dans les réponses
21:44 parce qu'il y a des biais dans les questions.
21:45 D'accord.
21:46 J'ai plus en tête ce genre de choses,
21:49 mais on peut facilement avoir des problèmes
21:52 dans la qualité des réponses
21:54 lorsque la question est...
21:56 Oui, c'est-à-dire que c'est la commission
21:58 qui est chargée de prélever ça,
21:59 la commission copie privée,
22:00 qui choisit la méthodologie en fait.
22:03 Sachant que les ayants droit ont toujours
22:04 financé ces études d'usage.
22:06 C'est eux qui financent le...
22:07 Oui, donc toi tu es plutôt...
22:09 Enfin, tu estimes qu'il faudra peut-être
22:10 que ces études d'usage soient faites
22:12 de façon indépendante.
22:13 Je n'estime pas.
22:14 C'est que c'est une des pistes
22:15 qui a été évoquée.
22:17 Qui a été évoquée pour faire en sorte
22:19 que les personnes qui vont percevoir
22:21 ces sommes ne soient pas celles
22:23 qui sont en position de force
22:26 lors de la détermination des barèmes.
22:28 Parce que moi, très naïvement,
22:30 mais après peut-être que je suis...
22:32 Mais très naïvement, je me dis que
22:33 si je devais déterminer le montant
22:35 que je devrais toucher à la fin de mois,
22:36 je vais peut-être maximiser.
22:38 Oui, si on te demande de choisir
22:39 des critères pour maximiser ton revenu,
22:41 tu vas trouver des critères
22:43 qui maximisent ton revenu.
22:44 Après, à dire que c'est exactement
22:46 ce qu'ils ont fait,
22:47 je n'irai pas jusque-là,
22:48 mais c'est un risque qu'il faut peut-être
22:50 absorber, régler et corriger.
22:53 Et alors justement,
22:54 là tu parles de la commission Copie privée,
22:56 donc c'est hébergé par le ministère de la Culture.
22:58 Alors cette commission, elle date de quand ?
23:00 Elle est composée par qui ?
23:01 Elle date d'une grande loi culturelle des années 80.
23:04 Elle est composée de 24 membres.
23:06 On a 24 membres et un président.
23:08 24 membres, alors c'est une réunion...
23:13 C'est une commission, pardon,
23:14 une commission qui est un peu particulière
23:19 parce qu'on nous explique,
23:21 dans le cadre de la propriété intellectuelle,
23:22 qu'il y a sur ces 24 membres,
23:24 12 redevables et 12 bénéficiaires.
23:26 Les 12 bénéficiaires,
23:29 c'est toutes les sociétés de gestion collective,
23:31 la culture, donc SACD, etc.,
23:34 on les retrouve toutes,
23:35 qui représentent notamment Copie France,
23:37 le collecteur.
23:38 Et les 12 bénéficiaires,
23:40 ce collage-là, il est divisé en deux,
23:42 il est coupé en deux.
23:43 Donc tu as 12 sièges...
23:45 Les bénéficiaires et les 12 plutôt qui...
23:46 Les 12 redevables, oui.
23:47 Les 12 redevables,
23:48 on a 6 consommateurs,
23:50 6 représentants des consommateurs
23:52 et 6 représentants des industriels.
23:54 Ce qui paraît plutôt...
23:56 être une représentation équilibrée, non ?
23:58 Enfin, je sais pas, moi...
23:59 Je sais pas...
24:00 Pour moi, c'est divisé en deux, quoi.
24:01 Ah ben, c'est divisé en deux,
24:03 puis après, il y a une des divisions en deux
24:05 qui est divisée, elle aussi, en deux.
24:06 Oui, donc...
24:07 On a 12, 6, 6.
24:09 Ce qui veut dire par là, c'est que...
24:11 Enfin, je sais pas,
24:12 mais est-ce que les intérêts
24:14 d'une association de consommateurs
24:16 vont être absolument les mêmes
24:18 que celles de la Fédération française de télécom ?
24:20 Je suis pas sûr.
24:22 Je suis pas sûr.
24:23 Voilà.
24:24 Et d'autant plus que...
24:25 Mais sur le sujet de la copie privée,
24:27 ce qui est sûr, c'est qu'il y en a 12
24:29 qui reçoivent de l'argent
24:30 et 12 qui payent de l'argent.
