Inflation : les industriels vont renégocier les prix
Dans la lutte contre l’inflation, Bruno Le Maire compte mettre la pression ce mercredi sur les industriels de l’agroalimentaire. Ceux-ci sont en effet convoqués à Bercy par le gouvernement, qui les presse de renégocier avec les supermarchés afin de faire baisser au plus vite des prix très élevés en rayons.
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00:00 C'est vrai ça Emmanuel, parce qu'on attend effectivement cette baisse des prix, elle va avoir lieu très prochainement.
00:04 On a entendu les industriels, ils sont 75 à être d'accord pour ouvrir les négociations,
00:09 mais comment vont-ils s'y prendre et sur quoi cela va-t-il aboutir ?
00:12 Alors c'est vrai que c'est inédit, parce qu'il faut rappeler que d'habitude les négociations c'est en début d'année,
00:16 ça s'arrête le 1er mars et les prix sont censés être fixés pour toute l'année.
00:20 Donc là, comment ça va se passer ?
00:22 Ça va se passer à peu près pareil dans toutes les grandes enseignes de la distribution,
00:26 Auchan, Carrefour, Leclerc, Casino, Sistému, Intermarché, etc.
00:29 Ils vont recevoir dans leurs locaux les directeurs commerciaux d'une centaine de grandes entreprises industrielles de l'agroalimentaire,
00:39 plus des centaines aussi sans doute de commerciaux de PME.
00:44 Ça va être argument contre argument.
00:47 Évidemment, les distributeurs eux veulent obtenir des baisses de prix,
00:51 leur argument ce sera de dire "attendez, tous vos coûts sont en baisse, les matières premières baissent,
00:57 les céréales par exemple c'est 20% de moins depuis un an sur les marchés mondiaux,
01:01 le gaz, l'électricité c'est 3-4 fois moins cher qu'il y a un an,
01:04 le fret maritime, l'emballage, tout ça, ça diminue, donc vous devez absolument baisser vos tarifs très vite.
01:09 Et puis les industriels vont dire "mais attendez, nous on fabrique avec des prix qui ont été négociés il y a 6 mois ou un an,
01:16 les céréales qu'on met dans nos biscuits, c'est des céréales qu'on a achetées chères il y a un an,
01:20 l'électricité sur toute l'année, on la paye 2 à 3 fois plus chère qu'en 2021
01:25 et on ne la paiera moins cher que l'année prochaine, donc nous aussi on a des coûts très élevés".
01:31 Donc il y a plusieurs cas de figure, honnêtement les PME quand elles vont renégocier avec la grande distribution,
01:36 elles seront obligées de baisser leurs prix parce que quand vous êtes une PME et que vous dépendez
01:40 pour 20 ou 30% de votre chiffre d'affaires d'une grande enseigne de la distribution,
01:44 vous ferez ce qu'elle vous dira de faire.
01:47 Après sur la petite centaine de grands groupes, il y a ceux qui vont vouloir jouer la montre
01:52 mais qui de toute façon vont finir par baisser les prix parce que la baisse des coûts est spectaculaire.
01:57 Prenez les huiles par exemple, on est quand même entre 20 et 50% de baisse sur les marchés mondiaux,
02:02 c'est impensable qu'il n'y ait pas de baisse sur le prix des huiles.
02:05 Et puis il y a vraiment une quarantaine de grands groupes qui vont faire de la résistance,
02:10 là-dedans il y a les grands groupes français, on pense au Danone, on pense au Lactalis,
02:15 alors eux, ils vont dire qu'ils sont lourds, ils sont gros, mais de toute façon ils vont quand même devoir
02:20 faire attention à leur image, rappelez-vous ce qu'a dit le gouvernement, on fera du nem-en-chem,
02:24 on dénoncera les entreprises qui ne joueront pas le jeu.
02:26 Et puis surtout il faut qu'elles fassent attention à leurs ventes puisqu'il faut rappeler qu'elles sont
02:31 à 30% plus chères que les marques de distributeurs qui ont gagné énormément de parts de marché
02:37 pendant la crise sanitaire, pendant la flambée des prix, et que les marques de distributeurs,
02:42 comme il n'y a pas de contrainte de négociation, les prix sont déjà en baisse.
02:44 Donc il faudra bien qu'elles baissent leurs prix si elles ne veulent pas perdre trop de parts de marché.
02:47 Et puis le plus dur, ce sera de tordre le bras aux multinationales étrangères,
02:51 qui elles finalement vont dire "Nestlé, moi de la France, c'est 2% de mon chiffre d'affaires,
02:56 j'ai des marques très fortes, Coca c'est pareil, on a des marques très fortes,
03:00 et donc si vous ne voulez plus nous référencer, ne nous référencez plus".
03:02 C'est ce qui se passe par exemple avec Pepsi qui a accepté de ne plus être référencé,
03:07 parfois ils disent "bah c'est pas grave, tant pis, mais on ne baissera pas nos prix".
03:11 Je rappelle juste quand même quelque chose, dans les périodes comme ça où les prix montent beaucoup
03:15 et baissent ensuite, après. Un petit rappel statistique pour ne pas être victime de trop d'illusions.
03:20 Quand le prix d'un produit passe de 10 à 15 euros, il augmente de 50%.
03:24 Quand il repasse de 15 à 10 euros, il baisse de 30%.
03:28 Donc attention à tous les chiffres que vous allez entendre,
03:32 ce n'est pas parce que vous entendez qu'un produit a monté de 50% et qu'il ne baisse que de 30%
03:36 qu'il n'est pas revenu à son prix initial.
03:38 Oui, sauf qu'ils ne reviendront jamais à leur prix initial.
03:40 Si, il y a certains produits qui reviennent.
03:42 Il y a certains produits, parce qu'ils ont prévenu les industriels,
03:44 et attention, ce ne sera pas comme avant la guerre en Ukraine,
03:46 de toute manière, ça va baisser, mais on ne retrouvera pas les niveaux qu'on a connu.
03:49 Il y a des produits qui reviendront au prix d'avant,
03:52 mais c'est vrai qu'il y a une inflation à bas bruit sur les coûts
03:55 qui n'est pas aussi spectaculaire que le gaz, l'électricité,
03:58 mais qui effectivement, ne serait-ce que les salaires par exemple,
04:01 si les salaires ont augmenté, donc oui, c'est vrai,
04:05 il y a une majorité de prix ne reviendra pas au niveau d'avant,
04:09 mais si on regarde ce qui se passe du côté des salaires,
04:12 qui ont quand même augmenté assez fortement en 2022,
04:16 3-4%, ce qui est beaucoup plus que l'année précédente,
04:18 on sera peut-être à 5% en 2023,
04:20 on peut espérer que finalement, cette inflation se calmera,
04:24 que les salaires augmenteront un peu,
04:26 et qu'au final, le pouvoir d'achat ne s'en sortira pas trop mal.