Les violences contre les soignants augmentent en France, notamment contre les médecins généralistes. Bernard Muscat, médecin à Avignon et représentant départemental du syndicat MG France, est l'invité du 6-9 de France Bleu Vaucluse.
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00:00 Les violences contre les soignants augmentent en France, notamment contre les médecins généralistes.
00:04 L'invité du 6/9 ce matin, Del Bossard, est médecin, médecin vinonné, représentant départemental du syndicat MG France.
00:10 Bonjour Bernard Muscat.
00:11 Bonjour, merci de m'inviter.
00:12 Vous êtes aussi victime de violences dans le cadre de votre métier ?
00:16 Nous sommes tous victimes de violences parce que nous faisons partie d'une société qui est,
00:22 tout le monde le sait, de plus en plus violente, qui veut accéder à du service.
00:26 Et il y a des confusions entre service, soin et consommation de soin.
00:32 Et c'est le problème, c'est qu'on a difficulté à trier tout ça, et ça crée de la frustration et des violences.
00:39 Ça peut passer par quoi ces violences dans un cabinet de médecins ?
00:42 Ça peut passer par tout.
00:45 Ça peut passer par une simple exigence.
00:49 Un patient qui vient vous voir et qui souffre, il est légitime dans sa souffrance,
00:53 et qui vient vous voir en vous donnant la conclusion de la consultation.
00:58 C'est-à-dire, je veux consulter un neurologue par exemple.
01:01 Ce n'est pas une violence, c'est l'expression d'une souffrance.
01:04 Mais c'est reçu par le médecin ou par l'infirmière ou par le soignant
01:08 comme quelque chose qui fait appel à un détricotage du raisonnement du patient
01:16 pour reprendre les choses, comprendre ce qui se passe,
01:19 et arriver à la vraie conclusion d'une consultation qui doit être dans des principes de réalité.
01:25 Ça passe par des patients qui s'énervent aussi,
01:27 ou qui ne sont pas forcément contents de ce que vous leur dites par exemple ?
01:29 Quand vous attendez un médecin ou une infirmière qui n'arrive pas tout de suite,
01:34 quand vous attendez en pharmacie d'être servi,
01:38 comme de partout, l'attente est longue, surtout que c'est la vôtre.
01:42 Donc ça génère des frustrations, ça génère des tensions.
01:47 - Vous sentez qu'elles augmentent ces tensions ces dernières années ?
01:51 - L'attente n'augmente pas.
01:53 Paradoxalement, il y a une trentaine d'années, les gens attendaient avant,
01:56 il n'y avait pas de rendez-vous, il n'y avait pas de système pour pouvoir prendre des rendez-vous.
02:00 Donc c'est plutôt amélioré je pense.
02:03 Mais c'est la façon de le livre à mon avis,
02:07 et la façon de gérer ça qui devient...
02:13 Pour les gens on est dans l'immédiateté, il faut avoir cette immédiateté dans l'achat d'un service.
02:21 C'est ça qui est à travailler.
02:24 - Est-ce qu'on ne peut pas l'expliquer aussi par le délai pour consulter un médecin ?
02:26 On sait que c'est de plus en plus difficile de trouver un généraliste,
02:29 un dentiste dans certaines zones, y compris ici en Vaucluse.
02:34 - Alors oui, c'est vrai que c'est plus dur pour trouver un médecin,
02:38 pour trouver un soin, pour organiser ses soins.
02:42 Il y a de l'attente.
02:45 Mais c'est illusoire de comparer avec d'autres époques.
02:50 Moi j'ai connu des époques où c'était l'inverse,
02:53 et on changeait de médecin comme on changeait d'ustensile, de je ne sais quoi.
02:58 Et c'était vraiment improfitable aux patients,
03:03 parce qu'il n'y avait pas de réseau de soins.
03:04 Maintenant nous avons eu en place quand même un réseau de soins, des réseaux de soins,
03:08 un suivi autour du patient, tout ça, ça compte.
03:12 Et d'avoir un médecin traitant, maintenant on y tient,
03:15 on ne veut pas le quitter, parce qu'on ne sait pas si on en aura après.
03:19 Donc du coup ça crée, ça renforce un lien de confiance,
03:22 et ça renforce aussi la prise en charge.
03:24 - France 2 Vaucluse, 7h51, Bernard Muscat, médecin généraliste à Avignon, invité du 6-9.
03:29 - Ce rapport sur les violences, il intervient aussi après l'agression mortelle d'une infirmière au CHU de Reims.
03:35 Le ministre de la Santé, François Braune, promet une réunion sur la sécurité des soignants.
03:39 Comment on améliore justement la sécurité des soignants aujourd'hui d'après vous ?
03:43 - Alors, c'est une vaste question.
03:46 Évidemment on peut mettre de plus en plus de sécurité, il faut le faire d'ailleurs,
03:51 il faut seulement protéger les soignants.
03:53 Vous savez, les soignants, ce sont certainement dans la société,
03:56 les gens qui sont le plus dans la proximité.
03:59 Rendez-vous compte, nous avons le droit de poser nos mains sur les corps.
04:03 Et ça peut être ressenti comme une agression, par certains, ou certaines d'entre nous.
04:08 Et donc du coup, ça peut générer de la violence.
04:11 Donc tout ce travail qui est préalable, qui nous permet de poser nos mains sur les corps
04:17 pour pouvoir les soulager, comprendre ce qui se passe dedans et les soulager,
04:21 c'est une approche qui, parallèlement à nos sociétés qui sont dans l'imagerie,
04:27 dans le scanner, dans les IRM, et qui, les gens pensent qu'on fait des gosses avec,
04:32 avec ça, c'est-à-dire sans poser les mains sur les corps,
04:35 c'est, vous voyez, il y a des incompréhensions, il y a des distorsions des principes de réalité.
04:41 Les distorsions de principes de réalité sont importants et ça génère de la violence.
04:47 Et donc il faut mettre de la sécurité, mais il faut aussi essayer de comprendre pourquoi on en arrive là.
04:52 - Est-ce qu'un agent de sécurité, par exemple, ça change quelque chose
04:55 à l'entrée d'un hôpital ou d'un cabinet ?
04:56 - Ah oui, oui, ça change quelque chose, bien sûr.
04:58 C'est un savoir-faire, c'est une profession, ce sont des gens très utiles.
05:03 Après, c'est un coût, c'est un coût important qui augmente le coût de la santé.
05:10 Mais voilà, je ne peux en dire plus.
05:14 - Merci beaucoup Bernard Muscat.
05:16 Je rappelle donc que vous êtes médecin généraliste ici à Avignon,
05:18 représentant du syndicat MG France.
05:20 Bonne journée à vous, merci.