Des documents uniques trouvés par un officier français dans le bunker de la Chancellerie du Reich le 25 novembre 1945, permettent de mieux analyser et de vivre de l'intérieur les derniers instants d'Adolf Hitler et d'Eva Braun, sa compagne.
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00:00 Quelques jours avant leur suicide, le 30 avril 1945, Adolf Hitler et Eva Braun finalisent
00:08 la destruction de toutes leurs archives.
00:10 Hitler ne veut rien laisser derrière lui.
00:13 Les historiens pensaient avoir consulté toutes les archives existantes et accessibles.
00:17 70 ans plus tard, grâce à un officier français aujourd'hui disparu, le commandant Raymond
00:22 Rose et un collectionneur privé, ce sont de nouvelles archives politiques et personnelles
00:27 d'une importance historique qui sont révélées pour la première fois.
00:30 Ces documents uniques permettent aujourd'hui de mieux comprendre certains moments cruciaux
00:35 des derniers jours d'Hitler.
00:37 Quelle est l'atmosphère dans le bunker ? Le Führer a-t-il encore l'espoir que la
00:42 situation militaire se retourne ? Y a-t-il une preuve matérielle de la liaison entre
00:47 Hitler et Eva Braun ? Quand décide-t-il exactement de se suicider avec sa compagne ?
00:52 Göring souhaite-t-il vraiment prendre le pouvoir dans les derniers instants du Reich ?
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01:30 [Bruit de moteur]
01:34 Le troisième Reich vient d'être anéanti.
01:36 Berlin n'est plus qu'un champ de ruines.
01:38 [Musique]
01:41 Il ne reste plus rien de cette capitale qui a fait trembler le monde pendant quelques années.
01:45 [Musique]
01:48 Les occidentaux vont arriver et prendre possession de leur zone d'occupation dans Berlin au mois
01:54 de juin et puis ils vont se précipiter pour visiter le bunker.
01:58 Il y a des milliers de personnes qui ont visité le bunker, qui ont voulu voir ce que les soviétiques
02:02 appelaient la tanière de la bête.
02:04 [Musique]
02:08 Tout le monde veut voir où Hitler est mort et donc il va y avoir une succession de personnalités
02:16 et puis après de membres des forces d'occupation américains, anglais, français, soviétiques
02:21 qui vont venir visiter ce bunker.
02:23 [Musique]
02:24 Parmi les forces militaires qui visitent le bunker, un groupe d'officiers français.
02:28 [Musique]
02:30 Le 25 novembre 1945, dans l'après-midi, le commandant Raymond Rose pénètre dans ce qui reste
02:35 de la chancellerie d'Hitler par l'entrée principale de la rue Vos.
02:39 Ils ont préparé leur expédition.
02:41 [Musique]
02:43 Comme leurs camarades qui les ont précédés, ils espèrent y faire quelques découvertes.
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02:52 Le commandant Rose a décrit son aventure dans les sous-sols du dernier quartier général d'Hitler.
02:57 Il a dessiné de sa main trois plans de son itinéraire et du lieu où il récupéra les documents du Führer.
03:02 [Musique]
03:05 De ce qui fut la chancellerie du Führer, il ne reste que des murs, des salles vides encombrées de meubles renversés
03:11 et où la trace du pillage subsiste encore.
03:14 La maison s'offre à tout venant.
03:16 Dans la grande galerie, à la lueur des torches électriques, il faut chercher une petite porte dérobée
03:22 et la pousser pour découvrir un escalier droit de huit marches qui mène vers un second plus large.
03:28 Ce dernier donne accès à une immense salle à colonnes carrées.
03:32 Bien qu'elle soit en sous-sol, cette pièce est décorée avec le soin indispensable à toute pièce d'apparat.
03:39 C'est ensuite au fond de cette salle déjà obscure qu'il faut découvrir une porte de fer à fleurs de muraille,
03:45 qu'il faut ouvrir pour s'enfoncer sous terre par le moyen d'un escalier étroit et droit.
03:49 Il a exactement 26 marches.
03:51 [Musique]
03:57 On peut apercevoir un effroyable désordre de chaises et de tables renversées,
04:01 des tâches de bougies, les traces d'un incendie qui n'a pas pu faire son œuvre.
04:07 Par terre, un incroyable amas de papiers de tout genre, de tous ordres administratifs,
04:12 de livres, de cahiers fouillés par des mains qui depuis sept mois s'acharnent à obtenir le secret
04:18 que l'invraisemblable bonne fortune m'a livré.
04:21 C'est dans la pièce la plus reculée que j'ai trouvé les documents qui établissent qu'Hitler
04:25 voulait rester quoi qu'il arrive, le maître envers et contre tout, même contre les événements.
04:30 [Musique]
04:34 La petite troupe française fait une découverte historique importante sans vraiment s'en rendre compte.
04:40 C'est un collectionneur français passionné par cette page sombre de l'histoire
04:44 qui plus de 70 ans plus tard fait l'acquisition des documents du commandant Raymond Rose.
04:49 [Musique]
04:51 Et à un moment donné, il ramasse des documents qui étaient sur une armoire et il les ramène.
04:56 Et je dirais que c'est juste après qu'il s'aperçoit la portée historique de ces documents.
05:02 Donc il demande l'autorisation de pouvoir les conserver, ce qui lui est accordé.
05:06 Et il a conservé ces documents toute sa vie, sachant qu'en plus je pense qu'il n'avait pas lui le recul de l'histoire.
05:12 Pour lui c'était un acte beaucoup plus émotionnel puisqu'il était acteur de l'histoire d'une certaine manière.
05:17 [Musique]
05:19 Pour comprendre la portée inestimable de ces documents historiques,
05:23 il faut se replonger dans l'histoire des derniers jours d'Adolf Hitler.
05:26 [Musique]
05:30 Mi-avril, l'armée rouge n'est plus qu'à une centaine de kilomètres de Berlin.
05:34 Ceux qui restent des divisions allemandes, environ 500 000 hommes et 900 chars,
05:38 reculent de toutes parts devant le rouleau compresseur russe.
05:41 Le front s'aile sur 200 kilomètres.
05:44 Le Reich est exsangue.
05:46 Et les berlinois subissent les bombardements aériens alliés.
05:49 [Bruits d'avions]
05:55 Tous les dix jours il y a un raid d'urne des américains.
05:59 Et toutes les nuits, il y a des raids de harcèlement des mosquitos britanniques.
06:04 [Bruits d'avions]
06:07 Ce qui fait que la population est constamment dans les escaliers et dans les caves,
06:11 en train de se réfugier dans les abris Hitler comme les 3 millions de berlinois.
06:16 Et donc, tout le monde est épuisé.
06:19 C'est d'ailleurs pour ça que les anglais multiplient ce genre de raids de harcèlement.
06:22 Et à un moment donné, la pression des bombardements devient telle qu'ils décident d'emménager.
06:27 Donc ils s'installent définitivement dans le bunker.
