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La judokate Clarisse Agbégnénou est devenue championne du monde pour la sixième fois, onze mois après son accouchement. Elle raconte son quotidien de mère et de sportive de haut niveau, et pointe les galères dans un milieu peu adapté à la maternité.

Son livre "Maman et sportive" est disponible aux éditions Marabout

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Sport
Transcription
00:00 j'ai décidé d'allaiter ma fille Athena à la demande.
00:02 Et c'est passé quelques fois où pendant l'entraînement,
00:04 elle avait vraiment faim, elle commençait à crier,
00:06 donc j'ai arrêté mon combat.
00:08 Cette sixième médaille m'a vraiment rendue légitime.
00:10 J'ai prouvé que ça fonctionnait.
00:12 Je fais du judo et je suis championne olympique à Tokyo,
00:16 vice-championne olympique à Rio.
00:17 Et maintenant, je suis six fois championne du monde.
00:20 Le soir des Jeux olympiques de Tokyo, donc fin juillet,
00:23 c'est à ce moment-là que j'ai arrêté ma pilule.
00:25 C'était super parce que fin septembre, j'étais déjà enceinte.
00:28 J'avais prévu un petit peu le coup.
00:30 J'avais commencé à dire à mes sponsors, à mes partenaires, à ma famille,
00:34 qu'après les Jeux, si je pouvais, c'était vraiment d'avoir un enfant.
00:38 Donc j'avais eu des réactions déjà avant,
00:40 où soit ma famille me disait "mais t'es sûre, ça va être compliqué,
00:44 attends après les Jeux de Paris 2024, ça sera plus simple".
00:47 Mais moi, je ne voulais rien entendre, je savais ce que je voulais.
00:50 Mon corps était prêt, ma tête était prête.
00:52 Je n'ai pas vraiment arrêté le sport.
00:54 Bien sûr, le judo, j'ai arrêté.
00:55 Il n'y avait pas de combat, pas de chute.
00:58 Il y a des fois où j'ai fait de la technique, des petits balayages,
01:00 sans chuter, sans tomber.
01:02 Quelques entraînements, on va dire, il y en a peut-être eu trois ou quatre maximum.
01:05 Forcément, j'ai perdu beaucoup de muscles.
01:08 Donc forcément, après l'accouchement, il a fallu du temps pour revenir.
01:12 J'ai accouché le 15 juin 2022.
01:14 Et j'ai fait du sport presque directement, on va dire.
01:18 De travailler le périnée, donc d'essayer de le retrouver,
01:21 parce que déjà, on ne sait pas trop où il est.
01:23 Mais j'ai fait ça vraiment deux jours en rentrant de la maternité,
01:26 donc deux jours après l'accouchement.
01:27 Fin août, je suis retournée sur les tatamis où je faisais de la technique.
01:30 Mon bébé qui m'attendait à côté de moi.
01:32 Et même parfois, si j'étais un peu toute seule,
01:33 je la mettais dans un petit cocon, un petit berceau,
01:35 et je la mettais à côté et je faisais mon vélo, comme ça.
01:37 J'ai décidé d'allaiter ma fille Athéna à la demande, quand elle le voulait.
01:42 Et donc j'allais toujours, elle a 11 mois aujourd'hui.
01:45 En fait, je ne me suis pas pris la tête.
01:47 J'ai juste dit à mes entraîneurs et aux personnes que j'allaitais Athéna à la demande.
01:52 Et c'est passé quelques fois où pendant l'entraînement,
01:54 elle avait vraiment faim, elle commençait à crier.
01:57 Donc j'ai arrêté mon combat et j'ai dit "désolée" à la fille avec qui je combattais.
02:00 Mais là, elle a vraiment faim.
02:01 Elle m'a dit "non mais pas de problème".
02:03 Donc j'ai arrêté.
02:04 J'étais en nage, en transpiration.
02:06 Et je lui ai donné le sein, comme ça.
