Léopoldine, la première impératrice du Brésil
Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous emmène à Rio de Janeiro, à la rencontre de la première impératrice du Brésil. Le 5 novembre 1817, Marie-Léopoldine d’Autriche (1797-1826) accoste au Brésil après un long voyage. Mariée à Pierre de Bragance (1798-1834), elle assiste bientôt à la proclamation d’indépendance de son pays d’adoption.
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Transcript
00:00 Dans l'intimité de l'histoire.
00:02 - Et aujourd'hui Clémentine, on reste au Brésil avec vous,
00:05 puisque, et avec celle surtout qui a quitté son Autriche natale pour rejoindre Rio de Janeiro,
00:10 au bout de deux mois donc, en épousant l'empereur du Brésil, Pedro Ier,
00:15 Léopoldine d'Autriche, devenue impératrice du Brésil.
00:18 - Non mais là je vois qu'il soupirait Jean-Luc,
00:21 mais vous saviez que Marie-Louise, que c'est sa sœur qui est devenue la première impératrice du Brésil ?
00:26 - Non mais vous énervez pas, moi c'est Pedro Ier qui vient pire premier, je trouvais ça joli.
00:32 - Avant le frappe prononcé par Stéphane qui a un parfait accent brésilien.
00:35 Alors oui, cette Léopoldine, une jeune fille douce, timide, pleine de charme, pleine de talent.
00:41 Elle parlait plusieurs langues et ça lui sera très utile,
00:45 cette capacité à apprendre les langues en allant au Brésil,
00:48 elle est passionnée par les sciences naturelles,
00:50 bon, elle a toujours passé sa vie confortablement à la cour d'Autriche,
00:54 et puis là on lui dit "bah écoute ma cocotte, maintenant tu vas épouser Don Pedro,
00:57 prince héritier du Royaume-Uni du Portugal et du Brésil,
01:00 donc mariage par procuration".
01:03 Elle ne voit de lui qu'un portrait.
01:05 Et elle doit faire ensuite ses adieux à l'Autriche pour toujours et partir pour le Brésil.
01:11 Pourquoi le Brésil et non pas le Portugal ?
01:13 Parce qu'elle épouse bien l'héritier de Don João...
01:16 Alors comment on dit ? João ? - Don João Seix.
01:18 - Oh oui, Don João Seix, bon ok, je vais avoir du mal là.
01:23 Il est roi du Portugal et du Brésil, c'est le père de son futur mari si vous voulez.
01:27 Mais en fait il a dû se réfugier au Brésil, pourquoi ?
01:31 Parce que c'est les troupes napoléoniennes qui ont envahi le Portugal avec Juno,
01:35 donc le roi a dû partir, et il est parti au Brésil.
01:38 - Mais après il rentre. - Après il va rentrer.
01:40 En tout cas elle, elle fait ses deux mois de bateau,
01:43 et son bateau entre dans la rate de Rio le 5 novembre 1817.
01:48 Elle est fascinée par le paysage de son futur royaume,
01:51 qui ne le serait pas en découvrant le Brésil.
01:54 C'est d'une beauté, c'est au-delà de tout ce qu'elle a pu lire pendant sa traversée.
01:58 Puis surtout, elle est très très bien reçue.
02:01 La famille royale au grand complet vient lui souhaiter la bienvenue,
02:05 et surtout, enfin, enfin, elle voit quand même à quoi ressemble son mari.
02:09 Grand, mince, le visage bronzé... - Il était pas mal.
02:12 - Il était pas mal. Alors il était un peu marqué par la petite vérole,
02:16 mais à l'époque c'était assez... - Tout le monde.
02:18 - Non mais c'est vrai, on n'est pas déstabilisé par ça,
02:21 la plupart des gens ont la peau grêlée, hélas.
02:24 Mais enfin, lui il est pas très ébloui par Léopoldine,
02:26 bon elle a de jolis yeux bleus, mais enfin elle a les traits un petit peu lourds.
02:29 Et puis surtout à l'époque, il avait des amours avec une petite danseuse française,
02:34 dont il était très très... - C'est une petite indienne.
02:37 - Oui c'est ça, il aimait bien les femmes.
02:39 Alors là son père a dû envoyer la jolie française à Récif,
02:42 parce que la fiancée arrive, c'est pas tout ça,
02:45 enfin l'heure est pas à la gaudriole.
02:47 Et le lendemain, Léopoldine, vêtue d'une somptueuse robe blanche brodée d'argent et d'or,
02:53 prend place sur une galère à 100 rames,
02:56 qui accoste devant l'arsenal de la marine où un arc de triomphe a été construit pour l'accueillir.
03:01 Tous les navires ancrés dans le port de Rio,
03:04 toutes les batteries des forts tirent des salles en son honneur,
03:08 et les habitants acclament leur future souveraine.
03:11 À la nuit tombante, les jeunes époux gagnent le château de São Cristóvão,
03:15 São Cristóvão ? - São Cristóvão.
03:17 - Oui, je sais pas faire. - Qui a cramé il n'y a pas longtemps.
03:19 - Et c'est un beau château construit sur un plateau face à la mer,
03:23 et désormais c'est là que Léopoldine va habiter.
03:25 Son beau-père a fait les choses vraiment bien,
03:28 parce qu'il a commandé en France des meubles de chez Jacob,
03:31 donc elle est meublée vraiment dans le style tout à fait impérial.
