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Style de vieTranscription
00:00 N'est-ce pas Arnaud ? Bonjour !
00:02 Bonjour Brigitte, bonjour Yves !
00:04 Bonjour !
00:06 Alors du coup voilà, moi je voulais partager avec vous mon expérience
00:10 où c'était une ancienne relation que j'ai vue il y a 8 ans.
00:16 Très très bel amour, vraiment, ça a été un peu comme une évidence
00:22 où vraiment ça s'est fait naturellement, il y a eu beaucoup de désirs
00:26 l'un pour l'autre, du désir vraiment de se connaître,
00:30 de passer beaucoup de temps ensemble, etc.
00:33 Et on s'est rendu compte je dirais au bout de 5 mois
00:40 où le rythme, il y avait moins un peu, je dirais il y avait ce côté un peu plus simple,
00:49 je dirais un peu plus vrai et on a appris un peu plus à se connaître
00:53 à ce moment là où cette frénésie là est un peu partie du début.
00:57 Et on s'est rendu compte au final qu'on n'avait pas le même besoin, la même libido
01:02 et en tout cas moi j'étais plus demandeur.
01:07 Et donc du coup ça a posé vite un certain problème parce que je trouve que
01:12 du coup moi j'avais cette frustration là, alors je pense que de temps en temps
01:16 il n'y a pas de soucis et encore une fois je pense que c'est ok
01:20 parce qu'on n'est pas exactement la même envie au même moment.
01:24 Mais entre guillemets, je ne sais pas si on peut parler de sexophobe ou sexophile
01:30 dans ce cas précis parce qu'est-ce qu'il y a besoin aussi de mettre un terme à...
01:35 J'ai l'impression que quand on met une terme c'est une pathologie, la personne est malade.
01:39 Elle est soit trop, soit pas assez ou simplement c'est peut-être plus nuancé,
01:44 on a juste une différence de libido et en tout cas on avait entre guillemets
01:49 cette différence là et je pense que pour moi c'était compliqué à gérer.
01:54 J'étais entre guillemets assez jeune, j'avais 25 ans et donc du coup
02:01 je me remettais en question, je me disais est-ce que c'est moi qui ai trop envie etc.
02:05 Est-ce qu'il ne faudrait pas qu'il y ait quelqu'un qui serait sur moi etc.
02:09 Et je dirais que ce n'était pas évident d'arriver à comprendre ça et de dire
02:15 je ne comprends pas, est-ce que cette personne là, tout me plaît chez elle, sauf ce côté là.
02:20 Mais vous savez Arnaud, beaucoup d'hommes à 25 ans ont beaucoup de pulsions
02:25 et la frustration ça va un peu mais trop, trop c'est pas possible.
02:31 Quand l'autre ne peut pas réellement satisfaire un besoin,
02:36 on est forcément en train de commencer à douter de la relation.
02:40 Ce que vous dites, je crois que beaucoup de personnes pourraient le comprendre
02:45 et puis vous avez raison, ne mettons pas spécialement des étiquettes.
02:49 Peut-être qu'elle aimait bien la sexualité aussi mais pas si souvent que ça.
02:56 C'est un peu ça pour moi, il y a vraiment ce côté de se réconcilier l'un avec l'autre.
03:05 C'est une espèce de libération émotionnelle, c'est une découverte de la nudité de l'autre,
03:10 de se donner pour l'autre dans un idéal d'avoir un orgasme,
03:16 d'avoir un échange des plus, je dirais, fou, grand.
03:23 Et je pense que oui, pour moi c'était assez frustrant.
03:27 Mais oui, comme vous dites, on le faisait régulièrement
03:32 mais c'était assez occasionnel, je dirais.
03:35 Il faut que toutes les réunions, tout soit réuni,
03:39 il fallait que les planètes soient assez bien alignées, etc.
03:42 pour pouvoir envisager la sexualité.
03:45 Mais c'était, entre guillemets, assez compliqué de faire des concessions
03:51 à partir de, entre guillemets, juste ça.
03:55 Parce qu'au final tout le reste allait, mais c'est juste ce côté-là qui était...
03:59 - Arnaud, juste ce côté-là, quand on aime vraiment faire l'amour
04:05 et qu'on aime la personne et qu'on a besoin de faire l'amour
04:07 et qu'on la désire chaque fois qu'on la voit, c'est pas juste ça.
04:10 C'est quelque chose qui prend un peu, pas que la tête d'ailleurs.
04:15 - C'est vrai que c'est quand même pas évident de se dire, entre guillemets,
04:20 pour moi la sexualité n'avait pas autant d'importance que ce qu'elle en a maintenant.
04:26 Mais c'est vrai que c'est dur de se dire, au final, si j'ai vraiment ce besoin-là
04:32 de le faire un peu plus souvent, et que même si l'amour est là, au final l'amour en est là, mais...
