• l’année dernière
Nazis, les visages du mal S01E05 Albert Speer

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Albert Speer, le grand architecte de Hitler.
00:06 Il a construit l'image invincible du Führer et sacrifié des milliers d'êtres humains pour concevoir ses armes de guerre.
00:15 Et quand tout a été terminé, il a orchestré l'une des plus formidables tromperies de l'histoire.
00:25 C'est intéressant de voir comment il s'en est tiré et pourquoi pendant des décennies, les gens ont été prêts et avaient même envie de le croire.
00:33 Les gens de ma génération n'arrivent pas à comprendre comment un petit groupe de nazis a déclenché une guerre qui a coûté la vie à 60 millions de personnes.
00:46 Je veux essayer de comprendre. Pour cela, je vais m'aider de ce jeu de cartes.
00:53 De nos jours, l'armée et la police s'en servent pour identifier leurs cibles.
00:57 Mais personne n'a jamais assemblé un jeu de cartes qui inclut les membres de la plus grande bande de meurtriers de l'histoire.
01:03 Accompagné d'experts, je veux comprendre où se situaient tous ces personnages dans la hiérarchie du mal.
01:09 Je m'appelle James Ellis.
01:18 Schperr fait partie de ces nazis que les gens de ma génération notamment connaissent mal.
01:22 Il a pourtant joué un rôle capital dans le régime.
01:25 Mais à la fin de la guerre, il a réussi à éviter la potence.
01:29 Comment cet homme a-t-il pu échapper à la peine de mort ?
01:33 Il a réussi à convaincre les juges de Nuremberg et le monde en général qu'il était le gentleman nazi.
01:39 Qu'il avait fait des choses pas très réglementaires mais qu'il ne faisait pas partie des méchants.
01:46 Schperr voulait que le monde le prenne pour un technocrate, emporté par le courant de l'histoire.
01:51 Pour un architecte qui voulait simplement faire son travail et ne savait rien des atrocités du régime.
01:56 Réussir à mener sa vie avant et après 1945 demande de la conviction, parce qu'il faut mentir.
02:02 Et de la détermination pour pouvoir vivre avec ce mensonge.
02:07 Comment peut-on faire le tri entre ce qu'il a fait pendant la guerre et ce qu'il a prétendu avoir fait une fois la guerre terminée ?
02:15 Il faut juger Schperr sur ses actions et non sur les histoires qu'il a racontées.
02:19 Les actions racontent une version différente.
02:22 Pour comprendre le véritable rôle d'Albert Schperr dans le 3ème Reich, je me rends en Allemagne.
02:32 Je commence mon enquête dans une ville qui symbolise à la fois la grandeur et la décadence des nazis.
02:41 Nuremberg.
02:45 L'endroit où nous sommes est surnommé la tribune VIP.
02:50 Je rencontre l'historien Kevin Hoskins sur le site de la première réalisation de Schperr, le palais des congrès du parti,
02:58 afin de découvrir comment il est devenu nazi et a gravi les échelons.
03:02 Le bâtiment au centre s'appelle le Golden Heir's Hall.
03:07 C'est là que se trouvait la croix gammée dorée que les américains ont dynamité, comme on l'a vu des millions de fois.
03:13 Elle était sur ce bâtiment ?
03:14 Oui, les américains l'ont fait sauter le 22 avril 1945.
03:18 La destruction de la croix gammée est un acte de représailles symbolique.
03:23 Cette explosion a fait savoir au monde entier que les alliés avaient enfin vaincu les nazis.
03:33 Pendant près de 10 ans, ce site est le cœur du régime totalitaire allemand où la foule vient vénérer Adolf Hitler.
03:42 Le monument à la gloire du fascisme
03:46 Ce monument grandiose à la gloire du fascisme est la création d'un seul homme.
03:54 Mais qui est exactement Albert Schperr et comment a-t-il accédé au pouvoir ?
03:58 Schperr venait d'une famille de la haute bourgeoisie, d'une famille d'architectes.
04:03 Il a choisi cette voie par tradition familiale.
04:09 Il a assisté à un discours de Hitler en 1930.
04:12 Il a été séduit et a commencé à croire que cet homme était le sauveur du peuple allemand.
04:18 Il a adhéré au parti en 1931.
04:23 Il a lancé sa carrière en redessinant le siège du parti nazi à Berlin.
04:28 Ce projet attire l'attention du ministre de la propagande de Hitler, Joseph Goebbels.
04:36 Après la prise de pouvoir des nazis en 1933, Goebbels a confié à Schperr les locaux du ministère de la propagande.
04:42 C'est là qu'il s'est fait remarquer par Hitler.
04:44 Il s'est vu confier la réalisation du palais des congrès du parti.
04:50 C'est à ce moment-là qu'il a attiré l'attention de Hitler et fait bonne impression.
04:54 La mission de Schperr consiste à créer un monument qui élève Hitler du rang d'homme politique à celui de Dieu vivant.
05:04 Ce monument, la tribune VIP, s'inspire du style d'un autre grand empire, celui des Grecs.
