Écoutez l'interview du président du Rassemblement national.
Regardez L'invité de RTL du 31 mai 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bigaud, vous recevez ce matin le président du Rassemblement National
00:12 Jordane Bardella.
00:14 Jordane Bardella, Elisabeth Borne a livré ce week-end une violente charge contre le RN. "Je ne crois pas du tout à la normalisation
00:20 du Rassemblement National", dit la première ministre qui ajoute
00:23 "Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes". Alors maintenant le Rassemblement National y met les formes
00:30 "mais je continue" dit-elle "à penser que c'est une idéologie dangereuse".
00:33 "Oui, le RN est l'héritier de Pétain", conclut Elisabeth Borne qui ajoute "un changement de nom ne change pas les idées et les racines".
00:40 Que lui répondez-vous ce matin sur RTL, Jordane Bardella ?
00:43 Je pense que quand on est premier ministre de la République française, on ne se comporte pas comme un chef de gang.
00:47 Je pense que ces propos sont pitoyables, qu'ils sont extrêmement graves.
00:51 Quand on est premier ministre de la République française, on ne manipule pas l'histoire de France
00:56 pour salir un parti politique et des électeurs.
01:01 Oui, attendez, on parlera factuellement après si vous voulez. Qui a rassemblé 42% des français lors de la dernière élection présidentielle ?
01:07 Et moi je n'accepte pas de voir ma famille politique être salie de cette manière. Donc je demande à la première ministre de s'excuser parce
01:14 que ses propos ont choqué beaucoup de français, à tel point que le président de la République a été amené à la recadrer.
01:20 On va revenir sur ce recadrage dans un tout petit instant. Je disais, c'est pas
01:24 factuellement complètement faux. Je suis pas là pour faire l'avocate de qui que ce soit.
01:27 Mais héritier, quand on regarde dans le dictionnaire, ça veut dire
01:30 successeur. Qui succède à ? Or le RN, on est d'accord, a succédé au Front National,
01:35 pardonnez-moi, et parmi les fondateurs du FN, on trouve Jean-Marie Le Pen,
01:40 Pierre Bousquet, ancien va-faire SS qui dépose à l'époque les statuts partis. Il y a aussi François Brignot qui lui a été condamné pour
01:46 collaboration avec les nazis. On est factuellement,
01:49 historiquement, dans l'héritage de Pétain. - Madame, je suis le président du RN, je suis né en
01:55 1995. Donc je veux bien, si vous voulez, qu'on refasse l'histoire en permanence.
01:59 Mais si on l'a fait, il faut être complet dans notre vision de l'histoire. Et je me permets de vous rappeler qu'il y avait à la
02:04 création du Front National, précisément en 1972, des gens qui étaient dans la Résistance.
02:09 Notamment M. Bidot, qui a été précisément le successeur, si on reprend la définition. - Mais ça aussi, factuellement, c'est vrai.
02:14 - Historique, oui, mais il faut le dire aussi, de Jean Moulin, à la tête du Conseil National de la Résistance.
02:19 L'histoire est complexe. Et si on la rappelle pour notre mouvement et notre famille politique,
02:24 alors il faut la rappeler pour toutes les familles politiques. Et il faut rappeler que Madame Borne a été pendant très longtemps au Parti Socialiste.
02:29 Et que le Parti Socialiste a fait élire un président de la République, M. Mitterrand, qui a reçu des mains du maréchal Pétain,
02:35 la francisque, c'est-à-dire la plus haute distinction du régime de Vichy. Et que M. Mitterrand a été un compagnon de route d'un des administrateurs du régime
02:42 de Vichy, M. Bousquet. Est-ce que, pour autant, ça m'autorise à dire que
02:45 Madame Borne est l'héritière
02:48 de M. Pétain ? Non. En revanche, elle est l'héritière d'une bêtise. Et je trouve que ses propos illustrent non seulement
02:54 sa méconnaissance de l'histoire, mais surtout une pauvreté intellectuelle,
02:58 et probablement la volonté de salire des millions de Français qui sont des patriotes sincères et qui votent pour le rassemblement national.
03:05 Parce que ce mouvement représente un histoire pour des millions de Français. Mais allons sur le fond, c'est quoi qui est dangereux ?
03:09 - Donc vous n'êtes pas à la tête d'un parti héritier de Pétain ?
03:11 - Non seulement je ne suis pas à la tête d'un parti héritier de Pétain, mais je considère que la France était à Londres en
03:16 1940, aux côtés du général de Gaulle.
03:18 - Ses propos, vous le disiez, ont valu à Elisabeth Borne un recadrage hier en Conseil des ministres. Emmanuel Macron appelle le gouvernement à
03:23 décrédibiliser le RN par le fond. "On ne combat pas le parti de Marine Le Pen avec des mots des années
03:29 90", a-t-il dit.
03:31 Vous dites quoi ? Bravo, monsieur le Président.
03:33 - Non mais écoutez, Madame Borne parle d'une idéologie dangereuse.