03:36 Il a fait placer un buste de l'empereur d'Autriche,
03:38 donc son papa, dans sa chambre, c'est quand même gentil comme attention.
03:42 Et puis il lui a fait remettre aussi un album
03:45 qui contient des portraits de tous les membres de la famille
03:48 qu'elle vient de quitter en Autriche,
03:49 donc vraiment c'est quand même un beau-père très attentionné.
03:52 - Donc elle soit pas trop nostalgique. - Voilà exactement.
03:54 Alors le problème c'est que si vous voulez, il vaut mieux que la belle-famille soit gentille,
03:57 parce que le mari est quand même très très très difficile.
04:01 Il est extrêmement colérique,
04:03 il a de temps en temps des attaques d'épilepsie.
04:07 Bon, côté prince charmant, Léopoldine elle déchante un petit peu,
04:10 mais enfin, il lui fait quand même assez confiance
04:12 pour lorsqu'il s'absente, lui laisser la régence.
04:15 Donc il sait qu'il peut s'appuyer sur elle,
04:17 et c'est important parce qu'à l'époque,
04:19 il y a eu une forte agitation politique,
04:20 non seulement au Portugal, ce qui fait que...
04:23 Alors elle est redite "Don Jao"...
04:25 - Don Jean VI. - Voilà, bon, Don Jao...
04:28 - Don Jean VI. - Non mais j'y arrive pas.
04:31 - C'est Jean en cause. - Bon alors Jean VI, Jean VI.
04:34 Il est obligé de retourner...
04:35 - Ça va être pas l'Assez de Paris maintenant.
04:37 - Il est obligé de retourner au Portugal,
04:40 parce qu'il y a de l'agitation politique,
04:42 et puis c'est pareil au Brésil.
04:44 Une jinte réclame la création d'un État indépendant du Brésil,
04:47 et d'une monarchie constitutionnelle.
04:49 Et Léopoldine, elle commence quand même à avoir une petite influence,
04:53 elle écrit à son mari "Le fruit est mûr, cueillez-le,
04:56 autrement il pourrira".
04:58 Donc elle, elle le pousse à dire "Allez, vous envoyez bouler votre papa,
05:02 et puis vous proclamez l'indépendance du Brésil".
05:05 Et c'est ce que va faire,
05:06 c'est... Don Pedro, il proclame l'indépendance du Brésil,
05:09 le 1er décembre 1822,
05:12 il se fait couronner empereur du Brésil,
05:14 avec ses côtés Léopoldine,
05:16 qui est présente à toutes les cérémonies qui marquent la naissance du nouvel État,
05:20 bénédiction du nouveau drapeau vert et or,
05:22 ouverture des cortèses du Brésil, les chambres législatives.
05:27 Donc vous voyez, sur le plan politique,
05:29 il y a une très grande entente dans ce ménage,
05:32 mais dans l'alcove, c'est pas exactement la même chose,
05:34 parce que oui, Don Pedro est un sacré coureur,
05:36 donc il y a eu la petite danseuse française Noemi Thierry,
05:39 mais il lui a fait un enfant,
05:40 puis alors maintenant, s'en est une nouvelle qui s'appelle Domitilla de Castro,
05:43 qui lui donne plusieurs enfants,
05:45 il la comble d'honneur,
05:46 il lui donne le titre de marquise de Santos,
05:49 il la fait nommer dame d'honneur de Léopoldine,
05:52 alors là, la pilule est quand même amère,
05:54 parce que, autrement dit, vous avez compris,
05:57 il donne sa propre maîtresse,
05:59 à qui il a fait différents gosses,
06:01 comme dame d'honneur à sa femme,
06:03 bon, c'est difficile à avaler.
06:05 Il a sa première fille qui s'appelle Bella,
06:08 qu'il a avec cette maîtresse,
06:10 il la titre duchesse de Goyas,
06:12 et elle est officiellement présentée à Léopoldine,
06:14 qui doit trouver que tout ça est très normal.
06:16 Donc, de ce point de vue-là,
06:18 disons que l'histoire de couple est plutôt agitée,
06:21 mais en même temps,
06:22 même jusque dans ses derniers moments,
06:24 jusqu'à sa mort,
06:25 jamais Léopoldine ne cessera de l'appeler "mon Pedro adoré",
06:29 alors qu'il l'avait quand même copieusement, copieusement trompée.
06:33 Et, mais manque de pot pour la maîtresse,
06:35 à la mort de Léopoldine,
06:37 il ne va pas l'épouser,
06:38 il va épouser une certaine Amélie de Leuchtenberg.
06:41 Pourquoi je vous raconte ça ?
06:43 Parce que qui est Amélie de Leuchtenberg ?
06:46 Lui, c'est sa par-coeur, bientôt, bien sûr, à Magau !
06:49 Eh ben, c'est une petite fille de Joséphine de Boarnet.
06:53 C'est donc une petite fille de Joséphine de Boarnet,
06:57 impératrice des Français,
06:59 qui a succédé sur le trône du Brésil
07:02 à la sœur de Marie-Louise,
07:04 autre impératrice des Français.
07:06 Extraordinaire ironie du sort,
07:09 mais enfin c'est bien le souvenir de l'aimable Léopoldine
07:12 qui plane encore aujourd'hui sur le palais de São Cristóvão,
07:16 car les Brésiliens voient en elle la princesse européenne
07:19 qui sut épouser la cause de l'indépendance du Brésil.