24:32 12 qui payent, oui,
24:33 mais pour la détermination des votes,
24:35 les industriels n'ont que 6 sièges,
24:39 les consommateurs n'ont que 6 sièges
24:41 et ils sont pas en position de peser.
24:43 Oui, c'est-à-dire que c'est divisé
24:44 pour mieux régner, quoi.
24:45 Ils sont pas en position de régner.
24:47 Enfin, d'autant plus que les ayants droit
24:50 n'ont besoin que d'une seule voix
24:52 de l'autre camp,
24:53 d'un des autres camps,
24:54 pour remporter la mise, quelque part.
24:55 Ah oui ?
24:56 Et parmi les consommateurs,
24:58 on en a certains qui viennent
25:00 du secteur culturel, justement,
25:02 qui représentent les consommateurs
25:03 de la culture.
25:04 Oui, alors c'est ce que j'allais te demander.
25:05 Pourquoi pas ?
25:06 Comment sont choisis les consommateurs ?
25:08 Est-ce que moi, je peux être...
25:09 Alors, il faut peut-être avoir ses entrées
25:13 parce que c'est un arrêté du ministère de la Culture
25:16 qui est co-signé avec Bercy,
25:17 qui vient déterminer la liste des membres.
25:19 Mais...
25:20 Enfin, sur quels critères tu choisis 6 consommateurs ?
25:23 Sur la représentativité,
25:24 sur le fait de la disponibilité aussi,
25:27 parce qu'actuellement,
25:29 on n'a plus beaucoup d'associations d'importance.
25:31 Enfin, on n'a plus la CLCV,
25:32 consommation, logement, cadre de vie.
25:34 L'UFC que je choisis n'est plus là.
25:35 Elles ont toutes claqué les portes.
25:37 Pourquoi ?
25:38 Parce qu'elles estimaient que leur intervention
25:40 était complètement diluée.
25:41 C'est-à-dire qu'elles avaient beau porter une voix,
25:44 porter des arguments,
25:45 ils étaient complètement noyés,
25:47 noyés dans cette bassine.
25:49 Et les 12 bénéficiaires,
25:51 eux, ils parlent toujours d'une même voix.
25:53 Toujours.
25:54 Ils sont mieux organisés qu'en France.
25:55 Ils sont mieux organisés.
25:57 C'est eux qui sont là depuis la création
26:01 de la commission Copie Privée.
26:02 Ils connaissent tout le régime par cœur.
26:04 Et ce n'est pas forcément le cas
26:06 d'une petite association
26:07 qui ne va pas être aussi rompue.
26:09 Quand tu parles des CI consommateurs,
26:11 donc ces associations qui représentent
26:13 les consommateurs,
26:14 j'imagine qu'il n'y a pas des consommateurs.
26:16 Ah non, c'est que des associations.
26:19 C'est que des associations.
26:20 Pour ça, je te disais,
26:21 est-ce que moi je peux y être ?
26:23 Non, il faudrait que je sois représentant
26:24 d'une association.
26:25 On est d'accord.
26:26 Mais c'est vrai qu'on connaît l'UFC que je choisis.
26:27 On connaît 60 millions de consommateurs.
26:29 Ils sont plus à prévoir.
26:30 Ils sont les trois grandes en France.
26:31 Mais c'est vrai que les autres sont peut-être plus petites.
26:34 Et donc, on a cette organisation
26:36 qui est assez particulière.
26:38 Donc là encore,
26:39 il y a eu des propositions de réforme.
26:41 Par exemple, avoir une organisation
26:45 où on aurait uniquement les ayants droits
26:48 et les industriels du support.
26:50 Ça a été complètement condamné
26:53 par les ayants droits.
26:54 Ils n'en veulent pas.
26:55 Il y a eu aussi des propositions
26:57 visant à revoir l'organisation,
26:59 mettre huit sièges pour les ayants droits,
27:01 huit sièges pour les consommateurs,
27:02 huit sièges pour les industriels.
27:03 Les ayants droits n'en veulent pas.
27:05 Oui, voilà, c'est ce qu'on imagine bien.
27:07 Ils se retrouvent à un tiers.
27:09 En tout cas, ils tiennent vraiment à cette organisation-là.
27:13 Et donc, c'est 24.
27:14 Le président, c'est le 25.
27:15 C'est en plus ?
27:16 Le président est en plus, oui.
27:17 Il a un droit de vote en cas de départage.
