Enquête Exclusive : La Multinationale des Vendeurs à la Sauvette
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00:00 Ils sont super organisés, ils ont des getters, ils ont des gens qui les ravitaillent régulièrement.
00:20 Je prends l'autre côté.
00:21 Il va falloir taper le sprint derrière lui.
00:22 Ça vous intéresse de voir où ils ont planqué des sacs ?
00:37 Ah tout à fait.
00:38 Alors suivez-moi.
00:39 C'est le premier arbre.
00:40 C'est le premier angle que j'aime prendre dans ma première montre Rolex.
00:55 Tu n'as pas vu ça non ? C'est qui ça ?
01:02 C'est ton marabout.
01:04 C'est mon marabout.
01:05 Le mouri pour donner tout ce qu'il a dans sa poche bien, même vider son compte bancaire
01:13 rien que pour la communauté quoi.
01:14 Ne parle que du bien, tu n'aurais pas dû parler des millions et des milliards.
01:17 Combien vous avez réussi à ce que tu dis ?
01:23 Je ne sais pas, je ne parle pas, ça c'est secret, je ne dis pas.
01:26 Que ce soit un million ou deux cents millions, tout tiré à tout bas pour faire avancer les travaux.
01:30 Nous travaillons au nom de Dieu, nous travaillons pour Dieu.
01:33 C'est travail de mousquet, le grand mousquet tu ne connais pas, le grand mousquet de tout bas.
01:37 Bonsoir, bienvenue dans Enquête Exclusive qui vous fait découvrir ce soir l'univers étrange, étonnant des vendeurs à la sauvette.
02:01 Ils sont un peu partout dans le monde, dans tous les hauts lieux touristiques comme ici au pied de la tour Eiffel.
02:06 Alors derrière ce commerce, petit commerce, florissant, se cache une véritable multinationale où se mêlent l'argent, la religion et le pouvoir.
02:16 La multinationale des vendeurs à la sauvette, c'est un reportage de Michael Richard sur des images de Richard Morrobert pour ses productions et Enquête Exclusive.
02:28 Le soleil se lève sur le château de Versailles et devant les grilles majestueuses du monument,
02:34 les touristes qui se pressent ne se doutent pas qu'ils font l'objet d'une étonnante bagarre en coulisses.
02:39 A l'origine de tout, c'est les Africains qui sautent sur les visiteurs à peine débarqués.
02:45 Ils ne payent pas de mine et pourtant ils captent une bonne partie du business lucratif des vendeurs de souvenirs.
02:56 - On a sorti nos cartes postales et vous voyez, il y a déjà quelques clients qui se pressent devant le magasin.
03:02 Marc-Henri est propriétaire d'une dizaine des shops comme celle-ci.
03:08 C'est un commerçant officiel, seulement voilà, ces tours Eiffel sous forme de porte-clés ou de boules à neige,
03:16 les vendeurs à la sauvette les refourent dès la sortie des cars et 70% moins cher.
03:22 - On peut peut-être en apercevoir quelques-uns autour qui eux vendent le même type de produits.
03:28 Donc par exemple sur ma gauche là-bas, on voit des vendeurs à la sauvette qui vendent les mêmes produits que les nôtres à des prix extrêmement différents.
03:38 Des vendeurs qui sont quasiment comme chez eux.
03:42 Et pour cause, cela fait 30 ans qu'ils battent le pavé du château.
03:46 A tel point que ce sont eux désormais qui imposent leur loi aux commerçants.
03:52 - Nos tentes sont vandalisées régulièrement.
03:56 Vous voyez sur cette tente ici qui a été réparée il y a quelques jours.
04:01 Et voilà ce qui s'est passé cette nuit.
04:05 Voilà, quelqu'un a tenté de rentrer et vous voyez, je découvre en même temps que vous.
04:12 Je découvre en même temps que vous.
04:16 Je découvre en même temps que vous.
04:18 Ils se servent, là c'est le comble.
04:20 Là, ça, c'est incroyable.
04:22 C'est incroyable.
04:24 Là je le découvre en même temps que vous.
04:27 Ils se servent de notre tente pour stocker leurs marchandises.
04:31 Voilà, des tours Eiffel, donc les mêmes que ceux que nous avons au magasin.
04:35 Sans doute ça vient de nos fournisseurs.
04:37 Je vois qu'il y a marqué Paris dessus.
04:40 Oui c'est un de nos fournisseurs.
04:41 Ils vendent des petits porte-clés.
04:43 Marc-Henri est scandalisé.
04:45 Mais il ne pèse pas l'ouïe face à ces Africains qui savent se montrer menaçants
04:49 quand leur organisation est démasquée.
04:51 Car subitement, il déboule dans son dos.
04:55 J'étais obligé de sélectionner d'autres produits.
04:58 Ils veulent récupérer leurs marchandises.
05:00 J'espère que je ne vais pas me prendre un coup car ça m'est déjà arrivé.
05:03 Ce ne sont pas vos marchandises.
05:04 Devant leur détermination, le commerçant n'ose pas leur résister.
05:07 Là aussi vous avez des sacs pour vous servir de la tente.
05:11 C'est quoi ?
05:13 Là vous avez un sac.
05:16 Oui c'est mon sac.
05:17 Eh bien prenez-le monsieur.
05:18 Je le prends ?
05:19 Nous on est là avant toi et on sera là après toi.
05:23 D'accord.
05:24 On le sait.
05:25 Si on se casse, tout le monde se casse.
05:27 Je n'ai pas de problème monsieur.
05:29 Si on se casse, tout le monde se casse.
05:31 On est là avant toi et on sera là après toi.
05:33 Non, non, non.
05:34 Mais pourtant c'est illégal.
05:35 Moi je ne te parle pas toi.
05:37 Je te connais.
05:38 C'est illégal.
05:39 Je ne te parle pas.
05:41 Casse-toi.
05:42 Excusez-moi.
05:43 Vous, comment avez-vous pu nous joindre ?
05:44 Il a la tête de con.
05:45 Je ne parle pas à lui.
05:46 Face à la trentaine de vendeurs à la sauvette, Marc en récapitule car il craint des représailles,
05:51 notamment la nuit sur ces boutiques.
05:53 Ils ont acquis une telle emprise sur leur territoire que quelques minutes après,
05:57 ils reviennent tranquillement planquer leurs marchandises exactement au même endroit.