05:10 J'allais justement dire qu'il a un côté civilisation ancienne.
05:15 Hitler, comme Albert Schperr, aimait l'architecture néoclassique, alors copier les autres grands empires semblait logique.
05:25 Pour la petite histoire, le projet initial consistait à faire entrer Hitler par la porte de derrière du Goldener Saal.
05:32 Puis il devait franchir cette porte et descendre cet escalier jusqu'à la tribune.
05:38 Mais il n'a jamais fait ça.
05:40 Pourquoi ?
05:42 Parce qu'Hitler n'entrait jamais par la porte de derrière.
05:44 Il a été un peu déçu par la situation.
05:47 Il a été déçu par la situation.
05:51 Pourquoi ?
05:52 Parce qu'Hitler n'entrait jamais par la porte de derrière.
05:54 Hitler faisait toujours son entrée par devant, dans sa Mercedes décapotable.
05:59 Il faisait son célèbre salut et montait les marches.
06:02 C'est comme ça que le Führer entrait en scène.
06:04 Vu d'ici, on se fait une idée de l'échelle du site.
06:17 C'est énorme !
06:19 Regardez ce terrain de football.
06:21 On peut en faire tenir une douzaine à cet endroit.
06:23 Il y avait jusqu'à 85 000 spectateurs répartis sur ces trois terrains,
06:28 plus 15 000 ici dans la tribune VIP.
06:31 Et il y avait de la place pour 250 000 personnes sur le champ de Mars.
06:35 Le site pouvait accueillir plus de 300 000 personnes ?
06:39 C'est ça.
06:40 C'est extraordinaire !
06:42 C'est plus de 6 fois la capacité d'accueil du Stade des Yankees de New York.
06:48 Imaginez le niveau sonore créé par tous ces gens hurlant à l'unisson.
06:53 "Heil ! Heil !"
06:55 Ça devait être absolument assourdissant.
06:59 Hitler était considéré comme un sauveur quasi divin,
07:05 qui allait placer l'Allemagne sur le devant de la scène
07:08 et concevoir une race supérieure.
07:11 Schperr a créé une gigantesque cathédrale pour le nazisme.
07:16 Tous les regards étaient irrépressiblement tournés vers un seul homme, bien sûr, Adolf Hitler.
07:21 Hitler arrivait par ici, gravissait ses marches.
07:26 Et il s'arrêtait où ? Ici ?
07:29 Au centre, oui.
07:30 Et il faisait son discours devant la foule à cet endroit ?
07:34 Exactement.
07:35 Imaginez-le face à cette foule qui hurlait "Sieg Heil".
07:46 "Sieg Heil !"
07:48 Tous ces gens sont en train de scander son nom.
07:51 Il devait avoir l'impression d'être Dieu.
07:53 "Sieg Heil !"
07:55 C'est une tribune monumentale à la hauteur de son égo.
07:59 Et c'est Schperr qui l'a créée.
08:01 En 1934, Hitler nomme Albert Schperr architecte du Reich,
08:07 et les deux hommes deviennent bons amis.
08:09 Ils étaient très proches.
08:13 Je pense que Hitler, qui n'avait jamais pu réaliser ses ambitions artistiques,
08:18 voyait Schperr comme un homme qui avait fait cette carrière dont il rêvait.
08:22 Non en tant qu'artiste, mais en tant qu'architecte.
08:26 Grâce à Hitler, Schperr peut concrétiser ses aspirations les plus folles,
08:32 sans compter les nombreux avantages liés à la fonction d'architecte du Führer.
08:36 Schperr s'enrichit personnellement de façon considérable,
08:39 grâce à toutes les réalisations commandées par le Führer.
08:42 Il acquiert des terres et des biens immobiliers par l'intermédiaire de ses projets à financement public.
08:47 Il s'engraisse sur le dos de l'État.
08:50 L'ascension fulgurante de Schperr est sans précédent parmi les partisans de Hitler.
08:58 Pendant toute la fin des années 1930, il mène grand train et ne s'éloigne jamais de son Führer.
09:07 Pendant la guerre, Hitler le récompense pour sa loyauté en le nommant ministre de l'Armement.
09:13 Il lui confie la mission capitale du bon fonctionnement de la machine de guerre.
09:17 Albert Schperr atteint un rang hiérarchique au sein du Reich dont peu de nazis peuvent se targuer.
09:23 Quand on sait ce que représente ce monument de mégalomanie,
09:31 on se demande ce qui justifie encore son existence.
09:34 Pourquoi ne pas le démolir ?
09:36 Il y a deux écoles.
09:37 La première dit qu'il faut le réduire en poussière, le démolir, utiliser le site pour autre chose.
09:42 L'autre école dit qu'il faut le conserver pour faire en sorte que ce qui s'est passé pendant le régime nazi ne se reproduise plus jamais.
09:50 Il y a un graffiti sur le mur du Goldener Saal qui dit "Nie wieder Krieg", plus jamais la guerre.
10:00 Je suis à Nuremberg avec l'historien Kevin Hoskins pour découvrir où l'architecte nazi Albert Schperr se place dans la hiérarchie du mal.
