Zoom - François Bousquet : "Dominique Venner, un étendard pour les générations"

  • l’année dernière
François Bousquet, directeur de La Nouvelle Librairie, vient présenter la journée de célébration de la mort de l’écrivain et essayiste Dominique Venner, organisée le 21 mai 2023, salle Wagram à Paris.

Dominique Venner avait appelé à des actions "spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences". Il s’est donné la mort dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 21 mai 2013. Ce geste a évidemment surpris, choqué, bouleversé. Cette mort volontaire n’était pas une renonciation, ni un geste de désespoir mais un germe, "comme une provocation aÌ l’espérance et aÌ l’émeute", un geste accompli "dans une intention de protestation et de fondation" car Dominique Venner se sentait le devoir d’agir "devant les périls immenses pour notre patrie française et européenne".

Dominique Venner a voulu mourir en Vieil Européen, suivant l’exemple de Caton d’Utique, de Sénèque, de Regulus. En ces temps ouÌ s’affichent des vies qui sont vides de sens, son geste incarne une éthique de la volonté, constituant un appel aux Européens encore lucides, par-delà les masses anesthésiées. De porte-glaive, Dominique Venner devenait une oriflamme, un étendard. Par sa mort, il marquait sa volonté de transmettre une flamme qui ne doit jamais s’éteindre.

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00:00 [Générique]
00:06 – Bonjour François Bousquet. – Bonjour Martial.
00:08 – Vous connaissez bien la maison, vous avez liberté,
00:10 vous y animez une émission, "Le Plus d'Eléments" notamment,
00:12 et cette année-là. – Oui, très juste.
00:14 – Et là, vous êtes en qualité de directeur de la nouvelle librairie
00:17 et aussi éditeur des livres de l'Institut Iliad.
00:19 – Exact. – C'est dans ces titres-là
00:20 que vous êtes présent ici aujourd'hui pour évoquer une personnalité.
00:25 Comme on dit dans le monde des médias,
00:26 il y a une actualité dominique vénère.
00:29 Essayiste, écrivain, qui a marqué plusieurs générations
00:33 et qui s'est donné la mort le 21 mai 2013.
00:38 François, très simplement, qui était Dominique Vénère ?
00:41 – Un Français et un Européen, historien, vous l'avez dit,
00:44 journaliste, puisqu'il a dirigé deux revues d'histoire
00:47 qui étaient deux revues très prestigieuses,
00:48 "Enquête sur l'Histoire" et "La Nouvelle Revue d'Histoire".
00:51 Il a été militant, activiste, soldat pendant la guerre d'Algérie,
00:54 il est passé par la casse-prison dans les années 60.
00:57 Il a pris du champ pour devenir un historien méditatif
00:59 et il nous a laissé quelques chefs-d'œuvre,
01:01 un livre de témoignages qui s'appelle "Le cœur rebelle",
01:03 un livre de testament qui s'appelle "Le samouraï d'accident",
01:06 "Aider le samouraï d'Occident" et quelques grands livres d'historiens,
01:08 je pense à l'histoire de la collaboration qu'il a pu écrire,
01:11 je pense également au siècle XIV,
01:13 qui est une immense somme sur la grande guerre civile européenne.
01:16 Donc je dirais en un mot, un poète, un poète de l'identité,
01:19 un soldat, c'est un soldat politique,
01:20 et un historien méditatif qui a pris du champ sur l'actualité.
01:24 Alors, j'ai cité cette date du 21 mai 2013,
01:27 elle est importante puisque nous allons parler, nous, du 21 mai 2023.
01:30 21 mai 2013, Dominique Wehner avait appelé, je cite,
01:35 à des actions spectaculaires et symboliques
01:37 pour ébranler les somnolences
01:39 et il s'est suicidé dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
01:43 Alors ce geste, il l'a surpris, il l'a interpellé,
01:45 il l'a aussi, bien évidemment, choqué.
01:47 Dix ans plus tard, avec le recul, rétrospectivement,
01:50 comment interprétez-vous cet acte ?
01:52 – Alors, je comprends que le geste ait pu heurter, pourquoi ?
01:55 Parce que Dominique Wehner était un païen.
01:58 Les païens sont assez peu nombreux, je crois, des païens authentiques.
02:01 C'est une espèce assez rare, il y a beaucoup de païens
02:03 qui se disent païens mais qui ne le sont pas.
