• l’année dernière
Sylvie Bouquet est secrétaire CGT Santé au CHU Carémeau de Nîmes.
Transcription
00:00 8h17, l'antenne ouverte, on va revenir dans quelques instants avec quelqu'un qui souhaite témoigner en disant qu'il y a le métier de maire qui est difficile
00:07 mais pour les employés c'est compliqué également, on verra ça à venir.
00:10 À 8h17 ce matin, notre invité, on va aborder le sujet difficile souvent, et d'ailleurs on le voit bien, de plus en plus difficile,
00:16 Julien Bofis, le manque de salariés, le manque de bras dans l'hôpital public.
00:20 L'hôpital de Bagnole sur 16 est une nouvelle fois confronté au manque de personnel.
00:24 Conséquence, il faut réguler les urgences.
00:27 C'était déjà le cas le week-end dernier, dans la nuit de samedi à dimanche, et puis rebelote ce soir.
00:32 Nathalie Argençon, vous êtes la secrétaire CGT Santé à l'hôpital Carremo de Nîmes. Bonjour.
00:37 Bonjour.
00:38 Par régulation, faut qu'on prend une fermeture ?
00:40 C'est ce qu'ils annonçaient, nous régulons, et ça se traduit par des fermetures.
00:48 D'ailleurs, si vous me permettez, fermer les urgences de Bagnole, c'est quand même quelque chose de catastrophique
00:52 parce qu'on est quand même sur un territoire où on a un site nucléaire, où on a des professionnels des urgences
00:57 qui sont très compétents et qualifiés pour gérer toutes les situations de crise.
01:01 Et moi, je serais chef d'entreprise, en plus d'un milieu industriel qui est très développé, le garrodagnien,
01:05 je serais chef d'entreprise sur ce territoire, je serais vent debout pour faire en sorte que les urgences ne soient jamais fermées.
01:11 Et oui, ça pose des problèmes de sécurité pour les salariés, bien sûr.
01:14 Est-ce que l'hôpital de Bagnole sur 16 est un cas isolé, ou d'autres établissements sont concernés dans le département ?
01:19 Aujourd'hui, en France, on est en train de vivre une espèce de rationalisation de ces régulations
01:26 qui sont ni plus ni moins que des réductions d'offres de soins et d'urgences à la population.
01:31 En 2022, c'était déjà le cas. L'année dernière, on nous annonçait des chiffres de 20% de structures d'urgence
01:38 qui soient réduisées l'offre de soins, soient fermées complètement.
01:42 Et tout ça, pour nous, à la CGT, on sait que ça vient par rapport à la fuite du personnel
01:47 et que nous, on pense que pour fidéliser le personnel, il faut que le personnel médical et non médical ait de meilleures conditions de travail.
01:55 On reviendra sur les solutions ensuite. Mais autre exemple dans le département, la Clinique Bonnefonds à Alès,
02:03 on s'en souvient, le mois dernier, le groupe Elsan, qui est propriétaire de la clinique, annonçait la fermeture des urgences au 20 juin.
02:11 Entre temps, l'Agence Régionale de Santé a rappelé les devoirs sanitaires et demandé à ce que les urgences restent ouvertes,
02:17 et en tout cas ouvertes en journée jusqu'au 31 août. Ce sera finalement 24h/24, 7j/7. Où en est-on là-bas ?
02:25 Je vous rappelle quand même que l'ARS a donné des financements pour permettre ce maintien de service,
02:31 mais les personnels et la population malaisienne aussi s'est mobilisée fortement pour le maintien de ce service-là.
02:37 On sait que les urgences de l'hôpital d'Alès sont aussi souvent saturées, ça veut dire que ces deux services d'urgence sont nécessaires sur ce territoire.
02:44 Comment on en arrive là, à de telles extrémités, finalement, de fermer des urgences, de laisser les gens tout seuls ?
02:52 Eh bien écoutez, moi je pense que c'est toujours un souci de rendabilité aussi qui est derrière.
02:58 Je ne connais pas le mécanisme qui a été mis en place à l'ARS pour répondre aux attentes de Elsan,
03:05 mais derrière j'imagine qu'il y a des questions financières.
03:08 Je ne suis pas économe ni gestionnaire, et pour moi la santé ça doit être une réponse à la population.
