En cette 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, Amandine Bégot reçoit Marylise Léon, Secrétaire générale adjointe de la CFDT. C'est elle qui succèdera à Laurent Berger dans deux semaines.
Regardez L'invité de RTL du 06 juin 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Legault, vous recevez donc ce matin la secrétaire générale adjointe de la CFDT
00:13 Marie-Lise Léon. Marie-Lise Léon, c'est vous qui allez succéder à Laurent Berger à la tête du premier
00:18 syndicat français. Ce sera le 21 juin prochain, dans 15 jours, et vous serez donc dans la rue aujourd'hui.
00:23 14e journée de mobilisation contre cette réforme des retraites. 14e et dernière ou pas ?
00:29 14e journée de mobilisation, ça c'est certain. Donc on est très motivés et on appelle l'ensemble des travailleurs à
00:36 venir manifester contre les 64 ans.
00:39 On est aussi très mobilisés parce que de notre point de vue c'est important qu'il puisse y avoir un vote à l'Assemblée nationale
00:46 jeudi 8 juin. Il y a une proposition de loi qui pourrait être examinée. Donc
00:51 aujourd'hui c'est l'objectif de cette semaine.
00:54 Sur la suite on avisera. Faire pression sur l'Assemblée nationale pour que ce vote ait lieu ? C'est ce que vous dites ce matin la présidente
01:00 de l'Assemblée, Gaëlle Braune-Pivet, qui a prévenu. Elle est prête à invoquer l'article 40 justement
01:04 pour retoquer les abandements qui prévoiraient d'abroger ce report de l'âge légal ?
01:08 L'idée n'est pas de faire pression. L'idée est de donner à voir
01:12 l'énorme mobilisation du monde du travail qui est là depuis des mois et des mois. Depuis le mois de janvier
01:20 notamment avec les premières manifestations. Et de dire le monde du travail ne veut pas de cette réforme, ne veut pas du recul de
01:26 l'âge légal à 64 ans.
01:28 Écoutez le monde du travail. Voilà c'est le message que l'on passe aujourd'hui
01:31 pour cette nouvelle journée de mobilisation. Écoutez le monde du travail. Dites-vous Sophie Binet, elle dit de la CGT, pardon, ce serait un
01:39 pur scandale démocratique s'il n'y avait pas de vote jeudi. Vous êtes d'accord avec ça ? Je sais pas si c'est un scandale démocratique.
01:46 L'article 40 existe dans la constitution. Mais c'est certain qu'il y a des règles qui existent. Et puis il y a la façon dont on peut utiliser ces règles.
01:53 C'est extrêmement regrettable qu'aujourd'hui
01:56 la présidente de l'Assemblée nationale
01:59 elle change d'avis d'une part vis-à-vis de cette proposition de loi. Et elle considère que c'est un peu circulé, il n'y a rien à voir.
02:05 Je pense que c'est important qu'il y ait un vote à l'Assemblée qui n'a jamais eu lieu sur quelque chose comme les retraites qui est un
02:11 sujet majeur pour des millions de personnes.
02:14 Il faut qu'il puisse y avoir un vote. Le vote n'a pas eu lieu mais la motion de censure a été rejetée. Cette réforme elle a été
02:20 adoptée, promulguée, validée par le conseil constitutionnel. Les deux premiers décrets sont d'ailleurs
02:24 parus ce week-end.
02:27 Franchement vous pensez encore pouvoir agir, faire en sorte que cette réforme ne s'applique pas au mois de septembre prochain ?
02:32 On a... Sincèrement.
02:34 C'est pas juste une posture.
02:36 Non, c'est pas juste une posture. De toute façon si vous attendez que la CFDT dise à un moment "on est d'accord avec les 64 ans" ça n'arrivera jamais.
02:42 Sans être d'accord, mais on passe à autre chose pour peser sur d'autres choses.
