Que signifie la fin de la chute des crédits immobiliers?
La chute du crédit immobilier s'est arrêtée, d'après la Banque de France. Il s'agit de la conséquence directe des remontées de taux de la Banque centrale européenne. Un retour à la normale, après une période aux taux très bas en 2021 et 2022
Transcript
00:00 Nicolas, la chute du crédit immobilier vient de s'arrêter. C'est le constat livré par la Banque de France hier.
00:06 Est-ce qu'on peut parler enfin d'un signe d'accalmie sur le marché immobilier en crise ?
00:10 Je ne dirais pas ça. Les armes ne montent pas jusqu'au ciel, on le sait.
00:13 Donc évidemment, les racines ne vont pas non plus jusqu'au centre de la Terre.
00:16 Mais vu le niveau où on est arrivé, si on continue à décliner, ça va poser problème.
00:20 Le chiffre de la Banque de France, production de crédit avril, 15 milliards d'euros.
00:24 On se dit c'est bien, c'est +4% comparé à mars.
00:27 Effectivement, c'est un progrès. 15 milliards d'euros avril 2023, 26 milliards d'euros avril 2022.
00:33 Il y a l'écart monumental.
00:35 Alors c'est la conséquence directe des fameuses remontées de taux par la Banque centrale européenne.
00:40 Je vous l'avais déjà expliqué, quand la Banque centrale européenne remonte ses taux,
00:43 c'est comme si on ouvrait un robinet d'eau froide dans un bain bouillant.
00:46 Ça refroidit l'économie.
00:48 Donc évidemment, l'argent devient plus cher.
00:50 Comme l'argent devient plus cher, l'accès à l'argent est plus compliqué et le crédit recule.
00:56 Quelle conclusion tire la Banque de France de tout ça ?
00:58 C'est un peu là que le bas blesse.
00:59 On pourrait se dire, on est arrivé à un moment où il faut faire quelque chose pour que ça reparte.
01:03 En fait, la Banque de France te dit, mais pas du tout.
01:06 C'est tout à fait normal qu'on arrive à ces niveaux-là.
01:08 C'était 2022 qui était anormal, 2021 qui était anormal.
01:11 C'était les taux très bas qui étaient une période exceptionnellement anormale.
01:15 Le fait de revenir à ces niveaux-là, c'est le fait de revenir à quelque chose de normal.
01:20 Et en face, vous avez Bercy qui a exactement la position opposée,
01:23 qui dit, mais attendez, il faut absolument lâcher la bride aux banques,
01:27 alléger les contraintes qu'on leur impose pour leur permettre de délivrer davantage de crédit.
01:32 Et en fait, alléger ou pas les contraintes imposées aux banques,
01:36 on aura la réponse la semaine prochaine quand le Haut conseil de la stabilité financière va arrêter sa position.
01:42 Je rappelle qu'il est présidé par Bruno Le Maire,
01:44 mais que la Banque de France siège aussi dans ce Haut conseil.
01:47 Et donc, sans jouer à Madame Irma, il faut s'attendre à quoi ?
01:50 Un terrible bras de fer entre la Banque de France qui va dire,
01:52 non, écoutez, tout devient normal, donc on ne change rien
01:55 et on n'allège pas les conditions imposées aux banques pour libérer du crédit.
01:59 Et Bercy qui va dire, non, mais attendez, il faut absolument que les gens puissent emprunter.
02:02 Il faut absolument que les gens aient un toit au-dessus de la tête.
02:05 Et donc, il y a un petit compromis qui est peut-être envisageable
02:08 parce qu'il y a une toute petite fenêtre de dérogation qu'on laisse aux banques.
02:12 Sur 20% des crédits qu'elles accordent,
02:15 peut-être que cette fenêtre de dérogation pourrait être un petit peu assouplie.
02:18 Mais la certitude, c'est que ce que la Banque de France appelle une normalisation,
02:22 ça veut dire que l'atterrissage du marché immobilier n'est pas terminé.
02:25 Honnêtement, le plan Born sur le logement annoncé il y a deux jours,
02:27 qui s'apparente plus à un plan d'économie,
02:29 ce n'est pas quelque chose qui plaide pour un atterrissage en douceur.
02:32 La réalité, c'est que les taux montent, les taux vont continuer à monter
02:35 et que les prix baissent, mais très, très, très peu.