03:37 Moi j'aimerais qu'on aille au bout de ça. De la même manière que quand on qualifie notre mouvement politique de formation d'extrême droite,
03:43 j'aimerais qu'on me dise aujourd'hui qu'est-ce qui dans le projet, dans le programme, dans la vision du Rassemblement National, dans l'espoir que nous portons
03:49 pour les Français, serait apparenté à l'extrême droite.
03:52 - Elle doit démissionner, Elisabeth Borne.
03:54 - Non mais attendez, l'extrême droite, ça correspond dans l'histoire à une vision bien précise, ça correspond au rejet du
03:58 parlementarisme, ça correspond à l'éloge de la violence, de la discrimination.
04:01 C'est précisément l'exact contraire de ce que représente aujourd'hui mon mouvement politique.
04:06 Et il faut aller au bout des choses. Quand on parle d'idéologie dangereuse, on parle de quoi ? Est-ce que
04:10 de contrôler l'immigration, c'est une idéologie dangereuse ? Est-ce que d'abaisser les taxes, par exemple, sur l'énergie, sur les carburants, c'est de l'idéologie dangereuse ?
04:17 Est-ce que quand on veut restaurer le référendum d'initiative citoyenne,
04:20 instaurer la proportionnelle au législatif, on est dans de l'idéologie dangereuse ? Je pense qu'on est dans du bon sens et que précisément
04:26 ces caricatures et ces insultes sont là pour décrédibiliser
04:29 un mouvement sur lequel il n'y a plus grand chose à redire. Et on voit bien que le gouvernement tourne en rond et n'a plus trop d'arguments
04:35 à opposer aux mesures que nous portons pour les Français.
04:38 On va parler du fond. Dans un tout petit instant, elle doit démissionner, Elisabeth Borne, aujourd'hui ?
04:41 Mais je pense qu'elle n'aurait jamais dû être nommée, si vous voulez. Je pense qu'elle disparaîtra aussi vite qu'elle ait apparu
04:46 dans l'histoire de la Ve République et qu'elle crée aujourd'hui une gêne parce qu'elle s'est donnée 100 jours pour
04:52 insuffler un cap. On voit bien qu'il n'y a aucun cap, il n'y a pas de vision aujourd'hui.
04:56 Et si les 100 jours sont une référence à Napoléon, je vous rappelle que ça s'est fini à Waterloo.
05:00 Venons-en au projet de loi immigration et ses propositions des Républicains. Vous avez dénoncé un copier-coller du programme du RN.
05:07 Ça veut dire que vous voulez valider ces propositions ?
05:09 Écoutez, quand je dis "ah" et que
05:11 M.Marlex dit "ah", je pense que M.Marlex peut prendre sa carte au Rassemblement National parce que précisément ils ont passé la campagne présidentielle
05:17 à expliquer que ce qu'on racontait sur l'immigration, notamment la volonté d'engager un référendum dans notre élection, était faux.
05:23 Donc vous êtes prêt à travailler avec Gérald Damanin qui dit qu'il est prêt à travailler avec les Républicains sur ce texte, non ?
05:28 Non, et avec la cousine de la boulangère de mon oncle. Non, pas du tout.
05:30 Je pense que la situation migratoire aujourd'hui est devenue hors de contrôle.
05:35 Et qu'il y a beaucoup de Français aujourd'hui...
05:37 Il y a des choses, pardon, je vous coupe, mais il y a des choses qui étaient dans le programme de Marine Le Pen, je vais vous laisser, il n'y a pas de soucis, mais
05:43 il y a des choses qui étaient dans le programme de Marine Le Pen qui sont retenues à la fois par les Républicains et par Gérald Damanin.
05:48 Je pense au durcissement des conditions d'attribution des prestations sociales, par exemple.
05:50 Non, mais c'est une loi administrative. Moi je ne vote pas une loi qui propose d'accélérer la régularisation des travailleurs clandestins.
05:55 C'est une loi qui est une petite loi administrative qui ne permettra pas de régler
06:00 l'urgence migratoire devant laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui. Ce gouvernement a passé tous les records aujourd'hui en matière d'immigration.
06:06 Ce bilan c'est quoi ? C'est la situation intenable aujourd'hui à Menton, à la frontière de Menton, qui subit un afflux migratoire où je suis allé.
06:13 C'est la situation intenable à Calais, c'est la situation intenable à la porte de la chapelle, et on est en train de voir aujourd'hui ces situations se
06:19 démultiplier dans l'intégralité du pays. Je pense que la France n'a pas vocation
06:23 à être la patrie de tout le monde, au risque que demain peut-être de ne plus être la patrie de personne. Donc il faut aujourd'hui
06:28 reprendre le contrôle de la politique d'immigration. Nous proposons essentiellement trois mesures. La première mesure c'est de réserver les aides sociales aux familles françaises
06:36 parce que la France n'est pas un guichet social. Or il y a beaucoup de gens aujourd'hui qui viennent dans notre pays avec la volonté de
06:41 bénéficier d'un système de protection sociale français.
06:44 Un immigré qui travaille, qui est en situation régulière et qui respecte nos lois n'y aurait pas droit.
