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"On a encore quelques ruses dans notre chapeau, qu'on va essayer de sortir", prévient François Ruffin, jeudi 1er juin sur franceinfo, au lendemain de la suppression en commission, à l'Assemblée, de l'article-clé de la proposition de loi portée par le groupe indépendant Liot visant à abroger la retraite à 64 ans.

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Transcription
00:00 Il y a eu un conflit électrique hier, mais c'est fait.
00:02 Les députés ont rejeté en commission l'article qui prévoyait d'abroger la réforme des retraites.
00:06 Vous étiez présent lors de ce vote.
00:08 Est-ce que vous dites ce matin "la bataille est désormais perdue" ?
00:10 Non, pas du tout.
00:12 Ce que je dis, c'est qu'ils ne veulent pas de vote.
00:14 Ils ne veulent pas de vote dans l'hémicycle.
00:16 Ils ne veulent pas de vote à l'Assemblée nationale sur le report de l'âge légal à 64 ans.
00:20 Ils font tout pour éviter un vote.
00:22 Et toutes les combines, toutes les magouilles sont bonnes pour y parvenir.
00:24 Une ministre avait dit "nous ferons tout pour que le débat n'ait pas lieu".
00:29 Ils font tout aujourd'hui pour que ce vote n'ait pas lieu.
00:32 Et donc avec des trucs…
00:34 Je n'ai pas envie qu'on rentre dans les détails de la guérilla parlementaire
00:36 parce que personne n'y comprend rien.
00:38 Mais enfin, quand même, une espèce de mercato chez les députés pendant la nuit
00:41 pour qui siègera en commission des affaires sociales du côté des Républicains
00:44 pour être sûr que les esprits libres, qui pourraient parler en leur inconscience,
00:48 votaient tranquillement, soient écartés et qu'on mette plutôt…
00:53 On va prendre du vocabulaire footballistique toujours,
00:57 puisque je vais parler de bande-touche, plutôt les bourrins sur le terrain.
01:00 – Ce n'est pas un peu ce que vous aviez fait dans le passé ?
01:02 Jouer la montre, jouer l'obstruction parlementaire ?
01:04 Ça n'est jamais arrivé aux Insoumis ?
01:06 – Ce n'est pas le souci.
01:08 Là, aujourd'hui, est-ce que…
01:10 Regardons, Monsieur Souvel, la gravité de la situation pour moi.
01:14 On a une mesure décidée par le Président de la République
01:18 qui, dans la durée, voit tous les syndicats réunis contre cette mesure,
01:22 voit des millions de Français dans la rue,
01:24 voit 4/5 des salariés dire non.
01:27 Donc voilà une forme de démocratie populaire dont on s'éloigne.
01:30 Et même la démocratie représentative,
01:32 on ne veut pas passer par le canal de la démocratie représentative
01:36 et entendre ce que les députés vont avoir à dire.
01:38 – Mais vous considérez que la bataille n'est pas perdue à l'Assemblée nationale ?
01:41 Qu'elle peut encore se gagner là ?
01:42 – Il y a encore des épisodes, vous savez,
01:44 on a encore quelques russes dans notre chapeau qu'on va essayer de sortir.
01:46 – Mais quels ?
01:47 – Je ne vais pas vous en détailler, c'est le principe de la ruse quand même.
01:50 Charles de Courson, quand même, il a un certain savoir-faire,
01:52 une certaine pratique en la matière, on va encore tenter des choses.
01:55 Maintenant il est évident que les armes sont du côté du pouvoir.
01:57 Ce que je voudrais dire, c'est le rapport du pouvoir à ses contre-pouvoirs,
02:02 qui me paraît aujourd'hui très très problématique,
02:06 mais surtout là sur l'Assemblée nationale,
02:08 sur le président de la commission des finances.
02:10 Mais quand vous faites une liste, vous avez quand le président
02:13 du conseil d'orientation des retraites dit non,
02:15 il n'y a pas de dérapage en matière de retraite,
02:17 il y a comme un espèce de rappel à l'ordre de Macron
02:19 qui dit que c'est à cause de lui, à cause du corps,
02:22 qu'il y aurait eu une mauvaise compréhension de cette réforme.