02:06 Lui, il y avait une hostilité à l'égard du christianisme,
02:08 une hostilité identitaire, parce qu'il disait que le christianisme
02:10 n'était pas une religion identitaire.
02:12 Et les européens ont besoin d'une religion identitaire, disait-il.
02:15 Ce en quoi il se trompait, l'orthodoxie nous montre
02:17 que chez les chrétiens, il y a aussi un volet identitaire.
02:20 Mais qu'importe, se donner la mort un 21 mai 2013
02:24 dans la cathédrale Notre-Dame de Paris,
02:26 qui est le cœur de la géographie secrète de la France,
02:28 qui est 2.0 d'où tout part,
02:30 qui dépasse le cadre du catholicisme,
02:32 parce que c'est aussi le cadre de la monarchie,
02:34 c'était évidemment heurter les sensibilités chrétiennes et catholiques.
02:40 Et elles l'ont été, elles le restent dix ans après.
02:43 Il n'empêche, je crois que ce jour-là, Dominique Wehner
02:46 a voulu réunir les deux Europes qui lui tiennent vraiment à cœur.
02:49 L'Europe pré-chrétienne, c'était l'Europe de l'Antiquité,
02:52 gréco-latine, mais aussi l'Europe chrétienne,
02:54 l'Europe médiévale, l'Europe de la Renaissance,
02:56 l'Europe de l'âge classique, l'Europe de l'âge romantique,
02:58 qui était une Europe chrétienne.
03:00 Et ce qu'il a révoqué et récusé ce jour-là, dans ce geste,
03:03 moi je le trouve dans la perfection de la règle
03:05 des trois unités du théâtre classique.
03:07 C'est quoi la règle des trois unités du théâtre classique ?
03:09 Tous les écoliers le savent, c'est unité d'espace, de temps et d'action.
03:13 Il a essayé de réunir ces deux Europes qui lui tenaient à cœur,
03:15 la chrétienne et la pré-chrétienne,
03:17 pour récuser l'Europe post-chrétienne,
03:19 qui est en train de nous submerger.
03:21 Donc ce geste a pu choquer, je crois, mais au contraire...
03:23 - Il a expliqué ce geste qu'il allait faire,
03:25 est-ce qu'il l'a expliqué à l'avance ?
03:27 - Alors non, il ne l'a pas expliqué à l'avance,
03:29 puisqu'une fois qu'il s'est donné la mort dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris,
03:35 il a donné une lettre qui a été rendue publique,
03:38 où il dit la chose suivante,
03:40 "Dans ce lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris,
03:42 que je respecte et admire,
03:44 elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux
03:46 sur des lieux de culte plus anciens rappelant nos origines immémoriales."
03:48 Donc ça, il le dit.
03:50 Et quelques jours après sa mort, il y a un éditeur orthodoxe,
03:52 Pierre Guillaume de Roux,
03:54 aujourd'hui mort, malheureusement,
03:56 de mort naturelle, de maladie,
03:58 qui a publié "Le samouraï d'Occident",
04:00 qui est un livre posthume, immédiatement posthume,
04:02 "Le prévéilleur des insoumis",
04:04 où Dominique Veyner explique son geste.
04:06 En effet, réveiller les consciences assoupies,
04:08 endormies,
04:10 essayer de triompher de ce qu'il appelait
04:12 la "dormition de l'Europe".
04:14 L'Europe s'est endormie.
04:16 Donc il a voulu que ce geste soit spectaculaire.
04:18 Moi, je pense qu'il ne s'est pas seulement donné la mort,
04:20 il nous a tenus au jour, ce jour-là.
04:22 Son geste s'adresse à nous.
04:24 Et toi, François Bousquet,
04:26 qu'es-tu susceptible de faire
04:28 pour sauver la civilisation qui est la tienne ?
04:30 - Donc il voulait faire de son suicide un acte politique,
04:32 afin que... Il avait dit d'ailleurs que les paroles
04:34 soient authentifiées par rapport à des actes.
04:36 Il a parlé même d'une provocation
04:38 à l'espérance et à l'émeute.
04:40 Alors, dix ans plus tard, là encore,
04:42 dix ans plus tard, l'espérance,
04:44 elle est, comme le dit le chant, couverte de noirs nuages.
04:46 Et puis l'émeute,
04:48 on en est loin encore. Alors que faire face
04:50 à l'ampleur des défis ?