06:03 Les vendeurs sont en train de se faire arrêter.
06:05 Ils ont fait un gros délire.
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07:04 Ils ont fait un gros délire.
07:05 Ici, c'est plus d'une centaine de vendeurs qui arpentent sans relâche ce passage obligé
07:11 des touristes venus du monde entier.
07:13 Et juste en face, sur l'esplanade du Trocadéro, malheur à qui viendraient les concurrencés.
07:22 Le commerce est tellement juteux qu'un réseau de revendeurs indiens a tenté de s'implanter.
07:27 Mais les Africains les ont chassés.
07:30 Manu Militari.
07:31 - C'est ton territoire ?
07:32 - Oui.
07:33 - C'est ton territoire ?
07:34 - Oui.
07:35 - C'est ton territoire ?
07:36 - Oui.
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13:21 - C'est ton territoire ?
13:23 - Hé toi là ! Donne-moi mon sac ! Allez, donne-le moi !
13:27 - Tu dégages ton sac et t'arrêtes de me dire que je ne peux pas m'asseoir !
13:31 - Tu dégages ton sac, t'as compris ?
13:33 - Hé, gardez votre calme ! Ça vaut pas la peine de discuter pour ça !
13:39 - Hé, calme-toi ! Je vais te casser la gueule !
13:43 - Mais quoi ? Tu veux me casser la gueule ? Mais tu t'es regardé ?
13:45 - Tu n'en es même pas capable !
13:47 - Du calme, du calme !
13:50 - Sur les 200 km de route qui mènent à Touba, des bouchons interminables se forment.
13:55 Le pèlerinage mourit devient alors en bus une incroyable aventure
14:03 où ferveur religieuse et danger de la route se côtoient.
14:07 Car pour gagner encore plus d'argent, les gens se sont mis à faire des boulots.
14:12 - On va faire un boulot, on va faire un boulot !
14:15 - On va faire un boulot, on va faire un boulot !
14:17 Car pour gagner encore plus d'argent, les chauffeurs embarquent des voyageurs sur les toits des véhicules.
14:21 - On est en peu là, parce que c'est risqué, quoi !
14:25 - Il y a des accidents ici ?
14:29 - Ah, pour faire youra des accidents...
14:31 - C'est qui est seul qui sait, quoi !
14:36 Les mourides prennent des risques insensés.
14:45 Ce pèlerin, par exemple, joue les équilibristes à l'arrière du camion.
14:48 Un coup de frein et adieu le pèlerinage.
14:50 Eux circulent carrément à trois sur ce scooter pour parcourir 200 km.
14:57 Mais encore plus dangereux, les chauffeurs quittent la route goudronnée
15:04 en empruntant les bas côtés pour aller plus vite.
15:06 Mais les risques sont encore plus importants.
15:09 Les passagers sur le toit doivent éviter les arbres.
15:12 Alors forcément, pour certains pèlerins, c'est la catastrophe.
15:15 Cette camionnette s'est retournée, son pneu a explosé, faisant quelques blessés légers.
15:22 Et 30 km plus loin, c'est l'arrière de cette voiture
15:25 qui a légèrement changé de forme sous la violence du choc.
15:28 Le bus, débourvu de freins, l'a percuté à pleine vitesse.
15:32 - C'est un peu bizarre, ça !
15:34 - C'est un peu bizarre, ça !
15:35 - C'est un peu bizarre, ça !
15:36 - C'est un peu bizarre, ça !
15:37 - C'est un peu bizarre, ça !
15:38 - C'est un peu bizarre, ça !
15:39 - C'est un peu bizarre, ça !
15:40 - C'est un peu bizarre, ça !
15:41 - C'est un peu bizarre, ça !
15:42 - C'est un peu bizarre, ça !
15:43 - C'est un peu bizarre, ça !
15:44 - C'est un peu bizarre, ça !
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17:00 - C'est un peu bizarre, ça !
17:01 - C'est un peu bizarre, ça !
17:02 - C'est un peu bizarre, ça !
17:03 - C'est un peu bizarre, ça !
17:04 - C'est un peu bizarre, ça !
17:05 - C'est un peu bizarre, ça !
17:06 Alors d'où vient l'argent qui a fait prospérer cette petite bourgade ?
17:13 Au départ, il y a une organisation bien rodée, dont l'une des ramifications se trouve à
17:27 Paris, sous la tour Eiffel.
17:28 Première caractéristique, les Mourides sont d'excellents vendeurs.
17:33 Ils ont toujours le sourire et surtout avec eux, les touristes peuvent négocier à l'africaine.
17:39 Alors ils ont l'impression de réaliser de bonnes affaires.
17:41 - 3, 3, place pour ta clé.
17:52 - OK, 3 et porte-clé.
17:58 C'est la tour Eiffel.
17:59 Certains jours, pendant les fêtes et les vacances, les vendeurs peuvent gagner jusqu'à 300 euros,
18:02 alors qu'au Sénégal, le salaire moyen n'est que de 200 euros par mois.
18:05 Mais ce commerce clandestin est strictement interdit.
18:11 Alors les Mourides sont constamment aux abois, car la police rôde.
18:14 - Casquette.
18:15 Arnaud et David connaissent parfaitement leur secteur.
18:22 Pourtant, face aux Mourides, ils sont loin de gagner à tous les coups.
18:26 - Je prends l'autre côté.
18:27 C'est parti.
18:28 Ils tentent bien de se dissimuler dans la foule des touristes,
18:32 mais leurs uniformes les trahitent en permanence.
18:34 - On va faire celui-là.
18:36 Ça va être super difficile.
18:39 - Il va falloir taper le sprint derrière lui.
18:45 - Accélère, accélère.
18:46 Mais un cri d'alerte retentit.
18:48 Les policiers sont repérés, ils n'ont plus qu'une solution.
18:53 Courir après les Africains.
18:55 Mais les vendeurs se font la belle,
18:59 quitte à abandonner dans leur fuite leurs marchandises.
19:01 Et dès que les policiers s'arrêtent, les fuyards font d'eux-mêmes
19:07 et narguent leurs poursuivants.
19:08 - On va repasser à l'intérieur.
19:20 En fait, les Mourides ne craignent pas grand-chose,
19:23 car malgré ces quelques courses-poursuites,
19:24 ils ne sont pas une priorité pour les policiers,
19:27 qui, s'ils voulaient vraiment les arrêter, les poursuivraient en civile.