02:08 Et elle s'est arrêtée, elle a bien têté.
02:10 Et c'était drôle parce qu'on avait cinq minutes de pause.
02:13 Et elle a vraiment têté les cinq minutes et j'ai pu faire le combat d'après, directement.
02:16 On a demandé à la Fédération Internationale de pouvoir allaiter en salle d'échauffement.
02:20 Ils ont autorisé, alors c'était du jamais vu, jamais fait et surtout interdit.
02:25 Pour des raisons, je pense, aussi de sécurité et de nuisance pour les autres athlètes.
02:32 Mais on leur a dit "vous inquiétez pas, ma fille est très gentille".
02:34 Mais oui, je me dis, c'est dommage de ne pas y avoir pensé plus tôt.
02:38 Pour les mamans, pour les athlètes.
02:40 Et finalement, c'est une bonne chose s'ils se disent "ben maintenant c'est acté".
02:43 Déjà avant d'être écouté, il faut faire des médailles.
02:46 C'est partout pareil et surtout pour nous les femmes.
02:48 Sans ces médailles-là, tu n'as pas la légitimité.
02:50 La Clarisse, elle peut parler de ces projets-là.
02:52 On peut les débloquer parce que c'est Clarisse.
02:54 Et je trouve ça dommage, forcément, parce que j'aurais aimé qu'une autre femme
02:58 qui en ait le besoin puisse l'avoir, même si elle n'a pas fait de médailles,
03:02 pour pouvoir peut-être contribuer à ses prochaines médailles.
03:04 Au moins, c'est fait.
03:06 Il y a une petite brèche, j'ai saisi et je suis rentrée dedans.
03:10 Maintenant, j'espère que ce sera pour tout le monde.
03:11 Alors, je pense que le sport n'est pas du tout prêt pour nous recevoir, nous les mamans.
03:17 Là, moi, ma reprise avec un enfant, ça a été compliqué.
03:21 Il fallait, il faut toujours se battre pour des petites choses.
03:24 Est-ce que ma fille peut rester avec moi dans la chambre ?
03:26 Est-ce qu'elle peut venir à l'INSEP ? Est-ce qu'elle peut être gardée ?
03:29 Donc ça, c'est sûr qu'il y a une grande avancée à faire.
03:32 Peut-être qu'on est les personnes, avec Serena Williams, avec Alison Félix, moi.
03:38 On montre que ça fonctionne.
03:39 Peut-être qu'elle va commencer à monter, mais c'est encore trop peu.
03:42 Et c'est pour ça qu'il y a encore trop peu de mamans esportives.
03:44 Cette sixième médaille m'a vraiment rendue légitime.
03:47 J'ai prouvé que ça fonctionnait, que mon manque de fonctionnement
03:51 est le bon, en tout cas pour moi et mon enfant,
03:53 donc de me laisser continuer tranquillement.
03:56 Paris 2024, c'est vraiment dans un an.
03:58 Donc là, je suis prête.
04:00 J'ai ma fille encore qui a besoin de moi, qui a que 11 mois, bientôt un an.
04:04 Donc je vais continuer comme ça.
04:06 Mais c'est vrai que là, avoir une deuxième médaille olympique,
04:10 troisième si je compte les équipes, ça serait incroyable.
04:13 En plus, à la maison, avec ma fille qui va m'apposer,
04:15 je vais me dire "Allez maman !"
04:16 Donc j'ai tellement hâte et je lui ai dit que je voulais lui mettre
04:19 cette médaille d'or de Paris 2024 sur les épaules.
04:22 Elle sera grande, elle va à peu près comprendre.
04:24 Et derrière, j'aimerais bien avoir d'autres enfants.
04:27 Qui sait, peut-être soit continuer le projet de sportive,
04:30 de maman esportive, ou sinon d'emmener de front mes enfants
04:35 et peut-être d'aider aussi les autres sportives s'il le faut.
04:39 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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