Conférence annulée à la Sorbonne / Démission du maire de Saint-Brévin / Plan réindustrialisation

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Mettez vous d'accord avec Ergun Toparslan, Jérôme Ripoull, Najwa El Haite et Rafik Smati

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##METTEZ_VOUS_D_ACCORD-2023-05-12##

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00:00 - Sud Radio, mettez-vous d'accord, 9h10h, Christine Bouillaud.
00:06 - Et on est ravis de vous retrouver, et vont attenter de se mettre d'accord jusqu'à 10h sur Sud Radio en ce vendredi 12 mai 2023, en compagnie de nos 4 débatteurs.
00:15 Ils sont là, ils sont prêts, je les salue, Ergun Toparslan, bonjour Ergun, vice-président et porte-parole de Territoire de Progrès, Jérôme Ripoul, bonjour Jérôme,
00:23 directeur associé de l'agence Comme Influence, éco-président d'Opinion Vallée, Najwa El Haïti, bonjour, docteur en droit public et président de Demain.
00:32 - Alors je suis pu, non mais bon c'est pas grave, je ne le suis plus, donc je suis avocate, c'est déjà pas mal.
00:41 - Très bonne avocate, et vous êtes demain le docteur de laïcité et république. - Exactement.
00:46 - C'est quand même un sujet hautement sensible, et puis Raphix Maty, bonjour Raphix, chef d'entreprise, président du mouvement Objectif France.
00:53 Alors avec vous on va revenir dans un instant sur cette onde de choc considérable après la démission du maire de Saint-Brévin en Loire-Atlantique.
01:00 Son domicile avait été incendié, ses véhicules aussi avec cette histoire de déplacement et déménagement d'un centre d'hébergement de migrants.
01:09 Est-ce que c'est non-assistant, sa mère en danger, est-ce qu'on est tous responsables finalement dans ce dossier-là, en dehors aussi de l'Etat comme il le dit lui dans sa lettre adressée au préfet.
01:19 On veut accélérer la réindustrialisation de la France, Emmanuel Macron veut aller plus vite, mais il demande aussi de faire une pause dans les règles environnementales européennes.
01:27 Est-ce que l'un va avec l'autre ou est-ce qu'on peut faire les deux ensemble ? On se posera la question.
01:31 Et puis le parquet national financier lui souhaite le renvoi en correctionnel de Nicolas Sarkozy pour des soupçons de financement illégal de la campagne de 2017.
01:39 Une affaire tentaculaire avec des soupçons de soutien financier libyen.
01:44 C'est là aussi un dossier qui renvoie aussi à la question des élus.
01:48 On pourrait effectivement se poser la question avec cette autre affaire de ce député LFI qui est soupçonné lui d'évasion fiscale.
01:56 Il sera d'ailleurs l'invité de Jean-Jacques Bourdin tout à l'heure à midi.
01:58 Et puis cette manifestation d'extrême droite si on a le temps, qui a été interdite dimanche à Paris, est-ce que c'est logique compte tenu du climat ?
02:06 On verra ça avec vous quatre.
02:08 Voilà pour le menu.
02:10 On va commencer par les coups de cœur et les coups de gueule de l'actualité.
02:14 Et honneur aux dames, j'ai envie de dire, avec vous Najwa, avec cette liberté académique que vous dites en danger.
02:21 Oui, je pense qu'elle est en danger, donc ça ce sera mon coup de gueule.
02:24 Et je vous citerai un exemple précis, celui de l'anthropologue et chercheur au CNRS Florence Bergeau-Blacklare,
02:33 qui depuis l'apparition de son livre qui s'intitule "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête" publié en janvier 2023,
02:41 et bien elle fait l'objet de nombreuses menaces de mort.
02:45 Elle est d'ailleurs actuellement sous protection policière.
02:49 L'anthropologue dénonce, et ça c'est extrêmement important, son ouvrage est absolument à lire,
02:55 elle dénonce dans son ouvrage l'islamisation de la connaissance.
03:00 Elle y analyse de manière rigoureuse les origines, l'organisation, les acteurs et les sources de financement du frérisme en Europe,
03:07 et ça lui vaut d'être mise en danger.
03:10 Donc on constate que depuis également la sortie de son livre, elle est assez isolée.
03:16 Il y a peu de soutien. Il y a eu une tribune néanmoins, je corrige,
03:21 il y a eu une tribune de 800 signataires qui ne comprennent pas qu'il n'y ait pas plus de gens qui se mobilisent pour cette liberté académique,
03:30 parce que c'est de ça en fait que l'on parle, mais tout est fait dans le cadre d'une campagne nauséabonde de dénigrement
03:38 pour l'isoler intellectuellement, pour l'isoler également socialement, puisqu'elle ne peut plus sortir tranquillement.
03:45 Mais le problème dans cette affaire-là, c'est qu'on constate, et je reviens sur cette liberté académique,
03:53 qu'elle est gravement mise en danger en France. Pourquoi ?
03:56 Parce que cette chercheure au CNRS souhaitait organiser une conférence à la Sorbonne.
04:02 Eh bien, la doyenne de cette université a annulé cette conférence,
04:07 parce qu'elle estimait qu'il y avait un danger imminent quant à l'organisation de cette conférence.
04:14 Mais j'ai envie de vous dire, là on n'est plus en démocratie.
04:17 On n'est plus en démocratie et on a des raisons de s'inquiéter pour le bien-être de notre démocratie,
04:23 à partir de ce moment où cette liberté ne peut plus s'exprimer de manière sereine.
04:30 Et donc c'est pour ça que je voulais tirer la sonnette d'alarme concernant ce coup de gueule,
04:37 et j'invite vraiment fortement à lire cet ouvrage,
04:40 moi aussi je suis engagée sur ces questions de laïcité, de lutte contre l'islamisme.
04:46 Eh bien, j'invite fortement à lire l'ouvrage de Florence Bergeau-Blacklare,
04:51 qui, je le répète, s'intitule "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête", je vous assure, c'est une lecture d'utilité publique.
04:59 Alors avant de faire tourner la parole, j'aurais souligné par rapport à votre coup de gueule, Najwa,
05:03 c'est qu'elle était l'invitée de Jean-Jacques Bourdin hier, longuement, pendant plus d'une demi-heure,
05:08 et qui a pu effectivement expliquer tout ça.
05:10 Donc j'invite les auditeurs, ceux qui souhaitent l'entendre et comprendre,
05:14 le début, le milieu et la fin de cette histoire,
05:17 vous pouvez aller sur les réseaux sociaux, retrouver l'interview, ou en tous les cas en podcast.
05:21 Qui veut réagir ? Ergoun, ouais.
05:22 - Je pense que c'est assez dramatique, on fait preuve d'une grande légèreté sur le sujet qu'on a un peu...
05:27 - Mais un peu trop souvent, si j'ose dire.
05:29 - Un peu plus ces dernières années, je sais pas si c'est un sentiment que je présente depuis quelque temps,
05:33 les différentes crises sanitaires, sociales, économiques,
05:35 ont fait qu'on a mis de côté certaines problématiques sociétales importantes.
05:39 - Je fais pas de rapprochement, mais quand il y a eu Samuel Paty, on a dit "il faut pas reculer, il faut ne rien laisser passer".
05:45 Et soutenir.
05:46 - En fait, il faut faire preuve d'aucune légèreté sur l'ensemble des sujets,
05:49 il faut être en première ligne, quand on le voit à la Sorbonne,
05:51 le fait que cette conférence n'ait pas pu avoir lieu, c'est extrêmement grave.
05:54 Les réactions ça a suscité, pour moi, j'ai l'impression qu'il y a cinq ans ça aurait été un pataquès,
05:59 là aujourd'hui ça peut passer un peu incognito.
06:02 Il faut qu'on prenne conscience aussi de la gravité du moment, qu'on a d'autres sujets, d'autres enjeux sociétaux importants,
06:06 et que surtout le travail universitaire, qui peut être attaqué par différentes expansions idéologiques,
06:12 doit être préservé et doit être maintenu.
06:14 L'explication avec le souci de sécurité dans l'université, moi j'y crois un peu moyen.
06:20 - Vu la difficulté qu'on a à rentrer aujourd'hui à la Sorbonne, si on veut...
