Vendredi 2 juin 2023, BE SMART reçoit Benjamin Gaignault (cofondateur, Ornikar)
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00:00 On va parler du permis de conduire avec Benjamin Gueniot. Bonjour. Bonjour. Vous êtes le cofondateur d'Ornica, plateforme d'apprentissage de la conduite en ligne, fondée en 2013. Alors dix ans déjà.
00:16 Et oui, dix ans que Ornica a été lancée. Plutôt sept ans d'activité parce que trois premières années dédiées exclusivement au procès et au blocage administratif.
00:24 Mais effectivement, on a soufflé notre nos dix bougies cette année. Mais si on revient dix ans en arrière, avant qu'on se dise où est-ce qu'on en est aujourd'hui,
00:33 de cette digitalisation du permis de conduire. Quel était l'état du marché quand vous vous êtes lancé? Le marché n'était absolument pas digitalisé.
00:42 Le marché était détenu à 100 % par les autocolles traditionnels avec qui, effectivement, on pouvait apprendre un peu son code de la route sur Internet.
00:50 Mais c'était très pauvre. On allait surtout encore dans une salle d'auto-école plus ou moins bien décorée. Et la conduite, c'était encore très, très dans le local d'auto-école.
01:03 On allait réserver sur un planning papier des cours de conduite, etc. Et donc, vraiment, le constat quand nous, on s'est lancé en 2013, c'est qu'il n'y avait absolument pas
01:13 une once de digitalisation dans ce marché, alors que 80 % des clients étaient quasiment nés avec un smartphone, en tout cas avec Internet. Et donc, effectivement,
01:22 une espèce de choc quand on a vu ça. Et pour un entrepreneur, une opportunité évidente. Mais vous étiez très, très jeune. J'avais 24 ans. Et à 24 ans, vous avez dit
01:33 on va disrupter un marché. Exactement. On s'est dit bah en fait, moi, je voulais monter une boîte, mon associé aussi. Et en fait, on a vu une opportunité.
01:40 L'examen du permis de conduire, c'est l'examen le plus passé en France et l'examen le plus passé dans le monde. C'est vrai ? Oui, devant tout autre examen. Et en plus, c'était
01:48 beaucoup trop cher en France. Les gens y consacraient en moyenne 2 000 €. Donc, 2 000 € x 1 million de candidats, ça fait un marché de 2 milliards d'euros.
01:55 Et qui était très mal répondu parce que les statistiques à l'époque, il y avait un taux d'insatisfaction d'environ 82 %. Les gens n'étaient pas contents du service qu'ils avaient
02:05 dans l'école. Et donc là, un gros marché pas bien adressé pour être honnête. Évidemment, la définition d'une opportunité pour un entrepreneur. Alors, vous l'avez
02:14 dit rapidement, ça fait 10 ans que vous existez, mais ça fait 7 ans que vous êtes en activité parce que les 3 premières années, vous avez dû faire face à une bronca
02:22 de ce secteur qui voulait pas finalement être disrupté, si on peut le dire comme ça. Pire que ça. Qui voulait pas innover. À la limite, se faire disrupter. On peut comprendre
02:32 que les gens n'ont pas envie de se faire disrupter. Moi, aujourd'hui, qui suis acteur leader sur le marché, j'ai pas envie de me faire disrupter par des jeunes. C'est normal.
02:39 C'est humain. En revanche, essayer de bloquer l'innovation pour éviter de se faire disrupter, ça, c'était beaucoup plus gênant. Il aurait fallu qu'ils innovent beaucoup
02:48 plus vite, qu'ils accélèrent eux-mêmes leur digitalisation. Et au lieu de ça, ils ont préféré consacrer leurs quelques euros à payer des avocats pour nous mettre
02:56 10, 15, 23 procès aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est aussi notre 23e procès. Est-ce que vous avez toujours des procès, là, actuellement ? On a toujours des procès qui sont en cours.