02:24 Quand la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté
02:26 dit que dans le mouvement des retraites,
02:28 il y a des garde-à-vue à des fins répressives,
02:30 Darmanin estime qu'elle excède ses compétences.
02:33 Quand la défenseure des droits propose d'expérimenter
02:35 l'arrêt du contrôle d'identité à certains endroits,
02:38 Macron lui répond qu'elle a franchi les limites de l'imbécilité.
02:41 On pourrait continuer avec SRS Racisme,
02:43 que Sarah El Haïry renvoie dos à dos avec le Rassemblement national
02:47 parce qu'ils disent un truc sur lequel elle n'est pas d'accord.
02:49 L'UFC que choisir ?
02:50 Vous dites quoi là du coup ?
02:52 Je dis que Macronie veut les pleins pouvoirs
02:55 et qu'au fond quand il y a une espèce de contre-pouvoir qui surgit,
02:58 les contre-pouvoirs les plus institutionnels,
03:00 l'Assemblée nationale en l'occurrence,
03:02 mais aussi j'ai parlé de contrôleurs généraux des lieux de liberté.
03:05 Et là le gouvernement vous dit "on use juste la Constitution,
03:08 tout ce qu'on fait est légal".
03:09 Vous savez très bien que je ne mets pas en cause la légalité de tout ça.
03:13 Vous voyez très bien la légitimité de tout ça,
03:15 qu'elle est très gravement endommagée.
03:17 Moi, qu'est-ce qui se passe pour le pays ?
03:20 Je le disais hier en commission des affaires sociales,
03:22 ils font du mal au travail et aux travailleurs, c'est une chose.
03:26 Mais aujourd'hui, ils font du mal au pays,
03:28 ils font très profondément du mal à la démocratie.
03:30 Si c'est ça la démocratie,
03:32 vous croyez que les gens vont y être attachés dans la durée ?
03:34 Mais non, ils vont se détacher de ça.
03:36 Ce ne sont plus nos histoires,
03:38 ils se débrouillent là-haut,
03:39 voilà ce qui est en train de se passer.
03:41 Je viens avec une proposition.
03:42 Déjà, c'est la conclusion qu'aurait dû en tirer Emmanuel Macron
03:45 lors de la crise des Gilets jaunes.
03:47 Il aurait dû trouver le chemin de la réparation.
03:50 Quelle est cette proposition ?
03:51 C'est quelque chose qui était partout.
03:53 Le référendum d'initiative citoyenne.
03:55 Le référendum d'initiative citoyenne.
03:57 Eh bien oui, quand il y a 700 000, 1 million de personnes
04:00 qui signent une pétition qui disent "nous voulons un référendum".
04:02 Le Conseil constitutionnel a tranché.
04:04 Sur quoi ?
04:05 Sur le référendum.
04:06 Vous parlez du RIP.
04:07 Ah pardon, du RIP.
04:08 Référendum d'initiative partagée.
04:09 Moi je dis, il nous faut maintenant, dans la Constitution,
04:12 un référendum d'initiative citoyenne
04:14 qui permette que les citoyens ne se sentent pas décrochés,
04:17 détachés, éloignés de la chose publique,
04:19 mais qu'au contraire, ils puissent se la réapproprier.
04:21 Et là, je vous dis, il y a une fracture.
04:24 Normalement, Macron nous avait promis 100 jours d'apaisement.
04:27 Est-ce que vous croyez qu'empêcher les députés de se prononcer
04:30 sur une réforme auxquelles les trois quarts des Français sont opposés,
04:34 ça contribue à un apaisement ?
04:35 Non, c'est la marque de la brutalité.
04:37 Une brutalité, alors que, vues les conditions de son élection,
04:41 il aurait dû tout faire pour réparer les fractures de la société.
04:44 Et à la place, il produit encore davantage de divisions.

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