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Damien Thévenot et Maya Lauqué reçoivent le comédien François Vincentelli actuellement sur scène pour la pièce « La maitresse de mon fils ». 

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Transcription
00:00 - La salle invité culture de Télématin, Damien, vous recevez le comédien François Vincent Telly.
00:05 - Un comédien qui retrouve les planches, celles du Palais des Glaces à Paris dans "La maîtresse de mon fils"
00:10 aux côtés de la délicieuse Camille Lavabre.
00:12 Bonjour François. - Bonjour.
00:14 - Bienvenue. - Merci.
00:15 - Merci d'être là en direct parce que vous étiez sur scène évidemment hier soir. - Hier soir.
00:19 - Du coup, quand on sort de scène, la petite parenthèse, on sent le retard, non ?
00:21 - Bah oui, il y a de l'adrénaline, donc forcément, je me suis couché un peu tard.
00:26 - Donc ça a commencé François le 25 mai, c'est tout récent. Est-ce que vous êtes rassuré ?
00:31 Parce qu'il paraît que quand on répète, c'est une comédie romantique, quand on répète, on ne sait pas où seront les rires.
00:36 Est-ce que c'est ça ? - Comme c'est une comédie, on attend toujours.
00:38 Comme on répète pendant plusieurs semaines, on se demande à la fin si c'est drôle parce que toutes les vannes qu'on a faites...
00:44 - Vous les connaissez par cœur. - On les connaît par cœur, on se dit "Est-ce que c'est vraiment drôle ?"
00:46 Et donc on attend vraiment le dernier partenaire qui est le public pour savoir si ça fonctionne et on a été rassuré, ça fonctionne.
00:52 - J'ai vu cette pièce, c'est vraiment original, c'est drôle, c'est touchant, c'est romantique.
00:56 L'histoire, la maîtresse et votre fils. Votre fils, c'est Dimitri qui a 8 ans.
01:00 On vous convoque pour vous dire quoi ? Réponse dans cette bande-annonce. Regardez.
01:04 - Je vous écoute. - Dimitri semble très porté sur la chose.
01:10 - Je ne comprends pas.
01:11 - Vous êtes complètement déformé professionnellement, mademoiselle Rivale.
01:16 Bientôt, vous verrez une paire de seins dans la manière dont il fait un trou dans sa purée pour y mettre sa sauce.
01:20 - Je suis obligée de vous poser la question. Est-ce qu'à la maison, Dimitri aurait pu être exposé à des images à caractère sexuel ?
01:27 - Oui. Tous les mercredis soirs, c'est notre soirée pizza porno.
01:31 - Cette espèce de petit dévergondé, t'as envie de lui.
01:38 - Si ça marche entre vous, elle pourra l'aider avec les devoirs à la maison.
01:41 - Cette pièce, François Essigny, Alexis Maca, vraiment un talent français.
01:47 On a l'impression qu'on est dans une comédie anglaise ou anglo-saxonne, comme ils savent le faire.
01:52 - Il a vraiment une écriture très particulière.
01:54 C'est d'ailleurs ça que, quand j'ai lu le scénario, je me suis dit que c'est bien écrit.
01:59 C'est des phrases à rallonge avec beaucoup d'adjectifs qualificatifs.
02:02 C'est très agréable à dire. - Et à apprendre.
02:04 - C'est très désagréable à apprendre.
02:06 C'est long parce que c'est très écrit. Il n'y a pas d'impro, c'est à la virgule près.
02:13 C'est un texte, un vrai texte.
02:14 - On a compris que la maîtresse vous convoque.
02:17 Elle trouve que le dessin de votre gamin, c'est censé être une tulipe.
02:20 - Oui, c'est une tulipe. - Et elle voit autre chose.
02:23 Il est de mauvaise foi ou pas ? Parce que lui, il lui dit "non, pas du tout, c'est bien une tulipe".
02:26 Il n'a pas représenté un appendice sexuel.
02:29 - Non, mais je pense que, comme dans l'art contemporain, on y voit ce qu'on a envie d'y voir.
02:33 Ce n'est ni une tulipe, ni l'autre chose.
02:36 C'est juste un dessin d'enfant qui a huit ans.
02:39 Donc, même si c'était l'autre chose, c'est un dessin d'enfant.
02:42 - On ne va pas divulguer, mais on comprend, puisqu'on dit que c'est une comédie romantique.
02:46 Il va y avoir un pas. - Ça commence très mal entre nous et ça finira très bien.
02:49 - C'est exact. François, je vous montre la photo d'un gamin dans les années 70-80.