06:23 - Ouais, déjà !
06:24 - Donc, ça laisse rêveur.
06:27 - Oui, juste un mot sur cette liberté académique aussi, parce qu'il y a quand même des signaux,
06:33 sont-ce des marqueurs, une alerte que l'on doit saisir aussi ?
06:42 - Ce que ça pointe quand même, c'est parce qu'il y a le CNRS qui est en cause.
06:47 C'est finalement la capacité dont les institutions sont en train de ne plus jouer leur rôle de préservation,
06:54 de ce respect de recherche, de liberté de recherche.
06:58 Et de façon générale, et c'est vrai pour la Sorbonne, et c'est vrai pour le CNRS,
07:02 qui a été extrêmement long à réagir aux attaques.
07:06 Et c'est un peu aussi le cas des institutions comme l'école.
07:09 Donc en fait c'est l'Etat qui désarme, parce que derrière le CNRS, derrière la Sorbonne,
07:13 derrière l'école d'éducation nationale, il y a l'Etat qui est en train de perdre du terrain et de perdre ses odeurs.
07:18 - Allez, on continue dans les coups de cœur et les coups de gueule.
07:20 Jérôme, vous avez la parole. Un anniversaire.
07:23 - Voilà, hier, l'Opinion, le journal de l'Opinion fêtait ses 10 ans.
07:26 Alors pourquoi je parle de l'Opinion ? Parce que c'est un journal où il y a des plumes que j'apprécie.
07:31 C'est Rémi Godot, c'est Ludovic Vigogne, c'est Emmanuel Ducrot.
07:35 Ce sont des journalistes qui ont une ligne idéologique, c'est du néolibéralisme, plutôt de droite,
07:41 mais qui, je pense, jouent un rôle parce que dans le contexte de la presse actuelle,
07:45 on a de la concentration, on a plutôt de la personnalisation,
07:51 on a des manias qui prennent le pouvoir.
07:54 Donc c'est important d'avoir une presse qui soit diverse, libre,
07:57 et qui nous permette d'avoir des points de vue extrêmement différents.
08:01 Sauf que ce principe, il est beaucoup mis en cause aujourd'hui.
08:04 Et d'ailleurs, je fais le lien avec l'étude de RSF.
08:07 Être journaliste, aujourd'hui, c'est beaucoup plus facile en Europe,
08:10 mais même en Europe, ça se dégrade, puisqu'on a vu que l'Allemagne avait perdu 5 points
08:14 à cause de lois qu'ils sont en train de remettre en cause de la liberté des sources,
08:19 des agressions verbales de journalistes, et puis aussi des arrestations de journalistes en Allemagne.
08:23 Donc ça, c'est extrêmement grave, et je trouve qu'avoir un média qui continue,
08:27 alors que c'est un média qui perd de l'argent malgré tout,
08:30 de pouvoir s'exprimer 10 ans après sa création, c'est à souligner.
08:33 Et je le souhaite longue vie, on a besoin de médias, surtout à tous les niveaux,
08:36 presse écrite, presse audio, et presse parlée, bien entendu.
08:40 Il faut toutes les opinions pour en faire la sienne, finalement.
08:43 C'est un petit peu le principe.
08:45 Allez, on va s'arrêter un coup, on va continuer avec les coups de cœur et les coups de gueule
08:48 avec les débatteurs de ce vendredi, Ergun Topaslan, Jérôme Ripoul, Najwa Elahité et Rafik Smati.
08:53 On va revenir sur les coups de gueule, et les coups de... Préparez-vous.
08:56 Tiens, Rafik, on va enchaîner avec vous juste après la pause,
08:59 votre coup de cœur ou votre coup de gueule, et on en débat tous ensemble, tout de suite.
09:02 Allez, on va discuter dans un instant des sujets du jour de ce vendredi
09:11 avec Ergun Topaslan, Jérôme Ripoul, Najwa Elahité et Rafik Smati.
09:16 On en était au coup de cœur et au coup de gueule de vous quatre aujourd'hui.
09:20 Et donc, Rafik, vous avez un coup de gueule.
09:23 Alors, ce n'est pas un coup de gueule, c'est un coup de gueule contre une polémique
09:26 sur une nomination d'une jeune femme.
09:28 Je trouve très effarant le nombre de polémiques et la manière dont elles se développent aujourd'hui sur les réseaux sociaux.
09:34 Une polémique assez lunaire.
09:36 Vous avez une jeune femme qui s'appelle Agathe Montpéi, qui a 28 ans,
09:39 qui est manifestement brillante et qui vient d'être nommée directrice générale de l'OMR.
09:44 - France. - France.
09:46 Alors, on pourrait se dire que c'est génial qu'une femme occupe ce type de job.
09:51 On pourrait se dire qu'il y a une vraie méritocratie dans notre pays
09:56 où quand on est chef de secteur, on peut finir directeur général d'un marché,
10:01 ce qui est quand même assez exceptionnel.
10:03 Mais non, vous avez une meute qui se déchaîne sur les réseaux sociaux
10:06 en disant à tort que cette femme est arrivée là parce qu'elle est de la famille Mulier.
10:11 Vous savez, les Muliers, c'est la grande famille du nord de la France
10:14 qui est notamment propriétaire de l'Euromerlin.
10:16 Mais j'ai envie de vous dire, quand bien même, ce n'est pas le cas,
10:19 mais quand bien même serait-elle de la famille Mulier,
10:21 mais les Muliers font ce qu'ils veulent de leur boîte.
10:23 Donc arrêtons de créer des polémiques pour tout et rien
10:27 et réjouissons-nous que notre pays abrite des profils brillants
10:31 qui puissent s'exprimer, qui puissent réussir.
10:33 Ou alors on veut quoi ? On veut que quand il y a quelqu'un de brillant en France,
10:35 il aille exporter sa brillance comme tant de talents scientifiques que nous avons aujourd'hui ?
10:40 On a un problème avec la réussite de notre pays.
10:42 On a un problème avec l'excellence.
10:44 Aujourd'hui, dans cette société où nous vouons un culte à la médiocrité,
10:48 où ce sont les excès, où ce sont les outrances qui ont droit de citer,
10:52 eh bien je crois qu'il est de notre devoir de mettre en avant les profils brillants
10:57 et nous en avons en France.
10:58 Et c'est cela qui va nous permettre de construire la France de demain.
11:01 - Parce que qu'est-ce qui pose problème dans ce cas-là ?
11:03 On n'est plus pensé qu'elle ait un pédigré, en tous les cas, des liens avec la famille.
11:09 Elle n'a absolument pas.
11:10 Ou le fait qu'elle soit jeune, ou le fait que ce soit une femme.
11:13 - Mais les trois ! - Les trois, mon capitaine !
11:15 Mais c'est quand même... Enfin... Pourquoi est-ce qu'on a du mal avec ça, Jérôme ?
11:19 - Le fait qu'elle soit jeune, c'est un élément qui, à l'évidence, interroge.
11:23 Et là, je ne rentre pas dans une polémique.
11:25 Parce que prendre la tête d'une boîte comme ça à 28 ans,
11:27 ça veut dire une expérience managérienne, une capacité...
11:30 - Je ne vais pas être d'accord avec vous, Jérôme,
11:31 parce que vous seriez dans un système anglo-saxon, ne serait-ce qu'aux Etats-Unis,
11:34 et tout le monde allait dire "Waouh, super, c'est génial !"
11:37 - C'est vrai, mais c'est... - Et même nous, on ferait des papiers en disant "c'est incroyable !"
11:40 - Mais c'est ce qui interroge en France, c'est qu'on n'a pas l'habitude, effectivement,
11:43 d'avoir ce type de profil, ce type de profil.
11:45 - Enfin, on a juste eu un empereur qui avait une petite trentaine d'années.
11:47 - Oui, mais on en a un dans l'histoire.
11:49 Et à une époque, on vivait, je dirais, 40 ans.
11:52 À l'époque de Napoléon, l'espérance de vie était de 40 ans.
11:56 - Non, non, elle n'était pas de 40 ans, elle était de plus de 60 ans, mais bon, peu importe.
11:59 - Je vous trouverai sur... L'espérance moyenne de vie était d'une quarantaine d'années.