06:30 [Bruits d'avions]
06:34 [Musique]
06:38 Pour les allemands désespérés, commence alors l'interminable attente du dernier acte du drame.
06:43 À la radio, a lieu l'ultime retransmission directe de l'orchestre philharmonique de Berlin.
06:49 C'est le final du "Crépuscule des dieux" de Richard Wagner qui est joué.
06:53 [Musique]
07:04 Hitler s'enferme dans son abri, à quelques centaines de mètres de la porte de Brandenburg,
07:09 sous les jardins de la chancellerie, dans le quartier central des ministères.
07:16 C'est depuis ce bunker qu'il dirige ses dernières opérations militaires.
07:20 Pour mieux comprendre les plans de la chancellerie et du bunker d'Hitler,
07:24 ils ont été reconstitués en trois dimensions.
07:27 [Musique]
07:31 Dans la chancellerie d'Hitler, il y a deux niveaux de bunker.
07:35 Le premier niveau a été construit en 1936 sous une partie de la chancellerie du Reich.
07:43 La deuxième partie a été construite à partir de 1943,
07:47 quand il est devenu clair que le premier bunker, avec un plafond d'un mètre soixante,
07:51 ne résisterait pas aux bombes américaines et britanniques les plus puissantes.
07:55 Le bunker est une construction relativement réduite par ses dimensions.
08:02 La superficie habitable a été sacrifiée au dépents de la solidité.
08:07 C'est un coffrage en béton absolument massif.
08:11 [Musique]
08:14 Hitler voulait être sûr de pouvoir rester à Berlin.
08:18 Il voulait pouvoir diriger les opérations depuis son bunker.
08:23 Après la tentative d'assassinat contre sa personne et le coup d'État de juillet 1944,
08:29 il avait peur de trop s'éloigner de Berlin, le centre de tous les pouvoirs.
08:34 [Musique]
08:36 Hitler et Albert Speer, son architecte et ministre de l'Armement,
08:40 ont pensé à tout pour ce bunker.
08:43 Le Führer doit pouvoir y vivre un certain temps,
08:45 entouré de sa garde, à l'abri de toute attaque aérienne.
08:48 [Musique]
08:51 Dans cette partie du bunker,
08:55 Hitler avait fait prévoir un appartement séparé du reste.
08:59 Un appartement privé comprenant quatre petites pièces.
09:03 Dans l'autre partie du bunker, il y avait plus de pièces, mais aucune intimité.
09:10 Hitler s'est réservé trois petites pièces, qui sont absolument minuscules,
09:15 et une petite pièce attenante pour sa maîtresse, Eva Braun,
09:20 et tous les deux partagent une petite salle de bain.
09:23 On y trouve également une petite pièce de réunion,
09:26 où deux fois par jour, Hitler va assister à des points de situation militaires
09:31 avec ses principaux conseillers.
09:33 [Musique]
09:39 Le bunker est une cave enterrée à sept mètres de profondeur.
09:43 Des aménagements spéciaux ont été apportés pour le confort d'Hitler et de ses proches.
09:48 Évidemment, l'ambiance est lugubre.
09:51 Les lieux eux-mêmes sont absolument lugubres.
09:54 Le coffrage en béton du bunker est en fait posé sur la nappe phréatique
10:00 de la rivière Spree, qui ne coule pas très loin.
10:03 Donc c'est un endroit qui sointe l'humidité en permanence.
10:06 Le sol est en permanence pompé, il fait froid.
10:09 Il y a une ventilation artificielle, mécanique.
10:13 On entend le bruit du ventilateur en permanence, ça provoque des maux de tête.
10:18 C'est vraiment un endroit sordide.
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10:25 Dans ce cadre, Hitler n'est pas au mieux de sa forme.
10:27 Il multiplie les ordres contradictoires.
10:30 Son médecin, le docteur Morel, lui administre quotidiennement une injection de glucose et de vitamines.
10:36 Il prend plusieurs médicaments.
10:39 Tous les officiers qui ont rencontré Hitler à cette époque,
10:42 et j'en ai interviewé un certain nombre,
10:44 ont tous été choqués de voir l'état dans lequel était le Führer.
10:48 Sa main tremblait, il était livide,
10:51 et faisait au moins entre 10 et 15 ans de plus que son âge.
10:55 Ils étaient tous inquiets pour sa santé mentale.
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11:02 Il est très délabré, il est effectivement en état de parkinsonisme avancé.
11:06 On voit bien, il est courbé en deux, il traîne les pieds,
11:10 il ne contrôle plus son bras gauche, donc il doit le tenir avec sa main droite.
11:15 Il a des tremblements spasmodiques.
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11:20 Pour faire fonctionner ce bunker, Hitler dispose d'une trentaine de personnes.
11:24 Pour son service, sa garde personnelle, les techniciens du bunker,
11:28 et les hommes chargés des communications.
11:32 Ce que vous avez là, c'est le dernier rassemblement du Reich,
11:35 c'est-à-dire Goebbels, qui va emménager dans le bunker avec sa famille,
11:41 Bormann, le secrétaire, l'indispensable, et puis les secrétaires.
11:47 [Musique]
11:51 Contre la volonté d'Hitler, sa compagne secrète le rejoint dans le bunker.
11:56 [Musique]
12:02 Dans la collection privée que nous avons retrouvée,
12:05 se trouvent deux lettres extrêmement importantes d'Eva Braun.
12:08 Voici les exemplaires originaux.
12:11 C'est la première fois qu'ils sont révélés.
12:13 Ce sont ces deux dernières lettres.
12:16 La première est datée du 19 avril 1945.
12:19 Elle est adressée à sa meilleure amie, Ertha Schneider,
12:22 qui est restée en Bavière.
12:24 [Musique]
12:27 « Les secrétaires et moi, nous tirons chaque jour au pistolet,
12:30 et nous sommes déjà de telles championnes qu'aucun homme n'ose entrer en concurrence avec nous.
12:35 Ma vie ne se déroule pratiquement que dans l'abri aérien.
12:38 Tu peux t'imaginer que mon sommeil en souffre beaucoup.
12:42 Cependant, je suis très heureuse d'être près de lui, justement maintenant. »
12:47 [Musique]
12:50 Elle dit « Enfin, je vais rester avec lui ».
12:53 C'est un peu tout le drame d'Eva Braun, d'être une petite fille extrêmement romantique,
12:57 qui était beaucoup plus jeune que lui,
12:59 et qui, pendant toute la liaison qu'elle a eu avec Hitler,
13:02 n'a eu peur que d'une seule chose, c'est de le perdre.
13:05 Elle a tenté de se suicider, d'ailleurs, au début de leur liaison.
13:07 Hitler a pris peur et l'a conservée.
13:10 Et donc, c'est en fait, quelque part pour elle, l'officialisation de sa liaison
13:15 et le fait de montrer qu'elle va rester avec lui jusqu'au bout. Voilà.
13:19 Cette lettre nous donne également des informations fondamentales
13:23 sur l'humeur d'Hitler à la veille de son 56e anniversaire.
13:27 Cette lettre est très intéressante pour ça.