03:05 Mais en fait, le problème, c'est que c'est une profession réglementée et que les syndicats doivent justifier des cotisations de leurs adhérents. Et donc, ils ont toujours
03:12 un procès en cours pour dire "Regardez, on se bat encore contre ce méchant acteur qui est ornicard", etc. Et donc, c'est plus une justification d'une action assez molle
03:23 des syndicats de la profession plutôt que des vraies revendications fondées sur quelque chose de sensé. Donc oui, aujourd'hui, il y a eu beaucoup, beaucoup de procès
03:31 durant cours. On a bien fait marcher la justice. Néanmoins, il n'y a plus aucun risque de notre côté. Le modèle est acté. Aujourd'hui, ornicard, il y a un jeune sur deux en France
03:40 en 2022 et donc un peu plus en 2023 qui passe au moins le code ou la conduite via la plateforme ornicard. Donc, on est devenu un acteur incontournable parce qu'on a réduit
03:52 considérablement les prix de la formation et notre expérience utilisateur est la plus nickel possible. En tout cas, c'est le jour et la nuit avec ce qui est proposé par les acteurs
04:02 traditionnels. Et vos relations avec les acteurs traditionnels, 10 ans après, elles ne sont pas un peu pacifiées quand même ? Elles sont un peu moins présentes. On ne va pas encore en week-end ensemble.
04:13 Mais ce qui est vrai, c'est que maintenant, on a plutôt un procès par an quand avant, on en avait 4, 5. Donc voilà, aujourd'hui, je pense qu'on est dans le décor. Les auto-écoles ont compris
04:26 que la suite ne pourrait pas se passer sans ornicard ou sans des acteurs comme ornicard. Moi, ce que j'ai toujours dit, c'est à la limite, c'est ornicard ou pas ornicard. C'est sûr, c'est que ce secteur
04:35 a besoin d'une innovation, d'une révolution digitale. Rien n'a été fait et vous ne bougez pas. Et vous êtes en train de me dire, c'était la première phrase qu'un président de syndicat
04:44 m'a dit quand je l'ai rencontré au tout début en 2013. Il m'a dit « Mais vous n'avez rien compris, l'auto-école et l'Internet, ça n'a rien à voir. » J'ai dit « Mais 80% de votre cible, c'en est avec un smartphone.
04:53 Qu'est-ce que vous racontez ? » Et donc, plus vous êtes convaincu qu'Internet ne peut pas améliorer l'expérience utilisateur et la qualité de la formation, plus c'est une opportunité pour nous.
05:03 Et pendant ces 3 ans-là, juste pour en finir avec les débuts d'Ornicard, il n'y a aucun moment où vous vous êtes dit « C'est bon, je lâche l'affaire ? »
05:10 On est toujours tenté de lâcher l'affaire parce qu'effectivement, à 24 ans, quand on reçoit la première assignation à comparer des 6 syndicats de la profession,
05:18 12 mois de prison ferme par fondateur, 50 000 euros d'amende, l'interdiction de monter une société pendant 5 ans sur le territoire français, votre premier réflexe, c'est d'appeler
05:26 votre maman et dire « Je vais peut-être retourner chez mes parents et retrouver un job. » Et en fait, non. Ce qu'il a fallu qu'on se dise, et c'est un peu le job d'un entrepreneur,
05:37 c'est de transformer toutes les mauvaises nouvelles en bonnes nouvelles. Si il y a 6 syndicats, tous les syndicats de la profession, qui se mettent ensemble pour nous attaquer
05:45 alors qu'on n'était rien. Ils nous ont attaqués 3 mois après la création d'Ornica. On n'avait pas de clients, pas de chiffre d'affaires, rien. Et en fait, plus la contre-attaque est forte,
05:55 plus l'opportunité est importante. Et on s'est dit « Si jamais on n'avait pas mis le doigt sur quelque chose d'extrêmement prometteur, on n'aurait pas eu une contre-attaque si véhémente. »
06:06 Et donc c'est la raison pour laquelle on dit « Que cela ne tienne, on y va. » Oui, il y a eu des aléas. Ma femme, ma famille ont subi des sautes d'humeur assez importantes
06:16 pendant 3 ans. Néanmoins, on a bien fait de maintenir les efforts. Et comme la cause était juste et qu'on était dans le sens de l'histoire, ça nous a aidés aussi à dire
06:25 « En fait, ce qu'on fait a du sens et c'est quand même important pour un entrepreneur. » Donc au bout de 3 ans, vous lancez vraiment l'activité d'Ornica.