12:02 - Non, vous parlez de l'espérance de vie.
12:04 - Attends, attends, c'est un autre débat.
12:06 - Et donc, en fait, voir ce profil, c'est assez peu courant, quand même.
12:10 C'est-à-dire que quand on regarde la taille de l'entreprise,
12:13 donc ça pose une première question. Deuxièmement, après, c'est une femme, c'est évident.
12:16 Et puis troisièmement, donc ça crée un soupçon, et on se dit "Mais est-ce que, finalement,
12:20 cette nomination n'est pas "truquée", entre guillemets,
12:25 et c'est pas le bénéfice du mérite ?" - Parce que vous croyez que...
12:27 - En business, on ferait une nomination comme ça ?
12:30 - Non, non, ce que je ne crois pas... - Le problème, c'est que...
12:32 - Le problème, c'est que... - Mathique épuinage, en fait.
12:34 - Le problème, c'est qu'avec les questions que vous posez,
12:36 et c'est très légitime de poser des questions, mais vous alimentez vous-même la polémique.
12:39 - Mais attendez, on a quand même le droit de s'interroger.
12:41 - Ah mais vous êtes obligé de vous enlever, mais c'est précisément ce que j'énonce.
12:44 - Donc, s'interroger... - Sur un profit de...
12:46 - Je ne l'alimente pas parce que j'y réponds. Et je dis, à l'évidence,
12:49 elle ne fait pas partie de la famille, elle a été dirigeante de la partie Grèce de l'aura Merlin,
12:53 donc voilà, moi j'ai regardé son parcours, mais j'ai eu cette première impression.
12:56 Mais je l'ai regardé le parcours. Je n'ai pas dit que c'est la famille Julius.
12:59 - Là, je vois. - Ça, c'est du complotisme.
13:01 - Moi, je pense qu'il y a une question aussi de mentalité française.
13:04 Je suis désolée, mais moi j'étais aux États-Unis il y a quelques mois,
13:09 même il y a un an, et j'avais rencontré,
13:13 enfin, je ne raconte pas les circonstances, ce serait long,
13:16 mais j'avais rencontré un Français qui a décidé de vivre à New York.
13:19 Et je lui dis, alors, comment ça se passe à New York ?
13:22 Il vous est heureux, même professionnellement, voilà.
13:26 Et il me dit, vous savez, madame, je suis très heureux à New York.
13:32 Pourquoi ? Parce que quand on réussit, il y a une forme de fierté,
13:37 c'est-à-dire, il y a une forme d'inspiration.
13:39 Les gens sont inspirés par la réussite des autres.
13:41 Et ça, je le retrouve aux États-Unis, alors qu'en France,
13:44 la réussite est suspicieuse.
13:47 Quand vous êtes une femme, vous arrivez à des postes de responsabilité,
13:51 c'est parce que vous avez couché.
13:53 Non mais là, c'est vrai, la réalité, elle est celle-ci.
13:56 Bon, et il se trouve que cette femme, enfin, cette jeune femme,
14:01 elle est jeune, elle est femme, et en plus, elle arrive à un poste de responsabilité.
14:06 Alors, on aurait pu dire, elle a couché avec son supérieur hiérarchique
14:10 pour arriver à ce poste-là.
14:12 Ben non, on lui trouve la raison suivante,
14:15 elle est sans doute de la famille Muliez.
14:17 Non mais, j'ai envie de vous dire, c'est insupportable.
14:20 Mais c'est la mentalité, excusez-moi, c'est la mentalité, hélas, française.
14:25 À partir du moment où vous réussissez, c'est suspicieux.
14:30 Et puis, il n'y a pas cette volonté de l'excellence de dire,
14:34 "Eh ben, inspirons-nous de ceux qui réussissent et de celles qui réussissent."
14:37 C'est un véritable problème.
14:38 - On donne souvent à avoir des modèles inspirants
14:40 pour pouvoir donner des envies aux autres,
14:42 mais bon voilà, c'est quand même assez étonnant ce décalage.
14:44 - Je pense que, à bien résumer, le vrai problème, j'ai l'impression, c'est que c'est une femme.
14:48 Et on a eu des entreprises et des grands groupes
14:51 qui ont nommé des directeurs, directeurs généraux,
14:54 hommes, jeunes, de moins de 30 ans,
14:56 notamment dans notre présidence de club de foot à Nice,
14:58 Goti Ganaï, il avait 25 ans.
15:00 Ça a choqué personne, personne n'en parlait.
15:02 On disait qu'il était brillant, c'était...
15:04 - Ça, c'est quand la présidence, elle vous ne s'y a pas posé.
15:06 - Non, elle était directeur général de l'entreprise Ineo.
15:09 - Oui, d'accord.
15:10 - Donc, ça a choqué personne.
15:11 Et là, toutes ces réactions, toutes ces interrogations
15:13 viennent du fait, simplement, que ce soit une jeune femme.
15:15 Et c'est ce qui est encore plus désolant.
15:17 - Oui, tout à fait.
15:18 Alors, Rafik Ergoud, justement, vous avez la parole.
15:21 Coup de cœur ou cul de gueule ?
15:22 - Coup de cœur, avec le rapport qui a été adopté cette semaine
15:26 pour une députée européenne, Valérie Raillet,
15:30 qui vise à créer des nouvelles ressources propres pour l'Union européenne.
15:33 Et donc, c'est un énorme pas en avant
15:36 parce que les ressources propres, c'est, en gros, de l'argent direct
15:39 qui va dans le budget de l'Union européenne
15:41 sans passer par la dotation ou bien sans demander aux États membres.
15:45 Et donc, ils en ont profité notamment pour aller vers plus de justice sociale
15:49 et justice écologique avec deux taxation importantes.
15:51 Il y avait la taxe carbone qui était déjà dans les PAP.
15:53 Il y avait une taxation des entreprises multinationales
15:56 qui a été intégrée là-dedans.
15:57 Il y a évidemment aussi une taxation des crypto-monnaies
15:59 qui est nouvelle, une harmonisation au niveau européen,
16:01 je pense qui va être essentielle pour s'éviter de se retrouver
16:03 avec un Far West de crypto-monnaies sur le continent.
16:06 Et enfin, on voit que l'Union européenne, pour continuer à exister,
16:10 a besoin justement d'avoir ses propres ressources, ses propres revenus.
16:13 On n'a pas été surpris de savoir que les extrêmes ont voté contre cela,
16:17 évidemment, comme ils votent contre tout
16:19 qui va dans le sens de plus de construction européenne.
16:21 Et dans la semaine européenne qu'on a connue avec la Journée de l'Europe,
16:25 le 9 mai dernier, je pense que c'était un signal extrêmement positif.
16:27 Mais tout le monde va être d'accord sur ce sujet-là ?
16:29 Il y a une majorité qui a été d'accord, parce que le rapport a été adopté.
16:32 Après, le mécanisme est tellement compliqué dans le Parlement européen,
16:35 c'est qu'on vote la création de recettes,
16:37 et après il faut re-voter pour créer le budget
16:40 qui va avec au sein du budget de l'Union européenne.
16:43 Et ensuite, la distribution de l'attribution se fera directement
16:45 par les institutions européennes et non via les États membres.
16:49 Alors, je profite de ma propre question pour vous voir avec vous,
16:53 sur le côté, on a du mal à voir ce qui se passe en Europe,
16:57 et ce qui se passe du côté du Parlement et des décisions,
17:00 et que ça retombe après sur nos propres décisions,
17:03 notre propre quotidien.
17:04 C'est ça le drame du fonctionnement de notre Europe, Jérôme Ergoun d'abord.
17:08 Très vite, parce que c'est un fonctionnement spécial,
17:11 et justement c'est l'intérêt d'avoir des ressources propres.
17:13 En gros, les États membres donnent de l'argent à l'Union européenne,
17:16 qui les redistribue via des projets à travers les instances régionales.
17:19 Par exemple, les régions dans notre pays,
17:21 ce sont eux qui gèrent les budgets européens sur plein de projets.
17:23 Forcément, c'est très méconnu, c'est mal communiqué,
17:26 notamment la redistribution de cette recherche-là,
17:29 de ces richesses-là.
17:30 Mais c'est vrai que, notamment,
17:32 cette création de ressources propres va faciliter ça,
17:34 faciliter la compréhension.