10:08 Voici la partie du complexe qu'on appelle le palais de justice.
10:13 Dans la salle 600, ces quatre fenêtres sur la facette du bâtiment, c'est là qu'a eu lieu le procès de Nuremberg.
10:19 C'est là que ça s'est passé ?
10:20 Oui.
10:21 Le 20 novembre 1945, un peu plus de six mois après la capitulation de l'Allemagne,
10:29 22 des plus proches complices de Hitler sont traduits devant la justice.
10:33 Parmi eux, Albert Schperr.
10:36 S'ils sont reconnus coupables, ils risquent la peine de mort par pendaison.
10:44 L'un après l'autre, ils plaident non coupables.
10:58 Il y a ensuite le tour du ministre de l'Armement.
11:00 Les quatre chefs d'accusation sont liés à des actes qu'il a commis pendant la guerre
11:10 et qui auraient contribué à prolonger le conflit le plus meurtrier de l'histoire contemporaine.
11:14 Schperr est parvenu à augmenter la production de munitions.
11:20 Il a ainsi amélioré les capacités de combat de l'Allemagne et donc prolongé la guerre.
11:27 Schperr plaide comme les autres prévenus.
11:29 Mais quand vient l'heure de s'exprimer à la barre, sa défense choque la cour.
11:44 J'en prie Dieu, je vais dire la vérité.
11:47 Il condamne Hitler pour son despotisme et met le monde entier en garde contre d'autres fascistes de son espèce.
12:10 Schperr fait même quelque chose qu'aucun autre accusé alors n'est prêt à faire.
12:14 Schperr est connu comme étant le seul nazi à avoir présenté des excuses.
12:19 Vous pouvez m'expliquer ?
12:20 Il y a plusieurs raisons à cela.
12:22 Une des principales était qu'il était le seul lors du procès à avoir fait preuve de remords.
12:27 Il a également déclaré qu'il ignorait tout de l'Holocauste
12:31 et de l'étendue de la persécution et de la tentative d'extermination des Juifs.
12:36 Je pense qu'il a fait ça pour se dissocier des autres accusés.
12:40 À ce stade, ils étaient tous comme des rats sur un navire en train de couler.
12:44 C'était chacun pour soi.
12:46 Il a compris que sa meilleure chance de s'en tirer, c'était de coopérer.
12:50 Ça a donné une idée à l'accusation.
12:53 Comme Schperr lâchait son clan, il allait servir à diviser les autres.
12:57 Et c'est ce qui s'est passé.
13:04 Albert Schperr présente des preuves contre le Reich et les autres nazis dans la salle.
13:08 Sur le banc des accusés, tous sont écoeurés par son comportement.
13:13 Schperr a coopéré avec l'accusation et balancé quelques informations.
13:18 Il aurait aussi présenté une vision très réaliste de l'Allemagne nazie.
13:22 Schperr termine son témoignage par un formidable coup d'éclat.
13:26 Il explique à la cour qu'au moment où les alliés marchaient sur Berlin,
13:30 il a élaboré un plan pour assassiner Hitler, mettre fin au conflit
13:34 et sauver le peuple allemand de la mort et de la destruction.
13:37 Lors des dernières heures de la guerre, Schperr se rend dans le bunker du Führer
13:43 pour sa dernière rencontre tumultueuse avec Hitler.
13:46 Schperr déclara plus tard qu'il avait l'intention de répandre du gaz toxique dans le bunker
13:52 pour tuer tout le monde.
13:54 Interrogé sur cette tentative d'assassinat,
13:58 Schperr ne fournit que de piètres excuses pour justifier l'échec de son plan.
14:02 Schperr inventait des histoires. Nous savons aujourd'hui qu'il mentait.
14:07 La plupart des choses qu'il racontait étaient absurdes.
14:10 Cela fait en réalité partie d'une tentative désespérée pour sauver sa peau.
14:14 Le 1er octobre 1946, le verdict est annoncé.
14:22 Le tribunal décrit que Schperr n'est pas en crime sur les comptes 1 et 2,
14:28 mais est en crime sur les comptes 3 et 4.
14:33 Schperr est condamné pour des crimes capitaux.
14:37 Mais quand les juges prononcent leur sentence,
14:39 l'architecte découvre que sa stratégie a porté ses fruits.
14:42 Au lieu d'être condamné à mort comme il le méritait, je pense,
14:46 il a été condamné à 20 ans à Spandau.
14:48 Albert Schperr va en prison.
14:52 Son acceptation d'une responsabilité collective
14:54 et sa volonté de se présenter comme témoin clé contre les autres dirigeants nazis
14:58 lui ont sans doute sauvé la vie.
15:00 Sur les 22 accusés, seuls 3 sont acquittés.
15:05 12 sont condamnés à mort par pendaison et 7 à une peine de prison.
15:10 Schperr est incarcéré au pénitencier de Spandau à Berlin-Ouest.
15:16 Il passe les 20 années suivantes derrière les barreaux.
15:20 Mais quelle histoire se cache réellement derrière le ministre de l'armement de Hitler ?