19:30 - Pardon, pardon, pardon.
19:32 Arnaud et David viennent de repérer à nouveau plusieurs Sénégalais.
19:36 À bicyclette, ils ont a priori plus de chance,
19:39 mais c'est compter sans l'organisation des Mourides.
19:41 - Ils se sont mis chacun d'un côté du pont.
19:44 Je sais pas si ils vont prendre la promenade
19:45 ou si ils vont descendre en dessous.
19:46 - On les repousse au trocadéro.
19:47 Et après, au pire, on fait le tour et on reprend le...
19:48 - On les repousse.
19:49 - On les repousse au trocadéro.
19:50 - On les repousse au trocadéro.
19:51 Et après, au pire, on fait le tour et on reprend le...
19:55 - Ça marche.
19:56 Mais les vendeurs ont tout prévu.
19:58 Sur le pont séparant la Tour Eiffel du trocadéro, un guetteur.
20:02 Et c'est lui qui va alerter les vendeurs.
20:04 - C'est parti.
20:13 Au milieu des voitures et à contresens, ils s'élancent.
20:20 Il s'agit de les attraper avant la fin du pont,
20:23 car de l'autre côté, on change d'arrondissement
20:25 et les policiers ne sont plus sur leur secteur.
20:26 Grâce au vélo, ils sont arrivés à leur hauteur.
20:31 - Stop, arrête-toi !
20:36 Mais les vendeurs sénégalais prennent tous les risques
20:39 au milieu des voitures.
20:40 Les policiers jouent leur vatou pour en coincer un.
20:50 Mais comme une anguille,
21:02 le vendeur réussit à leur fuir entre les doigts.
21:04 - Laisse mourir, laisse tomber.
21:11 Bref, les Maurites s'enfuient,
21:17 mais en fait, ils contrôlent mieux leur territoire que les policiers.
21:20 Et nous allons en avoir une autre preuve.
21:21 À défaut d'interpellation,
21:25 Arnaud et David vont essayer de confisquer les marchandises des revendeurs.
21:28 - En fait, on regarde dans les poubelles de temps en temps,
21:35 parce que quand on leur prend leur matériel, ils vont plus vite.
21:38 Ils vont plus vite, c'est ou dans les poubelles
21:40 ou derrière des choses comme ça, pour les cacher.
21:43 Mais les caches sont beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus sophistiquées.
21:47 Et ce jour-là, sans l'aide d'un riverain zélé,
21:50 les policiers n'auraient jamais déniché un petit stock de bibelots en tout genre.
21:53 - Ça vous intéresse d'en voir où ils ont planqué des sacs ?
22:02 - Ah, tout à fait.
22:03 - Alors suivez-moi.
22:04 - C'est de l'autre côté ?
22:05 - De l'autre côté, oui.
22:06 Grâce à ce renseignement,
22:10 Arnaud et David vont avoir la main très heureuse à quelques mètres de là.
22:13 En effet, pour constituer des stocks d'avance,
22:19 les vendeurs utilisent des caches très étonnantes.
22:21 Elles sont dissimulées tout autour de la Tour Eiffel,
22:24 sous les trottoirs de Paris.
22:25 - Donc là, ils ont perdu quand même une petite journée de travail pour eux.
22:34 Et ça représente un certain sang d'argent.
22:39 De cette cavité, David extrait d'énormes sacs bourrés de Tour Eiffel en tout genre,
22:43 de quoi alimenter plusieurs vendeurs pour toute la journée.
22:46 - Vous êtes tombé sur un trésor, là ?
22:52 - Ah oui !
22:53 - Vous en trouvez toujours autant ?
22:54 - Non, là, en fait, à ces périodes de fêtes, il y a beaucoup de touristes.
23:00 On va dire à chaque période de vacances,
23:03 c'est là où ils ont le plus de matériel.
23:04 - La clé de leur trafic, c'est le matériel.
23:07 C'est d'attraper directement le matériel.
23:09 Sans matériel, ils peuvent pas vendre.
23:11 Donc ils peuvent plus rester sur le site.
23:13 Dès qu'on trouve une planque, on y va directement pour le saisir.
23:19 Des saisies qui permettent de générer un peu la vente à la sauvette.
23:22 Mais elles révèlent aussi les risques encourus par les acheteurs de ces marchandises
23:25 fabriquées en Chine.
23:27 - Là, à Tour Eiffel en vert, on a le sot, là-bas.
23:31 Elles sont super dangereuses.
23:34 Parce qu'en fait, celles qui sont vendues dans le commerce,
23:36 elles ont pas le goût pointu.
23:39 Là, c'est vrai que c'est super dangereux pour les enfants.
23:42 - En une demi-heure, les policiers trouvent 3 caches
23:45 et récupèrent une dizaine de sacs sur l'avenue.
23:48 Pendant ce temps, 2 guetteurs chargés de surveiller le butin font grise mine.
23:54 - Ils sont super organisés. Ils ont des guetteurs.
24:01 Ils ont des gens qui les ravitaillent régulièrement.
24:04 - C'est-à-dire qu'ils sont ravitaillés en marchandises ?
24:07 - En marchandises.
24:09 - Comment ?
24:11 - C'est un véhicule qui vient. On a failli avoir le véhicule une fois.
24:14 Ca va super vite, parce qu'ils arrivent tous.
24:17 Il a une cinquantaine, une soixantaine.
24:20 Et ils débarrassent le véhicule en quelques secondes.
24:23 Alors le véhicule part de suite.
24:25 Là, je pense qu'on va arrêter, parce qu'on pourra pas...
24:27 On pourra pas tout transporter.
24:29 - Où vas-tu ? - Ils vont cacher ailleurs.
24:31 S'ils savent qu'on va repasser, quoi qu'il arrive.
24:36 Alors pourquoi les policiers ne mettent-ils pas plus de moyens
24:39 dans cette traque aux revendeurs ?
24:41 Tout simplement parce que s'ils les arrêtent,
24:45 ils ne peuvent que les relâcher
24:47 contre une simple amende de moins de 200 euros.
24:50 Car la multinationale des vendeurs à la sauvette a tout prévu.
24:54 Les Maurides ne sont pas des clandestins.
24:57 Ils ne sont pas expulsables.
