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Phillipe Bouriachi a subi pendant son enfance des viols de la part de son grand frère, il se livre en vidéo pour parents magazine

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Transcription
00:00 Quand vous avez la chance de connaître le paradis, vous n'avez pas envie de le quitter.
00:07 Donc vous vous taisez.
00:09 Mais je vivais au même endroit, dans le même endroit vivait le paradis et l'enfer.
00:17 Je m'appelle Philippe Broyacky, j'ai 48 ans, je suis élu Europe École Gilets Verts
00:27 au sein du conseil municipal de la ville d'Orly.
00:29 Je suis marié, j'ai trois enfants, deux garçons et une fille.
00:34 Etanne 11 ans, Élise 8 ans et Alan 20 mois.
00:40 La date précisément, je ne vais pas la souvenir, sauf que je me rappelle du jour, c'était
00:46 un mercredi, parce que je n'avais pas d'école.
00:48 J'avais 8 ans la première fois que ça arrivait.
00:51 Ma mère était obligée de travailler, elle élevait toute seule trois garçons.
00:57 Et donc elle partait tôt le matin, elle revenait tard le soir.
01:00 Et donc le mercredi, lorsque je me retrouvais tout seul avec l'autre, l'aîné de la
01:07 famille, je subissais un viol.
01:10 Ça a duré pratiquement quatre ans.
01:12 Ça a duré jusqu'au jour, enfin jusqu'au soir, puisque c'était un mardi, le lendemain
01:18 c'était mercredi.
01:19 J'étais dans la chambre de mes parents.
01:22 Je pleurais, parce que je savais ce qui allait se passer le lendemain.
01:27 Et donc je me suis dit que ce n'est pas possible, que je ne pouvais pas continuer
01:33 comme ça.
01:34 J'avais 12 ans.
01:35 Ma mère était dans la cuisine.
01:38 Et je suis rentré dans la cuisine, j'étais en train de pleurer.
01:42 Elle me demande de m'asseoir, elle m'a pris ma main, elle m'a dit « calme-toi,
01:47 qu'est-ce qui se passe ? » Et donc je lui ai raconté ce que je vivais
01:52 depuis plusieurs années.
01:53 Sa première réaction, bien évidemment, on ne vous apprend pas déjà à être parent
01:58 et encore moins à gérer ce genre de situation.
02:01 C'était « pourquoi tu racontes des bêtises, pourquoi tu racontes des mensonges ? » Et
02:08 je lui ai dit « maman, je ne mens pas ». Elle me dit « est-ce que tu acceptes de voir
02:13 un médecin ? » Je lui ai dit « je suis prêt à le voir tout de suite ». Elle m'a
02:20 dit « je vais m'en occuper ».
02:21 Mais ce que tu viens de me dire, ce secret que tu viens de me dire, il doit rester entre
02:27 toi et moi.
02:28 De toutes les raisons, hormis de « quand dira-t-on ? », hormis de la honte, hormis
02:32 de ce que les gens vont pouvoir penser, c'est celle de ton père, le grand architecte de
02:38 mon univers.
02:39 Ce père que j'avais toujours rêvé d'avoir et qui était là, et qui améliorait notre
02:44 quotidien, qui améliorait notre vie.
02:46 On avait des vies d'enfant roi.
02:48 « Vas-y, si Alain apprend ça, il va partir.
02:51 Tu vas perdre ton père.
02:53 L'autre ira peut-être en prison, tu seras placé dans un foyer et la famille sera détruite.
03:01 Et quand vous aurez douze ans, ce poids-là, vous ne voulez pas l'avoir.
03:06 Et donc vous vous taisez.
03:10 » Le lendemain, ma mère n'a pas accompagné mon père pour travailler.
03:16 J'étais dans le salon.
03:18 Ma mère était à ma droite, l'autre était dos à moi, donc il ne m'avait pas vu.
03:22 Ma mère lui a dit « voilà ce que ton petit frère a dit ». Première réaction, il a
03:28 nié en bloc.
03:29 Elle a dit « ces choses-là, un enfant peut mentir, mais pas un médecin.
03:33 » Et le médecin constate qu'il y a bien des lésions, qu'il y a bien eu pénétration
03:38 anale et qu'il y a bien eu viol.
03:40 À ce moment-là, il a avoué, il avait 18 ans, j'avais 12 ans.
03:47 Ma mère a dit les choses suivantes « si tu le touches encore une fois, je te tue de
03:54 mes propres mains ». Si ce calvaire s'est arrêté, c'est parce que j'y ai parlé.
04:00 Ce n'est pas facile de parler.
04:01 Parce qu'on a la honte, on a peur, on a un sentiment de culpabilité.
04:06 Et ce qui est injuste, nous sommes des victimes.
04:08 La honte, la peur et la culpabilité doivent changer de camp.
04:13 J'ai mis plus de 40 ans pour libérer la parole.
04:15 J'ai consulté un avocat.
04:17 Sauf qu'à l'époque, au bout de 10 ans après votre majorité, il y avait prescription.
04:23 La prescription, ça veut dire que la justice ne peut pas juger des faits ou des crimes
04:29 commis à la date de la prescription.
04:31 C'était trop tard pour moi.
04:33 Depuis, la loi a évolué, la prescription est de 30 ans.
04:36 Mais aujourd'hui, je n'aurai jamais ce statut de victime.
04:40 Il est important de parler pour plusieurs raisons.
04:43 La première, c'est se libérer de ce poids.
04:46 La deuxième permet la reconstruction.
04:48 La troisième permet, si les personnes victimes le souhaitent, d'entamer une procédure.
04:55 Aux parents qui vont voir cette vidéo, croyez à votre enfant dès le départ.
05:03 Parlez-le régulièrement.
05:05 Je sais, quand vous rentrez le soir, que vous êtes fatigué, que vous avez des problèmes
05:10 au quotidien, des problèmes professionnels, des problèmes personnels.
05:13 Mais prenez 5 minutes par jour pour demander à votre enfant comment il va.
05:19 [Musique]

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