• l’année dernière
Olivier Morin, père d'une adolescente harcelée, témoigne du harcèlement subi par sa fille et de l'inaction de l'établissement scolaire. Un phénomène devenu un mal prioritaire à combattre pour le gouvernement. Pour Charlotte Caubel, secrétaire d'État chargée de l'Enfance, "les violences entre enfants doivent devenir un enjeu de société, à la hauteur de ce qu'on a fait pour les violences conjugales".

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Transcription
00:00 Depuis le 25 janvier, Liliane est victime de harcèlement à répétition avec des sévices physiques.
00:06 Elle a eu le quatrième et le cinquième orteils écrasés.
00:09 J'ai saisi la direction de l'établissement qui n'a rien fait,
00:14 qui au demeurant a admis que l'enfant qui avait été à l'origine des troubles était bien responsable,
00:20 mais a refusé de me communiquer l'assurance de l'enfant comme on a tous en début d'année.
00:27 De là, j'ai relancé, j'ai demandé à avoir l'assurance, j'ai fait des mails,
00:30 j'ai écrit à l'Education nationale qui bien sûr m'a fait plein de courriers.
00:35 J'ai porté plainte auprès du procureur de la République de Créteil qui a classé sans suite,
00:39 qui visiblement a estimé que les dommages n'étaient pas assez importants.
00:43 J'ai dû envoyer un commissaire de justice au chef d'établissement pour avoir une réponse
00:49 qui à ce jour n'a pas daigné répondre.
00:52 Et ce qui est de plus grave, c'est qu'aujourd'hui...
00:55 - Il y a eu des menaces de mort contre votre fille ?
00:57 - Tout à fait.
00:58 - Mais expliquons d'où c'est parti, parce que je crois comprendre que les harceleuses
01:03 étaient des anciennes amies de votre fille.
01:05 - Tout à fait. En fait, pour des raisons, parce que j'attends une procédure en justice,
01:10 donc je ne vais pas donner de prénom, ça ne donnera rien.
01:13 Ces petites filles venaient de la Haute-Vienne et donc ma fille s'était pris,
01:19 on va dire d'amitié parce qu'elle n'avait pas d'amis, elle n'avait rien.
01:22 Et donc Liliane s'est attachée à elle et en fait, Liliane devait toujours donner les devoirs,
01:28 donner les leçons, donner les réponses pendant les interrogations,
01:32 jusqu'au jour où Liliane est arrivée à la maison et m'a dit "papa, la note a été divisée par deux".
01:37 Et je lui ai dit "ça, ce n'est pas possible", parce que tu comprends qu'elle a toujours donné les notes.
01:40 À un moment, quand on va arriver à la fin du trimestre,
01:44 on ne va pas savoir si tu as des bonnes notes ou...
01:45 - Il y a une explication à cela ?
01:47 - Voilà. Eh bien en fait, il fallait qu'elle donne les choses parce que sinon,
01:50 on ne te parlera plus des menaces, du chantage.
01:53 Et donc ça a perduré ainsi et j'ai dit à Liliane "tu ne peux pas continuer,
01:57 parce qu'à la fin de l'année, les professeurs ne vont pas savoir si tu as des difficultés ou tu ne travailles pas".
02:02 Et puis un jour, Liliane sortait de cours avec une de ses camarades
02:06 et elle est passée devant la maman des harceleuses en question
02:09 et n'aurait soi-disant pas dit bonjour à la maman.
02:11 Et donc tout ça, ça a entraîné encore du venin.
02:14 Et à partir de là, deux autres camarades sont venus harceler à Naël,
02:19 euh Liliane pardon, et à partir de là, c'est devenu compliqué.
02:23 - Alors harcèlement via notamment les réseaux sociaux, vidéos TikTok contre elle.
02:28 - C'est ça. Et du coup, des vidéos mais...
02:33 - Quels types de vidéos ?
02:35 - Haineuses et jusqu'à harcèlement pour mettre la vie de Liliane en danger.
02:42 - Elle a crui votre fille ?
02:43 - Oui.
02:44 - De quelle manière ?
02:46 - Problèmes alimentaires, problèmes de sommeil et puis compliqué quoi.
02:51 - Elle a eu les orteils écrasés, expliquez-nous dans quelles circonstances ?
