Un lycéen de 16 ans est mort ce matin à la suite d'une rixe survenue devant le lycée Rodin dans le 13e arrondissement de Paris. Les circonstances exactes de cet affrontement ne sont pas connues, mais le parquet évoque un affrontement entre bandes. Le mineur tué habitait à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et était scolarisé dans le même département. Depuis le mois de mai le parquet de Paris a recensé huit affrontements dans le même quartier. Nicolas Nordman, Adjoint à la Mairie de Paris chargé de la prévention, de la sécurité, de la police municipale et de l'aide aux victimes est l'invité de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 17 décembre 2024.
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00:00Il est 18h17, bonsoir Nicolas Nordman, vous êtes adjoint à la maire de Paris chargé
00:08de la prévention et de la sécurité, merci de prendre la parole sur RTL ce soir, un adolescent
00:12a donc été poignardé à mort ce matin devant le lycée Rodin dans le 13e arrondissement
00:16de Paris.
00:17L'enquête a été requalifiée en assassinat par le parquet, un individu a été interpellé.
00:22Monsieur l'adjoint à la maire, vous avez en charge la sécurité, quelle est votre
00:25réaction ?
00:26Ma réaction c'est qu'évidemment c'est un drame très important et que je voudrais
00:32d'abord avoir une pensée pour cette jeune victime, pour sa famille, il n'est pas acceptable
00:38qu'un jeune puisse décéder dans ces circonstances dans les rues de Paris.
00:42Ce phénomène des violences entre bandes d'adolescents se développe-t-il ?
00:46Alors c'est un phénomène qui n'est pas nouveau, c'est un phénomène que nous connaissons
00:50à Paris depuis maintenant quelques années, que nous connaissons aussi dans d'autres
00:54régions malheureusement.
00:56Nous avons d'ailleurs mis en place depuis quelques années à Paris une stratégie parisienne
01:02de prévention des rixes, qui permet justement d'essayer d'éviter que ces rixes n'arrivent,
01:07mais quand elles arrivent, bien évidemment c'est un drame et ça nous incite à redoubler
01:12d'efforts.
01:13Peut-on parler de règlement de compte ? En tout cas dans le 13e on aurait constaté
01:16huit affrontements entre bandes depuis le mois de mai, c'est une information du parquet
01:20de Paris, et si c'est le cas comment l'expliquez-vous ?
01:23Alors je ne sais pas si c'est des règlements de compte, vous savez les rixes c'est des
01:27phénomènes qui sont par nature imprévisibles, là en l'occurrence l'enquête nous dira
01:31précisément quelles sont les raisons, mais c'est vrai et je dois le dire que l'année
01:372024, depuis le début de cette année, après avoir eu deux années plutôt en régression
01:42par rapport au nombre de rixes constatés à Paris, nous avons une forme de résurgence
01:47malheureusement des rixes, encore une fois pour des raisons qui sont parfois très difficiles
01:51à comprendre.
01:52En cela est-ce que vous êtes en train de nous dire que par exemple le trafic de drogue
01:57n'est pas forcément impliqué ?
01:58Le trafic de drogue non, pas forcément, ça peut arriver mais ce n'est pas le cas de
02:02manière générale, c'est des affrontements dont on ne connaît pas forcément toujours
02:06les raisons.
02:07D'ailleurs très souvent les rixes prennent racine sur les réseaux sociaux, on voit que
02:13des jeunes se filment, parfois s'affrontent via les réseaux sociaux et puis ça se débouche
02:19à certains moments par des affrontements physiques dans la rue avec des rendez-vous
02:22qui sont donnés, etc.
02:24La victime était scolarisée à Alfortville dans le Val-de-Marne, est-ce que ça veut
02:28dire qu'en quelque sorte il y a des allées et venues comme ça entre les adolescents qui
02:32sont victimes ou tout simplement acteurs de ces violences ?
02:35Alors oui, nous avons parfois des affrontements entre jeunes venant d'arrondissements parisiens
02:40différents, nous avons également constaté des affrontements entre jeunes venant de villes
02:46différentes, d'ailleurs de l'approche très proche couronne parisienne.
02:49Rappelons-nous ce qui s'était passé il y a quelques années dans le 15e arrondissement,
02:54les jeunes sont très mobiles donc il n'y a pas forcément de lien avec le lieu où s'est
02:59produit la risque.
