David : «Le métier n’est pas valorisé, le recrutement se fait à la base du Smic»

  • l’année dernière
Le secrétaire du syndicat pénitentiaire Surveillants Toulouse, David, était invité dans 90 Minutes info week-end, ce dimanche 28 mai, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur l’agression d’un de ses confrères : «Le métier n’est pas valorisé, le recrutement se fait à la base du Smic».
Transcript
00:00 On peut dire que oui, on a de plus en plus de cas psychiatriques,
00:03 ça commence à être…
00:05 oui, ça commence à être plus psychiatrique qu'une prison,
00:08 donc oui, c'est de plus en plus violent,
00:10 et puis ce que l'on voit à l'extérieur, la violence qu'il y a à l'extérieur,
00:13 elle est remise également à l'intérieur,
00:16 la prison c'est une micro-société de l'associé,
00:17 donc ça reflète un petit peu ce qui se passe de nos jours à l'extérieur,
00:22 mais de plus en plus, on peut faire un comparatif
00:24 avec ce qui s'est passé avec l'infirmière qui a été agressée récemment,
00:29 c'est une scène violente du quotidien des surveillants,
00:32 c'est ce que vous êtes en train de nous dire David,
00:34 c'est-à-dire que régulièrement, peut-être même quotidiennement,
00:37 les surveillants sont agressés ainsi par les prisonniers ?
00:41 En fait, là c'est vraiment une tentative de meurtre,
00:44 ça a passé un cap, ils ne sont pas bêtes,
00:48 ils voient de plus en plus qu'il y a de moins en moins de monde à les prisons,
00:51 de moins en moins de surveillants,
00:52 le métier n'attire pas puisqu'il n'est pas valorisé,
00:55 et financièrement, et par son emploi,
00:59 quand on voit que le recrutement est fait à la base du SMIC,
01:03 avec une prime de risque certes,
01:04 mais la base du SMIC, le personnel est indigné de ça,
01:10 on nous parle d'une réforme catégorie B qu'on ne voit pas encore le jour,
01:15 et que le gouvernement ne veut pas discuter avec l'ensemble des syndicats,
01:21 qu'il se contente juste d'un petit syndicat, enfin d'un syndicat en gros.
01:25 Pour expliquer tout cela, est-ce que c'est aussi la question de la surpopulation carcérale,
01:29 puisque on sait qu'avec un rapport alarmant récemment,
01:32 l'état des centres de détention en France est en aide à aggravation,
01:35 avec cette surpopulation qui a atteint des chiffres records,
01:38 on parle de 73 000 détenus, est-ce que c'est la problématique principale ?
01:44 Moi je peux vous dire qu'à Seyss, déjà il y a un surveillant par étage,
01:47 et à un étage il y a entre 120 et 130, voire 140 détenus pour un surveillant.
01:53 Donc comme vous voyez à l'extérieur, quand vous voyez une patrouille de police
01:56 ou une patrouille de gendarmerie, ils ne sont jamais seuls,
01:58 ils sont toujours à deux ou à trois,
01:59 nous ce que nous propose l'administration c'est une caméra,
02:01 alors certes ça permet de voir ce qui se passe à côté,
02:05 mais est-ce que réellement une vidéo-protection peut aider un surveillant à se défendre ?
02:13 Comme vous voyez sur le cas, s'il n'y avait pas eu une alerte
02:16 et la venue rapide d'un gens qui était dans le secteur,
02:20 je pense qu'à ce jour-là on serait en train de voir notre collègue,
02:27 en fait on ne le verrait plus, tout simplement, il serait plus dans ce monde certainement.
02:30 Oui, il s'est vu mourir en tout cas, il est très choqué.
02:33 Les solutions donc, ce sont des moyens supplémentaires,
02:36 c'est ce que vous demandez, mais c'est une problématique entre la surpopulation
02:40 et le fait que le métier de surveillant ne plaise pas comme vous l'avez dit,
02:44 on a du mal à trouver une véritable solution David.
02:50 Certes c'est vrai, mais comme tout,
02:52 moi quand je suis rentré dans ce métier il y a pratiquement 25 ans,
02:56 le salaire était attractif,
03:02 là comme je vous dis, quelqu'un qui veut rentrer dans ce métier-là,
03:05 il touche le SMIC, heureusement qu'il y a une prime de risque,
03:08 et vous voyez le risque que ça peut amener, ça peut amener à la mort d'un collègue.
03:10 Là on était à deux doigts, le collègue a été très choqué,
03:15 moi je ne l'ai vu même pas deux minutes après ce qu'il s'est passé, ça choque.
03:22 Et puis ça nous remet un petit peu, je ne sais pas comment dire,
03:26 mais ça nous remet un peu le goût de la vie, je ne sais pas comment expliquer.
03:33 Oui, avec une réalité effectivement qui est assez dure à encaisser,
03:36 je le comprends, pour la profession et pour vos collègues.
03:38 Merci pour votre témoignage David.
03:40 [Musique]
03:44 [SILENCE]

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