Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 -Docteur Brigitte Millot, bonjour Brigitte. -Bonjour.
00:02 -Vous nous parlez ce matin d'une technique qui fait toujours polémique,
00:06 l'électroconvulsivothérapie, ECT, plus connue sous le nom d'électrochoc.
00:12 Technique qui a pourtant bien changé.
00:14 Alors vous allez tout nous expliquer.
00:15 -Oui, on va rappeler un petit peu comment ça marche.
00:17 On va rappeler déjà les trois noms parce que vous l'avez dit,
00:19 on appelle ça ECT, électroconvulsivothérapie,
00:23 parce qu'il y a un lien avec les crises convulsives, je vais y revenir.
00:26 On appelle ça aussi la sismothérapie, sismo comme séisme, comme secousse.
00:32 Voilà les trois noms, donc électrochoc, électroconvulsivothérapie ou sismothérapie.
00:38 Alors on va rappeler quand même que le corps humain fonctionne
00:41 essentiellement avec de la chimie et de l'électricité.
00:44 Votre cœur, quand on veut savoir s'il fonctionne bien, Romain,
00:46 on fait un électrocardiogramme.
00:48 Et votre cerveau, si on veut savoir s'il fonctionne bien,
00:50 on fait un électroencéphalogramme.
00:53 Donc voilà comment ça se passe.
00:54 Et en fait, il y a plusieurs années,
00:56 on va raconter un peu comment est née cette thérapie,
01:00 il y a plusieurs années, les scientifiques se sont aperçus
01:04 que les personnes qui faisaient des crises convulsives,
01:08 qui étaient atteintes d'épilepsie,
01:10 ne faisaient pas, n'étaient pas touchées par la schizophrénie,
01:13 par des troubles psychiatriques.
01:15 Donc ils se sont dit, tiens, il y a peut-être un lien entre crises convulsives
01:19 et absence de problèmes psychiatriques.
01:22 Et donc ils ont provoqué au début avec des médicaments,
01:25 des crises convulsives sur des animaux, etc.
01:28 Et après, ils se sont aperçus qu'effectivement,
01:30 de provoquer des crises d'épilepsie,
01:33 après ils l'ont fait chez les humains,
01:34 pouvaient améliorer des troubles psychiatriques,
01:37 des troubles psychiques, des troubles comportementaux.
01:40 Et donc là, j'allais dire, malheureusement,
01:43 ça a été n'importe quoi.
01:45 C'est-à-dire qu'on a fait des électrochocs comme ça,
01:48 rappelez-vous de vol au-dessus d'un lit de coucou,
01:50 c'était fait n'importe comment,
01:51 avec des courants très forts.
01:53 On pense à ce film quand on pense aux électrochocs.
01:55 Oui, c'est ça, tout le monde y pense, et ça fait un tort terrible.
01:58 Parce que maintenant, ça a été totalement...
02:00 Alors l'idée reste la même.
02:02 L'idée, c'est de se dire que lorsqu'il y a une décharge électrique,
02:05 vous savez, les crises d'épilepsie,
02:08 c'est une décharge électrique d'une population de neurones,
02:10 d'une grosse population de neurones.
02:12 Et là, on s'est aperçu qu'en fait,
02:15 ce qui se passait, c'est qu'après, le cerveau réparait.
02:18 Une fois qu'il a subi une crise convulsive,
02:21 il va essayer de réparer,
02:22 il va fabriquer des facteurs neurotrophiques
02:26 qui vont créer des récepteurs,
02:27 notamment à l'adrénaline, noradrénaline, sérotonine,
02:31 qui sont impliqués dans ces maladies psychiatriques.
02:33 Et donc, maintenant, on sait exactement comment ça fonctionne
02:36 et pourquoi ça fonctionne.
02:38 Mais ce qu'il faut surtout comprendre,
02:39 c'est que si ça a été n'importe quoi au début,
02:42 maintenant, c'est totalement protocolé.
02:43 Ça n'a plus rien à voir avec ce qui se passait avant.