02:55 Et vous me dites si sur le banc de l'école, il aurait pu être Dimitri.
02:58 - C'est tellement Dimitri. - C'est vrai. Alors, c'est qui ce gamin ?
03:01 - C'est moi. - C'est vous. - C'est moi et j'étais vraiment Dimitri.
03:04 J'étais un gentil petit garçon très fatiguant.
03:07 - C'est-à-dire quoi ? - J'étais ce qu'on appelle aujourd'hui un hyperactif.
03:10 C'est-à-dire qu'on ne mettait pas encore un nom là-dessus.
03:14 Et donc, j'étais vraiment fatiguant. Les professeurs ont beaucoup souffert,
03:18 mais j'étais gentil. J'étais bienveillant et sympathique.
03:22 - Et vous auriez dessiné plutôt une tulipe ou autre chose ?
03:25 - Moi, j'aurais dessiné l'autre chose en disant que c'est une tulipe.
03:27 - Voilà, évidemment. Puisqu'on parle d'école, François, j'ai préparé un petit photomontage.
03:32 Regardez, ça va vous rappeler un épisode de votre vie estudiantine.
03:37 - Ah oui. - Alors, qu'est-ce que vous comprenez dans ce montage ?
03:40 On fait des rébus dans cette émission. - Oui, je comprends bien.
03:42 Quand j'avais 15 ans, j'ai emprunté une jupe à ma sœur pour aller au collège.
03:51 - Donc, vous êtes arrivé au collège en jupe ? - En jupe, oui.
03:54 Je voulais voir la réaction, je voulais voir ce que ça donnait.
03:57 Je me suis fait convoquer dans le bureau de la directrice, qui m'a demandé pourquoi.
04:01 J'ai dit qu'il n'y a aucune raison que les filles puissent mettre des jupes,
04:04 alors qu'elles ont le droit de mettre des pantalons.
04:07 Elle m'a dit « oui, tu as raison, mais s'il te plaît, enlève-moi tout de suite cette jupe,
04:11 parce que ça pose des problèmes ». Je me suis dit « tiens, c'est marrant ».
04:15 - Il faut affronter le regard des camarades, parce qu'ils ont dû se moquer de vous.
04:18 - Je n'ai jamais eu peur du regard des autres et des camarades.
04:21 - Au contraire, vous le cherchiez ? - Un peu, quand même.
04:24 Non, mais j'aimais bien justement choquer gentiment.
04:28 - Bousculer. - Bousculer, avec des vrais arguments.
04:31 Je parlais sans le savoir de sexisme. Il n'y a aucune raison qu'un homme ne puisse pas mettre des hauts talons et une jupe,
04:36 et être heureux. - Et vous l'avez fait, vous aviez 15 ans.
04:40 - On va évoquer quand même votre carrière de comédien.
04:44 Quand vous êtes là, à cette époque-là, vous pensez déjà au cinéma ou pas du tout ?
04:48 Vous rêvez de cinéma ou c'est un peu plus tard ?
04:51 - Je suis vraiment très immature depuis toujours.
04:54 Déjà, je rêve juste de bien m'amuser au moment présent.
04:58 Je ne pense pas à l'avenir.
05:01 C'est peut-être ça qui m'a sauvé, qui a fait que je ne me suis pas posé de question à savoir si on pouvait vivre de ce métier.
05:06 Et je réussis à en vivre maintenant parce que...
05:09 - Eh bien, oui, si, vous êtes quand même sollicité. - Oui, ça se passe bien.
05:12 - Bien évidemment. Je vous montre l'affiche d'un film qui s'appelle "L'Animal".
05:15 - Ah oui. - Claude Zidi. Regardez, regardez "Le Grand Soiré de François".
05:18 C'est quoi ? C'est une Madeleine de Proust pour vous ?
05:20 - Ah bah oui, c'est le cinéma de la Toison d'Or à Bruxelles, où je vais pour la première fois au cinéma avec mon père.
05:25 - Il sort en 1977, ce film. - Voilà. Donc j'ai cinq, six ans.
05:30 Et je me rappelle très bien m'être dit que c'est extraordinaire, ce type Jean-Paul Belmondo.
05:35 - Aldo Machionne. - Aldo Machionne.
05:38 Cette scène mythique où Belmondo souffle le sucre glace à la figure d'Aldo Machionne.
05:44 Et je tombe de mon siège de rire en me disant, mais voilà, voilà une perspective de vie qui est intéressante.
05:51 C'est-à-dire gagner sa vie en faisant le con.
