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Grèce, Finlande, Pays-Bas, Italie, Suède… au fil des élections, les partis de droite confirment leur bonne santé dans toute l’Europe ou presque. Jade Grandin de l’Eprevier, correspondante de l’Opinion à Bruxelles, nous explique les raisons de ce succès

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Transcription
00:00 Ce que les experts constatent, c'est aussi que la frontière entre la droite et l'extrême droite devient moins facile à distinguer.
00:05 C'est surtout les élections qui ont eu lieu depuis un an qui ont montré cette droitisation de l'Europe.
00:15 Les plus récentes, c'est celles qui ont eu lieu en Espagne.
00:18 Des élections régionales qui ont montré une montée de la droite et une chute de la gauche.
00:22 Et c'est aussi ce qu'on attend pour les législatives anticipées qui doivent avoir lieu en juillet.
00:27 Il y a aussi eu la Grèce où pareil, la droite est sortie triomphante et la gauche, ça n'allait pas.
00:32 Et puis si on remonte un petit peu plus au cours des derniers mois,
00:36 on a vu qu'en Scandinavie, à la fois en Suède et en Finlande,
00:39 l'extrême droite a rejoint les coalitions qui sont au pouvoir dans ces pays.
00:44 En Turquie, on a la réélection de Erdogan qui a renforcé le courant nationaliste.
00:49 Notre propre exemple en France montrait que Marine Le Pen,
00:52 même si elle a été éliminée au second tour, avait quand même énormément de voix.
00:55 Et puis l'exemple un peu phare en Europe, c'est bien sûr l'élection de Giorgia Melloni,
00:59 dont le parti Frères d'Italie est en fait un parti qui a été fondé par des fidèles de Mussolini
01:04 et qui est considéré comme post-fasciste.
01:06 Le contre-exemple, mais qui n'en est pas vraiment un, c'est le Danemark,
01:10 puisque la gauche a remporté les élections, mais qu'est-ce qui s'est passé ?
01:13 La gauche a gagné avec un programme très dur sur l'immigration,
01:16 dont s'inspirent d'ailleurs les Républicains en France.
01:19 Et l'enjeu pour la suite, c'est de voir si cette tendance se confirme dans les prochaines élections,
01:23 avec, outre l'Espagne, la Pologne en fin d'année,
01:26 où là c'est tout simplement une bataille entre la droite conservatrice et l'extrême-droite.
01:30 Et la dernière, ce sont les élections européennes de 2024,
01:33 où on attend une montée des populistes et de l'extrême-droite.
01:36 Il y a plusieurs hypothèses.
01:42 Est-ce que c'est la conséquence des crises successives,
01:44 à la fois la pandémie, la crise de l'énergie, la crise inflationniste,
01:47 et le fait que les électeurs recherchent de la stabilité, de la structure,
01:51 des leaders qui rassurent, qui sont vus comme des managers pragmatiques ?
01:54 Ça, c'est la thèse de la droite conservatrice, notamment du Parti Populaire Européen.
01:59 Quand on interroge les partis d'extrême-droite et de droite nationaliste,
02:02 ils disent que leur thèse se confirme,
02:04 à savoir que c'est en fait la grande montée des souverainistes.
02:06 Eux ne se définissent pas selon le clivage gauche-droite.
02:09 Ils disent que les gens veulent être protégés,
02:11 veulent qu'on protège leur identité, qu'on les protège de l'insécurité.
02:14 Et ils disent qu'ils sont en train de gagner la bataille idéologique,
02:17 parce qu'ils constatent qu'ils arrivent à attirer les autres parties sur leur terrain.
02:21 En fait, ils forcent les partis à se positionner par rapport à leurs propositions.
02:24 Et ce que les experts constatent, c'est aussi que la frontière entre la droite et l'extrême-droite
02:28 devient moins facile à distinguer, parce qu'il y a des alliances sur certains projets,
02:32 que la droite devient de plus en plus radicale sur l'immigration,
02:35 et que l'extrême-droite essaye d'être moins extrême sur sa position anti-européenne.
02:41 Ce qu'il faut d'abord souligner, c'est que ce n'est pas parce que certains partis de droite
02:49 demandent qu'ils prennent ces voix à la gauche,
02:51 il y a aussi beaucoup de redistribution entre les parties de droite.
02:54 Sur la gauche, le diagnostic que font leurs opposants,
02:57 c'est qu'en fait la gauche se serait trop radicalisée vers l'extrême-gauche
03:01 et vers une écologie assez extrême, c'est ce que disent leurs opposants.
03:06 La gauche ne s'attaque plus aux problèmes du quotidien,
03:08 qu'elle a choisi des combats symboliques, comme la lutte contre les 4-4,
03:12 alors qu'elle devrait plus parler, par exemple, de pouvoir d'achat dans les communes rurales.
03:16 Les politistes soulignent aussi que la gauche est très divisée depuis un an
03:20 sur la question de l'invasion russe en Ukraine,
03:22 parce que beaucoup de courants de gauche ont une tradition anti-OTAN, anti-militariste.
03:27 Souvent, en fait, ils ont voté contre des mesures de soutien à l'Ukraine.
03:30 Et la gauche, historiquement, était aussi assez divisée sur la question de l'Europe.
03:35 D'ailleurs, récemment, des cadres du PS ont dit que si la gauche voulait réussir
03:39 aux élections européennes de 2024,
03:41 elle devait arrêter de s'enfermer dans la critique du passé
03:44 et adopter une vision beaucoup plus positive de l'Europe.
03:47 [Musique]

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