13:29 Elle montre l'ambiance du bunker.
13:31 On y voit encore certaines lueurs d'espoir.
13:34 « Il est vrai qu'aucun jour ne passe sans que je sois priée de me réfugier au Berghof en Bavière.
13:39 Mais jusqu'à présent, c'est toujours moi qui ai gagné.
13:43 Dès aujourd'hui, toute communication est impossible.
13:46 Mais je suis profondément convaincue que tout va de nouveau tourner bien
13:50 et lui est plein d'espoir plus que jamais. »
13:53 Pourtant, à 3h du matin, le 20 avril, une sirène lugubre retentit.
14:00 Une sirène que les berlinois n'ont encore jamais entendue.
14:05 Tous pressentent qu'un nouveau calvaire commence.
14:08 Des chars de l'armée rouge sont signalés dans les faubourgs.
14:15 Donc le 20 avril est effectivement un moment clé.
14:19 Puisqu'il voit symboliquement le jour de l'anniversaire d'Hitler,
14:23 les soviétiques commencent à investir Berlin.
14:26 Donc le problème pour Hitler va se poser de savoir s'il reste dans la ville ou s'il fuit.
14:31 Ça c'est un problème très concret à partir du 20.
14:34 Puisque la menace d'encerclement est évidente.
14:37 Le dernier rideau de troupes s'est effondré.
14:40 Que faire ? Fuir ?
14:43 On se battre.
14:45 À 15h ce jour-là, Hitler fait sa dernière sortie à l'air libre.
14:51 En haut des marches du bunker et dans les jardins de la chancellerie,
14:56 il reçoit les voeux d'anniversaire d'une délégation d'ESS.
14:59 Hitler reçoit notamment une délégation des jeunesses hitlériennes.
15:07 Parmi les plus jeunes des réserves de son armée.
15:12 Ce sont des enfants qui sont envoyés en première ligne pour mourir en défendant Berlin.
15:18 Il tient à les honorer et récompenser les plus courageux d'entre eux.
15:23 Le bras gauche d'Hitler est agité de tremblements.
15:30 Il serre la main de chacun, tapote la joue des plus jeunes,
15:33 qui l'envoient à la mort au sein d'unités anti-charges.
15:36 Le plus jeune a 11 ans et demi, je ne sais pas si vous vous rendez compte.
15:41 Il est le deuxième de CM2 ou de sixième pour nous aujourd'hui.
15:44 Il est tout petit, il doit faire 1m40 et il est en uniforme de la jeunesse hitlérienne.
15:48 À 16h, juste avant le point de la situation militaire,
15:54 le Führer reçoit les voeux d'anniversaire des hauts dignitaires de son parti.
15:58 Himmler, Ribbentrop, Bormann, Donitz, Keitel, Jodl, Speer et Göring.
16:10 Tous les fidèles sont là, tout le monde le félicite.
16:13 Mais Hitler n'accepte tout cela qu'à contre-coeur,
16:17 parce qu'évidemment, il n'est pas d'humeur à célébrer son anniversaire.
16:21 Je pense que cette fête d'anniversaire du 20 avril 1945
16:26 est la plus grotesque que l'on puisse imaginer.
16:29 Ce matin-là, présent, vous aviez Göring,
16:33 qui venait tout juste de faire exploser son château de Karinholm
16:36 pour qu'il ne tombe pas aux mains des soviétiques.
16:40 Il était en transit dans Berlin avec toutes ses cargaisons d'art volé.
16:45 Les tableaux et autres pièces étaient sur le point d'être acheminés
16:49 vers le sud, en Bavière, par des unités de l'armée de l'air.
16:53 Donc il est présent à cet anniversaire avec tous les dignitaires nazis comme Keitel.
16:57 Tous attendent désespérément l'ordre d'Hitler de quitter Berlin.
17:01 Tous savent aussi que la bataille est perdue d'avance.
17:05 Ils essayent de pousser Hitler à quitter la ville pour se sauver eux-mêmes.
17:09 Et ce jour-là, sa maîtresse Eva Braun lui offre un cadeau.
17:17 Une photo dédicacée.
17:20 Ce cadeau, nous l'avons retrouvé.
17:24 Jamais dévoilé au public, c'est une pièce exceptionnelle.
17:28 Son histoire est rocambolesque.
17:31 Le cadre et sa photo sont restés après-guerre pendant des années chez Gretel, la sœur d'Eva.
17:36 Il a fallu attendre que la famille Braun s'en sépare pour qu'un amateur éclairé n'en fasse la découverte.
17:42 Cette dédicace est l'unique preuve matérielle de l'amour qu'Eva Braun avait pour Hitler.
17:48 Tous les autres documents, comme leur correspondance privée,
17:52 ont été détruits dans les derniers jours de la guerre.
17:58 Elle va lui offrir une photo d'elle, dédicacée, dans un cadre en argent,
18:03 qui porte en fait son monogramme, qui est un trèfle, qui a été dessiné par Albert Speer.
18:07 Et cette photo comporte la dédicace suivante, "à mon Führer, en fidélité, ton Eva".
18:13 C'est très révélateur en fait de la mentalité d'Eva Braun et de ce qu'elle cherche à avoir,
18:17 puisqu'elle ne donne pas son prénom, elle dit "à mon Führer",
18:21 donc quelque part c'est une marque politique qui a de l'importance,
18:25 et elle l'emploie surtout en fidélité.
18:28 Et c'est vrai que c'est une époque où tout le monde commence à partir dans tous les sens,
18:31 et elle veut bien marquer en fait sa fidélité à Adolf Hitler et le fait qu'elle soit revenue.
18:38 Hitler accepte le cadeau de celle qui est venue le rejoindre pendant ces heures sombres.
18:44 C'était quelqu'un qui avait fait d'Eva Braun son secret d'État,
18:48 pour la bonne et simple raison qu'il considérait que lui, en tant que Führer du peuple allemand,
18:53 ne pouvait en aucun cas être avec une femme,
18:55 parce qu'il désespérait en fait toutes les autres femmes d'être avec lui,
18:59 et qu'en même temps il se le devait à son pays, à ce qu'il considérait la notion de son pays,
19:04 et non pas à une femme. C'est pour ça que c'était devenu un secret absolu.
19:07 Mais il refuse d'aller se réfugier dans les Alpes, où des troupes d'élite seraient stationnées.
19:19 Tous l'encouragent pourtant à aller en Bavière, dans la soi-disant forteresse des Alpes,
19:23 où d'importantes fortifications et bunkers auraient été construits dans la région de Lobersalzberg.
19:28 La propagande allemande essaie de faire croire aux alliés que s'organise un réduit alpin,
19:33 d'où des éléments fanatisés de la SS,
19:37 pourraient tenir la dragée haute aux alliés pendant encore longtemps.
19:41 Tout ça n'existe pas, tout ça est du vent, tout ça est de la propagande,
19:45 que Eisenhower croit d'ailleurs, et ça a une incidence militaire très importante,
19:49 parce qu'une grosse partie des forces américaines vont être dirigées vers le sud,
19:52 vers Munich et les Alpes, au lieu d'être dirigées vers l'est.