24:59 Ils ont tous des visas en règle que leur vendent
25:01 des fonctionnaires corrompus de certaines ambassades européennes
25:04 du Sénégal.
25:06 C'est facile d'avoir les visas ?
25:10 On paye 4 millions.
25:13 4 millions de CFA ?
25:15 6 000 euros.
25:17 6 000 euros ?
25:19 Et à qui on paye ça ?
25:21 Aux ambassades.
25:23 On est avec 4.
25:26 Avec un visa d'Italie.
25:29 Un visa de l'Italie, hein ?
25:31 Oui.
25:32 Les gens qui font les deals là,
25:34 ils donnent aux ambassades les 5 000 euros.
25:36 Ouais.
25:37 Et après, il y a le courrier,
25:41 il y a le gars qui règle ça.
25:43 Ils sont deals quoi.
25:45 On combine entre eux.
25:47 Donc tu me disais tout à l'heure,
25:48 toi tu as payé 6 000 euros à des passeurs.
25:50 Et eux ils ont payé à l'ambassade d'Italie,
25:53 à Dakar,
25:54 pour que tu aies un visa de 6 mois.
25:57 Et beaucoup de gens viennent comme ça ?
26:00 Oui.
26:02 La plupart des gens qui sont ici.
26:04 Un scandale qui a éclaté récemment
26:07 à l'ambassade d'Italie à Dakar.
26:09 Où un responsable a été relevé de ses fonctions.
26:13 En quelques années,
26:16 il aurait fait passer 2 000 personnes en Europe
26:18 contre 2 visas,
26:19 effectivement vendus,
26:21 6 000 euros.
26:28 Bref, en Europe, la multinationale est au point.
26:31 Mais c'est de l'autre côté de l'Atlantique
26:33 qu'elle a prospéré d'une manière spectaculaire.
26:35 Direction New York.
26:38 Ici, les Maurites seraient près de 9 000,
26:52 la plus forte concentration hors des frontières du Sénégal.
26:56 Et c'est dans Harlem, la capitale des Noirs new-yorkais qu'ils vivent,
26:59 à Little Sénégal.
27:01 Les Maurites sont comme des poissons dans l'eau.
27:04 Restaurants, épiceries, boutiques de vêtements,
27:07 tous les commerces maurites se réclament de leur capitale tout bas.
27:11 À New York, les vendeurs gagnent leur vie plus facilement
27:15 et surtout plus rapidement qu'ailleurs.
27:17 Ce qu'il ne manque pas de raconter à la façon des rappeurs américains.
27:23 Ici, je suis à New York,
27:25 en train de faire de l'argent pour survivre.
27:27 Ces jours-ci, il fait chaud,
27:29 mais nous allons toujours être au-dessus.
27:31 F*** les policiers.
27:34 C'est l'argent facile ici.
27:36 C'est pour cela qu'on est là.
27:38 Parce qu'on ne veut pas aller travailler pour quelqu'un d'autre.
27:41 Ils nous payent par exemple 300 dollars pour 6 jours,
27:44 alors qu'on peut avoir 300 dollars dans un seul jour ici.
27:48 Non, on va être ici.
27:50 Même si la police nous arrête de gauche à droite,
27:53 on va faire de l'argent, n'est-ce pas ?
27:57 Salut, tu vas bien ?
27:59 Oui, je vais bien.
28:00 Merci.
28:01 Salut, tu vas bien ?
28:03 Oui, ça va.
28:04 Hassan est mouride.
28:09 Il a quitté le Sénégal il y a 8 ans.
28:11 Pour arriver aux Etats-Unis,
28:16 il a usurpé l'identité de son frère qui lui a prêté son passeport.
28:19 En débarquant à New York, il n'avait qu'un but,
28:22 profiter du rêve américain.
28:24 Tu dois travailler.
28:27 Regarde les Etats-Unis.
28:28 Les Etats-Unis étaient un grand pays.
28:30 Ils ont travaillé pour avoir tout ça.
28:33 C'est mon rêve aussi,
28:35 parce que je voulais faire comme tous les Sénégalais.
28:37 J'ai des amis qui ont des jolies voitures,
28:40 des belles maisons au Sénégal,
28:42 et qui aident leur famille.
28:44 Et moi, je suis dans une grande famille.
28:46 J'ai perdu mon père en 1987.
28:50 Et tout ce que je voulais faire, c'était aider ma famille.
28:54 Ils ont remplacé mon père.
28:56 On est là pour gagner nos vies.
28:58 On n'a pas d'autre choix.
29:00 En 8 ans, Hassan est passé de vendeur de rue
29:04 à vendeur de voitures vers le Sénégal.
29:06 Et aujourd'hui, il a pu s'offrir ce bolide.
29:09 C'est ta voiture ?
29:15 Oui, c'est ma voiture.
29:18 C'est ma deuxième femme.
29:24 Et quand Hassan conduit,
29:26 une autre personne très chère à son cœur n'est jamais bien loin.
29:29 C'est son marabout.
29:30 Tu l'as vu ?
29:31 Tu l'as vu, tu n'as pas vu ça, non ?
29:34 C'est qui, ça ?
29:35 Il y avait Srin Falou.
29:39 Il y a Srin Touba, et il y a le nom de Srin Falou ici.
29:43 C'est ton marabout ?
29:44 C'est mon marabout.
29:45 C'est le marabout de Touba.
29:48 C'est le grand marabout.
29:50 C'est une voiture de Mouride ?
29:51 Oui.
29:53 C'est le vrai Mouride, 100 %.
29:55 Si on peut dire 1000 %.
29:57 Dès son arrivée en 2001,
30:01 Hassan est accueilli ici par sa communauté.
30:03 Et c'est à Times Square, au lieu touristique,
30:08 qu'il a réalisé sa première vente,
30:10 une fausse montre de grande marque.
30:12 J'étais là avec des amis qui m'ont amené,
30:16 qui m'ont dit qu'il fallait faire quelque chose.
30:18 On m'avait donné des montres.
30:19 C'est le premier angle que j'ai vendu,
30:21 ma première montre Rolex.
30:23 Et le client m'a donné 170 dollars,
30:26 une montre qui coûte dans les 20 dollars.
30:29 Et j'étais en train de danser partout.
30:32 Car la spécialité Mouride à New York,
30:35 ce ne sont pas les bibelots touristiques,
30:37 mais la grosse contrefaçon.
