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00:00 Aujourd'hui, la journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie.
00:04 Hier, l'association SOS Homophobie dénonçait dans son rapport annuel
00:08 l'ancrage de la haine homophobe et la hausse des agressions envers les personnes LGBTQI+.
00:13 Et on en parle ce matin avec Tristan Poupard, c'est le directeur du Girofard,
00:17 lieu d'accueil et d'écoute. Marie Roarch.
00:19 Bonjour Tristan Poupard.
00:20 Bonjour.
00:21 On le disait, selon SOS Homophobie, il y a en moyenne une agression physique envers une personne LGBTQI+
00:26 tous les deux jours en France.
00:28 Est-ce que c'est un chiffre aussi qui vous paraît réaliste sur la réalité en Gironde, chez nous ?
00:32 Oui, là en plus ça fait écho qu'aux agressions qui ont été souvent...
00:37 enfin, qui ont débouché sur une plainte,
00:40 c'est vrai qu'il y a une augmentation en Gironde des agressions,
00:43 qu'elles soient physiques, verbales ou même ce qu'on voit sur les réseaux sociaux.
00:46 On a vu peut-être la plus visible ces derniers temps,
00:49 ça a été cette banderole homophobe lors de la marche des Fiertés l'an dernier à Bordeaux
00:53 qui a évidemment beaucoup marqué la communauté en Gironde.
00:56 En plus, jour de la marche des Fiertés, qui est un jour important,
00:59 la symbolique est très forte.
01:01 Cette banderole déployée avec des saluts nazis, des insultes homophobes,
01:05 en même temps c'est vrai que ça a pu marquer.
01:08 On est actuellement en attente du verdict du procès qui a lieu le 28 mai.
01:14 Donc voilà, on a espoir que la justice...
01:17 Fasse son travail, à votre niveau en tout cas.
01:21 Le climat, qu'est-ce qu'on peut dire ? Est-ce qu'il est délétère ? Est-ce qu'il se dégrade ?
01:25 Le climat général ?
01:27 L'ambivalence c'est qu'on a à la fois une meilleure acceptation sur certaines questions,
01:33 sur certaines avancées sociétales,
01:35 alors qu'à contrario on va avoir une augmentation des agressions.
01:39 Ce qui est difficile à répondre du coup.
01:42 Ces agressions elles ont lieu ou dans l'espace public, dans les commerces, dans les services publics ?
01:47 On a SOS homophobie pointée du doigt hier dans son rapport des discriminations
01:51 notamment qui ont lieu dans les services publics ou dans des commerces ?
01:54 Oui, en fait ça va être un peu partout, c'est ça qui est aussi problématique.
01:57 Ça peut être à la fois dans la ville comme à la campagne,
01:59 ça peut être à la fois parmi ses proches,
02:02 ou à la fois par exemple dans les services publics.
02:05 Et c'est là qu'il y a différentes agressions
02:08 et c'est pour ça que c'est important de sensibiliser sur tous les points de la société.
02:13 L'épisode du week-end dernier, c'est footballeurs qui refusent de porter un maillot
02:17 avec leurs chiffres en arc-en-ciel, c'est un nouveau coup dur, c'est encore un coup de semence ?
02:23 Oui, mais cette fois-ci c'est médiatisé, c'est pas la première fois que ça arrive.
02:28 Là en tout cas, ce qu'on peut voir c'est qu'il y a plusieurs voix qui s'élèvent pour dire
02:32 "attention, c'est pas une opinion, c'est un délit"
02:35 et on a tendance à voir aussi ça comme une avancée.
02:38 Mais malheureusement l'actualité a déjà pris le...
02:43 il y a eu une nouvelle agression homophobe avec deux personnes qui se sont fait poignarder entre temps.
02:48 Donc voilà, il y a déjà eu un nouveau cas d'agression homophobe qui remplace cette nouvelle polémique.
02:54 Dans ce cadre, dans ce contexte, le gouvernement fait le pari de la pédagogie.
02:59 Il lance aujourd'hui une campagne de prévention dans les établissements scolaires,
03:03 l'Académie de Bordeaux lance un observatoire LGBTphobe, contre les actes LGBTphobes.
03:08 Est-ce que c'est ça le secret, une des solutions en tout cas, la pédagogie ?
03:13 Bien sûr, nous c'est ce qu'on prône aussi.