27:20 Mais ça arrive peu.
27:22 Mais le président, lui, du coup,
27:24 il est indépendant, entre guillemets.
27:26 Il est indépendant, oui.
27:28 Il est indépendant, oui.
27:29 Alors, il y a une question que je me pose aussi.
27:33 Finalement, on est un peu dans l'actualité
27:35 puisqu'on a parlé récemment,
27:37 c'est le président d'ailleurs, Emmanuel Macron,
27:40 qui a parlé d'une taxe sur le streaming.
27:43 Est-ce que finalement,
27:44 parce que ce qu'il explique,
27:45 c'est qu'on va taxer directement un abonnement à Deezer, à Spotify,
27:48 pour financer l'industrie culturelle,
27:51 notamment, évidemment, l'industrie musicale.
27:53 Est-ce que finalement, ce n'est pas plus réaliste ?
27:56 C'est-à-dire qu'au moins, c'est plus assumé ?
27:57 On taxe le streaming parce qu'on veut financer l'industrie musicale.
28:01 Mais au moins, on taxe quelque chose qui est vraiment utilisé,
28:04 plutôt que d'utiliser cette copie privée,
28:06 cette redevance copie privée,
28:08 qui semble quand même,
28:09 enfin, encore une fois, il faudra attendre des études d'usage.
28:11 Peut-être que mon avis est totalement faux
28:14 et que plein de gens copient des MP3 sur leur smartphone.
28:17 Je n'ai pas l'impression que c'est ce qui est fait massivement.
28:19 Est-ce que finalement, ce n'est pas plus logique et plus réaliste
28:23 d'utiliser une taxe sur le streaming,
28:25 plutôt que cette redevance pour copier ?
28:27 Même si je ne sais pas du tout
28:28 si cette taxe remplacerait la redevance.
28:30 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'à écouter le SNEP,
28:33 le Syndicat National de l'édition phonographique,
28:35 c'est que le streaming dans le secteur musical
28:37 monte en flèche.
28:39 Effectivement, dans les années 2000,
28:41 les ventes de CD remportaient la part du lion.
28:44 Là, aujourd'hui, c'est complètement résiduel.
28:47 Ce qui marche là, c'est le streaming.
28:51 Donc, streaming musical.
28:52 Donc, on peut comprendre quand même.
28:53 Après, l'idée de taxer ou pas,
28:55 c'est un choix qui revient à la représentation nationale.
28:58 Ce n'est pas Emmanuel Macron qui, d'un claquement de doigt,
29:00 va décider que...
29:01 Oui, il a entamé une amortisseur.
29:02 Il faut quand même pas oublier que le Parlement existe.
29:04 Et sur l'arbitrage entre redevance copie privée et streaming,
29:08 certes, les copies...
29:12 Enfin, je pense que tu as raison,
29:14 tu ne te casses pas vraiment la gueule en disant
29:16 que les copies, aujourd'hui, sont complètement désuètes.
29:18 Si déjà, il n'y a plus de CD qui se vendent,
29:20 à priori, c'est qu'on ne va pas les copier.
29:22 Il y a un élément qui est en pleine actualité,
29:24 c'est la redevance copie privée,
29:25 qui, elle, est figée par des barèmes qui sont adoptés,
29:28 qui sont publiés au journal officiel.
29:30 Et une fois que c'est adopté, tout le monde paye.
29:32 Tout le monde paye.
29:33 Même les professionnels.
29:34 Donc là, la taxe sur le streaming, ce serait fromage et dessert.
29:37 C'est fromage et dessert, et cerises et gâteaux.
29:40 Bon, ben écoute, comme tu le dis,
29:44 il y a un long débat parlementaire.
29:46 Alors c'est vrai que cette étude d'usage,
29:48 oui, on sera curieux de...
29:50 Actuellement, il y a des travaux qui sont effectués
29:52 parce qu'il y a une demande pressante
29:54 de renouvellement des barèmes
29:56 pour s'assurer que ceux qui ont été adoptés
29:58 dans le passé, il y a plusieurs années,
30:00 collent toujours à cette réalité.
30:01 À la réalité que tu dépeins, toi,
30:03 peut-être avec une subjectivité,
30:04 parce qu'on est tous subjectifs sur la réalité du marché.
30:06 Mais il faut vraiment savoir,
30:08 c'est pour ça aussi, peut-être que
30:10 l'externalisation de ces études d'usage
30:12 serait intéressante, au moins, peut-être pour doubler,
30:14 pour vérifier si...