17:35 Ça va être, en gros, l'euro dans la poche de tous les Européens,
17:39 et ce sera, je pense, un peu plus perceptible pour nos citoyens.
17:41 Mais il y a un énorme travail, le chantier est immense.
17:43 - Quelques explications simples.
17:45 Quels sont les députés et députées européens et européennes que vous connaissez ?
17:49 - Moi, je ne reconnais pas.
17:51 - Valérie Alier.
17:52 - On connaît les Français, mais pas tous.
17:54 - Siphane Séjourné, tête de liste.
17:58 - Raphaël Guixman, par exemple.
18:01 - Là, c'est nous, mais faites un micro-trottoir
18:04 en demandant quel est votre député européen.
18:07 - Autant on connaît quelques députés, sénateurs, etc.,
18:11 autant on ne connaît quasiment aucun député européen.
18:13 Donc, en fait, il ne percole pas dans l'actualité.
18:15 Deuxièmement, on parlait des médias,
18:17 les médias traitent très peu l'actualité européenne,
18:19 et très mal, sauf sous forme polémique, effectivement.
18:22 Et donc, après, on n'a pas cette culture européenne.
18:26 Je pense qu'il y a des pays où elle est beaucoup plus intégrée,
18:29 c'est la Belgique, c'est l'Allemagne,
18:31 où il y a des comportements fédéraux aussi.
18:34 Ça explique peut-être cela.
18:35 Nous, on est très centralisateurs et très jacobins.
18:37 Donc, l'Europe, ça percole peu chez nous.
18:40 Mais c'est dommage.
18:41 - Dans l'univers de l'entreprise, l'Europe, c'est loin, c'est compliqué.
18:45 - Alors, si vous me posez la question sous cet angle-là,
18:47 je vais vous dire que dans l'univers de l'entreprise,
18:49 l'Europe, c'est une évidence.
18:51 Parce qu'on travaille avec les Allemands,
18:54 avec les Italiens, avec les Espagnols.
18:56 On s'approvisionne dans ces pays-là.
18:57 On a la même monnaie et c'est quelque chose d'extraordinaire.
19:00 - Tout le monde n'est pas d'accord avec ça.
19:02 - Sur la monnaie ?
19:03 - Sur tout ça.
19:04 - Évidemment, vous avez plein de gens qui sont,
19:07 et notamment dans les extrêmes,
19:08 contre l'idée de construction européenne.
19:10 Moi, la seule chose que j'observe,
19:12 et le message que je voudrais faire passer à ces gens-là,
19:14 c'est que nous sommes dans un monde de géopolitique des puissances.
19:17 Des puissances qui sont des puissances militaires,
19:18 des puissances géopolitiques,
19:19 mais aussi des puissances économiques.
19:20 On parle notamment des géants du web
19:23 qui ont aujourd'hui une force de frappe
19:24 qui est supérieure à celle de certains États.
19:26 Eh bien, aucun pays européen, seul, aucun, pas même l'Allemagne,
19:30 ne peut aujourd'hui imposer un rapport de force
19:32 face à non seulement la Chine,
19:35 mais aussi un grand géant du numérique.
19:38 Mais en revanche, quand vous avez Thierry Breton,
19:41 commissaire européen en charge des affaires économiques
19:44 et du marché intérieur,
19:46 qui reçoit Elon Musk et qui lui dit
19:48 "Voilà Elon Musk, quelle va être la règle,
19:50 et si tu ne la respectes pas,
19:51 c'est un marché de 500 millions de personnes qui va t'échapper."
19:54 Eh bien là, je peux vous dire qu'Elon Musk,
19:56 il écoute le discours de Thierry Breton.
19:58 Donc, dans cette logique de rapport de force
20:00 où on a besoin de s'affirmer,
20:01 l'Europe est incontestablement un levier de puissance pour la France.
20:05 Maintenant, ça n'empêche pas d'être critique
20:07 sur telle ou telle manière de fonctionner.
20:10 L'Europe est un enfant qui est encore assez jeune, en réalité.
20:13 L'Union européenne, dans l'histoire du monde,
20:16 on n'a a priori que quelques décennies.
20:19 Il y a évidemment beaucoup de choses à améliorer.
20:21 Il y a un vrai sujet pour que l'Europe parle mieux à ses citoyens.
20:24 Mais dans le fond, l'idée,
20:27 certains vous brandissent un "frexit", etc.
20:29 C'est des gens qui...
20:31 Tout en se prétendant patriote.
20:33 De moins en moins.
20:35 Quand on se prétend patriote aujourd'hui,
20:37 on est profondément européen,
20:38 parce que c'est par l'Europe
20:40 que la France pourra exprimer sa puissance.
20:42 Sinon, c'est mort.
20:43 Allez, on s'arrête un court instant.
20:44 Il faut que vous fassiez une petite pause sur ce radio.
20:47 On se retrouve juste après, derrière.
20:48 On va parler de l'onde de choc
20:50 suscité par la démission du maire de Saint-Brévin.
20:53 Est-ce que finalement, la question,
20:54 c'est qu'on n'est pas tous responsables ?
20:56 Et comme le dirait Libération ce matin,
20:58 son titre "abandonné par la République".
21:00 Est-ce la vraie raison de la démission du maire de Saint-Brévin ?
21:04 On y revient dans un instant sur Sud Radio.
21:06 Et en compagnie d'Ergoun Topaslan,
21:14 vice-président et porte-parole de Territoire de Progrès,
21:16 Jean-Marie Poul, directeur associé de l'agence Comme Influence,
21:18 co-président d'Opinion Valais,
21:20 Najwa El Haïti, docteur en droit public,
21:22 avocate et vous avez écrit Laïcité République
21:24 aux éditions de l'Armatan,
21:26 et Rafik Smati, chef d'entreprise,
21:28 président du mouvement Objectif France.
21:30 Je voulais qu'on revienne avec vous
21:32 et tous ensemble sur la démission du maire de Saint-Brévin,
21:35 mais surtout l'onde de choc,
21:37 le déferlement médiatique,
21:39 mais surtout les réactions politiques
21:41 suite à la démission du maire de Saint-Brévin,
21:43 qui avait été menacé par l'extrême droite.
21:45 Il avait voulu installer un centre d'accueil,
21:47 enfin, déménager un centre de demandeurs d'asile
21:49 dans sa commune et à côté d'une école,
21:51 et c'était parti d'un appel d'Éric Zemmour et de ses troupes
21:55 pour faire en sorte que ce déménagement ne se fasse pas.
21:59 Conséquence, ça a été un déferlement de haine,
22:01 et puis ses voitures ont été incendiées,
22:03 ce qui a mis le feu à sa maison,
22:05 et donc il a jeté l'éponge
22:07 en expliquant qu'il avait été abandonné,
22:09 notamment par l'État.
22:11 Est-ce qu'on est tous responsables ?
22:13 Le public a démissionné complètement
22:15 devant ces attaques d'élus.
22:17 Est-ce que les élus, finalement, sont des citoyens comme les autres ?
22:20 Ou est-ce qu'ils sont le réceptacle de difficultés ?
22:23 J'entendais le président des maires de France
22:25 qui disait qu'il y a plus de 1000 élus
22:27 qui démissionnent chaque année.
22:29 Comment on oreille la chute ?
22:31 Il y a plusieurs questions dans ma question.
22:33 - Est-ce que ce sont des citoyens comme les autres ?
22:35 Ils n'étaient pas comme les autres, à l'évident,
22:37 puisqu'il y avait un statut, une appréciation de la société,
22:39 comme pouvait l'avoir l'instituteur à une époque, etc.
22:41 Le maire, c'était une institution dans une ville, un village.
22:46 Aujourd'hui, ce statut, ils l'ont perdu.
22:48 Ils sont devenus le réceptacle de toutes les problématiques,
22:52 de tout ce qui ne va pas dans la société.
22:54 Ils sont à portée de baffe, comme dit Macron,
22:56 sauf qu'ils y sont toute la journée.
22:58 Et à l'évidence, les citoyens ont perdu le respect
23:03 qu'on devait à cette fonction,
23:05 parce qu'être élu maire, c'est aussi un travail,
23:07 ça représente quelque chose, ça représente la République.
