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Écoutez l'interview de la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, à la veille de la réunion avec la grande distribution à Bercy.
Regardez L'invité de RTL du 10 mai 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin la ministre déléguée au PME, au commerce et au tourisme,
00:14 Olivia Grégoire.
00:16 Olivia Grégoire, vous recevrez demain une nouvelle fois à Bercy avec Bruno Le Maire les patrons de la grande distribution.
00:20 C'est quoi l'objectif de cette réunion ? De leur dire de faire encore un effort de prolonger le trimestre anti-inflation de là du 15 juin ?
00:29 Nous recevrons demain effectivement avec Bruno Le Maire
00:32 les distributeurs, les acteurs de la grande distribution qui se sont engagés dans le trimestre anti-inflation.
00:37 Déjà dire trois choses qui n'étaient pas gagnées d'avance au 15 mars. Un, sur les 2000 produits environ
00:43 qui en fait dans les supermarchés vous avez à peu près 20 000 à 30 000 références. Donc on a à peu près 2000 produits
00:50 identifiés dans le trimestre anti-inflation. Un, les prix n'augmentent plus sur ces produits. Deux, ils ont commencé à baisser
00:57 et je vous annonce ce matin des chiffres importants qui sont sourcés par la DGCCRF, la direction de la concurrence et de la répression des fraudes.
01:05 En moyenne depuis sept semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13%
01:12 dans le panier s'il est composé à 100% de produits issus du trimestre anti-inflation. J'ajoute aussi ce qui est un sujet majeur,
01:19 le patron de Lidl en parlait sur votre antenne il y a quelques jours, que ça a aussi permis de faire remonter les volumes
01:25 sur un certain nombre de produits frais qui étaient en train de s'effondrer. Je pense à la viande,
01:28 je pense aux fruits et légumes et je pense aux poissons. Les volumes remontent,
01:32 démonstration que le trimestre anti-inflation fait son effet. Donc trois sujets chère Amandine Bégaud. Un,
01:37 est-ce qu'on peut envisager peut-être de le prolonger
01:40 en couvrant la période de l'été
01:42 en fonction de la bonne volonté des distributeurs qui l'ont déjà démontré.
01:46 - C'est-à-dire quoi ? Jusqu'au 15 septembre par exemple ?
01:48 - Par exemple, ça fera partie des discussions que nous aurons demain. Je rappelle que les distributeurs prennent sur leur marge pour faire baisser ses prix.
01:54 Deuxièmement, je leur proposerai demain d'y intégrer des produits pour la rentrée scolaire de nos enfants.
02:00 Je rappelle que trois quarts des français font leurs courses dans les supermarchés pour la rentrée scolaire.
02:04 - Et souvent au mois de fin juin, début juillet.
02:06 - Et ça s'étale aussi en août et ce serait chouette s'ils pouvaient faire un effort en plus pour les fournitures scolaires.
02:12 Je leur proposerai demain avec Bruno Le Maire. Troisièmement, nous parlerons aussi de l'état précis de l'ouverture des renégociations commerciales.
02:20 Certains ont entamé parmi les distributeurs, d'autres vont le faire avec les grands industriels.
02:25 Les prix sont en train de baisser pour certaines matières premières. Il faut que les consommateurs voient ces baisses rapidement.
02:30 - Alors on va justement parler de ces renégociations dans un instant.
02:33 Mais j'ai fait l'expérience, alors que font tous les auditeurs sans doute qui nous écoutent.
02:37 J'ai fait mes courses hier dans un hypermarché, comme je le fais tous les 15 jours.
02:40 Je vais toujours dans la même enseigne, j'achète quasiment toujours la même chose.
02:43 Et je comparais mon ticket de caisse avec celui du 12 avril, donc il y a un mois.
02:47 Bilan, effectivement les fruits et légumes sont en baisse, très nette baisse.
02:51 Par exemple le kilo de carottes, il est passé d'1,99 à 2,11 euros.
02:54 Même chose pour le concombre.
02:56 En revanche, la boîte de capsules de café par exemple, elle a flambé, elle a pris presque 2 euros.
03:01 Le paquet de biscuits, il est passé de 1,50 à 1,95 euros.
03:05 Pourtant on lui dit par exemple que le prix des céréales baisse.
03:07 Ça c'est l'illustration de l'effort que les marques doivent faire ?
03:11 C'est l'illustration de ce que nous avons demandé avec Bruno Le Maire aux industriels, aux gros industriels.
03:17 Je sors les PME de ces négociations.