30:39 À Battery Park, l'embarcadère pour la statue de la liberté,
30:42 s'écroulent des faux sacs par baluchons entiers.
30:45 Et pour éviter les contrôles policiers,
30:50 les Sénégalais de New York ont recours à une combine
30:52 qui permet de se fondre complètement dans le paysage américain.
30:55 Ils passent par des vétérans,
30:58 qui ont une licence tout ce qu'il y a de plus officielle
31:00 pour jouer les câblos aux coins des rues.
31:03 Parfois on se dispute parce qu'ils se mettent à vendre
31:13 la même marchandise que moi.
31:15 Mais bon, c'est ça le capitalisme.
31:17 Des fois, certains vendeurs débarquent
31:18 et vendent des sacs beaucoup moins chers que les miens.
31:20 Et je vais me crier "Eh, pourquoi tu les vends moins chers ?"
31:23 Mais tu sais, tout va bien,
31:26 parce qu'ils arrivent ici en été et au printemps.
31:28 Ils travaillent très dur, ils économisent de l'argent
31:30 et ils retournent au Sénégal, chez eux,
31:32 pour prendre soin de leur famille.
31:33 Je ne peux que respecter ça.
31:35 Nous descendons tous du même créateur,
31:36 on n'a qu'un seul Dieu.
31:38 En fait, derrière cette fraternité bon enfant,
31:43 il y a souvent un deal commercial
31:45 et chacun y trouve son compte.
31:48 Les Américains, comme ça, c'est des militaires retraités.
31:52 Et puis il y a des licences qu'on donne aux militaires retraités,
31:55 on ne les donne pas aux Sénégalais.
31:57 Et on prend les Américains pour l'utiliser,
32:00 les Américains, pour acheter des sacs
32:02 et faire comme un pourcentage.
32:06 Quand on achète le sac à 20 dollars,
32:09 on le vend à 50 dollars, lui, il prend 10 dollars.
32:12 À New York, en plein été,
32:14 un vendeur peut empocher jusqu'à 1000 dollars par jour.
32:17 Et la grande force de la communauté mouride,
32:19 c'est de convaincre ses membres de lui en reverser une partie.
32:22 Et pour voir comment argent et religion sont étroitement mêlés,
32:33 il faut se rendre à Harlem.
32:42 Tout se joue dans cette demeure en briques rouges,
32:44 qui est un peu le siège social de la communauté.
32:47 Elle nous a désignés comme interlocuteur Mourtada,
32:52 un des responsables mourris de New Yorkais.
32:55 Il sait tout des finances prospères des Sénégalais de New York,
32:58 mais il se garde bien de rentrer dans les détails.
33:01 - C'est beaucoup d'argent, hein ?
33:03 - Oui, c'est beaucoup d'argent.
33:05 - Comment vous faites pour réunir tout cet argent ?
33:08 - Tu sais que dans la communauté,
33:10 il y a toujours une solidarité entre les mourides.
33:13 Donc ça nous a pris beaucoup de temps,
33:17 mais quand même c'est la volonté.
33:20 Chacun était content, était prêt à participer.
33:23 En collectant de 1 dollar, de 2 à 3 à 4 dollars,
33:26 on a fini par construire et réformer cette maison.
33:29 La réalité est un peu plus complexe que ne veut bien le dire Mourtada.
33:37 Et vous allez comprendre pourquoi.
33:40 Aujourd'hui, c'est jour de prière.
33:43 Le bâtiment est plein à craquer.
33:46 Nous voici au cœur de la multinationale mouride
33:50 qui mélange étroitement business et religion.
33:52 C'est même l'une des forces de son fonctionnement.
33:55 Or, dans cette maison à l'intérieur sobre,
33:58 il y a une pièce étrange qui tranche avec toutes les autres.
34:02 C'est derrière ce rideau que les véritables chefs
34:05 de la communauté de passage à New York se reposent.
34:07 Ils ont un train de vie de PDG.
34:10 Voici la suite de grand luxe réservé aux vrais patrons.
34:21 Les marabouts, dont les portraits ornent les murs.
34:25 Ce sont eux qui récupèrent une partie de l'argent
34:29 des revendeurs du monde entier.
34:31 Et la quête commence dès la prière.
34:37 (musique)
34:39 Dans les rangs, des responsables passent avec des sacs.
34:46 Chacun glisse des dollars.
34:49 Et il y a toujours une bonne cause pour donner.
34:54 Sur le palier, en quittant la salle de prière,
34:59 c'est une seconde quête qui servira au fonctionnement de la maison.
35:04 Et ce n'est pas tout.
35:06 A la sortie, 3e quête pour financer de gros investissements au Sénégal.
35:09 Cette fois-ci, il s'agit d'agrandir la grande mosquée de Touba.
35:13 - Bon, merci.
35:16 L'argent que nous récoltons ici va à Touba, c'est pour le calife.
35:21 Que ce soit 1 million ou 200 millions,
35:24 tout ira à Touba pour faire avancer les travaux.
35:26 Nous travaillons au nom de Dieu.
35:28 Nous travaillons pour Dieu.
35:29 Celui qui travaille pour Dieu, contribuez !
35:32 - Vous voulez aller à Touba ?
35:34 L'argent qui est parti à Touba,
35:37 le dollar qui est parti avec le dollar,
35:39 ce n'est pas des chaînes.
35:41 - Et ça sert à quoi, là-bas ?
35:43 - Ça sert à l'armée.
35:44 Tu travailles pour la mosquée, la grande mosquée.
35:46 Tu ne connais pas la grande mosquée de Touba ?
35:48 Tu n'es pas venu ici pour vivre la mosquée de Touba ?
35:51 C'est ce qui travaille pour ça.
35:53 C'est le musulman qui travaille jusqu'à ce que tu aies mouru.
35:56 Travaille, travaille, travaille !
35:59 Chaque mouru estime normal de donner une partie de son travail
36:02 pour la capitale et ses marabouts.
36:04 Conséquence, les sommes récoltées sont phénoménales.
36:08 Mais c'est un des secrets les mieux gardés de la religion.
36:12 - Ça a bien marché, votre collègue ?
36:18 - Par la grâce de Dieu.
36:20 - Combien vous avez réussi à récolter ?
36:22 - Ça, c'est pas de parler.
36:24 Ça, c'est secret.
36:26 Ça, c'est pas de parler.