04:52 - Alors déjà, un petit point, une petite parenthèse
04:54 sur l'espérance. L'espérance ne relève pas
04:56 du vocabulaire habituel et du lexique habituel
04:58 de Dominique Veyner. Pourquoi ? Lui, il en appelle toujours
05:00 aux vertus cardinales, aux vertus romaines, en réalité,
05:02 mais pas aux vertus théologales, à la petite sœur espérance.
05:04 Il en appelle à la petite sœur espérance
05:06 ce jour-là, d'emblée.
05:08 C'est pour montrer qu'il y a un geste,
05:10 il se dirige vers le monde chrétien,
05:12 qui est aussi le sien.
05:14 Que s'est-il passé en dix ans ?
05:16 Eh bien, on a reculé, on a fait beaucoup de choses,
05:18 on a fait une quantité de choses,
05:20 mais elles sont insuffisantes face à l'ampleur de la tâche,
05:22 face à l'accélération de la catastrophe,
05:24 face à l'accélération du remplacement.
05:26 Il était hanté et obsédé par cette question identitaire.
05:28 Moi, je pense qu'il est le grand poète de l'identité,
05:30 pas le grand penseur.
05:32 Des penseurs, on en a beaucoup, des intellectuels, on en a beaucoup.
05:34 Je crois qu'il est le plus grand poète de l'identité
05:36 parce que, précisément, il a authentifié,
05:38 avec son sang, sa vision des choses
05:40 et sa vision du monde.
05:42 Alors, oui, qu'a-t-on fait en dix ans ?
05:44 Trop peu. On en a fait beaucoup.
05:46 Disons plutôt, on en a beaucoup fait,
05:48 mais il reste tout à faire.
05:50 - Le jour de sa mort,
05:52 lors d'un déjeuner, il a voulu,
05:54 dès le déjeuner avant sa mort,
05:56 avec ses amis, il a voulu la création
05:58 de l'Institut Iliad.
06:00 Notamment, il était en compagnie de Jean-Yves Le Gallou
06:02 et de Philippe Conrad. - Et Bernard Lucan.
06:04 - Et Bernard Lucan. Il a voulu cette création
06:06 de l'Institut Iliad,
06:08 qui est une vraie réussite.
06:10 Les dernières conférences en ont apporté la preuve
06:12 il y a quelques jours.
06:14 Et donc, l'Institut Iliad a décidé
06:16 de lui rendre hommage, si vous me permettez cette expression,
06:18 le 21 mai 2023.
06:20 Donc, dix jours, dix ans,
06:22 jour pour jour, au pavillon Vagram,
06:24 cette avenue Vagram, à Paris,
06:26 à partir de 15h. Est-ce que cet événement
06:28 est un moment pour dresser
06:30 un bilan, ou est-ce que c'est
06:32 pour dégager des perspectives ?
06:34 - Ce sera plutôt pour dégager des perspectives,
06:36 même si Jean-Yves Le Gallou
06:38 va intervenir sur la création de l'Institut Iliad.
06:40 Et vous avez raison de souvenir que c'est quelque chose
06:42 de très important qui a été créé, selon la volonté
06:44 de Dominique Wehner. De l'Institut Iliad,
06:46 on voit la vitrine qui est le colloque annuel,
06:48 où il y a 1100, 1200, 1300 personnes
06:50 à la maison de la chimie. On voit les publications
06:52 que la nouvelle librairie fait, il y en a beaucoup,
06:54 une quinzaine par an, mais la vraie mission,
06:56 le cœur de mission de l'Institut Iliad, c'est la formation des jeunes.
06:58 En 10 ans, il y a eu 230 auditeurs
07:00 qui ont été formés. Donc beaucoup d'entre eux
07:02 s'investissent dans le combat militant,
07:04 le combat politique, à tous les niveaux,
07:06 au niveau scolaire, familial,
07:08 entrepreneurial, politique. Donc c'est une vraie réussite.
07:10 Et Wehner a été obsédé
07:12 par l'idée de combat culturel, de guerre culturelle,
07:14 ou pour reprendre le mot de Renan,
07:16 après la guerre de 1870,
07:18 de réforme intellectuelle et morale.
07:20 C'est comment poser la possibilité
07:22 d'une réforme intellectuelle et morale.
07:24 Donc Jean-Yves Le Gallou va intervenir sur ce sujet-là,
07:26 mais le vrai volet de cette journée
07:28 du 21 mai 2023,
07:30 c'est qu'allons-nous faire dans les mois
07:32 et les années qui viennent ? On s'adresse vraiment à la jeunesse,
07:34 pas par démagogie. J'ai toujours
07:36 en tête, bien sûr, le mot de Roger Nimier,
07:38 qui se moquait du maréchal Pétain.