06:31 Avec d'abord une offre qui se concentre plutôt sur le code. J'imagine que c'est le plus « simple » à digitaliser l'apprentissage du code.
06:38 Effectivement, on commence par lancer notre offre de code de la route. Et puis quelques mois après, on lance la conduite avec des enseignants de la conduite diplômés
06:47 qui sont détenteurs de leur propre véhicule double commande. Et l'histoire finalement décolle en 2016. Enfin décolle, vraiment, on actionne la machine en 2016.
06:56 Et là, vous aviez enfermé pendant 3 ans en cage des lions que vous avez affamés. Le jour où ils ont ouvert les portes en nous donnant les autorisations d'être une auto-école,
07:06 là on a bouffé le marché en l'espace de 8-10 mois. Parce qu'on avait des concurrents qui s'étaient lancés un peu avant nous, parce qu'ils avaient eu leur agrément avant nous.
07:17 Ils se sont créés après nous, mais ils ont eu leur agrément avant nous. Sauf que nous, pendant ces 3 ans, on a charbonné, charbonné, charbonné, charbonné.
07:23 Et le jour où on a donné les autorisations, on a vraiment mangé le marché. On est devenu leader en l'espace de même pas un an.
07:29 Et aujourd'hui, on a continué à avoir une croissance très significative qui nous permet aujourd'hui d'avoir plus d'un jeune sur deux qui passe par un handicap.
07:37 Sur le code, effectivement, j'imagine que c'est très simple pour nos auditeurs et téléspectateurs qui ne vous connaîtraient pas d'imaginer comment ça peut fonctionner.
07:43 Mais quand on parle de digitaliser les cours de conduite, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que c'est juste du "juste", du planning en ligne ou ça va plus loin que ça ?
07:51 Il y a plusieurs choses. C'est de la mise en relation entre un enseignant de la conduite avec un élève. Donc, en fait, on digitalise l'interface physique de l'auto-école.
08:00 Chez Ornicar, vous n'allez plus jamais voir l'auto-école Tarte en Piondre à la rue machin chose. Nous, tout se passe en ligne.
08:06 Vous réservez en ligne, vous retrouvez un point de rendez-vous. L'enseignant, il est mobile, il a une voiture. C'est la définition même de la mobilité.
08:11 Donc, vous pouvez vous retrouver à une adresse donnée. Plus besoin d'aller se donner rendez-vous dans ce local d'auto-école qui n'a aucune valeur ajoutée.
08:18 Donc, c'est vraiment le parcours de l'accès à cette formation qu'on a digitalisé. Évidemment, la formation, c'est toujours un enseignant, un véhicule double commande, un élève.
08:27 Ça, on ne change pas les piliers de cette formation. Nous, l'enseignant, il travaille avec Ornicar, mais il est indépendant.
08:33 Il est à son compte. On s'assure qu'il soit diplômé, mais il est indépendant. Ça a une vertu très forte. C'est que l'enseignant, finalement, est incité à donner le meilleur de lui-même à chaque heure de conduite.
08:42 Parce que l'élève, nous, la définition, c'est la liberté. Il peut changer d'enseignant comme de chemise. Si jamais il n'est pas content, son enseignant, la prestation est la même.
08:50 J'aurais adoré changer d'enseignant quand j'ai passé le permis.
08:53 C'est une demande qui a été tellement forte en disant "mais c'est hyper angoissant si je ne m'entends pas bien avec cet enseignant, je vais faire 30 heures de conduite avec un enseignant,
09:00 j'ai une voiture bloquée, etc. C'est angoissant pour certaines personnes. Et donc, nous, on dit "mais si vous n'êtes pas content avec cet enseignant, vous changez".
