La colère d'un patron de café-théâtre : "À Paris, rien n'est fait pour faire venir les spectateurs"

  • l’année dernière
Avec Sébastien Monila, humoriste à la tête du cabaret théâtre "Le grenier" et Lucie, directrice du théâtre "Les deux ânes".

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Transcript
00:00 Sud Radio André Bercoff.
00:02 ♪ Ça balance pas mal ♪
00:04 Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:07 - Et en ce moment le music hall il va pas très bien, c'est le moins que l'on puisse dire.
00:11 Quand on voit l'état des cafés-théâtres, des camarades-théâtres,
00:15 depuis la crise du Covid, qui heureusement, enfin j'espère que c'est fini, on espère tous.
00:21 Qu'est-ce qui se passe ? Alors Sébastien Molina bonjour, vous avez déjà reçu...
00:26 Vous avez déjà reçu et puis nous avons reçu Sophie aussi, du théâtre des Deux-Ânes, nous allons en parler avec elle.
00:36 Alors Sébastien Molina, qu'est-ce qui se passe ? Parce que effectivement il y a eu le confinement pour tout le monde,
00:41 il y a eu la crise du Covid, les gens ne sortaient plus, on ne va pas rappeler, gestes barrières, masques, etc.
00:47 Gels, etc. Mais aujourd'hui c'est apparemment, enfin heureusement fini, en tout cas pour le moment, on verra bien.
00:54 Mais vous avez été aidé ou pas aidé ? Qu'est-ce qui se passe pour vous aujourd'hui ?
00:58 Vous avez un café-théâtre, je le rappelle, dans Paris, Paris 17ème.
01:02 - Oui, tout à fait, le Grenier du Rire. Comme beaucoup de lieux en ce moment, on est très impacté à Paris.
01:08 On a entre 30 et 40% de taux de fréquentation en moins dans nos salles.
01:13 Alors effectivement, on se pose pas mal de questions parce qu'il y a effectivement cette crise qui nous a beaucoup...
01:19 On était fermé, il faut le dire, pendant deux ans. - Pratiquement fermé pendant deux ans.
01:25 - C'était fermé. Et puis on a tous les mouvements qui ont paralysé aussi les choses, on a eu beaucoup de monde en moins.
01:33 Mais aujourd'hui, je ne sais pas si c'est lié vraiment à la France entière ou à Paris,
01:39 moi j'ai plutôt la sensation que c'est vraiment à Paris, c'est une crise parisienne.
01:43 Parce qu'il faut aussi dire quand même qu'on n'est pas beaucoup aidé par la ville de Paris pour que les gens sortent.
01:50 - Vous voulez dire que la ville de Paris empêche un peu la circulation ?
01:55 - C'est pas qu'ils nous empêchent directement, mais c'est vrai que quand on discute avec les autocaristes,
01:59 qui sont quand même des gens qui nous amènent beaucoup de monde, des bus entiers,
02:04 c'est 50, des fois 100 personnes, enfin pas chez nous, on a 40 places, mais un peu de partout,
02:09 c'est de plus en plus difficile pour eux de pouvoir circuler, c'est de plus en plus difficile pour eux de pouvoir se garer.
02:16 - C'est vrai qu'il y a une piste d'un côté de trottinette, une piste de cycliste, une piste de ceci...
02:20 - Il y a énormément de... Alors juste pour terminer sur les autocaristes,
02:23 là j'ai un document de la ville de Paris, on leur demande 269 euros pour 6 heures de stationnement.
02:29 - 269 euros, je ne sais pas, est-ce que c'est beaucoup ? Je ne connais pas l'échelle des prix.
02:36 - En tout cas, c'est des gens qui viennent moins à Paris, voilà, ça c'est très important.
02:40 - Oui, je comprends. Et ils amènent des clients pour toutes sortes de commerces, de divertissements, etc.
02:46 - Il y a beaucoup de travaux, il y a beaucoup de routes maintenant sans interdit,
02:50 même les gens en banlieue proche nous disent "non, moi je ne veux pas sortir, je veux venir",
02:55 parce que c'est pour mettre une heure et demie pour venir.
02:57 - Donc il y a eu le Covid, puis les abarats de Paris qui ne sont pas négligeables.
03:01 - Oui, et je vous remercie d'être là pour en reparler des petites salles comme nous,
03:06 parce que c'est vrai qu'on n'est pas beaucoup, beaucoup médiatisé, les grosses structures sont médiatisées,
03:11 mais les petits cabarets, les petites salles, là où chez nous on a beaucoup d'humoristes,
03:15 ce sont des humoristes, des magiciens, c'est dans nos petites salles que les artistes naissent et deviennent des grandes vedettes.