36:29 Alors comment percer ce mystère ?
36:32 Dès le lendemain soir, retour à Arlem, dans une autre mosquée.
36:38 À la recherche d'un fidèle qui serait un peu plus bavard que les autres.
36:43 La quête a déjà commencé et c'est Moudou qui va se laisser aller à quelques confidences.
36:54 - Le mouru, quand il s'agit de donner des adieux, il compte pas.
36:59 Il compte pas.
37:01 Le mouru peut donner tout ce qu'il a dans sa poche,
37:04 même vider son compte bancaire rien que pour la communauté.
37:08 Le mouru, les adieux, ça compte pas sur lui.
37:11 Il peut donner des milliards pour les adieux pour un mouru.
37:15 Écoute, écoute, il faut arrêter de parler avec ces journalistes.
37:18 Quand on parle avec eux, il faut parler de ce dont on est sûr
37:21 et qui est en conformité avec le mouridisme.
37:24 - Écoute, je suis né dans le milieu mouru et j'y ai grandi,
37:28 donc je sais de quoi je parle.
37:30 - Ne parle que du bien, tu n'aurais pas dû parler des millions et des milliards.
37:37 - Écoute, moi je parle français, toi tu ne parles pas français.
37:45 Tu ne sais même pas de quoi je parle.
37:49 Il m'a demandé combien je sors de ma poche pour les donner.
37:52 Je lui ai fait comprendre que le mourid n'a aucune limite concernant les dons.
37:57 S'il a des milliards, il peut les donner.
38:00 - OK, alors dis-lui aussi que ça ne diminue pas ses biens
38:03 et qu'un mourid ne se demande jamais où il met cet argent.
38:06 Modou se fait vertement rabrouer par un porte-parole de la communauté.
38:11 Et quelques minutes plus tard, un officiel lui demandera de quitter immédiatement les lieux.
38:18 Si les marabouts communiquent très facilement sur la religion et très peu sur son financement,
38:23 c'est parce que l'argent accumulé leur confère aussi un redoutable pouvoir politique.
38:28 Et c'est au Sénégal à Touba que nous allons nous en rendre compte.
38:33 Retour au Magal, le grand pèlerinage mourid qui bat son plein.
38:44 - Je vais être un grand pèlerin.
38:46 Nous retrouvons Radim, notre pèlerin new-yorkais.
38:53 Pour lui, c'est un grand jour. Il va enfin rencontrer son marabout dont il conserve la photo autour du cou.
38:59 - Là, je suis trop content, je suis rassuré.
39:05 Je fais tout ce trajet pour voir la chère, juste pour ça.
39:08 J'ai même pas besoin de le voir, t'es à tête, tu lui parles.
39:10 Là, ça me suffit.
39:11 Du moins qu'il est content, tout le monde est content, je suis content.
39:14 Je serai un mourid.
39:17 Au même instant, dans les rues, des sirènes se font entendre.
39:23 Les voilà qui arrivent.
39:27 Ce sont les maîtres de Touba qui prennent possession des lieux.
39:38 Entendus comme des messies, les marabouts mourides sont des personnages puissants et richissimes.
39:42 Escortés par la police, ils sont une centaine à venir des quatre coins du pays.
39:52 Leurs 4/4 rutilants forment une foule souvent pauvre et totalement acquise.
40:05 Pour ce grand pèderinage, la chorale de la mélodie divine est au rendez-vous.
40:09 Dans cette propriété, les fidèles attendent depuis plusieurs heures
40:15 celui qui actuellement séduit des milliers de jeunes sénégalais.
40:19 C'est l'un des marabouts les plus influents et controversés chez les mourides.
40:25 Nous sommes dans sa grande villa de 3 000 m2.
40:31 Et il s'est même fait construire une somptueuse mosquée privée dans la cour intérieure
40:34 grâce à l'argent donné par ses disciples.
40:36 Il s'agit de Sérene Maudou Karambake, surnommée le général,
40:42 pour son goût de la discipline et le caractère militaire de son mouvement religieux.
40:46 Radim est aux premières loges, car Maudou Kara est son marabout depuis 10 ans.
40:53 Mais impressionné, il est incapable de dire un mot.
40:58 - Qu'est-ce que tu ressens, Radim ?
41:01 - Écoute, mec, là franchement, je peux même plus te parler.
41:06 Je suis désolé, mec.
41:14 Maudou Kara a fait les choses en grand.
41:19 C'est dans son immense demeure, sous ce chapiteau, que se prédicata le pèderinage.
41:27 C'est dans ce chapiteau que ce prédicateur reçoit ses centaines de fidèles survoltées.
41:31 Certains ne l'ont pas vu depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
41:37 Sur son passage, les fidèles doivent se prosterner et rester au sol pour marquer leur totale soumission.
41:51 - On court ! On court !
41:53 Mais en pleine frénésie, certains tombent carrément en transe.
42:03 - Laissez-le respirer ! Dégagez le passage !
42:07 - Éloignez-vous ! Reculez ! Éloignez-vous !
42:12 - Reculez, reculez !
42:14 - On va se faire coucher !
42:16 - On va se faire coucher !
42:19 Sérine Maudou Kara est une véritable bête de scène, un marabout moderne.
42:24 Durant ses grands messes, il s'attache surtout à galvaniser ses fidèles.
42:42 - On est là pour une même cause et faisons en sorte que cela nous serve.
42:46 - Je vous exhorte à faire preuve de dépassement.
42:50 - On ne doit pas se fâcher aujourd'hui. Tout le monde doit être content.
42:55 - Aujourd'hui, c'est un jour de joie.
42:58 Dans le public, Radim n'en perd pas une miette.
43:05 Alors pourquoi adulte-t-il son marabout ?
43:09 Il est persuadé qu'il peut exaucer tous ses vœux de bonheur, de chance ou de prospérité.
43:14 - Les jeunes ont confiance en lui. Ils ont besoin de lui, ils ont confiance en lui.
43:21 - C'est un leader, en même temps un ami, tu vois.
43:24 - Il est tout pour nous. Il est libre, il est tout pour nous, c'est le vrai.
43:27 - Est-ce que tu es soumis à lui ?
43:30 - Je suis soumis à lui.
43:33 - Pourquoi rien ? Pourquoi rien ?
43:36 - Je suis soumis à lui. Pourquoi rien ?