03:15 On a des besoins, on sait comment réagir par rapport à ces besoins,
03:19 on sait que l'urgence doit être cadrée très rapidement pour que l'atteinte soit moindre.
03:24 Est-ce qu'on réfléchit à partir des besoins ou à partir des moyens ?
03:27 Moi c'est la question que je pose aux auditeurs qui nous écoutent et en même temps aux salariés.
03:33 Il faut qu'on se bouge pour avoir des réponses à nos besoins.
03:35 La santé ce n'est pas une gestion comptable, alors est-ce que ça vient seulement d'un manque d'effectifs
03:42 ou de problèmes organisationnels également ?
03:45 Il y a plusieurs facteurs, mais nous en tout cas pour rencontrer les salariés régulièrement,
03:50 qu'ils soient médicaux et non médicaux, comme je vous disais en préambule,
03:53 ce qu'ils déplorent aujourd'hui c'est les conditions de travail.
03:56 Elles sont absolument, par ses mots, l'expression dégueulasse.
03:59 Il n'y a pas d'autre mot, j'ai cherché des synonymes, mais je n'en ai pas trouvé.
04:03 C'est un travail qui n'a plus de sens.
04:05 On demande au personnel de faire des soins pour lesquels ils sont formés, compétents, qualifiés.
04:11 Et en fait, avec la T2A, avec la tarification à l'activité,
04:16 il a fallu rythmer, normer et temporiser certains actes,
04:21 et voir à supprimer complètement, puisque la relation avec un patient
04:25 ce n'est pas un acte qui est rémunéré par l'ARS,
04:29 et bien ça n'a plus de sens.
04:31 Quand vous avez, par exemple, une toilette d'une personne âgée,
04:34 je vais prendre du basique, qui nécessiterait qu'on prenne une demi-heure,
04:38 voire trois quarts d'heure pour accompagner une personne âgée,
04:40 dépendante, ralentie, tout ça,
04:43 dans le public, comme dans le privé d'ailleurs, chez Elsan c'est pareil,
04:46 on vous dit "vous avez qu'elles toilettes à faire en une heure".
04:49 Ça, ça n'a pas de sens.
04:50 Quand vous avez un médecin urgentiste qui a des qualifications et des compétences
04:54 pour cadrer des urgences, qui passe plus de temps au téléphone
04:57 pour chercher un lit dans un service d'hospitalisation
05:01 ou un service de rééducation, ça n'a pas de sens.
05:04 Et ça risque d'être pire, puisque l'été arrive
05:06 et des centaines de milliers de touristes vont arriver,
05:08 alors comment on fait ? Quelles sont les solutions selon vous ?
05:11 Il y a deux choses. Déjà, il faut sortir de la tarification dans l'activité,
05:16 parce que c'est ça qui fait qu'on travaille la santé sur des tableaux Excel,
05:20 et en fait, il faut rentrer des actes pour rentrer de l'argent à l'hôpital.
05:26 Et ça, c'est juste pas possible, parce que ça fait perdre le sens au travail.
05:33 Donc il y a la suppression de la tarification dans l'activité,
05:36 tant que les gouvernements, quels qu'ils soient,
05:38 ne s'attaqueront pas à cette cause de problème,
05:41 le problème ne sera jamais réglé.
05:43 Et la deuxième solution ?
05:44 Et la deuxième solution, pour embaucher, et pour pouvoir embaucher,
05:47 eh bien il faut supprimer, là en septembre,
05:50 les députés vont se retrouver pour voter le projet de financement de la sécurité sociale,
05:58 de la loi de financement de la sécurité sociale,
06:00 excusez-moi, je me rappelle plus de l'acronyme que...
06:03 Donc le PLFSS, et en fait, il faut qu'ils fassent supprimer la taxe sur les salaires.
06:12 L'hôpital public, par exemple, est le seul employeur
06:15 qui paye une taxe sur les salaires de ses employés,
06:17 ça représenterait 5 milliards d'euros,
06:19 c'est un budget qui permettrait de financer l'embauche de 10% de personnel en plus.
06:23 Merci beaucoup Nathalie Argençon,
06:25 je le rappelle, vous êtes secrétaire CGT Santé à l'hôpital de Nîmes,
06:30 et puis pour vous, il faut arrêter la tarification à l'acte,
06:34 et puis trouver de l'argent pour embaucher plus.
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