03:00Le maire du 13e arrondissement de Paris explique ne pas comprendre la localisation de ce drame
03:04mais en fait c'est ce que vous venez de nous dire, selon lui il n'y avait aucun signe
03:07avant-coureur.
03:08On parle quand même d'un meurtre à l'entrée d'un lycée quasiment, que dire aux parents
03:12et aux adolescents de ce quartier qui doivent être traumatisés et dont certaines familles
03:16nous écoutent ce soir ?
03:17Alors ce qu'on peut dire c'est que ce n'est pas un quartier où habituellement il y a
03:21ce type de phénomène, précisément autour de cet établissement scolaire-là, donc ça
03:25peut être le fruit du hasard d'une rencontre ou même peut-être d'un rendez-vous qui aurait
03:29été donné, ça on ne peut pas le dire au moment où on se parle, parce que l'éducation
03:33qu'on a mis en place dès ce matin c'est une cellule psychologique à l'intérieur
03:36de l'établissement pour évidemment accompagner les jeunes qui ont pu être présents, qui
03:41ont pu peut-être assister aussi à cet événement, à ce drame, et donc oui pour pouvoir les
03:46accompagner et les soutenir.
03:48Les chiffres publiés par la préfecture de police sont impressionnants, les RICS entre
03:52bandes rivales auraient progressé de 10% dans l'agglomération parisienne, les blessés
03:56ont augmenté de 28% et l'utilisation d'une arme de 22%.
04:00Parfois on se demande si on est spectateur et comment on peut être acteur pour que ce
04:03genre de violence baisse.
04:05On essaye d'être acteur au maximum, nous avons développé à Paris une stratégie parisienne
04:10de prévention des RICS, elle a maintenant quelques années, nous la relançons de manière
04:14extrêmement régulière, elle se joue à deux niveaux, il y a évidemment le niveau de l'urgence,
04:19par exemple dès ce matin suite à ce drame nous avons activé des boucles d'urgence qui
04:24existent dans tous les arrondissements parisiens concernés par les RICS, l'idée c'est d'envoyer
04:28sur le terrain toute une série d'acteurs, des médiateurs de la ville, nous avons une
04:32équipe de médiateurs qui sont spécialisés sur la question des RICS, mais aussi des éducateurs
04:37de rue, mais aussi des policiers municipaux, la police nationale, l'idée c'est d'éviter
04:41qu'il y ait des matchs retours parce que quand on a ce type d'affrontement, notre crainte
04:45c'est qu'il puisse y avoir des répliques si je puis dire, donc on a une stratégie qui
04:50permet de réagir à chaque fois que se produit une RICS pour que de nouveaux drames ne se
04:55produisent pas.
04:56Et puis il y a aussi des actions de long cours, c'est-à-dire qu'il faut faire de la prévention,
05:00la prévention elle doit se faire auprès des jeunes évidemment avec des interventions
05:04en milieu scolaire, avec l'organisation aussi de rencontres entre jeunes, par exemple des
05:10jeunes de quartiers différents qui ont des habitudes d'affrontement, on organise, on
05:14a organisé par exemple le mois dernier toute une série de rencontres sportives pour justement
05:19faire en sorte que les jeunes apprennent à se côtoyer dans des contextes différents
05:24que ceux de la rue.
05:26Et puis on a aussi des actions de prévention sur ce qui se passe sur les réseaux sociaux
05:30parce que encore une fois les réseaux sociaux c'est aujourd'hui le lieu où s'organisent,
05:35se développent des affrontements qui après arrivent dans la rue.
05:39Et puis bien entendu une action en direction des familles parce qu'il faut appliquer les
05:43parents et donc dans le cadre de cette stratégie parisienne nous avons aussi beaucoup d'actions
05:48d'accompagnement des familles et des parents, parfois des parents dont les enfants ont été
05:52hauteurs, parfois des parents dont les enfants ont été victimes, parce que bien évidemment
05:56il faut aussi à ce niveau-là que chacun puisse en responsabilité agir.
06:01Je suis frappé de voir que depuis le début de cet entretien vous avez plusieurs fois
06:05cité les réseaux sociaux, ils jouent un rôle dans ces affrontements, c'est évident
06:08pour vous ?