15:25 Pour le savoir, je me rends à Berlin.
15:28 Ma recherche pour déterminer la place d'Albert Schperr dans la hiérarchie du mal
15:34 m'a conduit à Berlin.
15:36 Berlin était bien sûr un haut lieu de la production.
15:42 Je me rends dans un ancien camp de travail
15:45 où m'attend l'historien Magnus Brechken
15:47 pour en savoir plus sur le rôle de Schperr en tant que ministre de l'armement pendant la guerre.
15:51 Quel est exactement ce camp et quelle était sa fonction ?
15:55 C'était un camp de travaux forcés
15:59 dont la fonction était de fournir la main d'oeuvre pour la production d'armes.
16:04 Entre autres, il y en avait partout en Allemagne.
16:08 Les travaux forcés étaient essentiels pour continuer à faire la guerre.
16:16 L'esclavage joue un rôle capital dans l'économie nazie.
16:20 Et celui qui s'en sert plus que tous les autres est Albert Schperr.
16:24 Sa mission en tant que ministre de l'armement consiste à produire le plus d'armes possible.
16:31 Comment produire davantage d'armes en un minimum de temps ?
16:34 Grâce à des esclaves.
16:36 Il n'a aucun autre moyen de le faire, car il ne compte pas les payer.
16:42 Pourquoi Schperr est-il lié à cet endroit ?
16:45 En 1943, ce camp était rempli de travailleurs forcés italiens.
16:49 Schperr a commencé à s'intéresser à eux quand l'Italie a changé son fusil d'épaule en septembre 1943.
16:56 Et il a sauté sur l'occasion pour prendre le contrôle du camp.
17:00 Mais pour Schperr, cette démarche signifie bien plus qu'optimiser la production.
17:05 C'est un aspect important pour Schperr, car il a été un des premiers à le faire.
17:11 C'est un aspect important pour Schperr, de manière générale,
17:14 de contrôler une main d'œuvre la plus nombreuse possible, en raison du pouvoir que cela représente.
17:19 Plus il a d'hommes sous sa direction, et plus il a de pouvoir au sein du système national socialiste.
17:25 Ces baraquements devaient servir à loger les prisonniers ?
17:32 Oui, jusqu'à 2700, je crois.
17:36 C'était exigu et sombre.
17:40 Tous ces hommes entassés ici, affamés en permanence,
17:43 forcés de travailler 12 heures d'affilée.
17:47 Il doit y avoir de la lumière quelque part.
17:52 Oui, ici.
17:53 Les prisonniers de ce camp de travail vivent également dans la peur constante
17:56 que des alliés larguent des bombes sur Berlin.
17:59 C'est un abri anti-bombardement ?
18:07 Disons que c'est une cave qui servait d'abri anti-bombardement.
18:11 Mais vous pouvez imaginer facilement que, quand on est ici,
18:16 avec quelques centimètres de béton au-dessus de la tête et les baraquements à l'étage,
18:22 si une bombe s'écrase, la protection est très limitée.
18:28 Si elle s'écrase tout près, et que tout s'effondre, on se retrouve enterrés vivants.
18:34 Exactement.
18:37 Il y avait des camps comme celui-ci partout en Europe.
18:41 Il fallait travailler d'une manière ou d'une autre pour Speer et son empire colossal d'armement
18:47 durant toute la Seconde Guerre mondiale.
18:51 Lors du procès de Nuremberg, l'accusation présente des témoignages
19:01 dénonçant les horreurs subies par les ouvriers.
19:04 Les médicaments ou la soins pour les malades ne sont pas disponibles dans les camps.
19:11 La conséquence est une complète exhaustion, un état de santé et de tuberculose.
19:20 Il y a des cas de petits enfants de 8 ans, délicats et mal nourris,
19:25 mis en oeuvre et qui se perdent par ces médicaments.
19:30 Les défendants Sauckel et Speer sont responsables de la formulation de la politique et de l'exécution.
19:40 Fritz Sauckel est l'officier subalterne de Speer, chargé de rassembler la main d'œuvre.
19:47 Face à la menace d'une condamnation à mort, Speer désigne Sauckel comme seul responsable.
19:53 Sauckel a été ordonné de ramener 3,5 millions de travailleurs des zones occupées.
20:01 Il a donné une direction très précise à l'OKW, aux commandants militaires,
20:10 de répondre à la demande de Sauckel.
20:14 - Avez-vous eu un accord avec cette décision ?
20:20 - Non, à aucun moment.
20:23 A Nuremberg, Speer a retourné sa veste et a dit "Je n'étais que le ministre de l'armement,
20:30 je n'avais rien à voir avec les travailleurs forcés.
20:33 C'était Sauckel, il était chargé par Hitler d'aller les chercher dans toute l'Europe.
20:38 Je n'étais pas lié à tout ça."
20:41 Aveuglé par la trahison de Speer, Sauckel tente désespérément d'échapper à une lourde condamnation.
20:48 - Dans mon propre domaine, j'ai toujours mis tout sur moi.
20:54 Décisions, volonté, tranquillité, tout ce qui me dérange.