03:20 - C'est les cafés-théâtres, les télépépinières, de tout.
03:23 Et d'ailleurs avec nous, nous avons Sophie Collaro, bonjour.
03:26 - Bonjour, monsieur Bercoff. - Bonjour Sophie Collaro.
03:29 - Alors vous êtes directrice communication du Théâtre des Deux-Ânes,
03:33 est-ce que vous avez été aussi impacté, vous êtes toujours aussi impacté,
03:36 par ce qui s'est passé et ce qui se passe aujourd'hui ?
03:39 - Alors on a effectivement été impacté comme beaucoup suite au Covid,
03:43 mais là effectivement depuis les dernières grèves,
03:47 on observe 60% de réservations à moins, c'est-à-dire que au Deux-Ânes...
03:51 - 60% !
03:52 - 60% ce qui est énorme, parce que nous on travaille beaucoup aussi avec des groupes,
03:57 des collectivités locales, des CSE principalement aussi,
04:01 et depuis effectivement les dernières grèves,
04:03 on a observé une chute de 60% des réservations,
04:07 à tel point que nous, si vous voulez, en règle générale,
04:09 sur un mois on travaille entre 23 et 26 jours,
04:12 sur le mois de mai, on en est à 9 jours travaillés.
04:16 - D'accord, pour tout le mois, oui.
04:19 - Voilà, pour tout le mois, et nous on a une jauge de 295 places au Théâtre des Deux-Ânes,
04:23 mais ce n'est pas que chez nous, c'est-à-dire que vous avez d'autres,
04:26 par exemple, effectivement, Sébastien parle pour le Grenier,
04:30 il y a le Don Camilo, il y a la Main-au-Panier, il y a chez ma cousine,
04:32 il y a toutes ces petites et grandes salles d'ailleurs,
04:35 c'est un impact sur vraiment tout le monde.
04:38 - Et pépinière de talent, il faut le rappeler,
04:40 tous les artistes qui ont commencé chez vous et ailleurs.
04:44 - Et ailleurs, effectivement, parce qu'il n'y a pas de petites salles de spectacle,
04:48 c'est vraiment, de toute façon on sait que le public tourne sur toutes les salles parisiennes,
04:52 donc il faut vraiment que les petites et les grandes puissent travailler,
04:56 et actuellement ce n'est pas le cas,
04:58 et on attend tous la rentrée avec impatience,
05:00 mais là, le chiffre d'affaires se fait,
05:02 si vous voulez, les réservations se font par saisonnalité,
05:05 c'est-à-dire que sur ces grandes salles comme sur les petites salles,
05:08 la saisonnalité, elle est de octobre à fin juin,
05:11 et là on sait qu'à partir de mars, de toute façon, on a toujours une chute,
05:14 mais là, ce n'est pas une chute, c'est une grosse dégringolade.
05:17 - Et dites-moi, juste pour savoir, vous et vos collègues,
05:21 vous avez été aidés pendant la crise du Covid en tout cas ?
05:24 - Oui, bien sûr, on a été aidés, heureusement d'ailleurs,
05:26 parce qu'on est encore là pour en parler,
05:28 beaucoup ne sont plus là, de certaines petites salles aussi,
05:31 qui font aussi les grandes salles,
05:33 et qui font aussi toutes les activités, les AFC,
05:37 de ce que l'on parle d'AFC, d'activité sociale, culturelle,
05:40 parce qu'on travaille beaucoup avec les comités d'entreprise aussi,
05:43 et les autocaristes, et Sébastien le disait,
05:45 au niveau du prix du stationnement,
05:47 beaucoup sont impactés et ne veulent plus venir,
05:49 on travaille avec des autocaristes qui viennent de Deauville,
05:52 qui ne veulent plus, par exemple, venir à Paris,
05:56 parce que ça a un coût, et que ça doit être répercuté sur le prix du voyage.
06:01 - Oui, et ça c'est un vrai vrai problème, effectivement,
06:04 qui doit être réglé, ça c'est du ressort de la mairie de Paris,
06:07 et il serait quand même assez hallucinant que la mairie de Paris
06:10 n'aide pas justement ces pépinières d'artistes de teint,
06:14 et puis les gens qui veulent venir justement à Paris,
06:16 et de toute la France, et d'ailleurs les étrangers,
06:19 pour voir nos artistes, et tout ça, c'est fondamental.
