• il y a 2 ans
Raconte-moi ton métier : animatrice en Ehpad

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00:00 Ce que je retiens surtout de ce métier, qui m'a peut-être rappelé en fait que j'ai pas
00:09 forcément choisi, c'est peut-être lui qui m'a choisi, c'est que c'est un boulot plein
00:13 d'humanité et on a besoin de plus de personnes. On aurait peut-être l'envie, l'énergie,
00:20 le désir d'accompagner les personnes âgées qui en ont vraiment besoin.
00:24 Le fait d'avoir été en contact avec un grand nombre de personnes âgées tout au long de ma vie,
00:37 m'a poussé en fait à continuer à travailler avec elles et à essayer d'apporter ce que je
00:44 pouvais pour rendre leur quotidien peut-être un peu plus heureux. Pour ma part, j'ai passé ce
00:51 qu'on appelle un DPGF-CAPT, qui est un DPGF d'activité pour tous, que j'ai axé sur le
00:57 maintien de l'autonomie des personnes. Et après, ce qu'on appelle un CSAMAPS, qui est une spécialisation
01:04 de maintien de l'autonomie des personnes. À partir de là, j'ai fait des stages dans des
01:12 établissements spécialisés, maisons de retraite, EHPAD, un peu du domicile aussi. Et ça m'a permis
01:21 vraiment de pointer du doigt les outils qui me manquaient, d'étoffer ma mallette et aussi
01:28 d'apprendre des spécificités qui sont essentiellement utiles.
01:31 Alors moi, j'étais à 35 heures par semaine. Je commençais à 10 heures et je finissais aux
01:42 alentours de 18 heures. J'étais sur un poste d'animation, donc le matin, les événements,
01:50 j'ai besoin de temps pour que les équipes puissent les prendre en soin. Les animations
01:56 se passent en général dans la matinée ou dans l'après-midi. J'avais un rôle global,
02:01 en fait, si je peux dire ça comme ça, parce que c'est un tout. C'est travailler avec les équipes
02:08 pour aller prendre les informations de la veille en amont pour pouvoir faire ce travail dans la
02:14 journée correctement. Les informations relatives aux patients, aux résidents, comment la nuit s'était
02:22 passée, s'il y avait un problème quelconque. Après, moi, j'étais sur un poste qui me mettait
02:28 en relation avec un bon nombre de partenaires avec lesquels je devais définir mes propositions,
02:35 l'organisation, l'installation, l'évaluation, la remédiation, etc. Et après, moi, mon travail
02:41 qui était de faire des propositions, de les faire valider, de les développer, de les proposer aux
02:46 résidents. D'attendre qu'eux-mêmes proposent des choses parce que c'est quand même eux qui sont
02:52 concernés et de définir leurs besoins pour essayer de mettre en place avec plus de pertinence et de
02:58 sens possible ce qu'ils voulaient. Ma vision globale et générale, c'est que toutes les équipes ont
03:11 vraiment essayé au quotidien, avec les moyens qui étaient de notre, la pression qui était la
03:19 nôtre, générée par les injonctions qui arrivaient non-stop, de vraiment essayer de trouver une union,
03:26 une cohésion pour adoucir le quotidien des résidents, les prendre en charge le plus
03:33 correctement possible, nous prendre aussi en charge et en soin le plus correctement possible
03:37 pour continuer à assumer ce qu'on avait comme responsabilité envers eux. On a vraiment essayé
03:47 de faire au mieux et la meilleure évaluation, c'est les résidents eux-mêmes et les familles.
03:56 On a tous vécu quelque chose de traumatisant, de choquant, qui laisse des traces et qui va
04:04 en laisser dans le futur. C'est quand même fort. Il y a des gens qui sont partis, des gens qui
04:12 n'ont pas vu leur famille pendant longtemps, la séparation, l'isolement, la peur, l'angoisse,
04:20 la distance, etc. Même si aujourd'hui la chose qui est essentielle à pointer, c'est la maltraitance
04:30 institutionnelle qui génère la tension, la fatigue des équipes, des soignants, qui fait que le soignant
04:42 qui est pressé le fait peut-être avec plus de difficultés, tout simplement parce qu'il manque
04:51 de temps. Aucun soignant n'a la volonté d'être maltraitant dans ses pratiques, mais s'il manque
05:03 de temps, il aura moins le temps de rassurer, d'écouter, parce qu'il est pressé à aller ailleurs.
05:11 Si un soignant manque à l'appel le matin dans la structure, ça va désorganiser les services.
05:18 Et à partir de là, ça va avoir des répercussions et sur les équipes et sur les résidents. Dans
05:28 toutes les structures de soins aujourd'hui, on voit de par les tensions générées par la surcharge
05:35 de travail, le manque de motivation et le nombre croissant de démissions. Nos hôpitaux, il me
05:43 semble, sont en tension depuis plusieurs années et on observe que 2022 est le plus fort d'une crise
05:52 qui nous a touchés tous. Nos systèmes de santé sont de plus en plus dysfonctionnels et il y a
06:01 peut-être urgence aujourd'hui à faire des propositions. Donner le sens à ce qu'ils
06:12 voudraient faire et être surtout à l'écoute des besoins des personnes avec lesquelles on va travailler
06:19 pour essayer de faire le maximum de propositions et de les mettre en place pour leur bien-être
06:26 au quotidien, pour limiter l'ennui, mettre de la joie de vivre, du plaisir, du désir, l'envie
06:31 d'aller vivre déjà l'instant présent dans la joie et la bonne humeur et d'aller vers l'instant
06:36 d'après. Je dirais que ce métier, c'est un métier passionnant, c'est un métier de cœur, un métier
06:46 plein d'humanité et ce serait pas mal de remettre un peu d'humanité dans notre monde.

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