05:53 - C'est vrai. - D'ailleurs, le terme des comédiens, vous dites "je vais jouer".
05:56 - Je vais jouer, comme un enfant. - Ce soir, vous dites à vos enfants "je vais jouer".
05:59 - C'est quand même extraordinaire de continuer à jouer. - C'est dingue. Privilège, hein ?
06:02 - Ouais, ouais. Tous les jours, je me rends compte que j'ai beaucoup de chance.
06:05 - François, vous avez remporté en 2019 le Molière du meilleur comédien pour "Le Canard à l'orange".
06:09 Ça a changé quoi ? Vous êtes plus cher maintenant ?
06:11 - Non, pas du tout. Non, non, ça n'a rien changé du tout.
06:14 - Ah si, quand même, je bosse. - Non, je vous assure, ça n'a rien changé,
06:17 si ce n'est que je me suis senti... - Reconnu par vos pères ?
06:20 - Ouais, voilà, exactement, reconnu par mes pères, puisque c'est un prix de camaraderie,
06:23 il ne faut pas se mentir. - Regardez la bonne tête de vainqueur
06:26 que vous avez sur la photo. - Oui, oui, j'arrive.
06:29 C'est comme le 100 mètres, c'est-à-dire que j'avais les cheveux teints pour un film.
06:32 Je n'ai pas blanchi d'un coup. Le 100 mètres, on peut...
06:36 Là, il y a des gens qui courent plus vite que d'autres.
06:38 Mais l'art, on ne peut pas juger l'art. Il n'y a pas un meilleur comédien,
06:41 un moins bon comédien. C'est juste qu'on a...
06:44 - Cette photo, regardez, c'est qui à vos côtés ? - C'est Alice Dufour.
06:47 - C'est votre compagne. - Oui, c'est ma compagne.
06:49 - La maman de votre petite Colette. - De Colette.
06:52 - Je trouve que, vous allez nous raconter en quelques secondes,
06:54 la rencontre avec Alice, votre compagne, c'est un scénario de film, François.
06:58 - Oui. - En deux mots, vous nous racontez.
07:01 - Je suis invité au Crazy Horse. Il faut savoir qu'au Crazy Horse,
07:05 toutes les filles sont des clones, elles ont des perruques,
07:08 elles sont habillées de lumière, elles se ressemblent toutes,
07:11 elles sont sublimes, c'est la femme sublimée.
07:14 J'étais avec un ami et quand j'ai vu Alice sur scène, alors qu'elles sont 13...
07:20 - Vous n'avez vu qu'elle. - Je l'ai vue et j'ai dit "je suis amoureux".
07:23 Il m'a dit "mais arrête, arrête, on est tous amoureux".
07:26 Et j'ai dit "non, non, je suis vraiment amoureux".
07:28 Et là, j'ai galéré, parce que j'ai vraiment essayé de la retrouver,
07:31 c'était compliqué parce que les filles du Crazy Horse sont très surveillées,
07:34 enfin, surveillées, protégées, c'est normal.
07:36 Donc j'ai réussi...
07:38 - Vous arrivez à la rencontrer, avec le coup du taxi en amont ?
07:41 - Oui. - C'est comme ça que j'adore.
07:43 - Je vais la chercher, donc au bout de quelques semaines,
07:45 finalement elle accepte un rendez-vous, on va à une avant-première,
07:48 et donc je vais la chercher en taxi, elle rentre dans le taxi en tirant la tête,
07:52 en me disant "est-ce que tu te rends bien compte que tu m'as vue nue,
07:56 c'est pas normal comme rencontre, c'est pas bien".
07:59 Et je dis "je comprends". Et donc j'ai fait ça dans le taxi.
08:01 - Vous vous êtes déshabillé dans le taxi ?
08:02 - Non, j'ai fait juste ça, elle a dit "je vais me déshabiller,
08:04 comme ça tu vas me voir nue".
08:05 Et là elle a ri et je me suis dit "bon".
08:07 Et là la glace a été un peu brisée, puis je l'ai séduite,
08:09 et puis ça s'est bien passé, c'était il y a 13 ans.
08:11 - Et c'est magnifique, j'adore.
08:13 Eh, il faut refaire un film.
08:14 - Ah, si, une belle comédie romantique.
08:16 - Allez-y.
08:17 - Ah non, je suis pour réalisateur, mais c'est un conseil que je vous donne.
08:20 Alors je vous rappelle qu'on vous retrouve au Palais des Glaces à Paris,
08:22 dans cette pièce qui s'appelle "La maîtresse de mon fils".

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