23:09 Et donc, à l'évidence, depuis le tournant de ces dix dernières années,
23:14 le nombre d'agressions, le nombre de démissions de maires ont augmenté.
23:18 Il y en a beaucoup, y compris en cours de mandat,
23:20 ce qui n'avait pas été abandonné à la fin du mandat.
23:22 Et à l'évidence, il y a quelque chose.
23:24 Après, comment revenir, on revient aux problématiques d'institution,
23:27 comment on revient au respect qu'on doit au maire ?
23:30 Là aussi, c'est le citoyen, et l'éducation des citoyens,
23:34 la manière dont on leur apprend à se comporter vis-à-vis de la République,
23:37 et à la faire vivre aussi, parce qu'on parle des maires,
23:40 mais les maires se retrouvent seuls, en front, avec le conseil municipal.
23:43 Il n'y a plus personne qui s'investit souvent en lui, entre les élus.
23:46 - Alors les maires de ces petites communes, il faut le savoir,
23:49 ils sont appelés jour et nuit, toute la semaine, vous avez un problème ?
23:52 - Ils ne sont pas indemnisés, enfin, ils ne sont pas payés.
23:55 Il n'y a pas d'indemnité d'élus les concernant.
23:57 - Autre découverte. - Ah non, non, dans les petites communes.
23:59 - Ah si, il y a un seuil. - Ah non, non, non.
24:01 - Les élus, tous les maires des communes sont indemnisés.
24:04 - Ah, des petites communes. - Les conseillers municipaux ne sont pas.
24:08 - Ah non, non, oui. - Alors les conseillers municipaux,
24:10 ils bossent aussi. - Les conseillers municipaux,
24:12 mais les maires, les adjoints, y compris les adjoints des petites communes.
24:14 - Alors les conseillers municipaux, de ces petites communes.
24:17 - Les conseillers municipaux ne sont pas indemnisés, tout à fait, c'est vrai.
24:19 - Maître Najwa, alors la défense... - Oui, parce que je suis également élue.
24:22 - Oui. - Et je le vois parce que j'ai un maire
24:26 qui, à chaque fois, le dit dans son discours des vœux, chaque année,
24:30 c'est "nous sommes à portée de BAF", et c'est une réalité,
24:33 parce que nous sommes un des premiers remparts de la désagrégation de notre société.
24:38 On a une société qui devient de plus en plus violente, on le voit.
24:42 On a une société qui est sous tension par rapport à ce qui se passe.
24:48 On a un contexte économique et social, quand même, inquiétant,
24:51 puisque le pouvoir d'achat est en berne, enfin voilà, on a un contexte qui est explosif.
24:57 Et le premier interlocuteur des gens, ce sont les maires.
25:05 Et donc, le fait d'être à portée de BAF, ça vous le sentez dans un contexte difficile.
25:11 Mais moi, je ne peux être qu'en colère par rapport à cette actualité.
25:14 Pourquoi ? Parce que vous avez un maire qui fait du mieux qu'il peut,
25:18 et par moments, je vous assure, on regarde la baisse des dotations publiques.
25:23 Ce n'est pas facile tous les jours d'assurer des politiques publiques, sociales, et on le voit.
25:30 Donc, ce n'est pas évident du tout.
25:32 Et moi, je peux comprendre le ressenti de ce maire qui se dit "moi, j'en ai marre".
25:37 Il y a quelques mois, là encore, je rencontrais une mère d'une petite commune
25:42 qui disait "moi, je suis à deux doigts de lâcher tout, parce que je veux créer une bibliothèque,
25:48 parce que la culture, c'est aussi important dans les zones rurales,
25:51 et bien je n'ai pas les dotations suffisantes, parce que la communauté de communes ne me suit pas".
25:56 Enfin, je rentre dans le jargon local, mais la communauté de communes ne me suit pas.
26:01 J'ai envie de jeter l'éponge, j'ai l'impression de me battre contre des moulins à vent.
26:05 Et donc, ça, c'est la vie des élus au quotidien.
26:09 Et donc, moi, je comprends le ras-le-bol de ce maire qui décide,
26:13 en plus, il était à deux doigts d'y passer avec sa compagne,
26:16 parce que sa maison a été incendiée.
26:18 Je tiens quand même à rappeler les faits.
26:21 Et il décide carrément de quitter la ville.
26:24 Vous voyez le geste fort, quand même.
26:25 Ça fait 32 ans que ce maire vit dans sa commune,
26:29 il en est le premier magistrat, et il décide carrément de quitter la commune,
26:33 et de tout laisser derrière lui.
26:35 Donc, ça prouve qu'il y a eu un électrochoc chez ce maire.
26:39 Alors, là où je regrette encore, et là, c'est pour ça que je vous rejoins quand vous disiez
26:42 qu'on a l'impression, par un moment, que l'État n'est plus là,
26:46 que la République, elle recule.
26:48 - Mais il le dit d'ailleurs, il dit "l'État ne m'a pas soutenu".
26:50 - Alors, pour être précis, Emmanuel Macron,
26:53 dix jours après l'incendie de sa maison et de ses véhicules,
26:55 avait écrit à ce maire...
26:57 - Oui, le 3 avril, j'avais vu.
26:58 - Alors, il a écrit, on est d'accord,
27:01 c'est que les maires sont aussi accompagnés par les autorités de sécurité locale,
27:05 avec les gendarmes, l'atelier, etc.
27:08 Il y a des liens qui sont aujourd'hui tout à fait.
27:11 Mais quand on dit "abandonné par la République",
27:13 sur ce sujet-là, autre sous-question à mon débat,
27:16 le sujet qui a provoqué ce déferlement contre ce maire,
27:20 c'est le déménagement d'un centre d'hébergement pour des migrants.
27:23 Est-ce qu'on peut avoir un débat serein dans ce pays
27:26 autour des migrants, des immigrés d'Argoune ?
27:30 - Visiblement, non.
27:31 Ça rappelle en fait l'essence même de l'extrême droite, c'est la violence.
27:34 Il y a eu le même débat la semaine dernière
27:36 quand il y a eu un accueil des mineurs isolés dans le 16e arrondissement,
27:39 mais les copains et les sous-traitants d'Éric Zemmour
27:43 n'ont pas empoîté leur nez.
27:45 Pourquoi ? Parce que tout simplement, dans le 16e,
27:47 ils ne s'aventureront pas à ce genre de choses.
27:49 Ils vont là où on est faible,
27:51 et ils ont été atteindre ce maire directement chez lui
27:55 d'une manière extrêmement violente.
27:57 Donc ça nous rappelle juste, ça nous met en pleine figure
28:00 l'idéologie de l'extrême droite sur ce sujet-là.
28:03 - Mais quand il dit "le maire de Saint-Brévent-l'État n'était pas là",
28:06 qu'est-ce qu'il sous-entend ?
28:08 Il aurait fallu que toute la classe politique à ce moment-là se lève d'un seul homme ?
28:12 - La classe politique soutient beaucoup la République.
28:16 - La Lourdes-Antique, c'est quand même un département
28:18 qui est très avancé dans l'accueil des migrants, des jeunes migrants, etc.
28:22 Donc c'est un peu un laboratoire social.
28:24 Mais je pense que le préfet peut-être aurait pu s'impliquer.
28:26 Et donc dépassionné en représentant la République...
28:29 - Après c'est vrai que personnellement, j'imagine que c'est extrêmement difficile.
28:32 Vivre ce genre de choses, à mon avis,
28:34 ça va être, j'espère, un tournant politique dans notre histoire,
28:37 qu'on reprenne conscience de la dangerosité de certains actes politiques,
28:41 que même si l'extrême droite a une nouvelle vitrine,
28:44 derrière il y a des groupes et des sous-groupes qui manifestent
28:46 avec des signes très dangereux et qui agissent de la sorte,
28:50 et qu'on reprenne conscience et qu'on regagne une certaine vigilance républicaine.
28:54 Peu importe les tickets de politique de ce moment, personne ne se l'interroge.
28:56 D'ailleurs, il n'y en a pas souvent, les élus locaux en ont très peu.
29:00 Et on doit retrouver un certain autocontrôle et un certain sens républicain.
29:04 C'est juste absolument inadmissible.