21:01 Je suis un peuple qui s'occupe de tout.
21:06 Ses efforts sont vains.
21:10 - Sauckel.
21:12 Suite au témoignage de Speer, Fritz Sauckel est condamné pour crime contre l'humanité et est pendu.
21:26 - C'est intéressant de voir comment il s'en est tiré, pourquoi il s'en est tiré,
21:32 et pourquoi pendant des décennies les gens ont été prêts et avaient même envie de le croire.
21:39 Albert Speer convainc les juges de Nuremberg qu'il n'était qu'un fonctionnaire sans aucun pouvoir de décision.
21:48 - Qu'est-ce que c'est ?
21:52 Mais en réalité, le procès ne fait jamais la lumière sur la vraie nature de son engagement envers le régime.
21:58 - C'était un plan à très grande échelle pour redessiner entièrement Berlin.
22:02 Si les nazis avaient gagné la guerre, ça aurait été la capitale du monde.
22:06 Le procès ne révèle pas non plus ce que Speer est prêt à faire pour atteindre ses objectifs.
22:11 Plus de 55 000 juifs ont été déportés en masse depuis Berlin.
22:22 Je suis à Berlin pour tenter de savoir où se situe Albert Speer, l'architecte de Hitler, dans la hiérarchie du mal.
22:28 Lors du procès de Nuremberg, Speer se dépeint comme un acteur contraint de participer au rêve de domination de Hitler.
22:37 Mais tout le monde n'est pas dupe.
22:42 - Je voudrais vous montrer un bâtiment très inhabituel et très ostentatoire.
22:51 On ne le voit pas très bien derrière les arbres.
22:53 Armut Graz est un historien spécialisé dans l'architecture berlinoise.
22:57 - C'est quoi exactement ce bâtiment ?
23:00 - C'est un énorme cylindre en béton qui pèse 16 000 tonnes.
23:04 Il a été construit ici uniquement pour tester la résistance du sol.
23:08 Voir si celui-ci pouvait supporter un monument énorme, un monument comme l'Arc de Triomphe.
23:13 En juin 1940, l'armée allemande envahit Paris.
23:20 Hitler fait le déplacement pour admirer les merveilles de la capitale française.
23:24 Albert Speer fait partie du cercle restreint qui l'accompagne.
23:30 Les deux hommes cherchent des idées pour mettre le plan du Führer à exécution et faire de Berlin la capitale du nazisme.
23:37 - Hitler était obsédé par son héritage.
23:41 Il savait qu'il allait mourir comme n'importe qui d'autre sur cette planète.
23:44 Mais il voulait laisser une trace de son passage, quelque chose de presque indélébile qui durerait au moins 1000 ans.
23:49 Qu'est-ce qui dure longtemps ? Les gros bâtiments.
23:54 Et il n'y avait pas plus gros que ce que Hitler et Speer avaient conçu pour leur nouvelle capitale du monde, Germania.
23:59 Ils se considéraient comme les seuls capables d'avoir une vision du 3ème Reich pour le siècle suivant et celui d'après.
24:13 - C'était un plan à très grande échelle pour redessiner Berlin.
24:16 L'idée, le rêve, était celui de Hitler.
24:19 Et dans les années 1920, il avait déjà esquissé le Grand Dôme et l'Arc de Triomphe.
24:23 A Paris, Hitler et Speer passent devant l'Arc de Triomphe et prennent des notes.
24:30 - Il est immense, il est gigantesque, il est fait pour intimider.
24:36 L'Arc de Triomphe prévu pour Germania sera si lourd que Speer craint qu'il ne s'enfonce dans le sol.
24:43 Il n'est pourtant rien à côté de la halte du peuple surmontée d'un dôme qu'ils ont prévu de construire.
24:48 - Le Grand Dôme prévu pour Germania était si énorme que la respiration des occupants risquait de créer de l'humidité et de la pluie à l'intérieur.
24:58 La pensée d'architecte de Speer ne fonctionnait pas vraiment à l'échelle humaine.
25:03 Et elle montre qu'il n'avait que peu de considérations pour l'humanité.
25:09 - Je crois qu'un trait commun à tous les nazis à l'époque est qu'ils pensent appartenir à une race supérieure.
25:16 C'est du narcissisme collectif, une compréhension partagée qui mérite d'être adulée.
25:23 Je pense que les œuvres de Speer le prouvent.
25:27 - A l'origine, Hitler voulait que l'aigle surplombant le Grand Dôme tienne la croix gammée entre ses cerfs.
25:36 Puis il a changé d'avis. Il a souhaité que l'aigle tienne finalement un globe terrestre entre ses cerfs.
25:41 En fait, c'était une façon de dire "le centre du monde est ici".
25:46 J'y vois une forme de racisme gravé dans la pierre.
25:49 Les immenses monuments de Speer à la gloire de Hitler doivent se dresser le long de la Grande Avenue et dominer le reste de la ville.
26:01 - Donc en arrivant, on devait voir ces monuments énormissimes et tout au bout, le Grand Dôme ?