04:37 - Non mais, vous voyez, je pense, ça fait partie finalement quand même d'un sujet
04:43 qui est encore très complexe.
04:45 Yves Plessy, quelqu'un qui veut aller voir absolument tous les matchs de foot importants,
04:51 on trouvera ça normal, on dira, bah oui, c'est important pour lui.
04:55 Quelqu'un qui a des besoins sexuels, on considère qu'il n'a qu'à se masturber,
05:00 que c'est pas si grave que ça, etc.
05:02 Moi je trouve que c'est une... je sais bien qu'on n'a pas besoin de faire l'amour pour survivre,
05:07 mais ça peut être, enfin je veux dire, c'est quand même un besoin qui doit être considéré à sa juste valeur, non ?
05:13 - Alors revenons sur ce qu'on a dit sur les deux mots qui le gênent un peu,
05:18 sexophile et sexophobe, revenons là-dessus.
05:20 Alors non, n'ayez pas peur des mots.
05:22 Ces mots-là, ce n'est pas pour cataloguer les gens et ce n'est pas pour foutre de complexe aux gens,
05:26 c'est juste de comprendre si le couple, il est assorti du point de vue quantité-qualité sexuelle ou pas, juste pour ça.
05:34 Donc ce n'est pas pour mettre la pression sur les gens pour que nous on puisse comprendre.
05:39 Dans une consultation, on a affaire à qui ?
05:42 Alors tout le monde peut être sexophile, sexophobe pendant une journée, pendant les trois mois, tout ça.
05:47 Mais dans l'histoire sexuelle, quand on voit que l'un est beaucoup plus porté sur la chose,
05:52 9 fois sur 10 c'est l'homme et l'autre est moins porté,
05:56 l'homme s'il est plus porté sur les choses, c'est à cause ou bien grâce à son taux de testostérone
06:02 qui est 10 fois plus élevé que la femme, donc l'hormone même.
06:06 Donc c'est biologique, je suis désolé de vous dire, c'est biologique.
06:10 C'est normal que l'homme soit plus porté.
06:12 Mais ici, évidemment, la femme, qu'est-ce qu'elle va demander ?
06:15 3 fois par semaine, 1 fois par semaine, 1 fois par mois, 2 fois sur l'année ?
06:19 Et c'est ça que les sexophiles, les sexophobes, on va le voir.
06:23 Au début, les gens ne se rendent pas compte.
06:25 Au début, dans le couple, en général, il y a beaucoup de relations sexuelles.
06:29 Mais c'est pas du sexe pour nous autres.
06:31 Pourquoi il y a relation sexuelle ?
06:33 C'est, ils sont passionnément amoureux, c'est pour se complaire, c'est pour se sauter l'un sur l'autre,
06:38 pour avoir une relation, regarde-moi, moi, ne regarde pas ailleurs, viens, je t'aime, tout ça.
06:44 C'est pas du sexe, ça.
06:45 Le sexe, le désir sexuel, c'est pour obtenir du plaisir sexuel et de l'orgasme.
06:50 En fait, les gens ne savent pas qu'ils sont pas là-dedans.
06:53 À un moment donné, ils se rendent compte que quand le temps passe,
06:56 oui, mais en fait, pourquoi est-ce que j'avais autant de relations sexuelles avant ?
07:00 C'était parce qu'il y avait la passion.
07:02 Maintenant, la passion est partie.
07:03 Ça va être quoi, notre moteur ?
07:05 C'est question de moteur.
07:07 Pourquoi, quelle est la motivation, quel va être le moteur pour que je continue ?
07:11 Alors, quand la passion est partie, ou bien quand ce truc de début,
07:16 ce match de début est parti, les gens abandonnent.
07:20 Et c'est à ce moment-là qu'on voit, pas au début,
07:23 qui est sexophile, qui est sexophobe, sur une longue durée.
07:27 Que vous comprenez.
07:29 Donc, c'est pas pour foutre un complexe vis-à-vis l'un à l'autre.
07:34 Donc, c'est pour que nous, sexologues, on puisse comprendre qu'on a affaire à qui.
07:38 Et pour ça, on va utiliser ça comme outil.
07:41 On va utiliser ça pour outil, pour se rendre compte que le coup...
07:44 On peut être assorti sur un mois, cinq mois, tout ça,
07:48 mais sur trois ans, et c'est toujours dans le même sens.
07:51 Moi, j'ai pas peur d'utiliser certains mots.
07:55 Vous savez, entre vous et moi, personne, je vous le dis,
07:59 personne ne m'a dit encore "je suis sexophobe".
08:02 Personne. En consultation, personne ne m'a dit "je suis sexophobe".