29:06 On en a eu un il y a quelques mois,
29:09 qui voulait empêcher le dépôt d'ordures sauvages.
29:12 Il a été tué.
29:14 Tout à fait.
29:15 Alors, tous les sujets sont en danger.
29:16 Malheureusement, je ne suis pas sûr que ce soit un point de bascule.
29:19 C'est ça le problème.
29:20 Je pense que c'est un élément d'accumulation.
29:24 Raphée, est-ce qu'on est là, au sommet de ce que vous dénonciez tout à l'heure,
29:29 cette espèce d'hystérisation de partout, de tous les sujets ?
29:33 C'est très révélateur de ce qui se passe en France aujourd'hui.
29:35 Et derrière l'histoire de ce pauvre maire, il y a en réalité trois sujets corollaires.
29:40 Le premier, c'est l'idée selon laquelle la République recule de toutes parts.
29:44 Et que tous ceux qui représentent la République,
29:46 tous ceux qui sont l'incarnation de la République,
29:48 sont considérés aujourd'hui de plus en plus comme étant des prestataires de services.
29:52 C'est valable pour le maire.
29:53 C'est valable pour les services d'urgence où vous vous rendez.
29:56 Parlez avec des agents des services d'urgence.
29:59 Ils vous raconteront la défiance dont ils font l'objet au quotidien.
30:02 Parlez avec les professeurs.
30:04 Vous savez, il y a 30 ans, le professeur, quand il grondait un enfant,
30:10 le parent allait gronder l'enfant.
30:12 Il disait "Tiens, tu t'es fait gronder par ton prof, c'est pas normal.
30:14 Aujourd'hui, vous avez un professeur qui gronde un enfant,
30:16 vous avez le parent qui va aller voir le professeur
30:18 en disant "Pourquoi vous avez grondé mon fils ?"
30:20 Voilà aujourd'hui le glissement idéologique qui est en train de s'opérer.
30:23 Donc nous avons besoin à cet égard, mais c'est un chantier titanesque,
30:26 de réarmer la République.
30:27 Et ça procède de ça.
30:28 Ça c'est le premier point.
30:29 Le deuxième point, c'est que le maire,
30:31 d'une certaine façon aussi comme le petit patron,
30:34 est confronté à une surcharge administrative,
30:36 à une pression technocratique,
30:38 qui fait qu'il passe beaucoup plus de temps parfois
30:41 à exercer des bas-oeuvres administratives
30:44 plutôt que la mission pour laquelle il est supposé s'être engagé.
30:48 Avec de surcroît la responsabilité pénale qui pèse sur ses épaules.
30:52 Parce que s'il arrive quelque chose,
30:53 si vous avez un lampadaire qui tombe sur quelqu'un de votre ville,
30:56 vous êtes potentiellement responsable pénalement.
30:58 Donc une épée de Damoclès permanente.
31:00 - Le Sénat a quand même bien fait évoluer les choses.
31:03 - Oui, mais la jurisprudence ne le confirme pas encore.
31:05 Donc ça c'est le deuxième point.
31:07 Et le troisième point, sur l'origine précisément de cette affaire.
31:12 Oui, c'est vrai, et il faut le dire,
31:14 vous avez eu raison de le préciser,
31:15 vous avez aujourd'hui une idéologie qui est portée par l'extrême droite,
31:19 qui hystérise le débat public.
31:21 Et Éric Zemmour porte de ce point de vue-là une responsabilité.
31:23 Je l'ai dit pendant la campagne présidentielle.
31:25 Moi, pendant la campagne présidentielle,
31:26 pour la première fois de ma vie,
31:28 j'ai fait l'objet de la part, et je le dis,
31:30 des partisans d'Éric Zemmour, d'une campagne de remigration.
31:33 Il faut que Raphaël X. Matisse soit remigré
31:35 parce qu'il n'est pas d'accord avec nous.
31:36 Mais vous vous rendez compte jusqu'où ça va ?
31:38 Vous vous rendez compte jusqu'où va l'hystérisation du débat public ?
31:40 Aujourd'hui, vous dites quelque chose qui sort du cadre des complotistes,
31:45 même si je n'aime pas trop ce mot-là,
31:47 vous recevez des menaces de mort tout de suite.
31:49 Vous recevez des intimidations.
31:51 Dès que vous émettez un avis qui n'est pas celui
31:55 de ceux qui passent leur temps à s'exciter
31:57 et à se monter la tête les uns et les autres,
31:59 vous êtes considéré comme un paria.
32:01 C'est ce dont a été victime ce pauvre maire,
32:05 modulo le fait qu'être maire, c'est difficile,
32:08 et que la République, par ailleurs,
32:10 est affaiblie aujourd'hui de plus en plus.
32:12 - Juste, je précise, et on terminera là-dessus,
32:15 dans les cadres de reconquête interrogés par nos confrères de l'AFP,
32:18 on signalait hier qu'ils n'avaient rien à dire
32:20 au sujet de la démission du maire de Saint-Brévin.
32:23 Peut-être que depuis, ils se sont manifestés,
32:25 mais voilà sur la dernière info qui a été donnée
32:27 par nos confrères de l'agence France Presse.
32:31 Alors, on referme ce sujet-là, et juste après la pause,
32:34 sur Sud Radio, on va parler de réindustrialisation de la France.
32:38 Emmanuel Macron, chef de l'État, veut accélérer,
32:41 mais il demande aussi à ce qu'on fasse une pause
32:43 en matière de règles environnementales.
32:45 Est-ce que l'un et l'autre sont compatibles
32:47 dans le monde dans lequel on vit ?
32:48 On va voir ça avec vous dans un instant.
32:49 A tout de suite.
32:50 [Musique]
32:56 Et on continue avec le dernier quart d'heure
32:58 avec Ergun Topaslan, Jérôme Ripoul,
33:00 l'agent LAI Théraphyx.
33:01 Mathie, on en vient maintenant à ce sujet
33:04 de la volonté du chef de l'État de réindustrialiser la France.
33:08 Sujet qui a pris de l'importance depuis la crise sanitaire.
33:13 D'ailleurs, on pourrait faire une aparté
33:14 sur la pénurie de médicaments aujourd'hui,
33:16 puisqu'on est toujours à courir après les boîtes de médicaments,
33:19 et ça devient de plus en plus problématique pour les malades.
33:23 Le chef de l'État est aujourd'hui du côté de Dunkerque
33:25 avec l'installation d'une nouvelle usine
33:27 de fabrication de batteries électriques.
33:29 Mais en même temps, il souhaiterait une pause
33:32 dans les règles environnementales européennes.
33:35 Est-ce que le message est logique ?
33:38 Alors, je vais commencer avec Ergun,
33:40 et puis Rafik, on va faire tourner la parole.
33:42 Est-ce que ça se comprend ?
33:44 Oui, ça se comprend, parce que la réalité
33:46 de la réindustrialisation est très compliquée,
33:48 et que si on veut repartir dans le sens
33:50 "redonner une nouvelle dynamique, réindustrialiser un pays",
33:53 il faut qu'on puisse avoir plus de marge de manœuvre,
33:56 notamment dans les aspects réglementaires.
33:59 Et la réglementation environnementale
34:01 est un très gros frein là-dessus.
34:03 Alors, l'aspect réglementaire,
34:05 mais depuis hier, les spécialistes de l'environnement,
34:08 les associations, hurlent.
34:11 Oui, c'est normal. Après, on a notre réglementation à nous,
34:13 qui est déjà très contraignante.
34:15 Il y a en plus des réglementations européennes
34:17 qui poussent certains industriels
34:19 à se tourner vers d'autres destinations.
34:21 Sauf que la réalité, c'est que si on veut réindustrialiser,
34:23 s'il faut dépasser le slogan,
34:25 c'est très simple, il faut du capital,
34:27 donc attirer des investisseurs.
34:29 Il faut surtout un énorme électrochoc dans la société
34:31 pour qu'on puisse redonner l'amour
34:33 de travailler dans le monde industriel,
34:35 parce qu'aujourd'hui, c'est absolument pas attractif
34:37 pour des jeunes, ou quoi que ce soit,
34:39 alors que dans les années 80, être ingénieur,
34:41 travailler dans l'industrie, c'était "la filière d'excellence".