26:06 - Oui, ça devait être le plus grand bâtiment au monde.
26:09 - Et là, en rouge, qu'est-ce que c'est ?
26:12 - C'est le Reichstag.
26:14 - C'est lui qui existe encore aujourd'hui ?
26:16 - C'est ça.
26:18 - Ça donne une idée de ce qu'il voulait construire et ça montre à quel point c'était plus gros que le Reichstag. C'est extraordinaire.
26:23 - Ce n'était qu'un décor, un simple décor pour l'immense spectacle du nazisme.
26:29 En 1937, trois ans avant leur visite parisienne, Hitler nomme Albert Speer inspecteur général de la construction de Berlin pour préparer la ville à sa métamorphose.
26:39 Le grand dessein de Speer implique que des dizaines de milliers de foyers soient démolis pour céder des terrains constructibles.
26:49 Les conséquences seront terribles.
26:54 - Nous sommes sur les rives de la Spree. En face de nous, il y a le Reichstag.
26:59 - Tout à fait.
27:01 - L'historienne Suzanne Wilhelms va m'en apprendre davantage.
27:04 - Je voulais vous montrer ces Stolpersteine.
27:08 C'est un hommage à dix personnes qui habitaient dans le même appartement évacué au début de 1941.
27:17 - Il destinait ce quartier et d'autres quartiers de la ville à être démolis pour construire la capitale du monde, Germania.
27:25 Et pour reloger les habitants expulsés de ce quartier, ils expulsaient des Juifs de leurs propres logements.
27:32 - Il a convaincu le ministre de l'économie que réquisitionner les grands appartements des Juifs permettrait d'économiser beaucoup d'argent à l'État.
27:42 - Donc il a proposé cela comme une mesure d'économie des fonds publics.
27:47 - C'est vraiment abominable. Les Juifs de Berlin ne sont pas simplement expulsés.
27:53 - C'est un hommage à Willi et Rosalie Hirsch, les locataires d'un appartement de l'immeuble.
27:59 Sobibor, le nom gravé tout en bas de ces plaques, est un camp d'extermination nazi dans la Pologne occupée.
28:08 Entre 1942 et 1943, les nazis y envoient environ 250 000 Juifs. Ils sont condamnés aux chambres à gaz.
28:16 - Est-ce qu'on sait combien de Juifs ont été victimes des plans de Speer ?
28:22 - Au moins 45 000.
28:25 - Si Speer avait levé le pied et laissé de côté sa mission d'inspecteur de la construction, beaucoup des Juifs de Berlin auraient survécu.
28:38 A Nuremberg, Speer déclare ne presque rien savoir des camps de concentration et de ceux qui s'y jouaient.
28:44 - J'ai découvert ce document parmi les archives spéciales conservées à Moscou.
28:49 A l'occasion de ses recherches, Suzanne Wilhelms s'est rendue à Moscou.
28:54 Elle a pu y consulter des documents nazis qui apportent un nouvel éclairage sur Speer et l'Holocauste.
28:59 Il s'agit du rapport d'une réunion à laquelle l'architecte a assisté en 1941.
29:05 - Ici nous avons le ministre Speer, assis avec l'Obergruppenführer SS Paul, puis le personnel de Speer et les SS.
29:13 - D'accord.
29:15 - L'un des sujets de la réunion est l'agrandissement du camp des barraquements à Auschwitz suite aux déportations vers l'Est.
29:29 Auschwitz, dans le sud de la Pologne, est le plus vaste et aussi le plus tristement célèbre des camps nazis.
29:35 Plus d'un million de personnes y trouvent la mort entre 1940 et 1945.
29:41 - A l'issue de cette conversation, le ministre Speer approuve le projet et lui attribue un budget de 13,7 millions Reichsmark.
29:58 - Là, on peut dire 4 chambres à gaz.
30:01 - Donc c'est une commande de 4 chambres à gaz pour Auschwitz ?
30:05 - Absolument.
30:06 - Avec l'argent que Speer les autorise à utiliser ?
30:10 - Tout à fait.
30:11 - Donc ce document prouve que non seulement Speer connaissait l'existence d'Auschwitz, mais qu'il était impliqué dans son projet d'agrandissement ?
30:17 - Absolument.
30:19 - Non seulement il savait tout de l'Holocauste, mais il était directement mêlé à l'extermination des Juifs ?
30:26 - Oui. Le programme s'appelait même le programme spécial du professeur Speer.
30:31 - C'est pas vrai.
30:33 Aucun de ces documents n'est présenté à Nuremberg.
30:36 Une fois encore, les mensonges savamment orchestrés par Speer dissimulent ces crimes.
30:41 Mais l'histoire de cet homme cache un dernier secret, enfoui dans ce qui ressemble de très près à l'enfer sur terre.
30:52 Il suffit de visiter Mittelbau-Odora pour comprendre à quel point Albert Speer était un être abject.
30:58 Je cherche à savoir où se place Albert Speer dans la hiérarchie du mal.
31:17 L'architecte de Hitler est parvenu à convaincre la cour à Nuremberg qu'il n'était pas coupable de crimes contre l'humanité.