19:55 Hitler, lui, le sait qu'il n'y a pas de réduit alpin.
20:02 Il sait donc que c'est reculer pour mieux sauter,
20:04 et il décide qu'il vaut mieux mourir avec une vaste mise en scène du type wagnerien, apocalyptique,
20:10 qui consiste à mourir avec ses derniers troupes dans Berlin.
20:15 Hitler, lui, le sait qu'il n'y a pas de réduit alpin.
20:18 Il décide donc de mourir avec ses derniers troupes dans Berlin.
20:21 Speer l'avait persuadé d'orchestrer de façon quasi cinématographique
20:35 une fin grandiose et tragique à Berlin,
20:38 plutôt qu'une fin pathétique à Berchtesgaden.
20:42 Et contre l'avis de tout son état-major et de ses proches,
20:45 Hitler décide de rester à Berlin.
20:47 Vaincre ou mourir, c'est dans sa capitale qu'il veut livrer sa dernière bataille.
20:53 Dans la nuit, cet anniversaire s'achève par le dernier raid de l'aviation alliée sur Berlin.
20:59 Au petit matin du 21 avril, pour la première fois depuis le début de la guerre,
21:04 ce sont des obus de l'armée de Berlin qui s'envoient vers Berlin.
21:08 Pour la première fois depuis le début de la guerre,
21:10 ce sont des obus de l'artillerie soviétique qui s'abattent sur la ville hébété.
21:14 C'est le scénario qui n'avait pas été prévu.
21:21 Une bataille pour Berlin.
21:23 Il est évident que Hitler veut y jouer une sorte de remake de Stalingrad.
21:29 Il se souvient, comme Goebbels, qu'il voit toute l'ennemi et qu'il lui rappelle sans arrêt ce précédent,
21:34 que finalement une grande bataille urbaine peut provoquer un nouveau tournant de la guerre.
21:38 Et ça, Staline, d'accord à distance avec Hitler, décide que oui, symboliquement,
21:45 prendre Berlin a du sens.
21:48 Celui qui prend Berlin pour l'éternité, pour l'histoire, sera le vrai vainqueur du Reich.
21:54 Après les obus, les différents corps d'armée soviétique commencent leur encerclement de Berlin.
22:01 Ils se trouvent à 10 km du centre-ville.
22:04 Les premiers soldats soviétiques pénètrent dans le centre de la capitale allemande.
22:09 Staline a fixé comme objectif symbolique la prise du Parlement.
22:13 À ce stade de l'avancée des Russes, Hitler n'est pas encore sa priorité.
22:18 D'ailleurs, les services de renseignement soviétiques ne savent pas où il se trouve.
22:24 Hitler pourrait avoir fui.
22:28 Pourtant, il est bien là, dans le bunker à quelques mètres sous terre,
22:32 où il tente de planifier une contre-offensive.
22:35 Il changeait d'état d'une minute à l'autre,
22:41 et les briefings militaires dans le bunker étaient totalement déconnectés de toute réalité.
22:47 Hitler commentait les cartes en parlant d'armée et de division,
22:52 alors qu'en fait, il ne restait plus que quelques hommes en arme.
22:57 Terrés dans son bunker, il restait à Hitler trois corps d'armée autour de Berlin.
23:01 La 9e armée du général Busse au sud-est, le Korsteiner au nord,
23:06 et la 12e armée au sud-ouest de la ville.
23:09 Il n'y avait plus de véhicules blindés, il n'y avait plus d'armes anti-charges,
23:14 il n'y avait plus que de très jeunes soldats, très motivés et prêts à se battre jusqu'à la fin.
23:19 Mais il n'y avait tout simplement plus l'armement suffisant.
23:22 Et l'idée d'Hitler que sa 12e armée pourrait rejoindre la 9e venant de l'est
23:27 et lancer une vaste contre-offensive contre l'armée rouge était de l'ordre du fantasme.
23:32 Mais Hitler, lui, continuait à donner des ordres,
23:35 comme si ces trois forces pouvaient opérer une sorte de mouvement concentrique
23:39 permettant finalement de contre-encercler les armées solidaires.
23:43 Aucune contre-offensive ne réussit.
23:46 Les Allemands reculent de toutes parts.
23:49 Hitler ne comprend pas que les troupes qu'il déplace sur la carte ne percent pas.
23:53 Ce jour-là, pour la première fois depuis longtemps,
23:58 Hitler perd toute contenance devant tout le monde.
24:01 Il fait une crise de colère dans laquelle il crie "J'abandonne, tout est perdu, c'est la fin".
24:06 C'est à ce moment-là que tout son entourage réalise qu'il n'a plus aucune solution,
24:10 aucun plan ni espoir, que tout est vraiment perdu.
24:14 Le défi de la guerre
24:18 Ce désespoir, Eva Braun le partage avec Hitler.
24:25 Elle le décrit dans ce document exceptionnel, également dévoilé pour la première fois.
24:30 Sa dernière lettre, qu'elle rédige le 22 avril, est adressée à sa meilleure amie, Ertha Schneider.
24:35 "Vraisemblablement, ce seront les dernières lignes et mon dernier signe de vie.
24:43 Je n'ose pas l'écrire à Gretel, alors ce sera à toi de le lui dire, avec ménagement."
24:48 Ils ont décidé l'un et l'autre de se suicider.
24:53 C'est déjà très important, puisque Hitler ne va pas l'annoncer le 22 avril à son entourage,
24:58 ils vont l'annoncer après.
24:59 En tous les cas, elle explique bien dans cette lettre la volonté qu'ils ont tous les deux de se suicider.
25:04 "Je vous enverrai mes bijoux que je te prie de distribuer selon mon testament.
25:09 Ce que j'éprouve et souffre personnellement pour le Führer, je ne peux pas te le décrire.
25:14 Je ne peux pas comprendre comment tout peut se terminer comme ça.
25:18 Mais on ne peut plus croire en aucun Dieu.
25:20 Je crains que la fin n'approche.
25:23 Je meurs comme j'ai vécu.
25:25 Garde pour toi cette lettre jusqu'à ce que vous appreniez notre fin.
25:28 Je sais que je te demande beaucoup, mais tu es courageuse."
25:34 Il lui dit qu'elle va lui envoyer en même temps ses bijoux,
25:37 et lui demande de prendre soin que son testament,
25:40 elle a fait un testament qui est très clair et qui est très détaillé,
25:43 il lui demande de faire en sorte que ce testament soit tout simplement exécuté dans les moindres détails.
25:50 Cette lettre, le testament et les bijoux d'Ewa Braun, partent le jour même pour la Bavière.
26:00 De son côté, le soir du 22, Hitler fait une déclaration aux membres de son état-major,
26:05 dont fait partie le représentant de Göring.
26:08 "Maintenant, je passe la main, c'est terminé, mon successeur va s'en occuper,
26:15 Göring n'a qu'à le faire."