07:40 Il disait "les conseils à la jeunesse sont un genre
07:42 bien particulier". Le maréchal Pétain s'y exerça
07:44 quelques temps. Il raillit
07:46 un petit peu, n'y misant les uns en cela. Il n'empêche,
07:48 c'est quand même le cœur de l'œuvre de Wehner,
07:50 c'est ça. C'est comment transmettre à la jeunesse le flambeau.
07:52 – C'est pour ça que vous l'avez mis en titre, en premier titre,
07:54 "l'appel à la jeunesse". – "L'appel à la jeunesse et la flamme".
07:56 Comment maintenir ? C'est pour ça qu'on
07:58 hésite sur cette journée d'hommage.
08:00 C'est plus une célébration.
08:02 – Oui, c'est ça. Parce que là, vous ne voulez pas.
08:04 Je ne savais pas très bien ce que vous pensiez. Je dis "hommage" parce que
08:06 vous ne voulez pas que ce soit une commémoration,
08:08 vous ne voulez pas que ce soit un hommage, vous voulez que ce soit une célébration.
08:10 Pardon François, je ne suis pas un grand intellectuel
08:12 comme vous. C'est quoi la différence ?
08:14 – Disons que le...
08:16 Moi, elle ne me dérange pas tant que ça "hommage".
08:18 Mais disons qu'on ne veut pas...
08:20 Ce qu'on veut, c'est maintenir vivant le foyer.
08:22 Pas entretenir les cendres.
08:24 Même si, de fait, il y a des cendres.
08:26 Mais on voudrait nourrir le foyer,
08:28 nourrir le feu, pour qu'on soit
08:30 de plus en plus visibles,
08:32 de plus en plus efficaces, et qu'on soit porteurs
08:34 d'espérance. Le message
08:36 à la jeunesse est central et décisif.
08:38 Moi, je trouve que l'œuvre de Dominique Veyner,
08:40 avec son suicide, entre autres, mais également
08:42 la découverte posthume des carnets rebelles,
08:44 il y a un énorme massif de textes,
08:46 des milliers de pages, qui constituent
08:48 une sorte de journal posthume, que Dominique Veyner
08:50 frappe à la porte des très grands écrivains
08:52 du XXe siècle, en particulier à la famille
08:54 des auteurs qu'on appelle les romantiques fascistes.
08:56 Druel La Rochelle, Louis Ferdinand Céline,
08:58 Lucien Rebatté, Robert Braziac.
09:00 C'est vraiment quelqu'un de grand.
09:02 En particulier, ces carnets rebelles
09:04 nous montrent qu'il y a une œuvre littéraire
09:06 très consistante, très volumineuse, très substantielle.
09:08 Et j'ai toujours en tête
09:10 le dernier texte de Braziac, qui est une lettre
09:12 à la jeunesse des années 60,
09:14 une lettre qui l'adresse à la jeunesse,
09:16 la jeunesse qui va lui suivre dans 20 ans.
09:18 L'œuvre de Veyner, c'est la même chose.
09:20 C'est un message adressé aux jeunes.
09:22 "Mobilisez-vous".
09:24 "As-tu du cœur, Rodrigue ? As-tu de l'enthousiasme ?
09:26 As-tu de l'énergie ? As-tu de la volonté ?"
09:28 C'est le message que nous voudrions
09:30 faire passer ce 21 mai,
09:32 en lisant un texte qui sera lu
09:34 dans plusieurs pays européens.
09:36 - C'est ça, ce que je vois, la dimension européenne.
09:38 Vous avez prévu de lire ce texte,
09:40 en plusieurs langues,
09:42 "Le réveil des Européens", mais
09:44 de Mick Veyner, on ne doutait pas que l'Europe
09:46 était pour lui un thème central.
09:48 Comment on fait vivre
09:50 cette dimension aujourd'hui ?
09:52 Qu'est-ce qu'on peut dire sur ce sujet-là,
09:54 encore 10 ans plus tard ?
09:56 - C'est très difficile. Je reviens un petit peu en arrière.
09:58 Pourquoi je dis qu'il est central
10:00 dans le combat identitaire ? Parce que je pense
10:02 qu'il a été le premier à l'entrevoir et le percevoir.
10:04 Comment il s'en est rendu compte ?
10:06 Il s'en est rendu compte en Algérie,
10:08 en août 1956. Il n'est pas appelé du contingent.
