Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte le destin d’un jardinier anglais. À la fin du 16e siècle, le botaniste John Tradescant (env. 1570-1638) parcourt le monde afin de récolter des bulbes d’espèces inconnues. De retour en Angleterre, il fleurit de lilas, de glaïeuls et de coquelicots les jardins de la couronne et des grands seigneurs.
Retrouvez "Dans l'intimité de l'Histoire" sur : http://www.europe1.fr/emissions/dans-lintimite-de-lhistoire
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 "Europe 1, historiquement votre avec Stéphane Berne"
00:05 Tous les jours, vous le savez, "Historiquement votre" vous raconte l'histoire sans se la raconter
00:09 avec Jean-Luc Lemoyne qui vient tout juste de mettre le point d'interrogation finale à son quiz à suivre.
00:15 Exactement, je suis en train de finir les questions.
00:17 Tout est en direct, tout est frais. Et j'ai un indice pour vous, ça va être très simple aujourd'hui.
00:22 Vous reconnaissez pas trop ?
00:25 God save the... Oui, c'est Sex Pistols, God save the Queen.
00:30 Je n'en attendais pas moins de vous.
00:32 Oui, évidemment, on va parler Angleterre aujourd'hui, c'est une thématique.
00:36 Donc vous aurez un questionnaire spécial.
00:38 Stéphane va être vachement bon là-dessus.
00:40 Non, non, non, non.
00:42 Écoutez, on verra ça tout à l'heure, mais avant cet affrontement,
00:45 eh bien, laissons la parole à Clémentine Portier-Keltenbach qui nous raconte des histoires dont elle seule a le secret.
00:50 Et aujourd'hui Clémentine, on reste en Angleterre, vous nous racontez le destin du père du jardin anglais.
00:58 Un certain John Tradescant.
01:00 Oh, quelle vie il a dû avoir ce monsieur.
01:03 Alors, il est né vers 1570 dans une opulente famille de propriétaires terriens du Suffolk.
01:08 Et c'est au sein de cette famille qu'il a acquis toutes les connaissances possibles en matière d'agriculture, de botanique et d'aménagement de jardin.
01:17 Et très vite, il acquiert une réputation de jardinier exceptionnel.
01:21 De sorte que de grands seigneurs anglais commencent à se le disputer.
01:24 Ce monsieur notamment Robert Cecil, premier comte de sa Lisbery, qu'il emploiera six ans.
01:30 Puis, il passera huit ans au service d'un certain Lord Wotton.
01:34 Et là, le Lord Wotton, il a été vraiment exceptionnel parce qu'il a autorisé Tradescant à participer à deux grands voyages de collecte.
01:42 C'était vraiment le rêve absolu de tout botaniste à l'époque.
01:47 C'est qu'on vous dit "Allez, vous quittez le jardin, partez, et partez au bout du monde, allez récolter des graines, des bulbes, des espèces inconnues."
01:57 Et grâce à ce Lord Wotton, eh bien Tradescant va voyager d'abord avec une mission diplomatique dans l'Arctique russe en 1618.
02:05 Et là, ça va lui permettre notamment d'introduire en Angleterre le mélèze.
02:10 Le mélèze qui est une source de bois extrêmement précieuse.
02:13 Eh bien, c'est Tradescant qui est le rapport de Russie.
02:16 Et il va servir pendant cinq ans le Duc de Buckingham.
02:19 À chaque fois, il monte en gamme dans ses employeurs.
02:22 Et puis, c'est maintenant le roi d'Angleterre, Charles Ier, lui-même, qui réclame son savoir-faire dans ses jardins.
02:29 Il le nomme gardien des jardins, des vignes et des verres à soie du palais d'Hotlands,
02:36 un domaine qui est occupé par la reine Henrietta Maria.
02:39 Pour elle, il va planter des lysées des roses. Il ne sélectionne d'ailleurs pas les fleurs pour leur arôme,
02:46 parce qu'il n'a aucun odorat Tradescant. C'est triste quand même ça.
02:50 Voilà un passionné des fleurs qui ne les sent pas.
02:53 Alors, il va rapporter de France, des Pays-Bas, de Belgique, parce qu'il a beaucoup voyagé,
02:59 des tulipes, des anemones, des irises, des clématiques et même des coquelicots.
03:04 Et quand lui-même ne voyage pas, bien sûr, il demande aux marchands et aux diplomates de lui rapporter tout ce qu'ils peuvent.
03:09 Et pas simplement des fleurs d'ailleurs, mais aussi des objets, des animaux vivants, empaillés, même des squelettes d'animaux.
03:16 Parce qu'à partir de 1628, il commence à constituer son propre cabinet de curiosité dans sa grande maison à Lambès, à Londres.
03:23 Alors, il a toutes sortes de choses étranges.
03:26 Quoi qu'il en soit, la collection de Tradescant constitue le premier musée ouvert au public.
03:32 Il demande une petite paf aux visiteurs et sa maison devient l'une des attractions les plus prisées de Londres.
03:39 Les anglais l'appellent "The Ark", l'Arche.
03:42 Et comme le musée en occupa à plein temps Tradescant, il continue à jardiner pour la noblesse jusqu'à sa mort en 1638.
03:49 Et son fils va prendre le relais.
03:51 Et ce sont eux qui ont créé également la première pépinière d'Angleterre.
03:55 Ils ont donné leur nom en toute justice à plusieurs plantes, dont la fameuse plante grimpante, le Tradescanti.
04:01 Vous avez sans doute ça dans votre jardin, bien sûr !
04:04 Et Tradescant le jeune, on lui doit aussi ses magnolias en Angleterre.
04:09 Par contre, le lilas, les magnolias, le mélèze et le Tradescanti.
04:14 Alors, malheureusement, à la troisième génération, Tradescant le jeune perd son fils unique.
04:20 Et il cède sa collection à un homme qu'il pensait être son ami.
04:24 Et qui va réaliser, à partir de la collection Tradescant, le premier catalogue imprimé d'une collection de musée en Angleterre.
04:31 Donc c'est extraordinaire toutes les premières qu'on trouve autour de cette famille Tradescant.
04:36 Et ce monsieur lui va léguer la collection à Oxford, qui était son université.
04:41 Ça s'appelle "Lashmolean", ce musée.
04:44 Il a ouvert ses portes en juin 1683 et il existe encore de nos jours.
04:48 Quant au Tradescant, l'église où ils ont été enterrés est tout naturellement devenue un musée de l'histoire des jardins.
04:56 Il y a aussi un musée de l'histoire des jardins à Lambeth, à Londres, dans leur ancienne propriété.
05:02 Enfin, dans le coin de Londres où ils habitaient.
05:05 Qui a été ouvert, ce musée des jardins, grâce au mécénat d'Élisabeth II et du roi Charles III.
05:10 Et ce jardin comporte exclusivement des espèces rapportées en Angleterre par les Tradescant père et fils.
05:17 Alors vous vous dites que ça doit être un peu rasoir et il doit y avoir...
05:21 Ben non, parce que vous savez combien d'espèces on leur doit au Tradescant ?
05:25 Il y a à peu près 750.
05:27 Donc il y a quand même de quoi voir.
05:29 Belle famille de jardiniers les Tradescant.
05:31 Merci beaucoup Clémentine.
05:33 Et maintenant, c'est le moment chers auditeurs, où je perds le contrôle.
05:37 C'est Jean-Luc qui prend la main pour le quiz "Burn to be alive".