26:18 En 1939 et 1941, le maréchal Göring avait été nommé par décret "successeur potentiel".
26:29 Mais pour être appliqué, ces décrets doivent être officialisés par une signature du Führer.
26:34 Les propos d'Hitler sont rapportés à Göring, installé en Bavière,
26:38 où il s'est mis à l'abri avec une partie de son état-major,
26:41 et Hans Lammers, un de ses conseillers.
26:44 Prudent, Göring le Dauphin est d'abord dubitatif.
26:51 "Est-ce que le décret du Führer qui me nomme son Dauphin, 1939 repris en 1941,
26:59 est-ce que ce décret est toujours valable ? Est-ce qu'il y en a eu un autre depuis ?"
27:03 Et Lammers dit "non, si il y en avait eu un autre, j'aurais été au courant".
27:06 Donc c'est toujours valable. On le sort, il le regarde, il médite dessus,
27:10 il dit "bon, si le Führer a dit ça, étant donné que je suis le Dauphin, qu'est-ce qu'on fait ?"
27:18 Hermann Göring prend le temps de la réflexion.
27:21 Il est tiraillé entre ses délires de grandeur et la perspective de commettre une énorme faute politique.
27:27 Il décide de laisser passer la nuit.
27:29 A Berlin, les bombardements se poursuivent.
27:34 Le 23 avril à l'aube, et en prenant tous les risques,
27:37 Albert Speer, l'architecte et ministre de l'armement d'Hitler,
27:40 revient dans la capitale du Reich et descend dans le bunker.
27:44 Eva Braun est heureuse et pense qu'il va réussir à convaincre le Führer de partir.
27:49 Elle se trompe lourdement.
27:52 Hitler a fait sa fortune comme architecte.
27:57 Il lui a donné accès aux plus hautes fonctions de l'État,
28:00 mais néanmoins, avec un certain courage, il vient présenter ses adieux.
28:06 Hitler le reçoit assez froidement, mais comprend.
28:10 Hitler n'est pas dupe, il voit bien qu'autour de lui, tout le monde le lâche.
28:15 Albert Speer vient faire ses adieux à l'homme qu'il admire,
28:19 et vient aussi lui faire un aveu de taille.
28:22 Il a désobéi.
28:23 Speer n'a pas appliqué l'ordre terrible d'Hitler,
28:26 qui exige la destruction totale des infrastructures du Reich devant l'armée rouge et les alliés.
28:31 Speer a été très touché par le manque d'affection et d'attention d'Hitler.
28:36 Le Führer n'a même pas réagi lorsque Speer lui avoue sa trahison
28:40 en n'ayant pas respecté les ordres qu'il lui avait donnés.
28:43 Et c'est là que l'on retrouve, dans cet ultime moment,
28:48 un écho de cette relation spéciale qui existait entre les deux hommes.
28:54 Speer a voulu lui dire, mais en même temps, il voulait revoir, une dernière fois, cet homme
29:00 pour lequel il avait eu un sentiment très fort.
29:04 Et Hitler voyait un peu dans Speer une sorte de fils qu'il n'avait pas eu.
29:11 Et ce qui explique cette absence de réaction, cette passivité face aux déclarations de Speer.
29:18 D'autres ont été fusillés pour beaucoup moins.
29:22 Hitler le laisse repartir.
29:24 En fin de journée, ce 23 avril 1945,
29:30 Hermann Göring a enfin pris sa décision.
29:33 À 17h43, il est écrit à Hitler.
29:36 "Mon Führer, êtes-vous d'accord après votre décision de demeurer à votre poste de combat
29:43 dans la forteresse de Berlin, pour que je prenne la direction du Reich,
29:47 avec plein pouvoir, à l'intérieur et à l'extérieur ?"
29:50 Göring se dit qu'il aimerait bien, il a d'ailleurs pris pas mal de contacts
29:56 pour essayer de signer des pourparlers de paix.
29:59 Göring souhaite le faire, parce qu'il veut apparaître comme l'homme
30:02 qui a amené la paix à l'Allemagne.
30:04 Et il envoie un télégramme à Hitler au bunker, dans lequel il lui dit que
30:07 si avant 22h, le 23 avril, Hitler ne donne pas signe de vie,
30:13 Göring considérera qu'il est le nouveau chancelier,
30:18 et que Hitler n'est plus en mesure de pouvoir donner ses volontés.
30:22 Ce télégramme et toute la correspondance qui va suivre
30:26 sont extraits des documents découverts par le commandant Rose
30:28 dans le bunker d'Hitler.
30:30 Ce sont en tout 13 lettres et télégrammes originaux d'une portée historique,
30:34 qui permettent aujourd'hui de retracer avec précision
30:37 ce dernier échange d'une tension extrême entre Hitler et Göring.
30:41 Et puis, il envoie un deuxième télégramme, cette fois à Ribbentrop,
30:55 et probablement à Keitel aussi, en leur disant
30:59 « Si il n'y a pas eu de réponse du Führer, venez me retrouver à Berchtesgaden. »
31:05 C'est-à-dire, je reprends la succession.
31:09 Il n'a absolument pas le sentiment d'être déloyal envers Hitler.
31:18 Il prend acte d'une situation qui est celle où Hitler n'est plus en position de gouverner l'Allemagne.
31:29 Donc s'il le remplaçait, dans son esprit, ce serait un intérim.
31:37 Quelles que soient les intentions de Göring, ce deuxième message va lui coûter très cher.
31:45 Lorsqu'il est remis à Hitler, ce dernier est entouré de Goebbels et Bormann,
31:49 les plus farouches ennemies de Göring.
31:51 Göring avait largement sous-estimé la façon dont Bormann, son ennemi de toujours,
32:00 allait se servir de ce message.
32:02 Bormann l'a présenté à Hitler de telle façon qu'on ne pouvait l'interpréter que comme une trahison scandaleuse.
32:10 Et à ce stade de la guerre, Hitler était en plus persuadé que l'unique raison de cette défaite
32:15 était due aux multiples trahisons de son entourage.
32:18 Le soir même, Hitler fait envoyer une réponse cinglante à Hermann Göring.
32:24 Le décret n'entre en vigueur qu'après ma ratification extraordinaire.
32:31 Il ne saurait s'agir de me dépouiller de ma liberté d'action.
32:35 J'interdis donc toute démarche de votre part dans une quelconque direction.
32:40 Signé Adolf Hitler.
32:42 Sur recommandation de Bormann, son chef d'état-major personnel,
32:46 Hitler fait mettre Göring aux arrêts.
32:48 A minuit 56, le 24 avril, Göring lui répond par un long télégramme
32:53 dans lequel il se défend de toutes mauvaises intentions.
32:56 Je n'ai rien entrepris jusqu'au reçu de votre réponse et me tiens à vos ordres.
33:01 Dieu vous protège encore, votre fidèle Hermann Göring.
33:06 Je vous prie de donner ordre à Frank de ne pas procéder à mon arrestation.
33:10 Je vous donne ma parole d'honneur de m'être tenu strictement à vos ordres.