02:54 - Circonstances en sport.
02:55 Une de ses harceleuses, Liliane, est venue lui écraser les orteils
02:58 en lui disant "j'espère que je t'ai pas fait mal".
03:00 Et Liliane a refusé de venir nous le dire
03:03 et je me suis rendu compte le soir qu'elle avait du mal à marcher
03:06 et donc on a dû lui passer des radios.
03:08 Elle a été en dispense de sport pendant un certain nombre de jours
03:12 et au bout d'une dizaine de jours, j'ai dû l'emmener chez un chirurgien
03:14 pour voir ce qu'il en était.
03:16 Donc à tel, etc.
03:17 - Vous allez donc voir le responsable de l'établissement,
03:20 lui raconter tout ce qui se passe.
03:22 - C'est ça.
03:22 - Et là, quelle est la réponse ?
03:24 - La réponse c'est "oui, je me suis étonné que depuis une semaine,
03:27 elle avait des béquilles".
03:28 Alors je lui ai fait état et on a fait des échanges de mails.
03:32 Vous voyez, j'ai tout un tas de dossiers.
03:35 - Donc il y a des réponses quand même ?
03:36 - Oui, il y a des réponses mais ça n'est pas fait.
03:38 - Mais est-ce que les parents, par exemple, des harceleuses ont été convoqués ?
03:41 - À ma connaissance, non.
03:43 J'avais fait venir la maman à la maison pour essayer d'avoir un échange.
03:46 - Pour comprendre, oui.
03:47 - Essayer de comprendre mais on en est resté là.
03:49 - Et la maman, elle ne se rendait pas compte de ce que vous pouvez faire ?
03:51 - Non, parce qu'elle pense que ses filles ont une bonne éducation,
03:53 ce que je respecte.
03:55 Mais moi, c'est...
03:55 - Comme souvent, les parents des harceleurs ont du mal à imaginer
03:58 que leur progéniture puisse mal se comporter.
04:00 - Mais moi, ce que je déplore, messieurs, c'est qu'aujourd'hui,
04:04 je pense que quand on est parent raisonnable et raisonné,
04:07 la confiance ne dispense pas du contrôle.
04:09 C'est-à-dire qu'on doit peut-être aller voir un peu
04:11 ce qui se passe sur les portables de nos enfants.
04:13 - Mais ça va loin parce que vous écrivez à l'académie,
04:15 vous avez même écrit au ministre d'Armenie,
04:17 vous avez déposé plainte et en fait, à chaque fois, ça ne bouge pas.
04:20 - Rien ne se passe.
04:21 - Alors qu'on est plutôt en ce moment dans une volonté des pouvoirs publics
04:24 de mettre ce sujet du harcèlement scolaire en avant.
04:27 - Il y a eu un suicide malheureusement il y a quelques jours.
04:29 - Alors là, j'ai encore écrit, vous voyez, le 4 avril,
04:31 j'ai le ministère, si vous permettez que je lise un extrait de la réponse.
04:36 Donc, monsieur le ministre de l'Éducation nationale,
04:39 en portant plainte, vous avez adopté la démarche la plus appropriée
04:42 à votre situation et contribué en pleine protection de votre fille.
04:45 Aussi, je tiens à saluer la détermination et le courage
04:48 dont vous avez fait preuve en sollicitant les services de la police.
04:53 Par ailleurs, sachez que le harcèlement scolaire est puni
04:56 par la loi 2299 du 2 mars 2022,
04:59 qui crée le délit de harcèlement scolaire dans le Code pénal français.
05:03 Il complète les mesures déjà mises en œuvre par le gouvernement
05:06 pour lutter contre le harcèlement.
05:08 C'est joliment dit. Et entre-temps, je reçois un avis de classement
05:12 en me disant, donc je tairai les noms des enfants,
05:15 qu'a été reclassé en discrimination ou exploitation de personnes vulnérables.
05:19 Les faits dénoncés ou révélés dans le cadre de cette procédure
05:22 ne sont pas punis par le texte pénal.
05:25 - Donc, circuler, il n'y a rien à voir.
05:26 - Circuler, il n'y a rien à voir.
05:27 - Mais à aucun moment, la direction de l'établissement n'a convoqué tout le monde ?
05:30 - Non, du tout.

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