« Je ne peux pas sortir de chez moi sans être accompagnée »... Clara nous parle de sa vie avec des TOC

  • l’année dernière
Dans ce septième et dernier épisode de la saison 3 de « Ma tête et moi », la série de « 20 Minutes » sur la santé mentale des jeunes, Clara, 17 ans, parle des TOC dont elle souffre depuis sa cinquième.

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Transcript
00:00 Je ne peux pas sortir de chez moi sans être accompagnée par ma mère ou par quelqu'un
00:04 pour que cette personne m'ouvre les portes,
00:06 parce qu'il y en a que je considère comme contaminées et d'autres non.
00:09 Salut, je m'appelle Clara, j'ai 17 ans et je souffre de troubles obsessionnels compulsifs,
00:14 donc de TOC, et je vais vous en parler aujourd'hui.
00:17 Je suis en terminale et je souffre de TOC depuis à peu près la cinquième.
00:22 Ce que j'ai, c'est des TOC de contamination, des TOC également de contage.
00:28 La contamination, en fait, par exemple, j'ai fait une crise de TOC en octobre dernier,
00:35 et en fait j'avais croisé un SDF dans la rue,
00:38 et du coup j'avais l'impression que tout était contaminé par lui,
00:41 que certains vêtements que j'avais mis étaient contaminés.
00:46 Je devais me laver les mains donc très souvent.
00:49 Quand je me lave les mains, en fait je ne me lave pas les mains,
00:51 je me lave les avant-bras.
00:53 C'est-à-dire que je me lave jusque-là.
00:54 Ça peut prendre beaucoup de temps de me laver les mains.
00:57 Je me lave plusieurs fois, j'enlève le savon, ensuite je remets du savon.
01:01 Je sors de la salle de bain avec le savon pour être sûre que ce soit bien propre,
01:05 alors que non, enfin, c'est pas forcément rationnel.
01:08 Et j'ai également des TOC de comptage.
01:11 Donc par exemple, je compte mes pas, je compte absolument tout,
01:13 même si je me gratte le bras, je compte.
01:16 Je compte quand je mange, je compte combien de fois je mâche,
01:19 vraiment absolument tout.
01:20 Et il faut que ça tombe sur un bon nombre, en fait.
01:25 Par exemple, il faut que je rentre dans ma chambre dans le bon nombre de pas.
01:28 Sinon, je suis stressée et je peux faire 100 pas ou des trucs comme ça.
01:34 Je me dis, si je ne le fais pas, des gens de mon entourage vont mourir,
01:38 il va se passer ci, il va se passer ça.
01:40 Avoir des pensées intrusives, c'est normal, fréquent,
01:43 et la plupart du temps, ça n'a pas trop de conséquences sur notre vie au quotidien.
01:46 Mais les personnes qui souffrent de TOC accordent en fait trop d'importance à ces pensées,
01:51 qui vont devenir des obsessions.
01:52 Ça peut être une obsession de propreté, comme Clara,
01:55 mais aussi d'ordre ou de symétrie par exemple.
01:57 Et ces obsessions, elles vont créer une importante anxiété.
02:01 Alors pour réduire ce stress, les personnes qui souffrent de TOC
02:04 vont effectuer des gestes répétés qu'on appelle des compulsions.
02:07 Par exemple des rituels de lavage ou de comptage comme Clara,
02:10 mais aussi des rituels de répétition, de vérification ou de rangement.
02:14 On estime qu'en France, 2 à 3% de la population souffre d'un TOC.
02:18 Et les symptômes, ils apparaissent majoritairement à l'enfance
02:21 ou au début de l'âge adulte.
02:23 25% des cas de TOC débutent avant 14 ans.
02:26 Et cette pathologie peut être vraiment handicapante,
02:28 c'est ce que va vous raconter Clara.
02:30 Je ne peux pas sortir de chez moi sans être accompagnée par ma mère ou par quelqu'un
02:34 pour que cette personne m'ouvre les portes.
02:37 Parce qu'il y en a que je considère comme contaminées et d'autres non.
02:40 Donc celle de chez moi, c'est compliqué.
02:42 De octobre jusqu'à mars, je n'ai pas pu retourner dans la rue toute seule.
02:48 J'ai essayé de retourner dans la rue à un moment,