33:14 En cette fin de matinée du 24, Hitler dicte un nouveau télégramme à l'adresse de Göring.
33:21 Signé de sa main, ce télégramme est sans équivoque.
33:25 Vos actes constituent une trahison à la cause nationale.
33:29 Une telle conduite, qui s'appelle haute trahison, mérite la peine de mort.
33:34 Prenant en considération vos grands services passés,
33:36 je vous donne la possibilité de démissionner en invoquant le motif d'une grave maladie.
33:40 Je vous somme de répondre immédiatement, par oui ou non.
33:44 Dans les minutes qui suivent, Göring répond par oui à la demande du Führer.
33:49 Il démissionne de toutes ses fonctions pour raison de santé.
33:53 C'est l'accession au pouvoir, quelque part, d'un personnage de l'ombre
33:58 qui s'appelle Martin Bormann, qui est son secrétaire depuis que Rudolf Hess
34:02 est parti en 41 en Angleterre.
34:04 Et Bormann va donner libre cours à la détestation qu'il peut avoir
34:09 de certaines personnalités et va essayer d'appuyer, en vérité, son pouvoir.
34:14 Göring est catastrophé, mais pour Bormann, c'est pas suffisant.
34:17 Bormann, qui dispose de son propre centre de communication au sein du bunker,
34:22 va profiter de la disgrâce de Göring pour faire avancer ses pions.
34:26 Sans en référer à Hitler, il donne un ordre sans appel
34:30 à l'officier chargé de le surveiller.
34:32 Bormann lui donne l'ordre de les exécuter tous,
34:36 une fois que Berlin sera tombé.
34:39 Alors, le scénario ne va pas se réaliser, parce que
34:42 le commandant SS qui avait été chargé de cette mission,
34:46 une fois que Berlin tombe, considère que
34:51 cet assassinat n'aurait plus grand sens.
34:55 Donc, il ne va pas exécuter l'ordre.
34:57 Alors, pourquoi après la chute de Berlin ?
34:59 Après la chute de Berlin, parce qu'il sait qu'Hitler ne sera plus vivant,
35:02 donc il pourra régler ses comptes.
35:04 Son idée, c'est que, bon, il sait que Goebbels va suivre Hitler,
35:08 donc il se dit, après ça, si je me débarrasse aussi de Göring,
35:12 il n'y aura plus que moi.
35:14 Hitler ignore ce qui se trame dans son dos.
35:21 Et pour humilier encore plus Göring, il le dépouille de ses derniers pouvoirs.
35:26 Le 25 avril, il dicte un ultime message à son assistante,
35:30 à l'attention de Göring.
35:32 "En raison de votre attitude infidèle au peuple allemand,
35:38 à ma personne et aux mesures envisagées,
35:40 je vous chasse du parti."
35:42 Signé à la main par Adolf Hitler.
35:45 Ce jour-là, il ordonne également la destruction de toutes ses archives personnelles.
35:50 Ses documents auraient dû être détruits,
35:53 mais dans la panique des derniers jours,
35:55 ils ont été miraculeusement oubliés.
35:57 Hitler a fait brûler l'intégralité de ses archives privées,
36:04 donc on peut penser à certaines correspondances fort importantes
36:08 qu'il a pu avoir avec des chefs d'État.
36:10 Il a fait aussi brûler l'intégralité des notes d'État-major qui étaient là.
36:15 Et il a d'ailleurs demandé aussi à son adjudant,
36:19 Yilu Shoub, de ne pas s'arrêter là,
36:22 mais de quitter le bunker pour aller brûler ses archives à Munich,
36:25 dans son appartement, et brûler ses archives à Berchtesgad,
36:28 ce que Shoub a fait.
36:30 Il y a une préoccupation un petit peu comme Goebbels,
36:32 il y a une préoccupation de sa postérité.
36:34 Les combats se rapprochent.
36:44 Les troupes soviétiques progressent d'heure en heure.
36:47 [Bruits de tirs]
36:53 Les obus tombent désormais sans arrêt dans les jardins de la chancellerie,
36:57 juste au-dessus du bunker.
36:59 Une série de notes d'actylographie retranscrivant des discussions
37:04 entre Hitler et Goebbels nous éclaire sur les derniers espoirs militaires du Führer.
37:08 Ces documents ont été conservés par Heinz Lorenz,
37:13 qui dirigeait le service de presse du bunker.
37:16 Ils ont été publiés récemment. On peut y lire.
37:19 [Bruit de coup de feu]
37:22 "C'est ici à Berlin que je peux remporter une victoire.
37:25 Si je l'obtiens, ne fût-ce que moral,
37:27 on aura au moins l'occasion de sauver la face et de gagner du temps."
37:31 "À Berlin, on peut obtenir un succès qui aurait une portée mondiale.
37:36 Ce succès ne peut être obtenu qu'à l'endroit où les yeux du monde entier sont braqués."
37:41 "Il ne peut y avoir de retournement que si j'inflige un revers au colosse bolchévique.
37:47 Alors les autres finiront peut-être par se convaincre qu'il n'y en a qu'un
37:51 qui est en mesure d'arrêter ce colosse, moi, le parti et l'État allemand."
37:55 "Toutes ces armées soviétiques, de façon concentrique,
37:58 avancent vers le Reichstag et la chancellerie qui ne se trouve pas très loin."
38:02 Pour les civils, c'est un calvaire qui n'en finit pas.
38:10 "Donc vous imaginez les caves complètement bondées,
38:13 il n'y a plus d'eau, il n'y a plus de téléphone.
38:16 L'alimentation devient un problème dramatique.
38:18 Dès qu'un cheval est tué dans la rue,
38:20 les gens se précipitent pour découper un peu de viande au péril de leur vie."
38:24 C'est au milieu de ce déluge de feu qu'une femme,
38:31 un as de l'aviation allemande, réussit à poser son avion à quelques pas du bunker d'Hitler.
38:36 Nous sommes le 27 avril.
38:38 Anna Reicht, une nazie convaincue, et son amant, le général Ritter von Krim,
38:42 veulent rencontrer Hitler de toute urgence.
38:45 Ils descendent dans le bunker.
38:48 Ritter von Krim est allongé sur une civière.
38:51 Il a pris une balle dans le pied lors de l'atterrissage.
38:54 "Alors pourquoi vient-elle ?
38:57 Bien, pour essayer de convaincre Hitler de quitter le bunker
39:02 et de partir, peut-être pour Berchtesgaden."
39:08 Évidemment, Anna Reicht ne peut rien faire,
39:12 surtout pas convaincre un Hitler qui refuse catégoriquement de quitter Berlin.
39:16 C'est d'ailleurs à ce moment précis qu'il se décide à distribuer des capsules de cyanure
39:22 à une partie de son entourage.
39:24 Il en offre une à Reicht, à qui il parle longuement du suicide.
39:29 "Cette distribution de capsules de cyanure est d'ailleurs un symbole de distinction qu'il lui accorde.
39:35 Il la récompense pour cet exploit."
