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00:00 Et il est 8h moins le quart sur France Bleu Gironde, la pénurie de médecins contraint plusieurs services d'urgence du département à réguler leurs patients
00:06 ponctuellement ou de façon permanente.
00:09 Alors faut-il s'inquiéter pour la qualité des soins et la prise en charge médicale dans notre département ?
00:13 Eh bien on en parle ce matin avec Bénédicte Motte,
00:16 directrice de l'agence régionale de santé en Gironde. Elle répond à vos questions. Marie Roarch.
00:21 Bonjour Bénédicte Motte.
00:22 Bonjour.
00:22 Avant d'arriver à cette problématique girondine, un mot d'abord de ce drame à Reims,
00:28 la mort de cette infirmière poignardée par un homme dans son service du CHU.
00:32 Une réunion est prévue demain pour évoquer la sécurité des soignants.
00:35 Est-ce qu'il y a un vrai problème de sécurité pour nos soignants aujourd'hui ?
00:38 Peut-être prendre un temps pour dire que le moment présent, c'est un moment de recueillement d'abord
00:44 et de manifestation de soutien vis-à-vis des équipes, là où ça s'est passé au CHU de Reims,
00:49 mais au-delà, tous les soignants, que ce soit en milieu hospitalier, dans les cliniques
00:53 et aussi dans les cabinets, dans les cabinets de ville, les cabinets libéraux.
00:56 Donc un moment vraiment de recueillement, de soutien et après bien sûr un moment d'action.
01:01 Le sujet de la sécurisation des établissements de santé, c'est un sujet clé.
01:06 On a progressé, il y a les, si vous avez l'esprit, les attentats de novembre 2015
01:11 qui a été vraiment un moment de prise de conscience importante pour tout le système hospitalier.
01:16 Donc on a fait du chemin, mais il faut aller encore plus vite, être encore plus efficace sur ce sujet.
01:22 - Alors il y a une semaine, le CHU de Bordeaux annonçait une régulation des patients
01:27 de jour comme de nuit à l'entrée aux urgences de l'hôpital Pellegrin.
01:30 Seules les urgences de Saint-André restent accessibles pour les patients venus par eux-mêmes.
01:34 Est-ce que c'est une conséquence directe de la pénurie de médecins urgentistes aujourd'hui en Gironde ?
01:38 - Je crois que le diagnostic, il est posé. En effet, on est confronté aujourd'hui en Gironde,
01:44 mais pas que, c'est un sujet de la Nouvelle-Aquitaine, c'est un sujet de la France
01:48 et même d'autres pays étrangers, on a un manque de soignants,
01:52 et particulièrement dans certaines disciplines, comme la discipline d'urgence.
01:57 Donc une fois ce diagnostic posé, voilà, notre sujet maintenant, c'est d'anticiper et c'est de s'adapter.
02:03 Une des mesures d'adaptation, vous l'avez cité, c'est le CHU de Bordeaux
02:07 qui maintient l'accès à son plateau technique d'excellence.
02:11 Vous savez, le CHU de Pellegrin, c'est la porte d'entrée vers des services
02:14 qu'il y a uniquement au CHU de Pellegrin, c'est-à-dire tout ce qui est prise en charge des AVC,
02:21 les urgences cardiaques, le trauma center.
02:23 Donc il est important que ce service d'urgence soit vraiment sanctuarisé
02:27 et c'est le but de cette régulation H24.
02:30 Donc on commence à travailler sur une gradation des services d'urgence
02:33 pour préserver les services les plus importants.
02:36 Je pense à Libourne, je pense à, on vient de parler du CHU de Pellegrin,
02:41 mais c'est aussi vrai par exemple avec cette période estivale qui commence,
02:44 tous les services d'urgence de la bande littorale,
02:47 il est important qu'ils aient un fonctionnement nominal.
02:49 Alors des régulations de patients aux urgences, ça existe ponctuellement dans plusieurs hôpitaux.
02:55 On a vu Blaï, on a vu Langon, on a vu Sainte-Foy-la-Grande encore récemment, la Nuit surtout.
03:00 Est-ce qu'il faut s'inquiéter pour la prise en charge des patients en situation d'urgence en Gironde ?
03:05 Au contraire, ce sont des mesures d'adaptation qui sont faites pour assurer la sécurité des Girondins.
03:10 Et au-delà, néo-aquitains et des Français en général.
03:14 Ces mesures d'adaptation sont faites justement pour pouvoir aussi communiquer,
03:18 dire "voilà, ici dans ce service d'urgence, ça va se passer comme ça dans les semaines ou les mois à venir".