10:10 Il est volontaire pour aller en Algérie.
10:12 Et qu'est-ce qu'il découvre en Algérie ?
10:14 En Algérie, il découvre qu'il y a des indigènes
10:16 et des européens. C'est sa grande découverte.
10:18 Donc, à partir des années, au milieu des années 50,
10:20 il découvre qu'il y a une dimension
10:22 identitaire, culturelle, historique,
10:24 mais aussi ethnique,
10:26 qui fait qu'il est interdit
10:28 pour des indigènes et des européens
10:30 de se côtoyer.
10:32 Le statut social est réversible. C'est ce que la gauche ne comprend pas.
10:34 Le statut social est réversible.
10:36 On pourrait très bien imaginer que des ouvriers indigènes
10:38 s'entendent en Algérie que des ouvriers européens.
10:40 Ce n'est pas le cas, puisque la dimension identitaire
10:42 est beaucoup plus forte. Donc, il y a 50 ans,
10:44 60 ans, Dominique Veyner voit la centralité
10:46 de cette question, qui est la question
10:48 européenne. Alors, évidemment,
10:50 cette question européenne, pourquoi
10:52 on insiste autant sur cette dimension européenne ?
10:54 Puisqu'il y a une unité de civilisation.
10:56 Et cette unité de civilisation nous est apparue
10:58 à nous, qui n'avions pas
11:00 la dimension visionnaire de Dominique Veyner,
11:02 après le 11 septembre 2001.
11:04 Nous, on l'a compris
11:06 à partir du 3e
11:08 millénaire, en réalité, quand
11:10 le djihadisme
11:12 a heurté les Twin Towers.
11:14 Mais, lui, Dominique Veyner l'avait vu beaucoup plus tôt.
11:16 Il avait vu 50 ans plus tôt cette
11:18 question identitaire, cette question octitonienne,
11:20 cette question civilisationnelle.
11:22 Donc, c'est évidemment, à l'Europe,
11:24 dans toutes ces dimensions, culturelles,
11:26 je le disais, culturelles, historiques,
11:28 mais aussi religieuses, mais aussi ethniques.
11:30 Alors, évidemment, c'est l'objection
11:32 que vous me disiez, qu'avons-nous fait en 10 ans ?
11:34 De fait, nos adversaires vont
11:36 plus vite que nous.
11:38 Le combat culturel, on ne l'a pas gagné.
11:40 Donc, tout reste à faire.
11:42 – Oui, on va voir d'ailleurs qu'il y a une importante
11:44 actualité éditoriale autour
11:46 de Dominique Veyner, c'est aussi le combat
11:48 culturel. La nouvelle librairie que vous dirigez,
11:50 je l'ai dit il y a quelques minutes,
11:52 propose et va sortir coup sur coup
11:54 trois ouvrages à l'occasion
11:56 de cette journée. Et tout d'abord,
11:58 un livre d'entretien avec Claudide Veyner,
12:00 sa veuve et Egonone.
12:02 – Oui, Egonone qui dirige la chaîne
12:04 YouTube du même nom, qui est un jeune
12:06 philosophe, moins de 30 ans,
12:08 et configuration parfaite
12:10 de ce qu'est l'Institut Iliade,
12:12 du cœur nucléaire
12:14 de l'Institut Iliade, c'est un auditeur.
12:16 C'est comme ça que nous le rencontrons,
12:18 Egonone, alias Antoine Dresse,
12:20 qui le signe sous son nom, Antoine Dresse,
12:22 qui est un belge, et qui a fait un livre d'entretien
12:24 avec Claudide Veyner, qui est la dernière femme,
12:26 la troisième et dernière femme de Dominique Veyner.
12:28 Moi je trouve que c'est un livre remarquable,
12:30 parce que c'est une femme qui a du fond,
12:32 qui a de la profondeur, qui a une vision
12:34 historique, et qui donnait
12:36 vraiment la réplique à Dominique Veyner.
12:38 C'était pas un ping-pong, c'était pas un mur
12:40 sur lequel Dominique Veyner essayait ses phrases,
12:42 essayait sa pensée, etc. C'est quelqu'un
12:44 avec qui il a pu débattre, s'entretenir,
12:46 et elle nous montre qu'il est beaucoup plus complexe,
12:48 mais c'est ce que montrent également les carnets rebelles,
12:50 on va y revenir. On a Dominique Veyner,
12:52 la vision d'un homme, "Le soleil et l'acier"
12:54 de Mishima, en réalité, Younger, "Les orages d'acier".