39:38 Capsule de cyanure pour Anna Reicht et promotion pour Ritter von Krim,
39:44 qui est nommé général en chef de l'armée de l'air à la place de Göring.
39:48 Puis ils repartent comme ils sont arrivés, en décollant sous le feu soviétique.
39:52 Ils s'en sortiront vivants.
39:58 Pendant ce temps, un autre dignitaire nazi s'active en coulisses, Heinrich Himmler.
40:03 Il a quitté Berlin juste après l'anniversaire d'Hitler.
40:06 Le ministre de l'intérieur du Reich et chef des SS offre en secret aux alliés
40:11 une capitulation sans condition de l'Allemagne nazie.
40:14 Sûr de son coup, Himmler tente de prendre la main.
40:17 Les alliés l'assassinent médiatiquement le 28 avril.
40:21 "Et Eisenhower a opposé un refus.
40:25 Un refus complet, le communiqué par lequel il fait répondre négativement
40:33 et publié dans la presse occidentale."
40:35 Hitler est hystérique.
40:38 Il démet de toutes ses fonctions l'homme qui a orchestré pour lui la solution finale.
40:42 Cette dernière trahison de l'un de ses plus proches le rend fou de rage.
40:46 Toujours présent dans Berlin, mais hors du bunker,
40:50 le général SS Hermann Fegelein est l'officier de liaison d'Himmler auprès d'Hitler.
40:55 "Hitler était d'humeur à la vengeance.
40:58 Et l'on peut dire que le fait que Fegelein était sur le point de fuir Berlin,
41:02 qu'il était en plus soupçonné d'être directement associé à Himmler dans cet acte de trahison,
41:07 le conduit à le faire fusiller."
41:09 Le général Fegelein est aussi le beau-frère d'Ewa Braun.
41:14 Il est marié à sa soeur Gretel et Hitler avait assisté en personne à leur mariage.
41:19 "Ewa Braun n'était pas prête à prendre la défense de Fegelein.
41:23 Elle était même horrifiée qu'il planifiait une désertion,
41:26 qu'il était sur le point d'abandonner le Führer.
41:28 Elle, qui avait fait le choix de rester jusqu'au bout,
41:31 considérait la fuite de Fegelein comme un acte d'une grande lâcheté,
41:34 qui plus est avec sa maîtresse.
41:36 Pour Ewa Braun, c'était même donc une double trahison
41:39 car cet homme était marié à sa soeur Gretel."
41:42 Hitler accuse le coup sur le plan psychologique.
41:50 Dans une dernière conversation scénographiée conservée par l'officier de presse Heinz Lorenz,
41:54 Hitler et Goebbels discutent sans grande conviction de la situation militaire.
41:58 "Si seulement Wenck pouvait arriver."
42:03 "Je vais essayer de m'allonger un peu.
42:05 Je ne veux être réveillé que si un blindé russe se présente devant le bunker,
42:10 afin que j'aie le temps de prendre mes dispositions.
42:13 À présent, c'est à moi d'obéir aux ordres du destin.
42:16 Même si je pouvais me sauver, je ne le ferai pas.
42:19 Le capitaine ne quitte pas le navire qui est sombre."
42:21 Hitler et Goebbels pensent sans trop d'espoir
42:24 que la 12e armée du général Wenck est sur le point de briser l'encerclement du centre de Berlin.
42:29 C'est le contraire qui se produit.
42:31 À peine arrivé, ce qu'il reste de la 12e armée se retire dans le chaos.
42:35 "Les soupapes d'échappement de cette population
42:38 s'admettent les rumeurs et les fausses nouvelles.
42:40 Par exemple, le 28 avril, une pluie de tracts s'abat sur Berlin,
42:46 où on annonce que l'armée Wenck arrive du sud-ouest.
42:50 C'est une armée allemande qui vient briser les taux de fer des troupes soviétiques.
42:55 C'est évidemment un bobard.
42:57 L'armée Wenck est déjà en train de se faire refouler de Potsdam.
43:00 Elle n'arrivera jamais dans Berlin même.
43:02 Mais on croit à tout ce qui traîne.
43:04 Et puis au bout d'un moment, c'est l'apathie, la peur,
43:06 le désir de vivre une heure, deux heures, trois heures de plus."
43:09 Le 29 avril 1945, à une heure du matin,
43:15 Hitler épouse Eva Braun, sa maîtresse depuis 13 ans.
43:18 Seul témoin présent de cette union, Goebbels, Bormann,
43:22 est un officier d'état civil.
43:25 Un acte de mariage est signé par les mariés et leurs témoins.
43:29 Hitler précise que c'est à la demande d'Eva Braun
43:31 qu'a lieu cette cérémonie surréaliste, compte tenu des circonstances.
43:35 "Je pense qu'Hitler se décide à épouser Eva Braun pour plusieurs raisons.
43:42 La première en partie à cause de toutes les trahisons de ses proches.
43:45 Ensuite, la décision d'Eva Braun de le rejoindre pour mourir à ses côtés
43:49 doit être récompensée.
43:51 Il savait en outre que son vœu le plus cher était de devenir Madame Hitler."
43:55 "On peut aussi y voir un autre sens.
44:00 Le sens, la confirmation,
44:03 Hitler a compris que la partie était perdue.
44:06 Pourquoi ? Parce que
44:09 dans les jours heureux, au fond,
44:12 je n'ai qu'une seule épouse, l'Allemagne.
44:16 Et au nom de ce grand principe, il refusait de se marier."
44:21 Après un verre de mousseux avec Eva Braun et le dernier carré de Fidel,
44:27 Hitler se retire dans la salle de réunion et appelle sa secrétaire, Traudl-Junger.
44:31 Il lui dicte rapidement son testament politique, sans hésitation et sans correction.
44:38 "Il n'avait tiré aucune leçon de ses échecs.
44:41 Il campe sur les mêmes positions, toujours totalement obsédé par les Juifs,
44:45 persuadé qu'il n'a jamais eu tort, qu'il n'a commis aucune erreur
44:48 et que tout ça se résume à une affaire de trahison."
44:51 "On sait que c'est un antisémite patenté, pathologique
44:56 et je suis tombé victime
45:01 des deux visages de la juiverie internationale,
45:05 son visage judéo-bolchévique à l'est
45:08 et le visage de la finance juive internationale à l'ouest."
45:12 Alors que se joue dans le bunker le dernier acte de la tragédie hitlérienne,
45:18 l'armée rouge lance sa dernière grande offensive.
45:20 Les soviétiques s'arrêtent sans le savoir à 500 mètres du bunker d'Hitler,
45:24 car ils en ignorent l'existence.
45:26 Ils ne savent pas non plus si le Führer est présent à Berlin.
45:30 Ils pensent que tous les hauts dignitaires nazis sont dans le bâtiment du Parlement,
45:33 le Reichstag.
45:35 "Leur cible c'est le Reichstag.
45:38 En d'autres termes, il aurait pu encore rester deux jours dans son bunker,
45:41 personne ne se serait aperçu de rien.
