Attentat de Djerba : "un enfant de Marseille emporté par la folie meurtrière"(Michel Cohen-Tenoudji)

  • l’année dernière
La communauté juive s'est réveillée sous le choc ce matin après avoir appris la mort de Benjamin Haddad, tué dans l'attentat qui a fait 4 morts dans une synagogue de Djerba, en Tunisie. Son cousin, Aviel, franco-tunisien a également trouvé la mort dans cet attentat terroriste.
Marié, père de 4 enfants, Benjamin, 42 ans, avait effectué le pèlerinage juif dans la synagogue de la Ghriba. Un pèlerinage très prisé par les juifs d'origine tunisienne et effectué par des nombreux marseillais, abasourdis depuis hier soir. Avoir avoir tenu une supérette cachere dans le 8e arrondissement de Marseille, Benjamin Haddad était gérant d'une boulangerie située à la rue Edmond-Rostand. Un homme très apprécié de la communauté juive de Marseille, qui offrait chaque semiane le pain de chabbat pour venir en aide aux plus démunis. "Il mettait un point d'honneur pour aider les plus défavorisés. Benjamin était un homme charmant, gentil, toujours là pour la communauté. Je suis sidéré, dépité", a réagi Michel Cohen-Tenoudji. Le président du Consistoire israélite de Marseille, qui s'est rendu au domicile de la famille du défunt, avec notamment le grand rabbin de Marseille Réouven Ohana, a rencontré "une veuve éplorée, une mère détruite". "Cet attentat est le résultat de décennies d'antisémitisme et d'antisionisme. C'est du juif que l'on a voulu tuer. Cela devait être une fête mais désormais ils n'hésitent plus à tuer à l'intérieur d'une synagogue", déplore Michel Cohen-Tenoudji.
"On se réveille avec un sentiment d'émoi et de colère", a pour sa part réagi Fabienne Bendayan. Pour la présidente régionale du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), "cet acte antiterroriste et antisémite nous glace au plus haut point.
"Il avait une aura particulière. Ben était une personne très appréciée de tous", nous a sobrement déclaré une de ses proches, anéantie par une telle nouvelle.
Transcript
00:00 C'est un drame et je crois que le mot est faible quand on parle de drame.
00:04 On est dévasté dans la communauté juive de Marseille car encore la communauté juive a été touchée.
00:10 Encore des juifs sont morts parce qu'ils sont juifs.
00:13 Et encore beaucoup plus d'acuité à ce drame puisque c'est un enfant de Marseille
00:19 qui a été emporté par cette folie meurtrière.
00:23 Benjamin Haddad, que je connaissais un peu plus sous le nom de Ben Haddad
00:28 puisque c'était son diminutif, était un garçon connu de la communauté.
00:32 C'était un jeune garçon puisqu'il avait je crois à peine 43 ans,
00:36 qui était marié, qui avait quatre enfants.
00:40 Je sors de son domicile où je ne vous dis pas dans quel état se trouve sa femme, sa mère, toute sa famille.
00:51 C'est un désastre de voir tout ce qui se passe.
00:55 Benjamin Haddad était lié avec sa communauté puisqu'il exploitait une boulangerie cachère à la rue Edmond Rostand à Marseille.
01:06 Donc il était très lié au concisoir, à la communauté.
01:10 Et même pour trahir un petit secret, aujourd'hui puisqu'il n'est plus là,
01:15 sans pouvoir francer sa modéitie, c'est lui qui fournissait tous les pains de Shabbat,
01:20 les "chalotes", ce qu'on appelle de Shabbat, pour les plus déminis de notre communauté.
01:24 Et quand on lui avait dit "tu sais ça va coûter cher", il a dit "c'est pas mon problème, j'en fais mon affaire".
01:32 Voilà c'était ça Benjamin Haddad, c'était un garçon bienveillant, qui avait la joie de vivre,
01:37 qui était toujours dans la gentillesse, un garçon avenant.
01:43 Voilà c'est aujourd'hui ce garçon, ce père de famille, ce membre de notre communauté,
01:48 qu'on nous a arraché, à qui on a arraché la vie.
01:51 C'était tout simplement un pèlerinage, comme dans toutes les religions ont fait des pèlerinages de recueillement.
01:59 À 30 jours, 33 jours après la fête de Pâques, il existe ce pèlerinage que l'on appelle l'Akba Omer.
02:06 Et dans toutes les synagogues, que ce soit à Djerba ou dans le monde entier, on célébrait ce moment-là.
02:11 Et Djerba a une symbolique un peu particulière, puisque c'est vraiment une synagogue historique,
02:16 une synagogue qui compte dans le monde juif.
02:21 Elle a été bâtie il y a plusieurs millénaires, on dit qu'elle a été bâtie avec les pierres,
02:29 suite à la destruction du Temple de Jérusalem.
02:33 Donc elle avait une sainteté particulière et une symbolique particulière.
02:38 Et ce sont des juifs de partout, de Marseille, d'Europe, même des Etats-Unis, du monde entier,
02:45 qui venaient faire ce pèlerinage dans cette synagogue pour faire des prières,
02:52 pour prier pour la paix dans le monde, pour prier pour l'humanité.
02:58 Et pour ces prières, on a reçu des balles, des juifs ont reçu des balles et ont été tués.

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