12:56 Il est fasciné par ce monde-là, mais également,
12:58 il y a beaucoup de velours chez Dominique Veyner,
13:00 il y a beaucoup de frivolité qui tenait
13:02 de sa grand-mère, et ça apparaît
13:04 de manière manifeste dans le livre
13:06 d'entretien de Clotilde Veyner, mais aussi
13:08 dans les carnets rebelles.
13:10 On découvre, c'est la force
13:12 de Veyner, parce que c'est un destin, ce donner
13:14 de la mort, dans les conditions où il se donnait,
13:16 c'est basculer d'une vie ordinaire et normale
13:18 dans une vie avec un destin,
13:20 qui est la vie, ce sont des vies tragiques.
13:22 Et donc, qu'on est en train
13:24 de nourrir, de manière posthume,
13:26 de donner de l'épaisseur, encore plus de corps
13:28 au personnage, en essayant de le rendre
13:30 de plus en plus central. Donc ça, c'est le premier
13:32 livre que nous sortons, mais il y en aura d'autres.
13:34 – Et puis il y a aussi la publication des
13:36 carnets rebelles, le 3ème volume.
13:38 – Le 3ème volume,
13:40 de Conrad.
13:42 – Conrad, qui présente "Passé-présent" avec Guillaume Ficke sur TVL.
13:45 – Voilà, et qui avait pris le relais de Dominique Veyner
13:47 après la mort de Dominique Veyner, à la tête
13:49 de la nouvelle revue d'histoire, qui était la revue de Dominique Veyner.
13:51 "Les carnets rebelles", c'est,
13:53 moi je pense qu'une œuvre, c'est la pesée des âmes
13:55 dans la théologie catholique.
13:57 Et bien, il y a aussi une pesée des auteurs. Je crois
13:59 qu'une œuvre se juge également par les
14:01 90 volumes de Tolstoy, de Głowacki,
14:03 de Victor Hugo, de Balzac.
14:05 Et bien, on est en train de se rendre compte qu'il y a
14:07 un nombre de volumes incalculables dans l'œuvre de Dominique Veyner.
14:09 Et à un moment donné, le quantitatif
14:11 se transforme en qualitatif. Donc tout ça
14:13 est en train de conforter
14:15 la figure de Dominique Veyner. Mais il y a aussi,
14:17 si vous permettez, un livre d'hommage
14:19 collectif dirigé par Solène Marti,
14:21 qui est à l'occasion déjà de passer
14:23 sur les plateaux de TV Liberté.
14:25 – Qui sera dans quelques jours,
14:27 sera plateau pour la question de l'identité.
14:29 L'identité est-elle en panne ?
14:31 – Voilà, donc nous sommes dans le sujet de Dominique Veyner.
14:33 Un livre d'hommage à l'aube de nos destins.
14:35 Mais aussi pour vous montrer à quel point
14:37 le personnage intrigue, Benoît Raisky
14:39 a fait il y a quelques mois un livre
14:41 "Viva la muerte", je le rappelle
14:43 au téléspectateur Benoît Raisky, ce carrière qui vient de la gauche,
14:45 de la gauche, il y a un effet de bascule
14:47 surprenant, et qui se retrouve
14:49 dans l'oeuvre de Dominique Veyner.
14:51 Renaud Dely, c'est…
14:53 – Renaud Dely, moi, ça reste pour moi
14:55 le journaliste de Libération.
14:57 – Ah mais c'est ce qu'il reste, aujourd'hui
14:59 la France Info, de toute façon c'est le système
15:01 des revolvignes d'or comme les américains,
15:03 c'est que quand il passe, il quitte l'Ibée, il va à l'Obs,
15:05 quand il quitte l'Obs, il va à Marianne,
15:07 après il va à France Info, et puis après il va sur Arte.
15:09 Et puis on refait un tour de boucle.
15:11 – Et là il est sur Arte maintenant.
15:13 – Voilà, il va démolir, je crois, Dominique Veyner.
15:15 N'empêche, il est fasciné par lui.
15:17 Pourquoi ? Parce qu'il relève, il appartient
15:19 à ce continent, à cet archipel, plutôt,
15:21 de la famille du romantisme fasciste.