09:07 Mais l'enseignant, finalement, il a tout intérêt à prodiguer la meilleure formation et la meilleure pédagogie. Et d'ailleurs, il a un diplôme pour ça.
09:14 Ils sont qualifiés pour faire ça. C'est leur job. Ils le font super bien. Et de temps en temps, il y a juste des gens qui ne s'entendent pas. C'est humain.
09:20 Et une auto-école, en France, en moyenne, c'est 1,4 salariés par auto-école. Donc forcément, compliqué de changer d'enseignant quand c'est le seul enseignant.
09:29 Donc, nous, aujourd'hui, en ICAR, il y a plus de 2 000 enseignants. On élève plus de 2 millions d'heures de conduite chaque année.
09:35 Le réseau est tellement vaste que ça permet une liberté, une flexibilité totale.
09:40 Sur tout le territoire, là, aujourd'hui ?
09:42 Sur tout le territoire. En ICAR, on est pendant à peu près, je dirais, 1 200 communes. Sur 36 000, c'est fictif.
09:49 L'appareil est faible, mais on a des enseignants qui sont mobiles et donc forcément qui couvrent plusieurs communes aussi.
09:55 D'accord. L'incidence sur les prix, quelle est-elle ? Parce que le but, c'était aussi ça. C'était initialement de réduire le coût de ce permis, vous disiez, 2 000 euros, à l'époque ?
10:04 Exactement. En fait, il faut comprendre comment fonctionnait ce système. Ce système, c'est une auto-école demande un agrément auprès de l'administration
10:11 qui lui donne et qui lui donne quelques places de présentation à l'examen pratique, donc l'examen de conduite.
10:16 Et donc, en moyenne, en France, c'est à peu près, allez, 5, 6 places par mois qui sont données par l'administration à l'auto-école.
10:24 Et donc, ça veut dire que l'administration impose à l'auto-école d'avoir un local des frais, des charges, mais limite son nombre de clients à 6 clients par mois.
10:31 Donc, la structure, elle doit faire supporter beaucoup de charges par peu de clients. Et aujourd'hui, nous, en ICA, on a dit OK, on ne veut pas, c'est comme ça qu'on s'est lancés,
10:38 on ne veut pas de ces places d'examen. Gardez vos places d'examen. Nous, on va passer par un autre système, c'est le candidat libre.
10:44 Depuis, les choses ont évolué, mais ça, c'est la création d'en ICA. D'accord. Et ce candidat libre nous a permis de dire, mais nous, on ne va pas avoir 6 élèves par mois,
10:50 on va en avoir 30 000, 40 000, 50 000. Et donc, c'est comme ça qu'on a réussi à vraiment diminuer, finalement, le coût du permis de conduire.
10:56 C'est que nous, on a fait supporter nos charges par 3 000 fois plus de clients qu'une auto-école traditionnelle. Et donc, aujourd'hui, en ICA, c'est 37 % moins cher que le prix moyen constaté sur le marché.
11:09 Avant, on était 50 % moins cher. Le marché a baissé entre 15 et 20 % ses prix depuis le lancement d'en ICA. Donc, aujourd'hui, on a eu un impact sur le prix de la formation au permis de conduire
11:18 parce que depuis le lancement d'en ICA, tout augmente avec l'inflation, sauf le prix de la formation au permis de conduire qui, lui, a baissé depuis ces 10 dernières années.
11:26 Justement, il y a un projet de loi, là, examiné au Parlement en ce moment pour faciliter l'accès au permis de conduire, alors recensement des aides possibles pour le financer, justement,
11:35 recours au CPF dans la même veine aussi, augmentation du nombre d'examinateurs, cours de code dans les lycées. Comment vous regardez ça ?
11:43 Nous, on est évidemment favorable à toute initiative qui permettrait d'améliorer cette formation et l'expérience sur cette formation au permis de conduire. Après, il faut proposer des choses
11:52 qui sont plausibles, faisables. Il faut bien regarder en profondeur quelles sont les problématiques de ce secteur. Qu'est-ce qui fait que le permis coûte cher ?