03:23 Alors ce sont des situations d'urgence, vous le soulignez, on s'adapte.
03:27 Est-ce qu'on agit aussi pour essayer de pallier cette pénurie de médecins urgentistes notamment ?
03:32 Alors vous le savez, cette pénurie qui est importante,
03:35 on parle de 25 à peut-être un tiers des postes d'urgentistes qui sont manquants aujourd'hui.
03:39 Je le répète en Gironde, mais partout sur le territoire national.
03:43 C'est vraiment le résultat de politiques anciennes.
03:46 On a cru bon à un moment de fermer l'accès aux études médicales.
03:50 Là où il y a eu des numérosus clausus de 9000,
03:54 dans les années 90, on est tombé, au même début des années 2000, à 3500.
03:59 On pensait bon de verrouiller comme ça cet accès aux études médicales.
04:04 Et donc il y a d'autres décisions qui ont été prises par les pouvoirs publics.
04:08 Vous le savez d'abord, d'augmentation du numérosus clausus et même de disparition du numérosus clausus.
04:14 Je parlais de 3500. La cible maintenant de formation, ça va être 11000 par année sur le territoire national.
04:20 Mais on sait que ce sont des décisions qui prennent du temps à avoir des effets.
04:24 Il faut 10 ans à peu près pour avoir un médecin formé.
04:27 Donc on sait que ces effets-là, sur la densité,
04:31 parce que ce qui est important aussi c'est que ça accompagne la dynamique populationnelle, bien sûr des Français,
04:37 on sait que ça va prendre du temps. On sait qu'il faut tenir jusqu'à 2030.
04:40 Et à partir de 2030, il va y avoir cette réaugmentation de la densité médicale.
04:44 Il faut tenir jusque-là.
04:46 Alors bon, ça c'est les mesures au niveau du territoire national.
04:50 Il y a des mesures d'anticipation qui ont été prises.
04:52 Par exemple, en Nouvelle-Aquitaine, il y a des choix qui ont été pris en avance.
04:58 Et c'est par exemple le cas des urgentistes.
05:00 Là où jusqu'à présent, on forme jusqu'à 20 urgentistes par an,
05:05 et à partir de la rentrée de novembre 2023, ce sont 40 urgentistes qui vont sortir en Nouvelle-Aquitaine.
05:10 Il est 7h50 sur France Bleu Gironde.
05:12 Bénédicte Mott, directrice de l'Agence régionale de santé en Gironde, est notre invitée ce matin.
05:16 On a pu entendre récemment sur France Bleu Gironde un coup de gueule du directeur de l'hôpital d'Arcachon
05:21 au sujet de cette loi RIST qui plafonne la rémunération des médecins intérimaires
05:26 et donc la difficulté que font certains hôpitaux à attirer des médecins intérimaires.
05:30 Est-ce que ça vient aggraver encore un peu plus la situation de l'hôpital public, ces décisions en ce moment ?
05:35 Il n'y a pas eu d'effet on/off de la mise en oeuvre de cette loi.
05:39 Si vous vous rappelez, l'été 2022, pareil, on l'a anticipé.
05:44 Il y a beaucoup de médecins intérimaires qui ont accepté des contrats plus longs.
05:51 Et ça, c'est très bien pour la qualité de la prise en charge des Girondins.
05:55 Une dernière question, Bénédicte Mott.
05:56 Depuis la mi-mai, les soignants non vaccinés contre le coronavirus peuvent réintégrer leur poste ou un poste équivalent.
06:01 Est-ce que ça concerne déjà beaucoup de monde en Gironde ? Et comment se passe leur retour ?
06:06 C'est très peu. Il faut rappeler qu'il y a 99% des soignants qui ont accepté la vaccination.
06:11 C'est vraiment un tout petit nombre. Je crois qu'on parle de 3000 au niveau national.
06:16 Donc si on fait des règles de 3, ça doit être peut-être une centaine de soignants.
06:20 Mais en plus, c'est soignants au sens large, parce qu'en fait, ce sont certes quelques infirmières soignants,
06:26 mais c'est aussi tous les métiers administratifs, techniques, qui sont l'objet de cette réintégration.
06:31 Et c'est comme un retour sur le marché de l'emploi.
06:34 Ça va être du cas par cas et c'est géré par chaque hôpital.
06:37 Merci beaucoup Bénédicte Mott, directrice de l'Agence régionale de santé en Gironde.
06:40 Merci d'avoir été avec nous ce matin.

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