34:43 Aujourd'hui, c'est absolument pas perçu comme cela.
34:45 Il faut repartir dans son sein, il y a aussi un travail
34:47 au niveau des familles qui doivent rediriger,
34:49 et il faut qu'on ait, dans le sens de la réforme
34:51 des lycées professionnels, une réorientation aussi là-dessus,
34:53 et un nouveau contrat social.
34:55 En plus du contrat environnemental, il nous faut un nouveau contrat social,
34:57 parce que malgré tout,
34:59 depuis les 35 heures, c'est un peu plus délicat
35:01 pour des industriels de venir chez nous.
35:03 L'exemple qui était le plus frappant ces dernières années,
35:05 c'était Tesla, qui hésitait entre la France
35:07 et l'Allemagne.
35:09 Il a choisi l'Allemagne uniquement dans un souci
35:11 de planning et de calendrier,
35:13 notamment dans les aspects de procédure
35:15 de validation, qui était beaucoup plus courte
35:17 qu'outre-Rhin.
35:19 Il a décidé d'installer son usine avec 4000 employés,
35:21 autour de Berlin.
35:23 - C'est une question de coût du travail, quand même.
35:25 - C'est ton contrat social, aujourd'hui. Il ne faut pas tourner autour du pot.
35:27 Et si on veut réindustrialiser, lever ce défi-là,
35:29 il faut que tous ces volets-là soient pris en compte.
35:31 - Trop de normes environnementales, tu as la réindustrialisation,
35:33 Rafik ?
35:35 - Vous savez,
35:37 la France
35:39 consomme moitié moins que les Etats-Unis
35:41 en termes de produits intérieurs bruts,
35:43 en termes d'émissions
35:45 de gaz à effet de serre,
35:47 pour 1000 euros
35:49 de PIB générés.
35:51 On est à moitié moins
35:53 que les Etats-Unis.
35:55 Quand vous créez la richesse en France,
35:57 vous la créez avec deux fois moins de CO2
35:59 que aux Etats-Unis.
36:01 La France est parmi les pays développés
36:03 le plus propre écologiquement.
36:05 Et je pèse mes mots, le plus propre, incontestablement.
36:07 Donc, il faut arrêter de...
36:09 Il y a un vrai sujet
36:11 de diplomatie environnementale,
36:13 parce qu'une grande partie de la pollution
36:15 aujourd'hui se passe en Asie, etc.
36:17 Donc, il y a un vrai sujet de diplomatie environnementale,
36:19 mais il faut arrêter, nous, en France, de nous autoflageler
36:21 en considérant qu'on est les mauvais élèves
36:23 alors que les émissions de gaz à effet de serre ont baissé
36:25 depuis les années 90 en France. C'est ça, la réalité.
36:27 Donc, il faut arrêter, au nom
36:29 de ce que font les autres,
36:31 très loin du côté de la Chine et ailleurs,
36:33 il faut arrêter de pénaliser nos entreprises.
36:35 Et donc, ce qu'a dit le président de la République
36:37 est juste et de bon sens.
36:39 Faire une pause dans les normes environnementales,
36:41 ça ne veut pas dire faire de la France un pays
36:43 anti-écolo. Au contraire, on l'est déjà.
36:45 Et on va l'être de plus en plus. Ça, c'est la première chose.
36:47 Mais, la question de la réindustrialisation,
36:49 elle passe
36:51 possiblement
36:53 et surtout
36:55 par le coût du travail,
36:57 sur les charges
36:59 qui pèsent sur nos entreprises.
37:01 Et c'est ce qui fait que l'attractivité
37:03 de notre pays, parfois,
37:05 même s'il est en hausse aujourd'hui,
37:07 peut se faire au détriment, par exemple,
37:09 par rapport à nos amis allemands.
37:11 Donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que tant que l'État dépense
37:13 autant, tant qu'on signe
37:15 des carnets de chèques à tout va,
37:17 et souvent pour des bonnes raisons,
37:19 on alourdit la place
37:21 de l'État. Et plus l'État est gros, plus l'État
37:23 obèse, plus l'État est obligé d'aller prélever.
37:25 Et donc, plus l'État fragilise les entreprises.
37:27 C'est donc la réindustrialisation.
37:29 - Pourtant, les entreprises ont connu quand même une baisse
37:31 de la fiscalité, en tous les cas, des charges
37:33 sur les salariés,
37:35 Gérard. - Alors, simplement,
37:37 il y a eu une baisse sur la fiscalité, sur le capital,
37:39 ça c'est indéniable.
37:41 Vous avez eu...
37:43 - Un coût de production ?
37:45 - Sur les bas salaires,
37:47 effectivement, vous avez assez peu
37:49 de charges, mais sur les moyens salaires et sur les
37:51 grands salaires, qui sont ceux
37:53 qui créent de la valeur ajoutée, on est beaucoup moins compétitif
37:55 que les autres pays européens. C'est ça, la réalité.
37:57 - Bon, alors, c'est de bonne guerre pour Emmanuel
37:59 Macron de dire
38:01 qu'il y a trop de normes, etc. Moi, je ferais
38:03 deux nuances. Premièrement,
38:05 depuis que
38:07 Emmanuel Macron est président,
38:09 des normes nouvelles, il y en a eu.
38:11 Il est à l'origine. Deuxièmement,
38:13 les normes, elles nous permettent
38:15 aussi de nous protéger de nos concurrents.
38:17 Et en l'occurrence, on devrait
38:19 les faire respecter vis-à-vis de la Chine, notamment.
38:21 Et ça, on le fait pas assez. C'est-à-dire qu'en clair,
38:23 on voit quand même le marché européen
38:25 et français inonder de produits qui ne respectent
38:27 pas les normes. Et ça, ça arrive
38:29 souvent, même s'il y a un gros travail de fait par les douanes.
38:31 Mais ça arrive.
38:33 Et troisième point sur la réindustrialisation,
38:35 je rejoins Raphique. C'est-à-dire que là, notre
38:37 problématique centrale, elle est
38:39 la stabilité, c'est-à-dire
38:41 la preuve que l'État va pas être encore
38:43 dans les années futures un grand dépensier.
38:45 D'ailleurs, il y a une polémique sur les
38:47 engagements pris par la France
38:49 vis-à-vis de l'Europe, en disant "on va faire ça, ça et ça".
38:51 C'est-à-dire que ce que vient d'envoyer le gouvernement français
38:53 à Bruxelles, c'est de dire qu'on
38:55 allait respecter la règle des 3 %.
38:57 En fait, c'est un schéma,
38:59 un scénario idyllique.
39:01 Or, les investisseurs, ils sont en mesure
39:03 de se dire que, effectivement, comme le disait Raphique,
39:05 l'État va continuer à dépenser.
39:07 Donc ça va alourdir la dette de la France.
39:09 Ça va alourdir aussi peut-être les impôts,
39:11 parce qu'à terme, la question du relèvement
39:13 des impôts se pose. Et donc, on voit pas comment
39:15 dans ce cadre-là, on pourrait baisser les charges sociales.
39:17 Donc c'est vrai que la réindustrialisation,
39:19 c'est bien de pointer les normes, mais c'est un tout
39:21 petit bout de la problématique.
39:23 - Oui, oui, oui. Il faut aller
39:25 plus vite pour installer
39:27 des nouveaux sites industriels
39:29 dans le pays,
39:31 pour pouvoir redonner
39:33 la compétitivité de la place
39:35 de la France dans l'industrie française.
39:37 - Par rapport à ça, c'est
39:39 même indispensable. Et puis, vous le rappeliez,
39:41 Christine, on a vu
39:43 après crise sanitaire,
39:45 qu'on dépendait d'autres pays
39:47 comme la Chine en matière
39:49 de paracétamol. D'ailleurs, des annonces
39:51 ont été faites par le président...
39:53 - C'est un exemple du médicament aujourd'hui.
39:55 C'est toujours pas d'actualité.
39:57 On continue de fabriquer le paracétamol.
39:59 - C'est toujours le cas.
40:01 - À part l'usine UPSA
40:03 du côté d'Agin qui fabrique,
40:05 effectivement. - Oui, on est d'accord.