02:46 Le courant électrique est beaucoup plus faible.
02:49 Ça se fait après information du patient,
02:52 après consentement éclairé du patient.
02:54 C'est une anesthésie générale qui dure moins de dix minutes.
02:58 Et en plus, c'est fait avec une curarisation,
03:01 c'est-à-dire qu'on vous met un produit
03:04 qui fait que les muscles, eux, le cerveau, oui,
03:07 est agité de convulsion, mais les muscles, non.
03:09 Donc, on ne peut plus se blesser, vous savez,
03:11 comme avant où il fallait mettre un truc dans la...
03:13 Enfin bon, c'était...
03:14 Donc, voilà comment c'est fait.
03:16 Je vous montre une image.
03:17 Et tout ça sous surveillance électro-encéphalographique,
03:19 c'est-à-dire que le patient a aussi...
03:22 est surveillé, donc on le voit bien.
03:23 Et là, on met en quelques secondes,
03:25 avec les deux électrodes, on fait passer un courant.
03:28 C'est douloureux ?
03:29 Non, absolument pas.
03:29 Il est sous anesthésie générale.
03:31 D'accord.
03:31 Alors, ça, donc, avantage.
03:35 Je vais vous parler des indications.
03:37 Inconvénients, en revanche, il y a, après ces chocs,
03:42 il y a des pertes de mémoire qui parfois récupèrent,
03:45 mais parfois non.
03:47 Alors ça, c'est quand même...
03:48 Oui, mais c'est un des vrais...
03:49 Oui, oui.
03:50 Attendez, c'est un des vrais inconvénients.
03:51 Mais après, on va voir, justement,
03:53 c'est toujours pareil en médecine,
03:54 ces bénéfices-risques.
03:55 Donc, quelles sont les indications ?
03:57 Parfois, il faut plusieurs séances,
03:59 et avec des séances de rappel d'entretien, si vous voulez.
04:03 Quelles sont les indications ?
04:04 Je vous ai mis les principales.
04:06 Dépression sévère et résistante.
04:08 Oui, mais ça évite 47% des suicides aussi.
04:11 Parce que quand vous êtes...
04:12 On ne le fait qu'à des personnes qui vont très mal.
04:14 On ne le fait pas pour gérer une petite dépression,
04:17 parce qu'on s'est fait quitter,
04:18 ou peu importe l'exemple.
04:20 Bien sûr, oui.
04:21 État maniaque dans la bipolarité,
04:23 pareil, dans ces états maniaques
04:24 où vous faites n'importe quoi,
04:26 où vous êtes très mal.
04:28 Après, les états délirants de la schizophrénie
04:30 et la catatonie,
04:31 c'est quand la personne,
04:32 ni psychiquement, ni physiquement,
04:34 ne peut fonctionner.
04:35 Donc, vous voyez, c'est réservé,
04:37 mais avec des résultats.
04:38 Par exemple, dans les dépressions sévères
04:40 et résistantes aux médicaments,
04:41 on a 90% de résultats positifs.
04:44 Donc, voilà.
04:45 Et ce qui est toujours assez étonnant,
04:46 comme quoi les images,
04:48 vous parliez de Volodyn and Koukou,
04:49 comme quoi c'est...
04:50 C'est vous qui en parliez, mais effectivement,
04:51 on pense tout de suite à ça.
04:53 Et oui, mais comme quoi ça résiste.
04:54 C'est-à-dire qu'en fait,
04:55 quand on parle de faire une défibrillation,
04:58 vous savez, pour le cœur,
05:01 personne ne s'en offuse,
05:02 qu'on trouve ça tout à fait normal.
05:03 Vous avez raison.
05:04 Mais quand c'est pour le cerveau,
05:05 alors là, on reste un peu sur ses réserves.
05:08 Donc voilà, c'est juste pour être informé,
05:10 pour savoir que ça existe,
05:11 évidemment réservé à des indications sévères.
05:15 [Musique]
05:19 [SILENCE]