43:39 Après la cérémonie, le marabout consent à recevoir certains disciples au cours d'apartés privés.
43:44 Les fidèles lui font alors des dons d'argent et des cadeaux.
43:47 En contrepartie, le marabout prie pour eux et leur donne des conseils.
43:51 A gauche de Modoukara, un disciple se précipite avec un flacon de parfum pour arracher une prière.
43:59 Ce qui, visiblement, n'émeugère le chef religieux.
44:02 Et ces marques d'affection vont durer plus d'une heure.
44:07 - Approche, bienvenue.
44:09 - Ça va, tu vas bien ? Comment vont les gens de Paris ?
44:12 - Tiens, prends ça, Sader.
44:14 Quelques instants plus tard, cette dame en bleu espère elle aussi une prière.
44:17 Mais le marabout n'est pas d'humeur et comme pour s'excuser, c'est lui qui, cette fois-ci, va lui donner un peu d'argent.
44:22 - Pouvez-vous prier pour nous ? Ça fait si longtemps que vous n'êtes pas venus.
44:26 - Ce n'est pas le moment de prier.
44:29 - Sader, tu vois la femme en bleu ? Donne-lui 20 000 francs CFA et écoute ce qu'elle a à te dire.
44:35 - Je ne suis pas venu pour prier.
44:37 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:40 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:43 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:46 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:49 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:52 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:55 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
44:58 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
45:01 - Je suis venu pour te dire que tu es un homme de Dieu.
45:04 - Tu vas au combat pour te faire terrasser. Pourquoi ?
45:07 - Il y a une façon de lutter.
45:09 - Ça ne doit plus t'arriver.
45:11 - Si tu as quelqu'un pour t'indiquer la voie à suivre, écoute-le.
45:14 - Ce que tu faisais au début, c'était bien, mais il te manque encore quelque chose.
45:18 - C'est le sport qui est comme ça.
45:20 - Quand il y a un combat, moi, je ne prends jamais parti.
45:23 - Je soutiens tous les lutteurs. Tu n'as qu'à faire des efforts.
45:30 Le lutteur encaisse le coup.
45:32 Et pourtant, ça ne va rien enlever à son envie de faire un don d'argent à son marabout.
45:36 - Je vais lui faire un don, mais pas tout de suite.
45:43 Je vais le faire discrètement, dans une enveloppe, parce que moi, je suis connu,
45:47 donc je ne veux pas que les gens disent
45:49 "Ah, le grand lutteur a donné tant d'argent au marabout."
45:52 Mais Modoukara ne se contente pas de dons occasionnels.
45:58 Il crée au sein de la communauté son propre courant,
46:01 le Mouvement Mondial pour l'unicité de Dieu, avec une charte très contraignante.
46:05 Les fidèles doivent adhérer au mouvement en payant une carte de 1 000 francs CFA,
46:12 c'est-à-dire 1,5 euro, et en versant ensuite chaque mois la même somme.
46:16 Mais surtout, les disciples du marabout doivent être au service exclusif de la communauté.
46:24 En clair, il faut obéir à tous ces ordres.
46:28 Son mouvement compterait plus de 900 000 adhérents
46:32 et plusieurs centaines de milliers d'euros récoltés chaque année.
46:36 Dans un pays pauvre comme le Sénégal,
46:38 c'est une manne d'argent exceptionnelle dans les mains d'un seul homme.
46:42 Alors qu'en fait-il ?
46:44 A cette question, le marabout vote en touche.
46:47 - Comment vous utilisez l'argent que vous recevez
46:55 de vos milliers de talibés ? Qu'est-ce que vous en faites ?
46:58 Je vais parler de ce journaliste, mais ne lui traduisez pas ce que je vais dire.
47:21 Parmi tous les journalistes,
47:23 ce sont toujours les Blancs qui posent les questions les plus embarrassantes.
47:27 Les journalistes sénégalais vont tenter aussi leur chance,
47:32 et le marabout va être un peu plus bavard.
47:35 Parmi tous les journalistes,
47:44 ce sont toujours les Blancs qui posent les questions les plus embarrassantes.
47:50 Les journalistes sénégalais vont tenter aussi leur chance,
47:53 et le marabout va être un peu plus bavard.
47:56 - Quelles sont vos sources de revenus ?
47:59 - Depuis 19 ans, je n'ai pas gardé le moindre sou en poche.
48:03 Même ma femme se demande d'où vient mon argent et si je ne le multiplie pas.
48:08 Mais partout où je vais, je loge toujours dans les hôtels les plus chers.
48:14 Je prends toujours une suite.
48:18 En fait, une partie de son argent passe dans les voitures,
48:21 ses villas et les hôtels de luxe.
48:23 Mais ce n'est pas tout.
48:25 Modou Kara, surnommé le général, a investi dans une milice personnelle,
48:37 la Kara Sécurité.
48:39 Plusieurs centaines de jeunes mourides sans armes
48:45 proposent ce service d'ordre, appelé les commandos de la paix.
48:49 Dans les rues de Touba, le défilé de ses soldats lui permet d'afficher son pouvoir.
48:54 Le gouvernement surveille cette milice de très près,
48:59 car elle fait parfois la chasse aux mauvais musulmans, aux vendeurs de drogue,
49:02 mais aussi le coup de poing avec les opposants du marabout ou les journalistes.
49:06 Adim le saut ! Adim le saut ! Adim le saut !
49:10 Modou Kara fait envoyer pendant chaque pèlerinage
49:20 plus de 300 porteurs de plats dans Touba pour nourrir la population.
49:24 Et c'est sa milice qui surveille les dizaines de marmites dans les cuisines.
49:33 C'est ici que les disciples préparent les repas à base de mille,
49:36 de viande, l'aliment le plus cher au Sénégal.
49:39 Soyez des dignes représentants du marabout,
49:53 que chacun fasse aujourd'hui comme s'il a vu Dieu.
49:56 C'est bien compris ?
50:02 Les soldats du marabout vont ensuite distribuer les plats garnis
50:05 dans plusieurs quartiers de la ville.
50:07 Dans les rues, les gens se jettent sur les plateaux.
50:13 Ils profitent de cette journée de partage pour manger ces plats de viande.
50:18 Voilà aussi pourquoi ces fidèles idolâtrent le marabout à chaque instant.
50:27 C'est le temps de manger !