02:46 La question elle est pas de passer à autre chose. Depuis le mois de septembre 2022, la CFDT dit que le sujet numéro un de préoccupation des
02:51 français c'est le pouvoir d'achat.
02:53 Depuis le mois de septembre on est mobilisés dans les branches professionnelles, dans les entreprises pour pouvoir faire en sorte qu'il y ait des négociations.
02:59 Parfois ça aboutit, parfois pas. Il y a encore un sujet aujourd'hui
03:03 majeur autour... Le monde du travail est en train d'évoluer de façon
03:07 radicale.
03:09 Les français, les travailleurs qui sont, qui ont ces attentes vis-à-vis des transformations du travail,
03:16 attentes de nous, qu'on soit mobilisés sur la question des retraites, mais sur les autres sujets également.
03:21 On est resté mobilisés sur l'ensemble des sujets. Aujourd'hui je pense que le syndicalisme
03:27 est en force.
03:30 On a eu plus de 43 000 adhésions depuis le début de l'année 2023, c'est-à-dire que
03:37 nous sommes attractifs. C'est presque plus de 10 %, il y a 600 000 adhérents.
03:40 On est à peu près à 10% et l'année n'est pas terminée.
03:44 Donc on est en force et donc l'idée c'est de pouvoir
03:48 utiliser cette force pour pouvoir continuer d'avoir des avancées sociales.
03:51 Alors justement, continuer d'avoir des avancées sociales, vous avez été reçu comme les autres syndicats à Matignon à la mi-mai.
03:57 Est-ce que vous pensez pouvoir travailler avec ce gouvernement, avec Elisabeth Borne ?
04:01 Nous avons nous la volonté d'avancer sur un certain nombre de sujets. Les enjeux de pouvoir d'achat comme je vous le dis, les enjeux
04:07 de travail, les enjeux
04:08 notamment aussi que ce soit dans le secteur privé comme dans le secteur public pour les fonctionnaires.
04:14 On a fait, nous, notre liste de courses. On a un certain nombre de sujets qui nous importent.
04:18 On n'a pas de réponse aujourd'hui du côté du gouvernement.
04:21 Trois semaines après cette réunion, pas de retour ?
04:23 On n'a pas de date et on n'a pas de retour. Et puis le sujet important c'est la question de la méthode, c'est-à-dire que si on renoue le
04:28 dialogue, c'est certainement pas pour faire comme
04:30 on a eu des discussions sur les retraites.
04:33 Donc on est extrêmement clair et nous attendons du gouvernement qui nous explique en quoi ils sont prêts à travailler
04:39 différemment et sur quoi. Pour le moment, on est en attente.
04:43 C'était mi-mai cette réunion, trois semaines plus tard pas de retour, pas de réponse, c'est normal ou pas ?
04:46 J'espère qu'ils mettent à profit ce temps pour nous faire des propositions qui pourront avoir un vrai...
04:53 Ça avait l'air d'être un petit peu malin.
04:55 Non, je doute pas. Voilà, chacun ses responsabilités. Nous, on est allé avec notre liste de propositions,
05:00 des propositions aussi sur le changement de méthode et puis
05:03 on ne perd pas de vue qu'il faut aussi que le patronat soit aussi responsable.
05:08 Vous avez échangé hier, il y avait une réunion entre les syndicats et le patronat justement.
05:12 L'idée c'était quoi ? D'évoquer ce nouveau pacte de vie au travail qu'Emmanuel Macron a...
05:17 Le pacte de vie au travail c'est quelque chose qu'a lancé le président de la République.
05:20 Nous, notre
05:23 sujet c'est de voir qu'est-ce qui peut être discuté strictement entre organisation syndicale et patronale.
05:30 Sur les questions sociales,
05:32 par exemple sur les salaires, on a toujours
05:34 un sujet autour des inégalités salariales entre les hommes et les femmes.
05:40 On a encore 150 branches qui ont des coefficients sous le SMIC, des branches professionnelles.