45:44 Les soviétiques, une fois qu'ils ont pris le Reichstag,
45:46 ils s'attendaient à trouver tout le gouvernement là,
45:48 ils ne l'ont pas trouvé, mais c'était leur but."
45:51 Le 30 avril, dans son testament privé dicté à 3h du matin,
45:56 Hitler annonce.
45:58 "Moi-même et mon épouse choisissons la mort
46:01 pour échapper à la honte de la destitution ou de la capitulation.
46:05 Notre volonté est d'être brûlés immédiatement et sur place."
46:09 "Hitler ne voulait absolument pas que son corps puisse être exhibé par les Russes
46:15 comme un symbole ou un trophée.
46:17 C'est pourquoi il a exigé que son corps et celui d'Ewa Braun soient brûlés ensemble.
46:22 J'ai pu lire dans les archives russes un document barré du symbole du Führer
46:27 à l'intention d'Hitler dans lequel la mort de Mussolini lui est décrite.
46:31 Hitler était déterminé à ne pas finir pendu,
46:34 comme l'a été Mussolini en Italie.
46:36 C'est pourquoi il exige que son corps soit totalement détruit."
46:40 Le 30 avril 1945, en début d'après-midi,
46:54 après avoir fait empoisonner sa chienne blondie,
46:57 Hitler fait ses adieux à tous ses collaborateurs.
47:00 A ses assistantes, il conseille la fuite vers l'ouest,
47:03 à ses officiers de continuer le combat.
47:06 Hitler et Ewa Braun se retirent à 15h dans leurs appartements.
47:14 Les corps d'Ewa Braun et Hitler sont immédiatement brûlés dans les jardins de la chancellerie,
47:18 juste devant l'une des sorties du bunker.
47:21 Le lendemain 1er mai, Magda et Joseph Goebbels se suicident par balles
47:27 après avoir empoisonné leurs six enfants.
47:30 La seconde guerre mondiale se déroule.
47:33 Leur vie est en danger.
47:35 Leur vie est en danger.
47:37 Leur vie est en danger.
47:39 Leur vie est en danger.
47:41 Leur vie est en danger.
47:43 La seconde guerre mondiale se termine comme elle a commencé, selon la volonté d'Hitler.
47:46 Pour sa renommée posthume, il a choisi le final collectif grandiose de la bataille de Berlin.
47:52 A sa propre mort, il ne s'est résolu qu'au tout dernier moment,
47:56 48h avant l'entrée des soldats soviétiques dans le bunker,
47:59 le 2 mai 1945 à 15h.
48:02 Sur le terrain, les opérations militaires se poursuivent pendant une semaine
48:06 jusqu'aux signatures de la capitulation allemande les 7 et 8 mai à Reims et à Berlin.
48:11 Le régime nazi survit jusqu'au 23 mai.
48:14 Le fureur disparu, la pression se relâche et tout s'arrête très vite.
48:18 Mais que devient le corps d'Hitler et qui le découvre en premier ?
48:26 Les gens du Smerch vont récupérer, vont trouver l'endroit qui a été recouvert de terre
48:30 où se trouve le corps d'Hitler et des Wabrons.
48:33 Ils vont les sortir de terre, ils vont les mettre dans des caisses en bois
48:37 et ils vont aller faire, parce que les corps sont carbonisés,
48:41 mais pas complètement détruits,
48:44 et ils vont aller faire des autopsies, ils vont bien évidemment vérifier sa dentition.
48:48 Et Hitler avait un bridge très particulier, il détestait les chenillentistes,
48:52 et il avait un bridge très particulier, à nous d'autres pareil,
48:56 on va dire qu'il avait été fait spécialement pour lui en or.
49:00 Une fois les restes du corps formellement identifiés par les services secrets soviétiques,
49:04 la mystification commence.
49:06 Staline n'informe pas le maréchal Zhukov, vainqueur de la bataille de Berlin,
49:10 de la découverte du corps d'Hitler.
49:13 Il sait qu'Hitler est mort, il ne le dit pas à Zhukov.
49:17 Ce qui fait que lorsque Zhukov, qui a pris le Reichstag,
49:20 et qui est désigné, même si Konev y a aussi une part comme le vainqueur de Berlin,
49:24 lorsque Zhukov va faire la fameuse conférence de presse
49:27 devant les journalistes du monde entier,
49:30 il va dire, devant le monde entier,
49:33 "On n'a pas retrouvé le cadavre d'Hitler,
49:38 on ne peut donc pas exclure qu'il se souhaite enfui."
49:42 C'est paradoxal, parce que Staline sait parfaitement qu'il ne s'est pas enfui.
49:47 Mais le monde entier va retenir, "Ah, cette phrase incroyable,
49:50 et si Hitler n'était pas mort et s'il s'était enfui ?"
49:56 C'est le point de départ de tous les fantasmes sur le sort d'Hitler.
50:00 Cette omission de Staline alimente pendant au moins 30 ans
50:03 toute une littérature pseudo-historique délirante.
50:06 Des centaines de livres, d'articles et de témoignages
50:10 l'identifient un peu partout dans le monde, et notamment en Amérique latine.
50:14 Pourquoi Staline passe-t-il sous silence
50:17 les informations qu'il détient sur le corps d'Hitler ?
50:20 C'est un effet de la duplicité de Staline
50:24 qui possède une information qu'il ne va pas divulguer
50:27 parce qu'il va l'utiliser dans sa propagande périodiquement
50:32 pour faire planer le doute sur une fuite d'Hitler à l'Ouest
50:38 et conforter son discours de la guerre froide
50:44 qui consiste à dire qu'il n'y a qu'une puissance antifasciste au monde,
50:50 c'est l'Union soviétique.
50:52 La preuve, c'est que peut-être Hitler est vivant
50:55 et il est caché par les Américains ou par des affidés des Américains.
51:02 Donc c'est une arme de propagande et rien de plus.
51:05 Reste le bunker.
51:08 Qu'est-il devenu ?
51:10 A-t-il été détruit ?
51:12 Les lieux où Hitler a fini ses jours
51:17 ne sont pas devenus un mémorial pour les nostalgiques du Reich.
51:20 Après la chute du mur de Berlin en 1989,
51:23 l'Occident découvre que les anciens jardins de la chancellerie
51:26 sous lesquels était construit le bunker
51:28 sont devenus un parking pour les résidents de ces barres d'immeubles.
51:32 Ce n'est que 70 ans plus tard qu'une association berlinoise
51:35 a pu faire installer ce panneau
51:37 qui raconte avec précision l'histoire des derniers jours d'Hitler dans son bunker.
51:42 À ce jour, les autorités soviétiques n'ont toujours pas donné d'explication
51:46 sur ce qui a été fait des restes du corps.
51:49 Quant aux documents historiques découverts par le commandant Rose
51:52 et Bruno Ledoux, le collectionneur français,
51:54 ils sont maintenant publics.
51:56 Ils permettent aujourd'hui de compléter certains aspects fondamentaux
51:59 de l'histoire politique et privée du plus grand criminel du XXe siècle.
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