08:06 Les gens pensent que c'est aujourd'hui comme ça, ça ira demain,
08:09 c'est le partenaire ou la partenaire qui est pas bonne.
08:12 Il suffit juste de trouver la bonne personne, ça va marcher.
08:15 Personne ne m'a dit "je suis, moi, sexophobe".
08:18 Donc, n'avez pas peur des mots.
08:20 Ça, c'est des mots que nous, on utilise pour que vous compreniez où vous vous situez.
08:24 Oui, oui, même...
08:26 Vous voyez, c'est pour dire les mots, je les ai appris aujourd'hui,
08:29 pendant l'émission.
08:31 Mais oui, oui, oui, j'entends bien ce que vous dites.
08:35 Je pense qu'effectivement, au début, on est aidé de la passion.
08:38 Je pense que, entre guillemets, pour ma part,
08:41 je pense que la passion se cultive aussi.
08:44 Je veux dire que, vous disiez tout à l'heure qu'à un moment, la passion s'arrête.
08:47 Et moi, je crois qu'il faut juste arriver à ce qu'elle ne s'arrête pas.
08:51 Non, mais l'amour, oui, mais la passion s'arrête.
08:55 C'est pas la même chose. La passion va s'arrêter, moins l'amour.
08:59 Alors, voilà, après, peut-être qu'on s'égare,
09:03 mais je trouve que, entre guillemets, moi, de parmi,
09:06 j'ai changé de partenaire et maintenant, ça se passe bien.
09:11 Et on a vraiment, entre guillemets, cet osmose,
09:13 quelque chose de beaucoup plus adapté, entre guillemets, à mes besoins, etc.
09:18 Et vraiment, c'est un plaisir.
09:20 Donc, si vous aimez... Enfin, vous n'aimez pas les mots,
09:23 mais on va quand même les mettre.
09:25 Donc, vous êtes, vous, sexophile,
09:27 et vous avez rencontré une partenaire sexophile.
09:29 Et comme vous faites bien l'amour et que vous êtes heureux,
09:32 vous avez l'impression que vous êtes toujours passionné,
09:34 mais non, vous êtes tombé en amour.
09:36 - Eh bien, je sais pas.
09:40 Alors, c'est peut-être pour moi une mauvaise interprétation des mots,
09:44 mais je pense que vraiment,
09:46 ça fait quatre ans que je suis encore avec ma partenaire.
09:50 Est-ce que, pour vous, vous qualifiez que c'est encore peut-être un peu tôt,
09:53 ou peut-être pas assez ?
09:54 Mais moi, j'ai vraiment l'impression que, à chaque fois que je fais l'amour,
09:57 il y a ce côté un peu sauvage, passionné, amoureux aussi.
10:01 J'entends le regard change au début et au fil du temps.
10:07 J'ai vraiment l'impression que, quand on fait l'amour,
10:10 il y a quelque chose d'extrêmement puissant et de très passionnel.
10:14 - Oui, bien sûr, mais la sexualité, c'est du feu, au sens de passion, bien sûr.
10:20 Mais ça veut pas dire pour ça que, chaque instant de la journée,
10:24 quand vous êtes loin d'elle, vous ne pensez qu'à elle,
10:26 que vous êtes complètement fébrile, etc.
10:28 C'est de ça dont on parle.
10:30 La passion, c'est ce qui nous rend complètement...
10:33 Mais que votre sexualité soit passionnelle, tant mieux.
10:37 - Oui, je pense que c'est un travail encore aussi.
10:41 Parce qu'on essaie de respecter l'espace entre nous deux
10:46 pour que, justement, la passion reste et qu'elle soit comme les débuts.
10:52 Donc, je pense qu'il y a juste besoin de petits réglages
10:57 pour que, vraiment, on puisse conserver ça.
11:00 Je trouve ça très beau de conserver sa passion encore au fil du temps.
11:05 C'est quelque chose... - Bien sûr, c'est magnifique.
11:08 - Pourquoi je vous rembobine là-dessus ?
11:10 Parce que, pour moi, justement, je crois que quand on cultive justement,
11:14 ou on peut sacraliser ça, ça peut être une perception aussi.
11:18 Je pense qu'on perpétue cet échange qui est magnifique.
11:24 - Quand la sexualité est passionnelle, en général,
11:27 la relation a des chances de bien durer, en effet.
11:30 Merci en tout cas, Arnaud, de votre témoignage.
11:32 Le petit mot que vous voulez peut-être ajouter, Yves Pslaty ?
11:36 - Le sexe est meilleur toujours quand on aime la personne.
11:39 Il n'y a pas de secret là.
11:41 La qualité des orgasmes, le sexe est meilleur.
11:44 - Eh oui. Merci, Arnaud.
11:47 Vous êtes chanceux, vous avez trouvé quelqu'un qui est comme vous.