02:50 je crois que c'était peut-être en février ou début mars.
02:53 J'ai essayé de retourner dans la rue, c'était impossible, je n'arrivais pas à marcher.
02:56 Parce qu'en fait, les trucs qu'il y avait par terre,
02:59 par exemple, les chewing-gums qui étaient là depuis des années,
03:01 il ne fallait pas que je marche dessus, donc je n'arrivais pas à marcher,
03:03 je reculais tout le temps.
03:04 J'étais en train de pleurer, j'ai appelé ma mère,
03:06 je lui ai dit "tu viens de me chercher" alors qu'elle était en train de travailler.
03:08 Enfin bref, c'était n'importe quoi.
03:11 Mais après, quelques semaines après, donc toujours en mars,
03:15 j'ai réussi.
03:16 Depuis mars à peu près, j'arrive à retourner dans la rue.
03:20 Bon, il faut que ma mère m'ouvre les portes, mais...
03:22 J'arrive à retourner dans la rue,
03:24 toutes les poignées, je les touche avec mon t-shirt,
03:26 enfin avec la manche de ma veste, ou...
03:29 Voilà.
03:31 Et mes amis, du coup, des fois, ils m'ouvrent les portes.
03:34 Donc ça, c'est sympa.
03:35 On m'a déjà dit "oui, il faut que tu fasses un effort et tout, c'est génial".
03:38 Mais par exemple, quand je me lavais les mains
03:42 et que je laissais l'eau couler longtemps,
03:45 on me disait "oui, mais ta mère elle paye l'eau, mais de toute façon..."
03:49 Mais on me râlait dessus, sauf que moi je ne peux pas faire autrement.
03:53 Si Clara ne peut pas faire autrement,
03:54 c'est parce que chez les personnes qui souffrent de TOC,
03:57 il y a différents circuits cérébraux qui sont perturbés.
04:00 Ces perturbations se trouvent notamment au niveau des ganglions de la base,
04:03 qui ont un rôle dans les habitudes et dans le comportement.
04:06 Mais il y a aussi des perturbations dans le cortex singulaire antérieur
04:09 et dans le cortex orbitofrontal,
04:11 qui sont notamment impliquées dans les émotions et dans le raisonnement.
04:14 Mais l'origine n'est pas seulement biologique,
04:17 elle est aussi génétique et psychologique.
04:19 J'appelais ça des défis au début, parce que je ne savais pas que c'était des TOC.
04:22 Je me disais "oui, des défis dans ma tête, ils me disent de faire ça, ça".
04:26 Et en gros la psychiatre, elle a déterminé que c'était des TOC.
04:29 Ma mère, quand elle a appris, elle a bien réagi.
04:33 Elle a tout de suite essayé de se renseigner sur le sujet et de trouver des solutions.
04:38 Parce que des solutions, il en existe.
04:40 En cas de TOC d'intensité légère à modérée,
04:42 une thérapie comportementale et cognitive est souvent conseillée.
04:46 Mais pour des TOC sévères, on commence la plupart du temps par un traitement médicamenteux
04:50 à base d'antidépresseurs.
04:52 Ils ne sont pas utilisés pour leur effet antidépresseur,
04:55 mais plutôt pour leur effet anti-obsessionnel.
04:57 Et en agissant sur les symptômes,
04:59 ils vont ensuite permettre de débuter une thérapie comportementale et cognitive.
05:03 Parce que si les TOC ne sont pas traités,
05:05 ils peuvent être à l'origine d'autres pathologies mentales,
05:07 comme des dépressions, des addictions ou encore de la phobie sociale.
05:12 Dans tous les cas, comme toujours, on le rappelle,
05:14 il ne faut pas s'auto-diagnostiquer,
05:16 mais plutôt aller voir un psychiatre si on se questionne.
05:18 Lui seul pourra poser un diagnostic et mesurer la gravité de la pathologie.
05:22 Merci d'avoir regardé le témoignage de Clara sur les TOC.
05:25 C'était le dernier épisode de la saison 3 de Ma tête et moi,
05:28 la série de 20 minutes sur la santé mentale des jeunes.
05:30 Mais vous pouvez regarder tous les précédents numéros
05:33 en tapant Ma tête et moi sur Snapchat.
05:35 Et moi je vous dis à bientôt !

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