11:59 C'est qu'entre un échec et un nouveau passage de l'examen pratique du permis de conduire, vous avez en moyenne, en France, 4 mois de délai. Vous devez donc vous former pendant 4 mois
12:11 pour garder le niveau requis pour le jour de l'examen. Donc, vous avez fait vos 20 heures, 25 heures de conduite, vous avez eu un premier examen, vous avez échoué, vous allez
12:18 repasser pendant 4 mois. Pendant 4 mois, vous allez devoir prendre des heures de conduite. En France, en moyenne, c'est 55 euros par heure de conduite.
12:24 Donc, vous allez devoir prendre, je ne sais pas si vous êtes un bon élève, 3-4 heures de conduite pour garder le niveau requis toutes les semaines jusqu'à la nouvelle date d'examen.
12:33 Et donc, le problème... 3-4 heures de conduite par semaine jusqu'au nouvel examen ? Jusqu'au nouvel examen. A 55 euros de l'heure ? Exactement.
12:39 C'est ça qui fait que le prix du permis de conduire est extrêmement cher aujourd'hui. Donc, si on veut réduire le prix du permis de conduire drastiquement,
12:45 comme l'a annoncé le président de la République il y a maintenant quelques mois, il faut réduire drastiquement les délais. Il faut pouvoir passer son examen du permis de conduire
12:53 la semaine suivante suite à un échec. Déjà, ça diminuerait le stress de l'élève le jour de l'examen. Et deuxièmement, ça diminuerait considérablement la facture du prix
13:02 de la formation du permis de conduire. Les aides, c'est bien. Le PCO dans le lycée, les programmes sont déjà... Alors, ce serait en dehors des heures de cours, si j'ai bien compris.
13:09 Oui, oui. Mais bon, enfin, c'est un vœu pieux. Néanmoins, ça me paraît compliqué. On avait discuté à l'époque avec l'Éducation nationale, etc. Bon.
13:17 C'est un très bel effet d'annonce. Est-ce que c'est vraiment possible de le mettre en place ? Je ne sais pas. En tout cas, ça aura un prix infime.
13:23 Le code de la route chez Hornicar, c'est 99 centimes d'euros par mois. Donc, c'est pas ce qui coûte cher dans un permis qui coûte en moyenne 1 000 euros.
13:30 Parce qu'en général, on a besoin de se former pendant 3 mois. Donc, on parle de moins de 3 euros. Moi, je veux bien qu'on mette ça dans les lycées.
13:35 Je suis pas certain que ça ait un incident significatif sur le prix de la formation du permis de conduire. En revanche, si vous divisez par 2 le nombre de mois
13:43 d'attente entre un échec et un passage, là, le prix va drastiquement baisser. Mais ce délai, il est peut-être lié aussi au fait qu'on manque d'examinateurs
13:50 et que donc, à un moment, il faut mettre un truc un peu incompréhensible parce que sinon, de toute façon, la liste... Et c'est pour ça que la mesure qui compte,
13:57 c'est les examinateurs. Ce délai ne dépend que des examinateurs. Il faut plus d'examinateurs, qu'ils soient des agents de la fonction publique,
14:04 que ça soit externalisé. À la limite, peu importe. C'est pas le sujet. Il faut aujourd'hui... Il y a 1 200, 1 300 inspecteurs qui sont actifs sur le territoire national.
14:12 Il faudrait qu'il y en ait quasiment 30 % de plus si on voulait vraiment réduire drastiquement le coût du permis de conduire.
14:18 – Vous êtes présent aujourd'hui sur le marché français. Des ambitions à l'international ? Parce que j'imagine que c'est quelque chose que vous pourriez dupliquer,
14:24 à moins que des offres comme la vôtre n'existent peut-être déjà ailleurs.
14:28 – Alors, il a fallu faire un choix. Nos ambitions, elles se sont portées sur la France, mais sur un autre secteur d'activité, l'assurance auto.