50:29 C'est le commandant sacrifié de Dieu.
50:38 Nous n'aimons que ce que Dieu aime.
50:40 Nous ne voulons que ce que Dieu veut.
50:42 Nous ne voulons que tout ce que Cheikh Ahmadou Karambake Noreni veut.
50:47 Appelez-le Cheikh Ahmadou Karambake Noreni !
50:51 Appelez-le Cheikh Ahmadou Karambake Noreni !
50:54 Karamma Bram Daru !
50:56 Karamma Bram Daru !
50:58 Avec une telle organisation,
51:03 il était temps pour le marabout de faire de la politique.
51:06 Et il a allègrement franchi le pas.
51:08 Une personnalité a vu tout le parti qu'il pouvait tirer de ce puissant et richissime marabout.
51:15 Et justement, aujourd'hui, cette personnalité vient elle aussi faire son pèlerinage.
51:21 À l'héliport de Touba, c'est un grand jour.
51:24 Pour l'occasion, les marabouts ont revêtu leurs plus beaux boubous.
51:29 Il ne manquerait pour rien au monde l'accueil de ce grand personnage.
51:36 Quitte à affronter une petite tempête de sable provoquée par l'hélicoptère tant attendu.
51:45 [Musique]
52:08 Il s'agit du président sénégalais en personne, Abdoulaye Wad.
52:13 Il ne s'en cache pas, il est aussi membre de la communauté mourrine.
52:16 Aujourd'hui, le président Wad revient sur les terres qui ont beaucoup pesé dans sa réélection.
52:27 Et ses opposants disent qu'il vient renvoyer l'ascenseur aux marabouts qui ont fait sa campagne.
52:33 Car en 2007, le candidat à la présidentielle, Abdoulaye Wad, a mobilisé toutes les bonnes volontés.
52:43 Par exemple, pour ce meeting très important, un homme s'est dépensé sans compter pour convaincre les électeurs de voter pour lui.
52:49 Et cet homme, c'est Moudou Karam.
52:53 Pour le futur président, le marabout avait convoqué tous ses fidèles.
52:59 Il brandissait alors des pancartes avec en photo les deux hommes côte à côte.
53:03 Leur mission, voter pour Wad et inciter les électeurs à le faire.
53:08 Il y a différentes catégories de personnalités politiques qui aspirent à diriger le pays.
53:18 Mais celui-ci, il a déjà prouvé par ses actions qu'il en était capable.
53:23 C'est pas vrai ?
53:25 Tout ce qu'on a pu avoir au Sénégal, c'est grâce à lui.
53:30 Un soutien au président qui démontre le poids des marabouts dans la vie politique du pays.
53:38 Et aujourd'hui à Touba, le président Wad est venu honorer une promesse faite aux autorités mourides s'il était réélu.
53:45 Pour cela, il vient retrouver dans sa résidence l'instance suprême des mourides.
53:51 Le grand calife, le grand chef de tous les marabouts mourides.
53:57 Cet homme règne sur Touba et trois millions de mourides réparties dans le monde.
54:03 En tant que disciple, le président sénégalais est un de ses contributeurs.
54:07 Et comme tout bon fidèle, il donne au grand calife des marabouts et sa générosité sans limite.
54:14 Ces dernières années, certains quotidiens nationaux ont d'ailleurs épinglé ses largesses pour Touba.
54:26 En 2007, par exemple, il a débloqué 150 millions de francs CFA, soit 230 000 euros.
54:31 Et quelques temps plus tard, il revenait s'agenouiller aux pieds du calife pour lui offrir sa 32e limousine.
54:39 Enfin, il y a deux ans, Touba a carrément décroché le jackpot.
54:44 Wad a lancé un projet pharaonique de 100 millions d'euros pour le pays.
54:49 Enfin, il y a deux ans, Touba a carrément décroché le jackpot.
54:53 Wad a lancé un projet pharaonique de 100 milliards de francs CFA pour rénover la ville sainte.
54:57 Près de 150 millions d'euros.
55:00 Conséquence, dans les cinq années à venir, c'est un château d'eau qui sortira de terre.
55:07 Les mourides disposeront aussi d'un abattoir flambant neuf.
55:16 Et 600 kilomètres de route remplaceront les pistes de sable de la ville.
55:20 Mais pour autant, le président se défend d'être dans la main des Marabouts.
55:25 C'est juste le port.
55:27 Allez, avancez.
55:32 Le mouridisme, c'est aussi caractérisé par la discipline.
55:36 Parce que c'est une pyramide au-dessus de laquelle il y a le calife.
55:40 Vous croyez que c'est un dictateur, le calife ? Pas du tout.
55:43 Absolument pas. Mais c'est une autorité.
55:46 Quand il dit "vous faites ça", tout le monde le fait.
55:48 Y compris pour vous ?
55:50 Ça dépend, ça dépend. Moi, ils me demandent jamais.
55:53 Vous savez, je vais vous dire une chose.
55:55 Je l'ai souvent répétée. Jamais aucun calife, depuis que je suis là, avant d'être président,
56:02 ne m'a demandé de nommer celui-ci ministre ou celui-là.
56:05 Jamais. Jamais. Aucune implication dans mon gouvernement.
56:09 S'ils m'auraient demandé, ça m'aurait beaucoup gêné.
56:12 Si le calife demain me dit "il faut nommer celui-là ministre", ça m'aurait gêné.
56:15 Vous me poseriez des problèmes. Mais jamais. Parce qu'ils savent.
56:19 Ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire.
56:22 Si je me laisse, je suis à l'aise. Je suis très à l'aise.
56:25 De la Tour Eiffel à Paris, à Touba en Afrique en passant par New York,
56:34 la multinationale Mouride a acquis un pouvoir politique à la mesure de son réseau économique.
56:40 Les millions de dons collectés dans le monde entier profitent à la grande mosquée,
56:45 cet édifice à l'opulence inhabituelle en Afrique.
56:48 Et certains chefs mourides voudraient faire de cette mosquée le centre d'un futur régime politique sénégalais,
56:54 une république des Marabouts.
56:56 Cette émission a été préparée avec Julie Maumou-Mannier, élections en chef Laurent Riverson et Maude Brunel.
57:03 Production Stéphanie Burdeau. Bonne soirée sur M6.
57:06 Sous-titrage ST' 501
57:09 [Musique]
57:18 [Bruit de la télé]