15:23 Je le redis, Druilla Rochelle, Rebate, Brasillac
15:25 et quelques autres. Donc oui, il y a
15:27 une actualité Dominique Veyner,
15:29 comme disent les journalistes
15:31 et comme vous le rappeliez, et je crois,
15:33 et tant mieux, nous avons besoin,
15:35 nous, identitaires,
15:37 chrétiens ou pas chrétiens,
15:39 nous avons besoin de nous appuyer,
15:41 pas seulement sur ce que nous faisons les uns et les autres
15:43 dans le quotidien, moi, de l'édition, du journalisme,
15:45 comme vous, on a besoin de s'appuyer sur des grandes figures.
15:47 Il n'y en a pas tant que ça.
15:49 Il y a Jean Raspail, il y a Renaud Camus,
15:51 il y a Alain Benoît et il y a Dominique Veyner.
15:53 Il y en a sûrement quelques autres.
15:55 On a besoin de savoir que
15:57 nos idées ont été défendues,
15:59 portées par des esprits
16:01 qui relèvent, pour certains d'entre eux, du génie.
16:03 – François Bousquet,
16:05 qu'est-ce que vous diriez,
16:07 qu'est-ce que nous dirait, d'ailleurs,
16:09 Dominique Veyner s'il revenait,
16:11 qui alertait sur la destruction
16:13 programmée de la civilisation européenne ?
16:15 On y est.
16:17 – Oui, alors il ne le dirait pas en ces termes,
16:19 puisque c'est, je vais l'appeler
16:21 au registre du langage familier,
16:23 mais dépêchez-vous les gars, ça chauffe là.
16:25 Il ne le dirait pas en ces termes,
16:27 puisque c'était un homme plein de pudeur,
16:29 avec un langage classique assez châtié.
16:31 Il dirait, mais qu'as-tu fait, je le redis,
16:33 qu'as-tu fait, François Bousquet, de ta vie ?
16:35 Qu'es-tu, François Bousquet, disposé à sacrifier ?
16:37 Je crois que Dominique Veyner
16:39 pensait, moi aussi, je le crois,
16:41 les chrétiens le pensent aussi,
16:43 et pas que, les européens,
16:45 qu'un homme se mesure au sacrifice
16:47 qu'il est disposé à faire. Je crois qu'il y a trois niveaux
16:49 de sacrifice. Il y a des choses
16:51 pour lesquelles on est prêt à se sacrifier.
16:53 Notre famille, par exemple, nous sommes les pères
16:55 de famille, ils sont prêts à se sacrifier pour leurs enfants,
16:57 ou les mères de famille, premier niveau de sacrifice.
16:59 Second niveau de sacrifice,
17:01 c'est qu'il y a des choses que nous sommes prêts à sacrifier.
17:03 Eh bien, par exemple, un repas,
17:05 un dessert, que sais-je.
17:07 Il y a des choses qu'on est prêts à sacrifier,
17:09 parce qu'on considère qu'elles ne sont pas importantes.
17:11 Donc il y a une hiérarchie, il y a une échelle de sacrifice.
17:13 Qu'est-ce que nous sommes disposés à sacrifier ?
17:15 Pas notre vie, ça c'est du registre du héros,
17:17 ou de la personne qui veut avoir
17:19 un destin, c'est Dominique Veyner.
17:21 Mais qu'est-ce que nous sommes disposés à faire
17:23 pour nous investir
17:25 dans le combat culturel ? Nous investir
17:27 ou investir, c'est-à-dire donner de notre personne
17:29 ou donner de l'argent. C'est qu'est-ce que nous sommes
17:31 prêts à faire, nous, européens, nous, français, et nous, européens,
17:33 moi je suis très attaché à la dimension française,
17:35 donc nous, français, mais aussi nous, européens,
17:37 qu'est-ce que nous sommes disposés à faire
17:39 pour sauver notre civilisation ?
17:41 C'est ce que Dominique Veyner nous dirait. Et je le redis,
17:43 je crois que quand il se donne la mort,
17:45 c'est nous qui tient au jour.
17:47 - Question difficile, dernière question mais difficile.
17:49 Referait-il le même geste
17:51 s'il revenait ?
17:53 Est-ce qu'il ferait
17:55 le même geste, qui a soulevé
17:57 beaucoup d'incompréhension, un geste aussi
17:59 dans une cathédrale qui, quelques années plus tard,
18:01 va partir en cendre ?
18:03 - Alors ça, on ne pouvait pas le savoir.
18:05 Pour l'incendie
18:07 de Notre-Dame. Mais de fait, l'église,
18:09 le temple, la cathédrale
18:11 a été branlée, en l'espace de quelques années,
18:13 par l'incendie et puis aussi par la mort,
18:15 puisque la mort donne une idée de l'intérêt. Il y a l'écho
18:17 de l'arme à feu.
