• l’année dernière
"Je suis ne pas arrivé quelque part, j'ai plus ouvert une porte qui me fait arriver au début d'une nouvelle quête"
Bilal Hassani nous parle de son questionnement et de sa relation avec son genre, sujet qu'il aborde dans son single "IL OU ELLE"
Transcription
00:00 Il ne faut jamais avoir honte de faire évoluer son identité.
00:02 Est-ce que c'est il ou elle ?
00:04 Est-ce que c'est il et elle ?
00:05 Où est-ce que je suis ?
00:06 Pendant une période, c'était devenu presque revendicatif pour moi
00:08 de m'affirmer en tant qu'homme parce que je voulais "prove a point"
00:11 qu'on pouvait être un garçon et avoir les cheveux longs
00:13 et mettre du maquillage, etc.
00:15 Viscéralement, j'y croyais quand je revendiquais ça
00:17 et à un certain degré, j'y crois encore aujourd'hui.
00:20 Mais je ne me rendais pas compte que tellement je criais fort
00:23 que dans ma nature profonde, j'étais un homme...
00:25 Je ne laissais pas d'ouverture dans mon cœur, mon âme, mon esprit
00:30 à la question de mon genre que je n'avais jamais vraiment exploré.
00:34 J'ai construit beaucoup de choses ces dernières années.
00:36 J'ai créé la mythologie de Bilal Hassani.
00:38 Je pense que j'ai dû faire genre 400 télés en 2019, un truc comme ça.
00:41 J'étais vraiment partout, tout le temps.
00:42 Et quand je me suis retrouvé seul après cette période de beaucoup,
00:46 on va dire, on se rend compte de tout ce qu'on a construit
00:48 et donc on est très content.
00:49 Et on se permet maintenant de déconstruire.
00:51 C'est le premier truc que j'ai fait, déconstruire tout.
00:53 Déshabiller Bilal Hassani, le personnage, le regarder, voir où ça en est.
00:59 Du coup, tout de suite, il y a eu la question du genre qui est venue se poser.
01:03 Je n'avais pas ouvert cette porte parce que j'avais l'impression
01:05 que j'avais déjà ouvert et que j'avais déjà répondu à ma question.
01:08 Je savais foncièrement que je n'étais pas une personne transgenre.
01:12 Il y a la question de la dysphorie du genre qui est très, très, très, très intense
01:16 et que je n'ai pas vécu to that extent, en tout cas.
01:20 Mais en grandissant, je me rends compte qu'il y a d'autres choses.
01:23 Je me rends compte qu'il y a beaucoup de choses aussi que j'ai loupées
01:26 dans la question du genre.
01:27 Et donc, j'ai commencé à lire, à approfondir un petit peu toutes ces choses-là.
01:31 Et c'est marrant parce qu'en même temps, arrive le reboot, on va dire, de ma carrière.
01:37 Et j'avais reçu le premier morceau, la première maquette de ce qu'allait devenir l'album
01:41 qui sortira cet automne et ça s'appelait "He'll Well".
01:43 Et quand je reçois ça, au même moment, je suis en train de me poser toutes ces questions,
01:47 de littéralement me dire est-ce que c'est "il" ou "elle",
01:51 est-ce que c'est "il et elle", où est-ce que je suis ?
01:55 Je me suis dit c'est une évidence, il faut que j'approfondisse ces deux pistes.
01:58 Et ça a très bien fini.
02:00 Le déclic qui a lancé un petit peu cette nouvelle ère,
02:04 que ce soit dans ma carrière, mais aussi dans ma vie,
02:06 a commencé, je pense, pendant "Danse avec les stars".
02:09 On voyait à la télé toutes les semaines avec et sans la perruque.
02:13 Je n'étais pas maquillée pendant que je répétais, je n'étais pas maquillée, pas coiffée, rien.
02:15 C'était quelque chose qui, pour moi, était inconcevable,
02:17 qui ne pouvait pas se passer.
02:19 Parce que j'avais de gros gros gros gros problèmes avec mon apparence.
02:21 Je me trouvais...
02:25 monstrueux.
02:26 Quand des moments comme ça se passent, ça ré-ouvre tout.
02:29 T'as ton saboteur intérieur qui est en train de te dire "en plus t'es horrible,
02:33 tu sais même pas qui t'es".
02:34 Et tu vas faire une chanson qui va s'appeler "il" ou "elle" et tout le monde va dire
02:36 "Ah, Bilal Hassani parle encore de ça, il a besoin de rider sur le buzz".
02:40 Quand c'est plus la perruque, maintenant c'est le genre, qu'est-ce qui va nous inventer encore ?
02:43 Quand on a des gros titres faits sur nous pendant quatre ans,
02:46 au bout d'un moment on les invente.
02:47 Des gros titres qui n'existent même pas,
02:49 qui n'ont même pas été faits sur la sortie de cette chanson,
02:51 mais que j'ai imaginé.
02:52 Et donc, hyper dur, mais aide à construire de nouvelles bases solides.
02:58 Je suis pas arrivé quelque part.
02:59 J'ai plus ouvert une porte qui me fait arriver au début d'une nouvelle quête.
03:04 Je pense qu'on est dans une période de création de cases utiles,
03:06 parce que l'association, en tout cas d'appartenance, elle est hyper importante.
03:09 Et il faut que ça continue encore comme ça pendant 5, 10, 15, 20 ans si on en a besoin.
03:13 Si t'as besoin de te mettre dans une case où il y a vraiment que toi qui fites dedans
03:15 et de la créer et de le dire au effort,
03:17 et bien si c'est là où tu te sens safe,
03:19 il y a tellement pas eu d'espace pour toi avant qu'on va pas te dire,
03:22 en plus, de choisir dans un truc beaucoup plus large.
03:25 Et ensuite, on verra.
03:27 Pour l'instant, je pense que c'est cool,
03:29 ce qu'on est en train de witness dans notre jeune génération.
03:32 Pour les personnes qui regardent cette vidéo et qui se sentent concernées
03:35 par mon message et mon histoire,
03:37 j'ai envie de vous dire, prenez le temps qu'il faut pour arriver à vos réponses.
03:41 Des fois, vous allez avoir des bouts de réponses,
03:42 vous allez avoir l'impression que vous êtes arrivé à la fin.
03:44 Et après, la question va revenir,
03:46 et donc du coup, il faudra réouvrir un petit peu vos chakras
03:49 et vous dire genre, OK, peut-être que je suis pas finalement
03:52 arrivé à une réponse définitive.
03:53 Il faut jamais avoir honte de faire évoluer son identité,
03:56 de voir évoluer son identité.
03:57 Tout est OK quand ça prend du temps.
03:59 [SILENCE]

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