Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Allez, on passe à l'invité du 6/9 et on détaille ce matin, Théo, ce miracle de la science.
00:05 On a commencé à vous en parler dans le journal tout à l'heure.
00:07 Des chercheurs grenoblois du CEA et des chercheurs suisses ont permis à un patient paraplégique de remarcher.
00:13 Et l'un des scientifiques qui a participé au projet est avec nous.
00:17 Bonjour Guillaume Charvet. Bonjour, bonjour.
00:18 Merci d'être avec nous. Vous êtes donc responsable du programme Cerveau Machine au CEA.
00:23 Expliquez-nous d'abord cette prouesse.
00:25 Vous avez permis à un patient néerlandais qui avait perdu l'usage de ses jambes il y a 12 ans de remarcher.
00:31 Comment vous en êtes arrivé là ?
00:33 Alors effectivement, pour la première fois, nous avons pu faire remarcher un patient paraplégique,
00:37 ce patient néerlandais, simplement à partir de son contrôle cérébral
00:42 et lui permettant ainsi d'avoir un contrôle plus naturel de ses pas.
00:45 Donc il avait des petites puces, des électrodes dans le crâne.
00:48 C'est ça. Le principe était en fait de recréer ce lien entre le cerveau et la molybdenère,
00:54 un lien qui a été rompu suite à un accident ayant entraîné en fait une section incomplète de sa moelle épinière.
01:00 Alors pour ça, comme vous l'avez dit, dans le cadre d'une collaboration entre les équipes grenobloises du CEA
01:05 et les équipes suisses de l'EPFL, nous avons développé une technologie unique.
01:09 Cette technologie est constituée en particulier d'un implant, un dispositif implantable
01:14 qui a été développé par le CEA qui permet d'enregistrer l'activité électrique à la surface du cerveau.
01:19 Ces données sont ensuite transférées de manière sans fil vers un ordinateur
01:24 qui va les décoder grâce à des algorithmes basés sur des algorithmes d'intelligence artificielle.
01:31 Et ensuite, ces intentions de mouvement de jambe du patient qui sont décodées
01:37 sont à ce moment-là converties en séquences de stimulation qui est appliquée au niveau de la moelle épinière
01:43 et permettant ainsi de réactiver les muscles des jambes du patient selon sa propre volonté.
01:49 Et lui permettant de marcher de différentes manières, petits pas, grands pas, etc.
01:53 Il a quelle marche de manœuvre ?
01:54 Alors effectivement, la particularité de ce contrôle cérébral, c'est que ça lui permet d'avoir un contrôle plus naturel de sa marche
02:01 puisque non seulement il peut activer le mouvement de ses pas,
02:05 donc par exemple quand il pense à lever la jambe droite ou la jambe gauche,
02:09 mais également en plus il peut activer, il peut contrôler la hauteur de ses pas.
02:13 Et alors ça, ça a un intérêt, c'est que grâce à ça, ça lui a permis d'évoluer sur des terrains plus complexes.
02:20 Monter des escaliers ?
02:21 Voilà, aller en extérieur, marcher sur des terrains un peu plus compliqués que simplement une surface plane,
02:26 monter une rampe, monter des escaliers ou marcher même avec des béquilles,
02:32 ce qui était impossible pour lui auparavant.
02:34 J'imagine que c'est l'aboutissement d'années de recherche ? Combien ?
02:38 Alors oui, effectivement, que ce soit du côté du CEA Clinatech,
02:42 ça fait plus de 15 ans qu'on travaille sur le développement de cette technologie d'interface cerveau-machine,
02:46 basée en particulier sur cet implant et ses algorithmes qui sont bien particuliers
02:51 et qui permettent justement d'arriver à décoder de manière précise l'activité électrique cérébrale.
02:56 Et c'est la même manière du côté des équipes suisses,
02:58 où ils ont travaillé sur la technologie de stimulation de cette moelle épinière,
03:02 permettant ainsi d'arriver à faire remarcher et faire rétiver les muscles des jambes
03:07 de manière appropriée.
03:09 Vous avez, j'imagine, eu beaucoup de retours de ce patient,
03:12 ça a dû lui changer complètement sa vie, de pouvoir à nouveau remarcher ?
03:16 Alors bien sûr, ce patient, déjà ses premiers retours,
03:19 c'était le côté où il était très content de pouvoir contrôler de manière naturelle sa marche.
03:28 Donc c'est ce qu'il nous a dit, il nous a dit "je peux enfin contrôler, mais pas"
03:35 parce qu'avant c'était la stimulation toute seule qui me contrôlait.
03:39 Et donc ça c'est quand même un point fort.
03:41 Une vraie liberté.
03:42 Voilà, la liberté.
03:43 C'est-à-dire que par exemple, le patient, lui, quand il va évoluer, il marche,
03:47 il peut également parler, réaliser d'autres tâches,
03:50 puisque les algorithmes sont suffisamment précis pour aller chercher la bonne information,
03:53 l'information correspondant à l'intention de mouvement des jambes,
03:57 et ça veut dire qu'il peut réaliser d'autres tâches mentales,
03:59 donc par exemple parler avec quelqu'un, parler avec des amis, boire une bière,
04:03 et tout ça dans le cadre de sa vie quotidienne.
04:06 On parle ici d'un essai clinique sur un patient,
04:10 est-ce que ça peut être généralisé ?
04:12 Est-ce que c'est un espoir pour beaucoup de patients paraplégiques aujourd'hui ?
04:16 Alors effectivement, là on est sur un essai clinique de profs de concept clinique,
04:20 on est sur un premier patient, l'objectif était de montrer la faisabilité de cette technologie,
04:24 et donc bien entendu, dans les perspectives, l'objectif est déjà de continuer cet essai clinique,
04:29 faire cette démonstration sur un plus grand nombre de patients,
04:31 avant bien entendu de pouvoir élargir et proposer cette solution à une large population.
04:37 Mais cela va nécessiter quand même de longues années de recherche encore.
04:41 Qu'est-ce qui reste justement encore à améliorer ?
04:43 Alors il y a plusieurs choses, et en particulier il va falloir améliorer et miniaturiser le système,
04:49 puisque aujourd'hui, pour la première fois, on a pu mettre à disposition le système chez le patient,
04:54 le patient peut l'utiliser tout seul en autonomie et sans assistance,
04:56 et ça également c'est la première fois que ça a été fait,
04:58 et donc tout a été intégré sur un simple déambulateur.
05:01 Mais l'objectif est d'arriver à miniaturiser tout ça,
05:03 et par exemple qu'il ait le système simplement à sa ceinture,
05:06 et pour ça en fait, en particulier, les équipes du CEA travaillent pour transférer les algorithmes
05:11 qui fonctionnent sur un ordinateur et les mettre directement sur une puce électronique,
05:16 et en particulier il y a des compétences importantes au CEA Grenoble
05:20 dans le domaine de la microélectronique pour réaliser ça.
05:22 Et on aura l'occasion d'en reparler.
05:24 Merci beaucoup Guillaume Charvet d'avoir été avec nous ce matin,
05:27 je rappelle que vous êtes responsable du programme cerveau, machines au CEA,
05:30 et je précise également que vous retrouvez les images de cette prouesse technologique
05:35 sur notre site francebleu.fr.