31:23 - Speer était un menteur de génie et aussi un excellent acteur.
31:28 Il a joué le rôle du gentleman plein de remords, du bon nazi.
31:32 Il a joué son rôle jusqu'au bout et ça a marché.
31:36 Je me rends dans un lieu où sa culpabilité sera prouvée sans l'ombre d'un doute.
31:44 Le camp de concentration de Mittelbau-Odora se trouve dans le centre de l'Allemagne.
31:54 A première vue, rien de très impressionnant, jusqu'à ce que je découvre que la majeure partie du camp se trouve sous terre.
32:02 - C'est très froid, c'est très humide et il y a une odeur de moisi.
32:13 C'est ici dans ce camp qu'Albert Speer a commis des horreurs qui dépassent l'entendement.
32:18 En 1943, les alliés bombardent régulièrement les usines d'armement allemandes.
32:29 Pour continuer d'alimenter la machine de guerre nazie, Speer décide de déplacer la production sous terre.
32:40 - Regardez la taille de cette salle. C'est immense.
32:46 60 000 prisonniers travaillaient ici dans des conditions inhumaines.
32:52 - Ces gens étaient contraints de vivre comme des hommes des cavernes et de rester sous terre pendant des mois.
33:00 C'est également dans ce camp que l'une des armes les plus puissantes de la seconde guerre mondiale est fabriquée.
33:08 C'est le moteur d'un missile V2. C'est ce qu'ils assemblaient ici, dans ces galeries.
33:15 Le missile V2 est le premier missile à longue portée au monde.
33:23 Son système de guidage lui permet d'atteindre une cible à 200 km.
33:32 Hitler lance la V2 sur les villes d'Europe de l'Ouest et du Royaume-Uni en septembre 1944.
33:37 Le bilan matériel et humain est considérable.
33:40 C'est la dernière tentative désespérée du Führer de prolonger la guerre et de conserver le pouvoir.
33:46 Mais pour mener à bien son plan, il a besoin d'être alimenté en missile de façon régulière.
33:53 - Regardez ces pièces de missiles.
34:01 - Ce doit être la chambre 44, l'une de celles où les prisonniers étaient contraints de fabriquer des armes.
34:08 À un moment donné, ils étaient un millier à vivre dans cette salle minuscule.
34:15 Les esclaves travaillent et dorment ici pendant des mois. Des barriques leur servent de latrine.
34:25 - Schperr a visité Mittelbau-Dora en personne, donc quand il a nié connaître les conditions de détention et les souffrances, c'était un mensonge.
34:33 Les prisonniers sont exploités jusqu'à la mort pour fabriquer une arme qui, en réalité, ne conduira pas l'Allemagne à la victoire.
34:42 - L'ironie du sort avec la V2, c'est que davantage de gens ont été tués en la fabriquant.
34:52 - Il suffit de regarder les statistiques abominables de Mittelbau-Dora pour comprendre l'horreur qui s'y jouait.
34:57 - Entre 1943 et 1945, 60 000 personnes y ont été envoyées et seulement 20 000 en sont sorties vivantes.
35:04 - Ça fait 40 000 morts sous les ordres d'Albert Schperr.
35:10 - Ça doit être les civières qui servaient à remonter les cadavres des prisonniers.
35:21 - Il y a des infirmiers ici.
35:22 - Et voilà les fours.
35:32 - Oh, mon sang.
35:35 - Ça me donne la nausée de les voir de si près.
35:38 - Quand on sait à quoi ils étaient dédiés, à incinérer les corps des détenus morts ici.
35:48 - Il y a des dessins sur ces murs, des fleurs.
35:51 - C'est très bizarre de voir de l'art sur les murs d'un crématorium.
35:56 - Albert Schperr ne connaît pas le même sort que les milliers de prisonniers morts dans l'enceinte de ce camp.
36:03 - Il est libéré du pénitencier de Spandau le 1er octobre 1966.
36:08 - Il a été éliminé par la police.
36:11 - Il a été arrêté par la police.
36:15 - Il a été éliminé par la police.
36:17 - Il a été éliminé par la police.
36:20 - Il a été éliminé par la police.
36:23 - Il a été éliminé par la police.
36:26 - Il a été éliminé par la police.
36:29 - Il a été éliminé par la police.
36:32 - Il a été éliminé par la police.
36:35 - Il a été éliminé par la police.
36:38 - Il a été éliminé par la police.
36:41 - Il a été éliminé par la police.
36:45 Schperr est ravi de satisfaire la curiosité du public.
36:48 Il ne se prive pas d'ajouter une dose d'esprit et de charme.
36:52 - Le fait qu'avant 1945 il ait présenté une certaine image de lui et après 1945 une image totalement différente
37:00 prouve qu'il avait un formidable talent de caméléon, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
37:10 Albert Schperr meurt en 1981 à l'âge de 76 ans.
37:14 Pour beaucoup, il reste un nazi éclairé, un personnage noble et isolé pris entre les pires criminels de l'histoire.