03:19 Nous avons demandé que les grands industriels fassent des baisses de prix, à l'aune des baisses de prix des matières premières.
03:25 Revenons sur vos exemples.
03:26 Le café ne baisse pas.
03:28 Ça va être difficile de faire baisser le café dans les prochaines semaines.
03:31 Les biscuits que vous mentionnez, il y a des céréales mais il y a du sucre.
03:35 Le blé a baissé considérablement, -40% sur un an.
03:39 L'avoine a baissé -25% sur un an.
03:42 Le sucre ne baisse pas, +108% sur un an.
03:46 Dans les biscuits, il y a un peu des deux.
03:48 Le sujet c'est quelles vont être un peu les ratios entre le sucre et les céréales pour faire baisser ces prix.
03:53 Je vais prendre un dernier exemple, vous ne l'avez pas mentionné.
03:55 Les pâtes alimentaires.
03:56 Les pâtes alimentaires ont pris à peu près 20% sur un an.
04:00 Or elles sont composées majoritairement de céréales qui baissent.
04:03 Par conséquent, nous attendons des baisses de prix visibles cet été à la rentrée sur le prix des pâtes alimentaires.
04:10 Alors ça c'est l'appel que vous lancez ce matin aux industriels ?
04:12 C'est un appel qu'on a déjà lancé il y a un mois.
04:14 Il faut les citer ces grandes marques, les éditeurs qu'on connaisse ?
04:17 Ce sont les grands industriels, pas forcément parce qu'en fait ce sont des entreprises très connues,
04:22 pas forcément d'ailleurs françaises, des multinationales.
04:24 Ce sont les marques que les Français connaissent, les marques de gâteaux par exemple, les marques de pâtes.
04:28 Ça peut être L'U, ça peut être Barilla, on ne va pas faire de Coca-Cola.
04:32 Voilà exactement, qui sont produites en général par des grands industriels
04:36 qui ont les marges de manœuvre et la trésorerie aujourd'hui pour faire baisser les prix.
04:39 Je rappelle que quand l'année dernière les prix ont monté,
04:42 le gouvernement a été à la hauteur en appelant à une négociation
04:45 pour tenir compte de ces hausses de prix côté des industriels
04:48 et donc que les distributeurs en tiennent compte.
04:51 Nous demandons en miroir désormais la même chose.
04:53 Mais vous pouvez les forcer ?
04:55 Le patron de Lidl nous disait "il faut prendre un décret"
04:57 parce que ça ne sert à rien d'appeler comme ça aujourd'hui, les industriels ne veulent pas le faire.
05:01 On ne me refera pas, je sais qu'on est rare
05:04 mais il s'avère que Bruno Le Maire et moi-même avons la même méthode en la matière.
05:08 On n'est pas obligé de tout faire passer en permanence par la loi, l'Assemblée, le décret...
05:13 Mais sauf que quand vous faites pression sur Coca-Cola...
05:15 Est-ce que j'ai fait un décret ou un arrêté avec Bruno Le Maire sur le trimestre anti-inflation ?
05:19 Non.
05:20 Qu'est-ce qu'on a demandé ?
05:20 Un effort, qu'ont proposé les distributeurs, une opération sur trois mois inédite
05:24 où ils sont tous alignés avec des baisses de prix qu'on constate aujourd'hui de 13% depuis cette semaine.
05:29 Est-ce qu'on a fait une loi ?
05:30 Non.
05:30 Donc un, on a écrit, et on peut se parler entre acteurs économiques,
05:34 on leur a demandé de bouger.
05:35 Certains distributeurs ont déjà enclenché les renégociations.
05:38 Si jamais ça n'est pas le cas dans les semaines qui viennent
05:40 et qu'on remarque que des grands industriels qui gèrent des marques que vous avez citées
05:44 ne font pas d'effort, qu'est-ce qu'on fera ?
05:46 On fera ce qu'on appelle en bon français du "name and shame"
05:50 donc je vais le dire autrement, on citera les industriels et les marques.
05:52 Énoncer publiquement ceux qui ne jouent pas le jeu.
05:54 Énoncer ce n'est pas ma façon, mais il est clair qu'aujourd'hui
05:57 quand on voit la société médiatique dans laquelle on est,
05:59 on dira aux français "sur telle et telle marque, désolé, mais ils ne veulent pas négocier les prix à la baisse".
06:03 Je ne suis pas sûr que ça fasse de la pub aux marques.
06:05 Après, il y a toujours des dispositions qui restent à la main
06:08 du ministre de l'économie et des finances
06:10 et il y a toujours, ça ne change jamais, un projet de loi de finances au mois de septembre.