06:47 Il y aura un délai de carence de cinq ans et il faudra avoir cinq ans de temps
06:52 travaillé, de temps complet travaillé sur le territoire français pour bénéficier des aides sociales.
06:57 Le modèle de solidarité nationale appartient au peuple français et je pense que la France n'est pas un hôtel qui a vocation à accueillir
07:03 le monde entier. Deuxièmement, il faut rétablir le délit de clandestinité qui a été supprimé par les socialistes
07:06 en 2012 de manière à pouvoir permettre l'expulsion systématique des délinquants et crimels étrangers.
07:11 Et puis il faut protéger les portes de l'Europe. La réponse à l'immigration qui menace aujourd'hui l'existence même de la civilisation
07:17 européenne, de notre culture, de notre mode de vie, de notre art de vivre est aussi dans le contrôle de
07:24 l'immigration en amont et la possibilité pour Frontex, qui est l'agence de garde frontière européenne, de reconduire, après les avoir sécurisé, les bateaux de migrants
07:31 dans les pays de départ. Moi j'ai vu au poste frontière de Menton où je me suis rendu il y a quelques jours,
07:38 la quasi totalité des gens arrivés et des migrants, qui ne sont pas des migrants, des réfugiés de guerre, ce sont des gens qui viennent
07:43 pour des raisons économiques. Or je pense que la France n'a plus grand chose à leur offrir aujourd'hui.
07:47 Je reviens Jordan Bardella sur la régularisation des travailleurs immigrés dans les métiers en tension. Les français sont pour, à
07:53 28% selon notre dernier baromètre BVA pour RTL et on sait très bien qu'il y a un certain nombre de pans de notre économie,
07:59 je pense aux bâtiments,
08:01 au nettoyage, mais aussi à la restauration,
08:04 qui ne peuvent pas vivre sans ces travailleurs là. Concrètement comment on fait si demain on les expulse ? Vous avez factuellement raison.
08:10 Mais je pense que notre boulot,
08:12 c'est de recréer les conditions de l'attractivité de ces emplois. Or précisément si
08:18 les chefs d'entreprise que nous rencontrons régulièrement ne trouvent pas de main d'oeuvre aujourd'hui dans les métiers de l'hôtellerie, de la restauration et notamment
08:24 dans le bâtiment, c'est parce que les salaires sont trop faibles, parce que le coût du travail est trop important. Et nous nous souhaitons
08:30 baisser les charges aujourd'hui et nous avons proposé une mesure pendant la campagne présidentielle qui a été portée par Marine Le Pen qui permet
08:36 d'augmenter, parce que bien souvent ils ne le peuvent pas à cause des charges, tous les salaires de l'entreprise de 10% avec la contrepartie que
08:42 ces 10% de hausse des salaires soient exonérés de charges. Ça c'est une vraie mesure.
08:47 C'est de l'argent au moins dans les caisses de l'État. C'est un manque à gagner.
08:49 On est quand même dans une situation délicate.
08:51 Non, vous ne vous privez pas de
08:54 recettes qui sont à l'heure où nous nous parlons dans les caisses de l'État. C'est un manque à gagner dans une nouvelle création.
09:00 Mais ces 10% de hausse sont exonérés de cotisations parce que, encore une fois,
09:04 si on ne revalorise pas l'heure de travail aujourd'hui dans une entreprise alors que les salaires sont trop faibles,
09:09 ces métiers ne retrouveront pas une attractivité. Puis aussi la question fondamentale du logement.
09:12 Quand vous êtes aujourd'hui un jeune étudiant qui voulait faire un métier dans l'hôtellerie ou la restauration
09:17 pour le mois de juillet et août, quand vous mettez l'intégralité de votre salaire dans le logement, ça pose la question.
09:23 Il faut aussi que les collectivités s'engagent à la création de logements et à ce que les travailleurs saisonniers puissent être logés.
09:29 Toute dernière question, elle concerne Nadine Moranon. Le journal Le Point disait il y a quelques semaines que vous discutiez avec elle en vue des élections européennes. C'est vrai ?
09:36 Mais moi je ne suis pas sectaire.
09:37 J'ai des discussions avec beaucoup de gens qui sont républicains parce que je pense qu'il y a beaucoup de patriotes sincères dans ce parti.
09:42 Mais elle sera sur les listes du RN pour les européennes ou non ?
09:45 Je ne sais pas en tout cas si Nadine Moranon, comme d'autres d'ailleurs, comme François-Xavier Bellamy par exemple,
09:50 souhaite travailler avec le Rassemblement National.
09:52 Moi je suis ouvert à toute discussion pour une raison très simple, c'est que je suis à la tête d'un mouvement aujourd'hui qui va probablement
09:57 remporter la prochaine élection présidentielle, qui est donnée à un peu plus de 26% d'intentions de vote aux élections européennes
10:02 quand les républicains sont aujourd'hui en voie de disparition.
10:05 Donc j'appelle les amoureux de la France, d'où qu'ils viennent de droite comme de gauche, à venir travailler avec nous et moi j'accueille tout le monde à bras ouverts.
10:11 - Merci.
10:12 [SILENCE]