37:21 - Il a menti et réussi à faire croire au monde entier qu'il était un homme bien, dans une position extrêmement difficile.
37:29 Il est devenu ami délibérément avec l'homme le plus démoniaque du XXe siècle.
37:34 Il était un personnage clé du régime nazi.
37:38 Il était un homme profondément détestable et machiavélique.
37:41 Mon enquête en Allemagne m'a permis de découvrir la véritable implication d'Albert Schperr à la fois dans l'effort de guerre nazi et dans l'Holocauste.
37:51 Elle a également révélé les mensonges auxquels il a eu recours pour échapper à la peine de mort et se blanchir.
37:58 Il est temps pour nous de décider du rang qu'il occupe dans la hiérarchie du mal.
38:04 Grâce à notre jeu de cartes, nous allons déterminer sa place parmi les adjoints de Hitler.
38:09 - Je me suis rendu au palais des congrès du parti à Nuremberg qui a été réalisé par Schperr.
38:16 - Était-ce une étape importante pour lui ?
38:18 - C'était une étape capitale.
38:20 - L'échelle et la dimension du site se retrouvent dans les plans de Schperr pour faire de Berlin la capitale du monde, Germania.
38:28 Cette folie des grandeurs et ces bâtiments gigantesques illustrent l'obsession de Schperr et de Hitler pour faire de l'Allemagne la première puissance mondiale.
38:36 Ces plans démesurés pour le développement de Berlin ont conduit à l'expulsion de milliers de juifs de la capitale.
38:43 Ils ont fini par mourir en camps de concentration.
38:46 Il y a un lien direct entre l'assassinat des juifs et Albert Schperr.
38:50 Dans ses mémoires, Schperr déclare ne pas croire aux idéaux nazis, ni être antisémite.
38:57 Quand bien même, cela suffit-il à le disculper de ses crimes commis contre l'humanité ?
39:01 - Parmi tous les sites que j'ai visités, celui qui m'a le plus frappé est le camp souterrain de Mittel,
39:07 où des milliers de travailleurs forcés étaient contraints de fabriquer des armes pour la machine de guerre nazie.
39:12 - En allant là-bas, vous avez vu ce que Schperr ne voulait pas montrer.
39:17 Il voulait que le monde le prenne pour un technocrate, emporté par le courant de l'histoire.
39:23 Un architecte qui voulait simplement faire son travail, n'avait ni pulsion ni conviction politique,
39:28 et ne savait rien des atrocités du régime.
39:31 En tant qu'inspecteur de la construction et ministre de l'armement,
39:35 Albert Schperr a entraîné la mort de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes.
39:40 Pourtant, ses mensonges savamment orchestrés ont convaincu les juges de son innocence.
39:45 - Schperr adorerait qu'on se souvienne de lui comme du nazi qui était bienvenu dans les salons mondains,
39:52 qui ne savait pas ce qui se passait, le nazi cultivé et instruit.
39:54 Nous ne devons pas prendre tout ça en compte.
39:56 C'est comme si tout ce qui s'est passé après 1945 était une supercherie, un mensonge.
40:01 Cette réflexion sur la responsabilité est très importante.
40:04 Cette capacité à vivre avec les atrocités qu'on a commises.
40:08 - Les mensonges de Schperr et l'affirmation de son innocence après la guerre
40:12 ont aidé beaucoup d'Allemands à accepter ce qui s'était passé dans leur pays.
40:16 Si Schperr était innocent, alors l'Allemand moyen pouvait l'être aussi.
40:21 On considère Joseph Goebbels comme le plus grand mentor de l'histoire,
40:24 mais en réalité c'était Albert Schperr.
40:27 C'était l'un des pires de tous.
40:29 Et le fait que son adjoint a été pendu à Nuremberg, mais pas lui, prouve qu'il a fait un coup de maître.
40:35 - Avec tous ces éléments, j'aimerais qu'on détermine son rang dans la hiérarchie du mal.
40:42 - Je vais le placer très haut, car ça me rend malade que Schperr ait réussi à s'en tirer pendant toutes ces années.
40:49 Je vais le mettre en sixième position.
40:51 - Anthony ?
40:53 - Dans un régime militariste qui se livre à des crimes d'agression, le ministre de l'Armement est forcément haut placé.
40:58 Et compte tenu de son rôle dans l'Holocauste, je le mets sixième.
41:02 - Je suis étonné, sincèrement.
41:04 D'après ce que je sais, et son profil psychologique, je l'aurais placé plus bas.
41:10 Mais je m'en remets aux historiens.
41:12 - Je suis totalement d'accord avec vous.
41:16 Je pense que la légende qu'il a créée après la guerre a duré bien trop longtemps.
41:19 Il est en sixième position, ce qui fait de lui... le roi de cœur.
41:25 Le sort d'Albert Schperr est l'une des injustices les plus scandaleuses de l'après-guerre.
41:30 Pour ses mensonges et les crimes monstrueux qu'il a commis au nom du régime nazi, il est numéro 6 dans la hiérarchie du mal.
41:38 [Musique]
42:07 [Musique]
42:10 [SILENCE]

Recommandations