03:16 On souhaite que, par exemple, dans les cas de ce qu'on a pu évoquer,
03:19 quand une personne peut être punie pour homophobie, qu'elle puisse avoir une sensibilisation derrière,
03:26 se rendre compte que c'est la réalité des associations, la réalité des personnes LGBTQI+ aujourd'hui en France.
03:31 Et voilà, ça passera par la pédagogie pour changer aussi les mentalités. C'est essentiel.
03:36 D'ailleurs, au sein du Girofard, vous accueillez éventuellement des personnes
03:41 qui sont susceptibles d'avoir été condamnées ou punies, sanctionnées pour des actes homophobes ?
03:45 Oui, on a un protocole qu'on applique et ça nous permet de sensibiliser et de faire, comme vous l'avez dit, de la pédagogie.
03:52 C'est une forme de stage de citoyenneté, on peut définir ça comme ça ?
03:55 C'est un peu ça. Dans les faits, on ne l'appelle pas comme ça, mais c'est un peu ça.
03:58 Est-ce que vous faites le pari, en tout cas, que les...
04:03 On parle beaucoup des 10 ans du mariage pour tous, c'est récemment,
04:06 on a dit que ça avait fait changer les mentalités,
04:08 mais vous constatez que ça n'a pas été qu'un bien, finalement, en termes de changement ?
04:13 Oui, ça c'est vraiment... Souvent on entend "ben maintenant il y a l'égalité, il y a eu le mariage pour tous, c'est les 10 ans", etc.
04:19 Mais pour nous, en fait, c'est aussi les 10 ans de la libération du discours haineux, du discours LGBTQIphobe.
04:24 Quand on a vu les célébrations il y avait assez longtemps, les associations ont quand même bien rappelé
04:28 que c'est à partir de ce moment-là aussi qu'il y a eu une augmentation de toutes ces agressions.
04:33 Et cette libération de la parole et tous les actes aujourd'hui qu'on voit avec la montée de l'extrême droite,
04:40 en fait, ça prend aussi racine dans cette période-là.
04:42 Donc même s'il y a eu cette avancée, pour nous, elle est aussi...
04:48 C'est un souvenir très douloureux.
04:50 C'est la journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie, la biphobie.
04:54 On en parle ce matin avec notre invitée Tristan Poupard, le directeur du Girophare, un lieu d'écoute et d'accueil.
04:59 On entend ce matin sur France Bleu Gironde le témoignage de Benjamin et Yacine,
05:03 ce couple qui a été victime d'une très violente agression, c'était il y a presque trois ans, à Bordeaux.
05:07 Eux, ils ont carrément quitté Bordeaux, changé de vie pour "tourner la page" de cette agression.
05:13 Est-ce que vous vous rencontrez aussi des membres de la communauté LGBTQI+
05:17 qui changent complètement de vie pour échapper à toute cette situation ?
05:22 C'est compliqué. Chacun, dans sa situation, réagit différemment à chaque agression.
05:29 Et même quand elle n'est pas directe, elle va toucher aussi un cercle, cette agression-là.
05:34 Elle a beaucoup marqué l'année dernière les personnes LGBTQI+ de Bordeaux et même de Gironde.
05:41 Donc oui, ça a modifié les comportements derrière, ne serait-ce que dans l'espace public, le soir quand on rentre.
05:48 Donc ça va modifier les comportements. Donc il y a un impact en fait.
05:51 Eux ont carrément quitté Bordeaux pour la réole. Naïvement, on se dirait peut-être que dans les grandes villes,
05:57 c'est peut-être plus accepté, plus facile de vivre sans son homosexualité notamment ?
06:03 Malheureusement pour ça, il n'y a pas de règle. Qu'on soit dans les grandes villes ou à la campagne,
06:07 ou très exposé ou moins exposé, on va rencontrer des discriminations qui vont être différentes.
06:13 Mais malheureusement, il va y avoir discrimination la plupart du temps.
06:16 Merci beaucoup Tristan Poupard, directeur du Girofars, ce centre d'écoute et d'accueil à Bordeaux.
06:22 Merci d'avoir été avec nous.
06:23 Merci beaucoup. J'en profite juste pour dire que la prochaine marche des fiertés a lieu le 10 juin sur Bordeaux. Merci.

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