14:34 Et aujourd'hui, Hornicar... – Compliqué le marché de l'assurance ?
14:38 – Il est compliqué, ça dépend pour qui. Aujourd'hui, quand vous avez une donnée que personne n'a, à savoir la donnée sur le jeune conducteur.
14:46 Le problème d'un assureur, il faut comprendre, un assureur auto, on va dire traditionnel, il veut assurer des jeunes conducteurs.
14:52 Parce qu'ils seront moins jeunes conducteurs, ils veulent rajeunir leur base, etc. Le problème, c'est qu'ils ne le connaissent pas.
14:57 Un assureur, finalement, définit un prix sur un historique de conduite. Par définition, vous êtes jeune conducteur, vous n'avez pas d'historique de conduite.
15:03 Donc l'assureur face aux jeunes, il est finalement complètement démuni. Je ne sais pas quel prix te proposer, parce que je ne te connais pas,
15:09 et je n'ai aucune donnée sur ton bonus, ton malus, etc. Donc, je suis complètement aveugle, dans bénéfice du doute, je vais te matraquer en tarif.
15:17 Et des assureurs traditionnels, le prix moyen d'une prime d'assurance chez un assureur traditionnel pour un jeune conducteur, c'est 2000 euros par an en moyenne.
15:24 Et il est là, le vrai problème. Nous, on arrive, parce qu'il y a une seule personne sur le marché qui connaît le jeune conducteur, c'est son auto-école.
15:31 Nous, on l'a formé au code, on l'a formé à la conduite. Donc on connaît très bien quel type de conducteur est Kevin, Pierre, Martine, peu importe.
15:40 Et donc nous, on va lui proposer des prix adaptés, parce qu'on sait quel type de conducteur c'est.
15:45 Ça veut dire que, par exemple, vous allez pénaliser quelqu'un qui aurait raté son permis ou qui aurait eu...
15:51 Non, parce qu'un échec à un permis, ce n'est pas forcément un problème. Effectivement, quelqu'un qui a eu des comportements inappropriés, qui a fait du bachotage, etc.,
15:57 il sera moins mis en avant sur le pricing de l'assurance. Nous, aujourd'hui, c'est notre pari. C'est-à-dire, OK, nous, on s'adresse à tout le monde pour l'assurance auto,
16:06 mais vraiment, notre effort, il est sur le jeune conducteur ayant reçu une formation hors NICAR.
16:12 On est tellement confiants dans la qualité pédagogique de notre formation qu'aujourd'hui, nous, on peut proposer des tarifs beaucoup moins chers en assurance auto
16:19 à des jeunes conducteurs qui se sont formés par hors NICAR.
16:22 Vous avez dû vous associer à un assureur traditionnel pour développer vos offres ?
16:24 Bien sûr. Un assureur traditionnel, puis à des réassureurs. On a dû monter tout un écosystème pour pouvoir proposer une offre d'assurance auto à des jeunes conducteurs.
16:33 Il faut savoir que vous arrivez sur ce marché de l'assurance auto et vous dites "je vais faire de l'assurance auto", c'est quasiment le pire risque, l'assurance auto.
16:39 En plus, pire, on va faire que le jeune conducteur, principalement le jeune conducteur.
16:43 Évidemment, vous êtes reçu quasiment avec une boite de baseball.
16:47 C'est bon, vous avez une certaine habitude maintenant.
16:50 Maintenant, nous, on sait convaincre. Notre modèle est vraiment différenciant parce que nous, on connaît les jeunes conducteurs.
16:57 Et c'est notre asset particulier qui fait qu'on a un avantage concurrentiel à se battre contre des gros assureurs pour qui le jeune conducteur est une boite noire.
17:06 Et nous, on le connaît parfaitement.
17:07 Benjamin, je vous ai présenté comme cofondateur d'Ornicar. Vous avez laissé il y a quelques mois déjà votre poste de CEO. Pourquoi vous avez laissé ce poste ?
17:16 Car j'ai toujours fait une promesse aux salariés d'Ornicar, aux investisseurs d'Ornicar, c'est que je mettrai toujours l'intérêt d'Ornicar avant tout le reste.