06:22 Sébastien Molina, au fond, vous demandez quoi aujourd'hui ?
06:26 Je pose aussi la question à Sophie Collaro, bien sûr,
06:29 parce que vous demandez des aides,
06:30 parce que si c'est encore des aides, ils vont vous dire
06:32 "oui, mais écoutez, on vous a déjà aidé, mais qu'est-ce qu'on peut faire ?"
06:35 Vous demandez quoi, en fait ?
06:37 - Non, mais nous on est là pour lancer un message d'alerte,
06:41 d'alerter vraiment le public, d'alerter les politiques,
06:46 pour leur dire "voilà, nous on ne demande pas des aides,
06:48 vit' à éternel, ce qu'on veut c'est tout simplement travailler,
06:50 qu'on nous laisse travailler."
06:52 Et c'est vrai que c'est vraiment ce qu'on demande aujourd'hui,
06:55 et on demande aux gens de sortir, d'aller voir où que vous soyez,
06:58 ce que je dis toujours, où que vous soyez,
06:59 aller voir les artistes sur scène, aller voir le spectacle en live,
07:03 c'est très important, il faut que le spectacle vivant reste vivant,
07:05 c'est très important.
07:06 - C'est même fondamental.
07:08 Dans "spectacle vivant", il y a "vivant", il ne faut pas oublier.
07:11 Et "vivant", ça s'oppose à mort, ou sous vide,
07:14 ou impacté, ou pasteurisé.
07:16 - Exactement.
07:17 - Sophie Collaro, effectivement, qu'est-ce qu'on pourrait faire là-dessus ?
07:21 Qu'est-ce que, non seulement les autorités,
07:23 mais les gens, qu'est-ce qu'on pourrait faire concrètement,
07:25 à votre avis, ce qui est le plus urgent ?
07:28 - Ce qu'il faut faire, en fait, c'est surtout dire au public "mais sortez",
07:32 parce que n'attendez pas que ces petites ou ces grandes salles soient fermées,
07:36 pour réagir.
07:37 C'est-à-dire que l'impact, c'est maintenant de sortir,
07:40 et d'aller voir justement le spectacle vivant,
07:42 pour que demain, il puisse rester vivant.
07:45 Et vous avez des multitudes de grandes et de petites salles,
07:49 et il ne faut pas négliger les petites salles,
07:50 parce que c'est là justement où Sébastien disait,
07:53 où naissent tous les grands talents de demain.
07:55 Et c'est merveilleux d'assister à un spectacle en live,
07:58 et d'avoir cette émotion, et de voir le sourire.
08:01 Moi, quand je vois le sourire des gens qui sortent des salles de spectacle,
08:05 je me dis que notre travail n'a pas été vain,
08:07 et on est là aussi pour distribuer et donner du bonheur.
08:11 Et en ce moment, toute cette république des casseroles,
08:13 c'est épouvantable, parce que ça va finir par nous tuer,
08:16 ça va finir par tuer le spectacle vivant.
08:19 - C'est vrai, mais d'un autre côté, qu'est-ce que vous voulez,
08:21 il y a des gens qui, à ton raison, se plaignent aussi de leur sort.
08:25 Et le problème, c'est que chacun s'exprime avec ses moyens.
08:28 - Bien sûr, mais on les comprend aussi.
08:31 - Mais en tout cas, ce qui est vrai,
08:32 c'est que les gens aujourd'hui ont besoin de rire.
08:35 On est, vous le dites, dans un monde très compliqué.
08:37 Et c'est vrai que dans nos salles,
08:39 les gens viennent rire, viennent se détendre,
08:42 viennent ouvrir leurs problèmes.
08:43 Et à tous ceux qui veulent ou ont envie de manifester,
08:46 qui ont pris avec les casseroles,
08:47 à un moment donné, vous laissez vos casseroles,
08:49 vous les prenez avec vous, et vous allez au spectacle,
08:52 et vous allez rire, parce qu'on ne fait rien sans ça.
08:55 On ne peut pas continuer à vivre.
08:56 Et il faut protester, il faut, si on n'est pas d'accord, le dire,
08:59 mais il faut aussi aller vers ceux
09:02 qui vous procurent le bonheur de passer deux heures de rire.
09:06 Et ça, c'est très, très important.
09:08 Merci à vous, merci Sébastien Aulina,
09:10 et merci Sophie Colard.

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