06:13 Vous aviez parlé d'une taxe possible, c'est possible ça ?
06:15 Il y a toujours un projet de loi de finances au mois de septembre.
06:18 En attendant, on peut se parler et bouger ensemble,
06:20 c'est ce que j'appelle de mes voeux.
06:22 Encore un mot sur ces négociations,
06:24 dans le contexte actuel, une négociation par an,
06:26 comme le prévoit la loi, c'est la LME, la loi de modernisation de l'économie.
06:31 Michel Biraud, le patron de Lidl, nous disait lundi
06:34 que c'est une aberration de n'avoir à négocier qu'un mois.
06:38 On ne peut pas revenir sur cette loi, Olivier Grégoire ?
06:40 On peut toujours revenir, surtout...
06:42 Il dit que c'est le seul pays où ça se passe comme ça.
06:44 Alors là-dessus, Michel Biraud a raison,
06:46 la France a ses spécificités et ses charmes,
06:48 c'est effectivement le seul pays.
06:49 Ça, ses avantages et ses inconvénients.
06:52 Quand les prix augmentent massivement et qu'on vend après une renégociation,
06:56 les prix ne prennent pas en charge ces hausses.
06:59 Donc ça a permis de protéger les consommateurs.
07:01 Ça, ses avantages et ses inconvénients.
07:02 Je voudrais quand même dire à ceux qui nous écoutent
07:04 qu'il ne faudrait pas que l'inflation alimentaire
07:05 soit le prétexte d'une inflation normative législative.
07:08 Il y a encore deux mois, nous étions au Parlement,
07:11 à discuter d'une proposition de loi d'un député Renaissance
07:14 qui a été voté à l'unanimité, le député Descrozail.
07:16 Laissons peut-être déjà ces modifications législatives importantes
07:20 arriver dans la vie des négociations et des acteurs économiques,
07:23 avant de légiférer à nouveau.
07:25 Je rappelle qu'on a fait deux lois majeures
07:27 pour protéger nos agriculteurs, nos éleveurs, nos producteurs,
07:30 avec Egalim 1 et 2.
07:32 Je pense que, encore une fois,
07:34 l'inflation normative n'est pas forcément la meilleure réponse.
07:37 Si la question se pose et doit être posée,
07:39 on en discutera dans les prochains mois.
07:41 Mais là, tout de suite, il faut agir.
07:43 Et le temps législatif est toujours plus long.
07:45 Donc essayons d'aller vite.
07:46 Et aujourd'hui, c'est ce qu'on demande aux industriels.
07:48 Il nous reste 30 petites secondes pour évoquer
07:50 une des autres préoccupations des Français qui plus est à l'approche de l'été.
07:54 Ce sont les prix du carburant.
07:55 L'essence reste plus chère en France que chez nos voisins,
07:58 malgré la baisse des cours du pétrole.
08:01 L'association de consommateurs CLCV
08:02 accuse tout simplement les pétroliers et les distributeurs,
08:05 la grande distribution,
08:06 de faire tout simplement du rattrapage sur le dos des consommateurs.
08:09 En gros, ils sont privés de marge pendant un certain temps.
08:12 Et bien là, ils rattrapent.
08:13 Est-ce que vous les appelez, ce matin, sur RTL,
08:15 à faire un effort à rectifier le tir ?
08:17 - Ma consœur, la ministre de l'Énergie,
08:19 Agnès Pannier-Runacher, l'a fait hier.
08:21 Moi, je me méfie des caricatures,
08:24 c'est parce que vous avez dit, mais ce que je vois aussi,
08:26 c'est que sur ces sujets-là, il faut avoir de la nuance,
08:27 comme sur les matières premières.
08:29 Là, la nuance, c'est quoi ?
08:30 C'est qu'en réalité, vous avez des pétroliers qui distribuent l'essence
08:34 et vous avez des distributeurs.
08:36 Quand certains distributeurs, que je ne citerai pas,
08:37 font du prix coûtant, comme le nom l'indique, il n'y a pas de marge.
08:40 Donc, il ne faut pas mettre tout le monde, tout le temps, dans le même panier.
08:43 Tout ça est un peu plus complexe.
08:45 Et donc, effectivement, Agnès Pannier-Runacher, à juste titre,
08:47 a appelé les acteurs et va continuer à le faire,
08:50 à répercuter les baisses à la pompe,
08:52 notamment, principalement, du côté des pétroliers.
08:55 Merci beaucoup.
08:56 [SILENCE]

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