17:24 Avec Flavien, mon cofondateur, on a fait un travail très intense qui a plutôt bien marché.
17:33 Et l'été dernier, j'ai commencé à avoir des questions. Est-ce que je suis la bonne personne au bon endroit, au bon moment ?
17:39 Je prends mon ego, comme toute personne a une part d'ego importante, je le mets de côté et je prends la meilleure décision dans l'intérêt unique de l'organisation.
17:47 Et après cinq mois de collaboration avec une personne qui nous avait rejoint pour gérer la practice assurance, notamment, quelqu'un qui s'appelle Philippe Mazot-Higuel-Rivet,
17:55 qui nous a rejoint, et après cinq mois de collaboration, j'ai dit que cette personne va plus vite que moi, est plus experte que moi, a plus de courage managérial,
18:03 finalement cette personne est plus adaptée pour diriger Ornicar.
18:07 Et donc je suis parti voir l'ensemble des actionnaires, mon associé, etc.
18:11 Et j'ai dit écoutez, moi je pense qu'en CEO d'Ornicar, je n'ai plus vraiment ma place.
18:15 M'accrocher à ce poste, ce serait une démonstration d'ego assez inutile et assez stérile.
18:20 Et donc pour le bien d'Ornicar, il faut que quelqu'un d'autre dirige cette boîte pour l'emmener aux étapes d'après.
18:26 Et donc ça a été un petit travail sur moi-même, puis après, d'échange avec l'ensemble des actionnaires d'Ornicar.
18:32 Et puis on a finalement tous décidé que c'était une bonne idée de confier les rênes de cette boîte à ce dirigeant chevronné qui est Philippe.
18:42 Et donc ça, ça a été officialisé en décembre, janvier de l'année dernière.
18:47 Vous continuez néanmoins à être à l'intérieur de la boîte.
18:50 C'est pas facile de garder un pied dedans tout en n'étant plus à la tête de votre bébé en fait.
18:55 Alors moi, j'ai jamais considéré ma boîte comme un bébé.
18:57 C'est un outil de travail, etc.
18:59 J'ai des enfants et je fais la part des choses.
19:02 Ma vie privée, ma vie personnelle est toujours plus importante que ma vie professionnelle.
19:05 C'est ma façon d'être et ma façon de voir les choses.
19:08 En revanche, aujourd'hui, il y a encore des sujets où je peux aider Ornicar.
19:12 Et donc partout où Ornicar a besoin de moi, je suis corps veilleuble à merci.
19:16 Et donc j'accompagne beaucoup Philippe dans son rôle de CEO sur des sujets de communication,
19:22 sur des sujets stratégiques, sur des sujets de financement.
19:24 Je mets à contribution tout ce que j'ai appris, tout le réseau que je me suis créé ces dix dernières années
19:29 avec un seul objectif, faire d'Ornicar une décacorne dans les prochaines années.
19:37 Évidemment en France, mais également à l'international.
19:40 Parce que notre objectif, c'est bien de dépasser nos frontières d'ici un an.
19:43 Pourquoi pas avec des stratégies de croissance externe.
19:47 Là aussi, pour répondre à cette ambition internationale,
19:50 il valait mieux confier ça à Philippe qui lui a travaillé en Angleterre pendant plusieurs années.
19:56 Alors que moi, je suis un bérichon français, franco-français et certainement moins adapté à une boîte internationale.
20:03 J'ai entendu un jour Pauline Légnot, la fondatrice de Gemio, dire sur le plateau de Stéphane Soumier
20:10 que le plus dur dans l'entreprenariat c'est l'humain.
20:13 Est-ce que c'est un constat que vous partagez ? J'aime bien avoir l'avis des entrepreneurs sur ce sujet.
20:17 C'est évidemment le plus dur et c'est là où je suis le plus mauvais.
20:20 Je suis très mauvais manager et je n'aime pas ça.
20:23 Parce que c'est tellement pas facile à anticiper les réactions humaines, etc.