06:09Vous savez, il y a, moi je le dis parfois, il y a la rue réelle et il y a la rue numérique.
06:15La rue numérique finalement c'est là où on a le moins de prises, d'abord parce que
06:21les réseaux sociaux, les jeunes les utilisent abondamment, que ce sont des lieux qu'on
06:27ne peut pas contrôler et finalement des jeunes se retrouvent parfois livrés totalement à
06:32eux-mêmes, parfois en se lançant des défis, en se filmant, en se mettant sur les réseaux
06:37sociaux et donc c'est une vraie difficulté.
06:39C'est la raison pour laquelle on a développé toute une série d'actions de prévention
06:44d'informations.
06:45On pense aussi par exemple qu'il faut éduquer les adultes, par exemple les éducateurs de
06:50rue, par exemple nos médiateurs, parce qu'ils ont évidemment l'habitude d'intervenir dans
06:55la rue réelle mais c'est beaucoup plus compliqué d'intervenir dans la rue numérique.
06:59Vous venez de me dire qu'il faut éduquer, pardonnez-moi de vous interrompre mais je
07:02me mets à la place de nos auditeurs, vous venez de nous dire qu'il faut éduquer les
07:05éducateurs ?
07:06Sur les réseaux sociaux, oui, bien évidemment, on a besoin aujourd'hui de pouvoir avoir
07:12des personnes, des acteurs qui parlent le langage des jeunes et aujourd'hui le langage
07:18des jeunes c'est via les réseaux sociaux.
07:19Une toute dernière question qui est en même temps une remarque, on est quand même stupéfait
07:23des structures qui semblent s'occuper de ces violences, groupements locaux de traitement
07:27de la violence, GLTD, on y trouve le parquet de Paris, la préfecture de police, la préfecture
07:31de région, la ville de Paris, l'éducation nationale, la protection judiciaire de la
07:35jeunesse, qu'est-ce qu'il faut faire ?
07:37Ça ne marche pas.
07:38Qu'est-ce qu'il faut faire de plus, pardonnez-moi ?
07:44Moi je le dis, à chaque fois qu'un drame se produit, il faut être capable de se remettre
07:50en cause, de relancer les dispositifs, de les affiner, de les améliorer.
07:54Pour nous c'est un combat à la salle que nous avons, en tout cas nous avons par exemple,
08:00dans le cadre de notre stratégie parisienne, nous avons activé en 2024 déjà 86 fois
08:06notre dispositif d'alerte RICS qui permet de déployer immédiatement sur le terrain
08:10des acteurs pour justement éviter qu'il y ait des affrontements.
08:13Dans la très grande majorité des cas, heureusement qu'on y arrive et donc on évite les affrontements,
08:19mais dans certains cas, comme malheureusement ce matin, soit parce qu'on n'a pas eu l'information,
08:24soit parce que c'est le fruit d'une rencontre qui peut être tout à fait par hasard entre
08:29des jeunes, on n'est pas là et finalement on n'arrive pas à éviter.
08:33Mais je crois qu'on arrive néanmoins à mener des actions, en tout cas on le fait
08:40de manière extrêmement résolue, parce qu'on ne peut pas se satisfaire du fait que des
08:45jeunes s'affrontent de manière extrêmement violente dans les rues de Paris ou de régions
08:51puisque c'est un phénomène malheureusement qui n'est pas spécifique à Paris.
08:5586 alertes RICS nous dites vous cette année, votre attention revenu plusieurs fois dans
09:00cet entretien sur les réseaux sociaux qui joueraient un rôle dans ces affrontements.
09:04Merci infiniment Nicolas Nordmann, adjoint à la mairie de Paris, chargé de la prévention
09:08et de la sécurité d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
09:10Et dans un instant, toute l'actualité dans le journal de 18h30, puis RTL Inside.
09:15Nous vous proposons tous les soirs de la semaine un produit lié aux fêtes de fin d'année,
09:18et ce soir une belle curiosité, le caviar, oui mais le caviar végétal,
09:23notre journaliste va-t-il le piquer ? C'est laissé tenter et vous entendrez que cette
09:27nouveauté marche très très fort. J'aime pas le caviar, alors moi le caviar végétal,
09:30vous voyez ce que je veux dire ? Très bien, à tout de suite.