18:19 Oui, je crois,
18:21 c'était une personnalité
18:23 intransigeante.
18:25 Je crois qu'il aurait refait le même geste,
18:29 c'est la question difficile, mais je pense qu'il aurait fait le même geste.
18:31 Que faire d'autre ? Il a 78 ans,
18:33 il est sain de corps et d'esprit,
18:35 on n'est pas en guerre, de fait.
18:37 Qu'est-ce qu'on peut faire pour alerter
18:39 les siens,
18:41 pour leur dire "l'heure est grave".
18:43 Il y a un compte à rebours qui a été enclenché,
18:45 c'est le compte à rebours du camp des Saints.
18:47 Ils sont à 20 000 km des côtes
18:49 méditerranéennes, puis à 10 000, puis à 5 000,
18:51 puis à 2 000, et puis c'est en face de nous.
18:53 Donc on est pris par l'urgence. Que faire ?
18:55 Je crois qu'à 78 ans, on ne peut rien faire d'autre.
18:57 S'il avait eu 20 ans, peut-être qu'il serait parti sur un front,
18:59 en Russie, j'en sais rien.
19:01 Ce n'est pas le cas, donc il a choisi
19:03 la mort volontaire.
19:05 Mais c'est une mort de la mort, j'en ai fini.
19:07 Il faut bien comprendre que quand il se tue,
19:09 ce qu'il tue, c'est la mort.
19:11 C'est une négation de la négation.
19:13 Il meurt physiquement pour revivre
19:15 spirituellement. Il meurt pour que nous ne mourions pas.
19:17 Raison pour laquelle,
19:19 dix ans après, le combat est toujours là.
19:21 L'heure est plus urgente qu'elle ne l'était
19:23 en 2013, mais il n'empêche,
19:25 Dominique Vénère, pour nous,
19:27 c'est un étendard, une riflame.
19:29 Nous allons le 21 mai 2023
19:31 à la salle de la Grave.
19:33 – Ce que je voulais dire, c'est que vous appelez les téléspectateurs,
19:35 en l'occurrence, à nous rejoindre aujourd'hui,
19:37 et à tous ceux qui le veulent, de participer à cette journée
19:39 de célébration du 21 mai.
19:41 Est-ce que vous pouvez nous redire où ça se déroule ?
19:43 On va avoir tous les détails qui vont s'inscrire,
19:45 mais n'hésitez pas à nous dire
19:47 comment on y va, qui a le droit d'y aller,
19:49 combien ça coûte, où c'est.
19:51 – Combien ça coûte ? Je crois que c'est 10 euros,
19:53 moins cher pour les étudiants. Et ceux qui veulent
19:55 plus, donnent plus. C'est à 15h, le dimanche
19:57 21 mai 2023,
19:59 à l'espace Avenue Vagram, et tout ça va apparaître.
20:01 On va intervenir beaucoup de gens,
20:03 des gens que connaissent bien, les téléspectateurs de TV Liberté,
20:05 Jean-Yves Le Gallou, Rémi Soulier, moi, d'autres.
20:07 Et nous allons, pendant 4 à 5 heures,
20:09 essayer d'évoquer les perspectives
20:11 qui s'ouvrent à nous, et la manière
20:13 dont nous allons pouvoir essayer
20:15 d'infléchir le destin
20:17 auquel nous souhaitons échapper,
20:19 c'est celui qui est programmé par le Grand emplacement
20:21 de la fin des européens.
20:23 – C'est Avenue Vagram, c'est à côté de la place
20:25 de l'Étoile, à Paris.
20:27 Dernière information,
20:29 on s'inscrit à l'avance, je crois ?
20:31 – On peut s'inscrire par internet,
20:33 mais tout ça va apparaître, se préinscrire.
20:35 – Sur le site ? – Il vaut mieux se préinscrire,
20:37 comme ça c'est… – Sur le site de l'Institut de l'Iliade ?
20:39 – L'Institut de l'Iliade, comme ça vous avez sûr
20:41 d'avoir une place, mais la salle est assez grande,
20:43 je crois 4 ou 500 places. – D'accord. Merci beaucoup
20:45 François Bousquet, on se retrouve très bientôt,
20:47 on l'a dit, avec le plus d'éléments,
20:49 et d'autres occasions aussi. – Merci Marcial.
20:52 [Musique]
20:54 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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