40:07 En tous les cas, preuve en est qu'il faut aussi
40:09 avoir une vision communautaire,
40:11 là je pense à l'Union européenne, en termes
40:13 de réindustrialisation. Parce que
40:15 une des premières annonces post-crise sanitaire
40:17 du président de la République
40:19 en matière de paracétamol, c'était de dire
40:21 "Nous allons créer une usine
40:23 de paracétamol
40:25 en Europe, donc pas forcément en France,
40:27 mais en Europe. Et c'est indispensable
40:29 concernant notre souveraineté
40:31 industrielle,
40:33 puisqu'on parle encore d'industrie.
40:35 Donc les annonces du président de la République,
40:37 en soi, ne me choquent pas du tout.
40:39 Surtout quand on sait que le nucléaire
40:41 est considéré par l'Allemagne
40:43 comme une énergie polluante.
40:45 Et on voit ce que ça donne
40:47 en Allemagne. Ils ont réouvert
40:49 des usines à charbon.
40:51 - Mais pas par l'Europe.
40:53 - Oui, heureusement.
40:55 Et ça a été à la suite
40:57 d'un lobbying puissant
40:59 de la France pour que le nucléaire
41:01 ne soit pas considéré par l'Union
41:03 européenne comme une énergie polluante.
41:05 Donc ça a été une très belle victoire.
41:07 - Ça explique ce que vous disait Rafik,
41:09 sur le fait qu'on produit moins
41:11 de gaz à effet de serre et d'émissions
41:13 que les Etats-Unis. - Exactement. On peut remercier
41:15 le nucléaire. Mais voilà,
41:17 les annonces du président
41:19 de la République, moi, me siens bien.
41:21 L'implication, et ça c'est très important,
41:23 des territoires, dans cette
41:25 réindustrialisation, est importante.
41:27 Donc il faut donner des moyens. Il parle également
41:29 de formation. La formation dans
41:31 le cadre des métiers de l'industrie est
41:33 indispensable. On parle de 15 000
41:35 places supplémentaires dans
41:37 ces métiers-là.
41:39 Moi, je pense que ce sont des annonces
41:41 fortes et puis
41:43 extrêmement importantes parce que
41:45 ça ne se passe pas du jour au lendemain.
41:47 La réindustrialisation de la France.
41:49 Ces annonces-là, dans 10 ans, on verra
41:51 le résultat. Donc,
41:53 heureusement qu'on a, et là, ce n'est pas de la flagornerie
41:55 de ma part, mais heureusement qu'on a
41:57 un gouvernement et un président
41:59 de la République qui
42:01 prend son bâton de pèlerin et qui y va
42:03 sur ces questions-là. - Qu'est-ce qui manque
42:05 du coup ? La volonté, visiblement,
42:07 est liée, mais il manque quoi, Rafik ?
42:09 Vous parliez des charges sociales, mais
42:11 c'est pas simplement...
42:13 - C'est pas la seule raison.
42:15 Il y a quand même des entreprises qui
42:17 s'installent en disant "la France, c'est quand même bien pour
42:19 et championne du monde
42:21 les investissements étrangers".
42:23 - Voyons le verre à
42:25 moitié plein. La France est un pays, au demeurant,
42:27 attractif. Mais j'ai envie de vous dire
42:29 que nous soyons attractifs
42:31 avec tout le
42:33 poids de l'État, avec les charges, avec
42:35 les normes, etc. C'est exceptionnel, c'est un miracle.
42:37 Et c'est un miracle qui tient à quelque chose d'assez simple.
42:39 J'en parlais il y a quelques années, c'est une anecdote
42:41 dont j'ai déjà fait l'écho.
42:43 J'en parlais avec un très grand patron de la Tech
42:45 qui me disait la chose suivante. Il me disait "mais attendez,
42:47 vous êtes un pays extraordinaire". Il me disait
42:49 "mais si vous travaillez un peu sur vos taxes,
42:51 si vous travaillez un peu sur votre modèle social,
42:53 je viens en France".
42:55 Et je lui dis "avant, tu installes
42:57 ton siège en France". Il me dit "non mais
42:59 je viens vivre en France,
43:01 parce que vous avez le plus beau pays du monde".
43:03 Donc on a quand même cette assurance-vie
43:05 qui est nos 2 000 ans d'histoire,
43:07 notre culture, etc., notre attractivité.
43:09 - Il en faut peu.
43:11 - Juste une question.
43:13 On parle de réindustrialisation
43:15 pour vivre certains sujets
43:17 auprès du terrain, certains
43:19 sites fermes. Et les salariés
43:21 qui sont licenciés disent déjà qu'il ne faudrait
43:23 pas délocaliser ou voir partir
43:25 les usines. - Mais c'est une stratégie
43:27 qu'il faut déployer un peu partout. Aujourd'hui, je vais vous donner
43:29 l'exemple du Grand Est, parce que je viens de là-bas.
43:31 On avait des industries et surtout
43:33 une formation qui était gérée par les régions,
43:35 avec les formations lycées pro, BTS, etc.
43:37 Mais qui n'était absolument pas en corrélation
43:39 avec une quelconque stratégie, avec une réalité
43:41 industrielle du territoire.
43:43 Et c'est pour ça que la réforme
43:45 de l'enseignement professionnel va être essentielle.
43:47 Il faut que, d'un point de vue culturel,
43:49 professionnellement, qu'on prenne conscience
43:51 que si on veut aller dans le sens de la réindustrialisation,
43:53 il faut qu'on change complètement notre état d'esprit.
43:55 Et c'est y compris, ça va au niveau
43:57 des familles. Aujourd'hui, je vous dis, les jeunes ne sont pas du tout
43:59 attirés pour aller travailler dans une usine. Ils ont
44:01 d'autres volontés. - On a quand même deux fois
44:03 plus d'apprentis qu'il y a quelques années.
44:05 - Oui, je pense qu'il faut
44:07 faire le coup de booster aussi
44:09 sur l'enseignement des lycées pro.
44:11 Il faut que les régions soient coordonnées là-dessus. Aujourd'hui, on ne peut pas
44:13 se permettre d'avoir des formations en décalage avec la réalité
44:15 industrielle d'un territoire
44:17 et des nouvelles grandes régions. - 30 secondes.
44:19 - Sur la réindustrialisation, je suis d'accord avec vous,
44:21 Christine, il ne faut surtout pas abandonner ce qu'on a.
44:23 Et en matière d'industrie pharmaceutique,
44:25 vous parlez du PSA, on peut parler de Pierre Fabre, etc.
44:27 Il y en a d'autres, Sanofi. Il faut que ça reste
44:29 en France. Et il ne faut pas que ça se repère.
44:31 On a un avantage compétitif, il faut qu'on le garde.
44:33 Le coup de dire "on va produire
44:35 en Europe", ça non. Et les
44:37 industries et les entreprises du médicament disent
44:39 "Emmanuel Macron n'a pas
44:41 encore tenu toutes ses promesses là-dessus". Il faut vraiment
44:43 qu'il les tienne. - Mais quand vous avez des entreprises en France
44:45 qui créent des usines, qui créent des emplois, je pense par exemple
44:47 à LVMH, ça devient tout de suite un scandale.
44:49 C'est le grand méchant loup du capitalisme français.
44:51 On n'est jamais content.
44:53 - Allez, sinon on est content.
44:55 - Bon, il fallait que vous le fassiez.
44:57 - C'est une mentalité. - Merci à tous les 4.
44:59 Infiniment. Ergoun, Jérôme Najwa
45:01 et Raphique, vous étiez les 4 débatteurs
45:03 du jour. Je vous souhaite un très beau
45:05 week-end. Lundi, c'est Valérie Expert qui revient
45:07 avec vous pour débattre
45:09 sur Sud Radio et nous dans un instant avec
45:11 Gilles Gansman. Les médias,
45:13 on va avoir la candidate française
45:15 de l'Eurovision, Lazara, au téléphone.
45:17 - On espère qu'elle va gagner.
45:19 - Mais oui, nous aussi. Et ramenez la coupe à la maison.
45:21 Et on aura notre
45:23 confrère d'M6 pour le nouveau
45:25 journal d'M6 qui fait peau neuve
45:27 qui sera avec nous dans un instant.
45:29 On retourne tout de suite sur Sud Radio.

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