05:44 Donc ça c'est un fait.
05:47 Mais vous voulez forcer le patronat à augmenter les salaires ou forcer le gouvernement à forcer le patronat ?
05:51 Ça peut être un bon mix des deux.
05:53 Un, c'est responsabiliser les employeurs pour qu'ils puissent y avoir des négociations de branches.
05:57 Si il y a des récalcitrants qui ne veulent pas négocier, on propose que le gouvernement
06:02 mette un cadre qui fait que certaines entreprises ne puissent plus bénéficier des exonérations de cotisations
06:08 dont elles bénéficient aujourd'hui.
06:10 Ça nous paraît être une juste condition pour pouvoir dynamiser la négociation.
06:15 Ce sera une ligne rouge pour la négociation ou pas ? Cette histoire de conditionnalité des élus ?
06:19 Nous on est extrêmement attachés à ce qu'il puisse y avoir pour beaucoup de différents sujets,
06:24 que ce soit les enjeux de transition écologique, les questions salariales,
06:27 qu'il puisse y avoir un contrôle social dans l'entreprise
06:31 au regard de l'ensemble des aides qui sont distribuées aux entreprises.
06:34 Je pense que c'est l'heure et venue aussi que les entreprises comprennent
06:38 qu'il n'y a pas d'argent magique et que si elles bénéficient d'un certain nombre d'aides,
06:43 elles ont aussi des comptes à rendre et qu'elles doivent donner à voir à quoi ça a servi dans l'entreprise.
06:48 Marie-Lise Léon, on a beaucoup évoqué ces derniers mois les tensions, les relations entre Emmanuel Macron et Laurent Berger.
06:53 Laurent Berger est souvent venu ici à RTL, il a souvent lancé des appels à Emmanuel Macron,
06:57 qui d'ailleurs souvent lui répondait dans les 48 heures par médias interposés.
07:02 Quel rapport vous avez-vous avec le Président de la République ?
07:06 À ce stade aucun, pour être tout à fait franche.
07:08 Il ne vous a pas appelé pour vous féliciter ?
07:10 Non, après je ne suis pas la secrétaire générale de la CFDT, donc on va attendre qu'il y ait le vote le 21 juin.
07:14 Vous souhaitez le rencontrer ?
07:15 Je pense que ça fait partie des rendez-vous qu'il faudra effectivement planifier.
07:20 La CFDT est le premier syndicat de France.
07:23 Vous lui demandez ce matin de vous recevoir quand vous serez officiellement ?
07:26 Je ne lui demande pas officiellement, mais je pense que ça fait partie des relations normales entre un Président de la République et la première organisation française.
07:32 J'imagine que Laurent Berger vous a donné quelques conseils ? Lesquels ?
07:36 Alors, il y en a que je ne peux pas dire.
07:38 Vous a dit de vous méfier de certains ou pas ?
07:40 Non, on n'est pas là-dessus du tout les conseils, c'est rester soi-même, ne jamais oublier d'où on vient.
07:47 Mais ça c'est bateau.
07:48 Dans le monde actuel, je ne suis pas sûre que ce soit si bateau.
07:51 En tout cas, c'est important de le mettre en œuvre.
07:53 Et je pense que l'un des conseils que je mettrai en pratique et que j'aurai toujours en tête, c'est de savoir qui je suis et qui je représente.
08:01 D'un mot, c'est une grosse pression de se retrouver à la tête du premier syndicat de France ?
08:05 C'est un beau défi et c'est une grande responsabilité. Je le traduirai comme ça.
08:09 Merci beaucoup.
08:10 Merci beaucoup.
08:11 Savoir qui je suis et qui je représente, vient de nous dire la secrétaire générale adjointe, prochaine secrétaire générale de la CFDT, Marie-Lise Léon.
08:17 Et restez avec nous, puisque dans un instant, vous serez dans l'œil de...
08:20 et de la vie.