30:15 Oui, au moins avoir une étude indépendante.
30:16 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que
30:17 du côté des endroits, il y a une volonté,
30:20 c'est qu'aujourd'hui, tous les œufs sont un peu
30:22 dans le même panier, le panier des tablettes
30:23 et des smartphones.
30:25 Et si ce marché-là s'enrume
30:27 pour des raisons x, y, peut-être pénurie de composants,
30:30 ou autre, les raisons sont multiples,
30:33 eux, ils ont un risque, parce que
30:35 eux, ils touchent à l'importation.
30:37 Et donc, ils essayent de trouver, d'élargir l'assiette.
30:40 Plutôt que d'augmenter les taux,
30:41 on élargit l'assiette, et
30:44 il y a différents supports comme ça
30:45 qui sont dans le viseur.
30:47 Et ce que j'appelle support, c'est vraiment très vaste.
30:49 Il y en a un qui était jusqu'à présent préservé,
30:52 ce sont les ordinateurs.
30:53 Les ordinateurs ont toujours été,
30:55 traditionnellement, exclus d'un ordrement scopié privé.
30:57 Et là, actuellement...
30:59 Ce qui n'est d'ailleurs pas très logique, à la limite,
31:01 parce que...
31:02 C'était logique en 2000, il y avait...
31:04 C'est ça, parce que là, pour le coup,
31:05 sur un ordinateur, tu pouvais quand même être tenté
31:07 de vraiment faire des copies de MP3.
31:09 Donc, en 2000, l'idée avait déjà été proposée,
31:15 mais il y avait eu une levée de bouclier,
31:17 parce que tout le monde a trouvé ça absurde,
31:20 parce qu'il fallait, au contraire, soutenir l'informatisation
31:22 galopante des foyers,
31:24 plutôt que de taxer.
31:25 Donc, on laisse tranquille ce secteur.
31:27 Mais là, actuellement,
31:29 de ce que je constate,
31:31 par mes sources, etc.,
31:33 il y a vraiment une poussée très, très forte
31:35 des ayants droit pour étendre la redevance
31:37 aux ordinateurs.
31:38 Et là encore,
31:41 suivant les modes de perception,
31:43 si on perçoit la redevance copie privée
31:45 au plus haut niveau de la chaîne commerciale,
31:46 à nouveau, c'est tout le secteur,
31:48 tous les secteurs vont payer,
31:49 aussi bien les particuliers qui,
31:51 pour certains encore, achètent des ordinateurs.
31:53 Oui, parce que là,
31:54 autant les smartphones, il y a un marché
31:56 qui concerne beaucoup les particuliers,
31:58 il y a des flottes d'entreprises
31:59 qui concernent beaucoup les particuliers,
32:00 les ordinateurs,
32:02 j'imagine que le secteur pro doit être encore plus représenté
32:04 que sur le marché des smartphones.
32:05 Donc là, l'enjeu sur le remboursement,
32:07 il est crucial.
32:09 Là, ça doit être beaucoup plus important.
32:10 Il est crucial, sachant que les remboursements
32:12 sont complètement résiduels.
32:13 Pourquoi ? Parce que,
32:14 lorsque la loi, une loi de 2011,
32:16 a été adoptée pour permettre aux professionnels
32:17 de se faire rembourser,
32:18 il y a un arrêté du ministre de la Culture
32:19 qui a été publié le même jour,
32:21 pour expliquer que,
32:23 maintenant, il peut y avoir un remboursement,
32:25 mais par contre,
32:27 le professionnel, lorsqu'il veut se faire rembourser
32:29 la redevance copie privée,
32:30 il doit produire une facture
32:32 mentionnant le montant
32:34 de la redevance copie privée
32:35 pour tel produit.
32:37 Et je me défie, je me défie de quiconque,
32:39 c'est extrêmement dur que d'avoir une facture
32:41 qui porte ce détail-là.
32:43 Vous verrez, acheter un support
32:45 dans n'importe quelle boutique,
32:46 une clé USB...
32:47 Oui, on a rarement le montant
32:49 de la redevance copie privée.
32:50 Il n'y a que quelques grands distributeurs
32:51 qui le font.
32:53 Et l'autre support
32:55 qui est en cible,
32:57 c'est la pause du direct.