20:31 Et que de temps en temps, on s'en trahit.
20:33 C'est nous qui avons l'impression de trahir les gens en disant
20:36 "Mon rôle c'est de mettre les bonnes personnes au bon endroit au bon moment."
20:39 Tu n'es plus cette bonne personne au bon endroit au bon moment.
20:42 Pourtant tu as tellement apporté à Hornicar.
20:44 Mais là aujourd'hui, comme moi mon mandat c'est de ne penser qu'à l'intérêt d'Hornicar,
20:48 je vais être obligé de te demander de partir.
20:50 Alors que sans toi, Hornicar ne serait jamais là aujourd'hui.
20:53 Et ça, c'est certainement les pires épreuves qu'un chef d'entreprise a traversées.
20:58 Néanmoins, vous êtes là dans l'intérêt de la boîte.
21:00 Si vous ne faites pas ça, vous pénalisez tous les autres salariés
21:03 parce que cette personne finalement vient à ralentir la croissance de la boîte.
21:07 Donc l'humain est terrible, très difficile à gérer.
21:11 Et moi, avec toute la lâcheté qui m'incarne,
21:17 j'ai préféré filer ce rôle de manager à mon associé historique.
21:22 Et c'est lui qui avait beaucoup le management des équipes.
21:24 Parce qu'il faut savoir ce qu'on aime faire, ce qu'on veut faire, et là où on est bon.
21:28 Et je sais que je ne suis pas quelqu'un de très patient.
21:31 Je ne suis pas quelqu'un qui a beaucoup de tact.
21:33 Et donc il a fallu que finalement on s'arrange avec mon associé en disant
21:37 "il vaut mieux que ce soit toi qui gère l'humain dans la boîte parce que moi je serais très mauvais".
21:42 On l'a dit, vous avez lâché votre poste de CEO, mais vous avez fondé une autre boîte ?
21:48 Oui, je pense que la nature a horreur du vide.
21:51 Et donc en laissant à Philippe ma place de CEO,
21:57 forcément même si je continue à beaucoup accompagner Hornicar,
22:00 ça ne m'occupe plus à plein temps.
22:02 Et c'est la raison pour laquelle moi ce que j'aime, c'est créer des boîtes, c'est lancer des boîtes.
22:07 Comme je suis moins à l'aise avec l'humain,
22:09 moins il y a d'humains, plus je suis à l'aise.
22:12 Assez logiquement.
22:14 Et donc moi ce que j'aime c'est lancer des boîtes, c'est révolutionner des marchés, c'est créer des marques.
22:18 Et donc très rapidement, après cette passation de ma place de CEO d'Hornicar,
22:23 j'ai créé avec deux associés une nouvelle boîte qui s'appelle Scarlett.
22:27 Alors qu'Hornicar, je me suis battu pendant 10 ans sur le pouvoir d'achat des personnes de moins de 25 ans,
22:32 avec Scarlett on s'adresse au pouvoir d'achat des personnes de plus de 60 ans,
22:35 avec tout ce qui est viagés, démembrements, trouver de la liquidité bloquée dans leurs actifs immobiliers,
22:41 on va lancer aussi de l'assurance santé.
22:43 Donc un secteur complètement différent.
22:45 Et moi aujourd'hui, finalement je navigue entre ces deux boîtes.
22:50 Ça me passionne.
22:52 Il y en a une où c'est très stratégique Hornicar, accompagnement stratégique de Philippe, etc.
22:56 Et puis il y en a une où j'ai les mains dedans, et puis je fais tout moi-même, etc.
23:00 Et ça fait du bien à l'ego aussi de revenir dans une boîte où on n'est que 7 aujourd'hui.
23:05 Et donc il faut tout faire soi-même.
23:07 Et je pense que c'est une belle leçon.
23:09 Et ça me plaît énormément.
23:11 Cet équilibre entre ces deux boîtes me plaît énormément.
23:14 Merci beaucoup Benjamin Gagneux. Je rappelle que vous êtes le co-fondateur d'Hornicar.