33:01 Alors la pause du direct,
33:02 quel est le rapport avec la copie privée ?
33:03 En fait, les endroits sont...
33:06 Vous me rappelez ce que c'est la pause du direct ?
33:08 La pause du direct, tout à fait,
33:09 c'est le fait d'être sur son canapé,
33:10 de regarder BFM,
33:13 toute la journée,
33:15 et puis à un moment donné,
33:16 d'appuyer sur pause
33:17 pour aller s'occuper,
33:18 pour aller se faire un café.
33:20 Zapper la pub.
33:21 Zapper la pub,
33:22 ou aller au petit coin,
33:23 parce que ça arrive parfois.
33:25 Cette mise en pause,
33:27 quand on appuie sur le bouton pause,
33:30 le flux du direct,
33:31 il est envoyé sur une zone mémoire
33:33 le temps que la personne revienne,
33:35 et appuie sur play ou pause
33:37 afin de relancer le flux.
33:38 Cette zone mémoire,
33:40 cette pause du direct,
33:41 qui fait appel à un support
33:43 quelque part qui est informatique,
33:45 il y a des endroits,
33:46 considère que c'est aussi
33:47 de la copie privée.
33:48 Je suis désolé,
33:49 je n'arrive pas à comprendre
33:50 en quoi,
33:51 quel rapport avec le fait
33:52 d'acheter un CD
33:53 et de copier du MP3 là-dessus ?
33:55 Eh bien,
33:57 tous les contenus qui sont diffusés,
33:59 par exemple, si c'est un film,
34:00 on fait une pause sur un film,
34:01 le film est protégé par les droits d'auteur,
34:03 par les droits voisins,
34:04 par les droits d'auteur.
34:05 Et donc, cette mise en pause,
34:07 il considère que...
34:08 Mais ça ne fait pas une copie ?
34:09 Eh bien, une copie qui est effectuée
34:10 techniquement sur la boxe,
34:12 notamment sur la partie vidéo de la boxe,
34:14 est en zone mémoire,
34:15 et eux, ils considèrent
34:16 que c'est de la redemence copie privée.
34:17 Alors le dossier,
34:18 ça peut choquer,
34:19 ça peut surprendre,
34:20 d'autres vont considérer
34:21 ça tout à fait normal.
34:22 En tout cas,
34:23 c'est à la justice
34:24 de trancher ce point-là,
34:25 mais il y a vraiment
34:26 un bras de fer qui est organisé.
34:27 D'accord,
34:28 donc une taxe sur la pause pipi, quoi.
34:29 Grosso modo, oui.
34:30 C'est ainsi que je l'avais appelé.
34:31 Ah bon,
34:32 tu vois comme quoi.
34:33 Je...
34:34 Plate d'aide saligne.
34:35 Eh bien, écoute,
34:36 je suis curieux
34:37 de voir comment ça s'appliquera.
34:38 Écoute,
34:39 merci beaucoup, Marc,
34:40 d'être venu nous parler
34:41 de la copie privée,
34:42 et "Redemence pour copie privée",
34:43 un très, très vaste sujet.
34:44 Alors,
34:45 ça fait des décennies maintenant,
34:46 je ne sais pas combien de temps
34:47 on en entendra parler encore.
34:48 Non,
34:49 ça fait 15 ans
34:50 que je rédige,
34:51 15 ans en plus,
34:52 presque 20 ans
34:53 que je rédige dessus,
34:54 et je suis,
34:55 je tombe de ma chaise à chaque fois.
34:56 Écoute,
34:57 la taxe sur la pause pipi,
34:58 je t'avoue que je ne l'avais pas vu venir.
34:59 Enfin,
35:00 la redevance sur la pause pipi,
35:01 je ne l'avais pas vu venir.
35:02 Merci, Marc Ress,
35:03 je rappelle,
35:04 tu es journaliste à l'Informer,
35:05 merci d'être venu dans Métadonnées.
35:06 Et évidemment,
35:07 vous pouvez retrouver cet épisode,
35:08 comme tous les épisodes,
35:09 sur toutes les plateformes de podcast,
35:10 Apple,
35:11 Spotify,
35:12 Deezer.
35:13 Évidemment aussi,
35:14 vous retrouverez cet épisode en vidéo
35:15 sur le site Tech&Co
35:16 ou encore sur YouTube.
35:17 Merci beaucoup d'avoir suivi Métadonnées.
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