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00:00 Emmanuel Macron se rend aujourd'hui dans un lycée professionnel de Charente-Maritime
00:03 pour présenter sa réforme de la filière.
00:05 On en parle avec notre invité, secrétaire académique du syndicat SNUEP-FSU et prof
00:10 de mathématiques et de sciences à Louis-Guillaud-Arène.
00:12 Bonjour Ronan Wallick.
00:14 Bonjour.
00:15 Alors les enseignants des lycées professionnels s'étaient mobilisés en fin d'année dernière
00:18 contre la réforme voulue par Emmanuel Macron.
00:20 Même les entreprises n'y semblaient pas vraiment favorables.
00:24 Est-ce que vous avez été surpris déjà que le chef de l'État reparle de cette réforme
00:28 lors de sa dernière allocution présidentielle ?
00:30 Surpris non, parce qu'on sait que ça fait partie de ses projets.
00:34 Le principal souci c'est quand même qu'on n'a pas du tout été concerté et donc on
00:40 s'attend un peu à tout sans trop savoir et c'est un petit peu quand même délicat
00:44 de ne pas avoir pu discuter de cette réforme en amont.
00:47 Et on parle d'un timing aussi assez serré puisque ça serait a priori déjà pour l'année
00:52 prochaine, pour la rentrée de septembre ?
00:53 Alors certaines des mesures s'appliqueraient dès le mois de septembre effectivement,
00:58 lesquelles on ne sait pas trop puisqu'on a été tenus soigneusement à l'écart
01:02 de tout ça.
01:03 Mais d'autres pourraient venir pour plus tard donc on verra.
01:07 Donc on aura effectivement les détails de cette réforme des lycées pros à partir de
01:12 midi.
01:13 Le déplacement présidentiel commence en tout cas à cette heure-là en Charente-Maritime.
01:15 Tout de même on a entendu dire depuis plusieurs jours qu'il y aurait l'allongement des
01:19 stages.
01:20 Ça Emmanuel Macron l'avait déjà dit.
01:21 Il voulait même augmenter de 50% la durée des stages pour les élèves de lycées pros.
01:25 Ça devrait être moins finalement ? Ça peut vous rassurer ?
01:28 Non, ça ne nous rassure pas du tout.
01:30 Effectivement, ça sera sans doute moins parce que les collègues s'étaient massivement
01:35 mobilisés contre.
01:36 Mais ça reste un allongement.
01:38 Alors ce n'est pas sur le principe de longtemps en entreprise qui nous gêne, mais c'est
01:44 que ça, ça va se faire au détriment de semaines de cours.
01:46 Alors déjà, il y a eu beaucoup, toutes les réformes passées ont contribué à restreindre
01:52 les semaines de cours, les horaires de cours.
01:54 Si on restreint encore, forcément la qualité de l'enseignement s'en trouvera dégradée.
01:59 Vous parlez de l'enseignement général, le français, les maths par exemple, c'est
02:02 ça ?
02:03 L'enseignement général, mais aussi l'enseignement professionnel.
02:04 Parce que quand ils sont dans une entreprise, les jeunes se retrouvent à travailler sur
02:08 un poste, donc sont formés sur un poste précis.
02:11 Alors qu'en atelier, dans les lycées professionnels, on forme quand même un ensemble de métiers.
02:16 C'est plus vaste et pour les mobilités futures, et pour l'employabilité, comme
02:20 ils disent, c'est quand même un gros avantage de pouvoir avoir l'ensemble des métiers.
02:26 Et effectivement, l'enseignement général, le fait de restreindre énormément les heures
02:30 de cours, va amener à compliquer les poursuites d'études de nos élèves.
02:34 Et ces stages jusqu'à aujourd'hui, déjà, ils sont faciles à trouver pour tous vos
02:37 élèves dans toutes les filières professionnelles ?
02:39 Non, c'est très très compliqué parce que souvent nos élèves sont jeunes, donc les
02:44 tuteurs hésitent à les prendre, donc on a déjà du mal à trouver suffisamment de
02:50 stages.
02:51 Donc là, allonger leur durée, ça pourrait encore plus compliquer la chose selon vous ?
02:56 Allonger la durée, c'est allonger les problèmes.
02:58 On a souvent des élèves qui, déjà, pour essayer d'avoir leur quota, sont obligés
03:03 de rattraper pendant les vacances scolaires parce qu'ils ont raté une semaine, ils
03:06 ont trouvé leur stage un peu trop tard, ils ont eu un arrêt de travail, ou des choses
03:10 comme ça.
03:11 Ils sont déjà obligés de rattraper pendant les semaines de vacances et parfois ils n'y
03:15 arrivent pas, ils n'arrivent pas au quota.
03:16 Et dans ce cas-là, c'est ça qui est un peu paradoxal, c'est qu'on voit qu'il y a toujours
03:21 des dérogations pour finalement avoir le diplôme, même s'ils n'ont pas fait toutes
03:24 les semaines de stage, parce que même le rectorat est conscient que c'est compliqué.
03:29 Et c'est ça, je pourrais être rémunérée.
03:31 Qu'en pensez-vous, Ronan Walik, vous êtes le secrétaire académique du syndicat NUEP
03:37 FSU ?
03:38 Sur le principe, on n'est pas contre, mais je dirais qu'il y a une grande hypocrisie
03:42 dedans, puisque en augmentant la durée de stage, de toute manière, on arrivait à un
03:48 quota qui fait que les élèves auraient dû toucher des gratifications payées par les
03:52 entreprises.
03:53 Parce que ça, c'est la loi qui le dit déjà, c'est ça ?
03:54 Voilà.
03:55 Et donc, en fait, tout ce qu'il annonce, c'est que c'est finalement l'État qui prendrait
03:57 ça en place.
03:58 C'est-à-dire que plutôt que de demander aux entreprises de gratifier le temps de stage,
04:02 ce sera l'impôt qui le fera.
04:03 Alors le chef de l'État voudrait aussi supprimer certaines filières pour lesquelles il n'y
04:08 a plus d'emplois aujourd'hui, en tout cas moins, pour en créer de nouvelles.
04:11 Est-ce que ça, c'est réalisable et souhaité par les enseignants de lycées professionnels ?
04:16 Je dirais qu'en fait, la carte des formations, chaque année, on en discute avec la région.
04:21 Mais là aussi, il y a une certaine hypocrisie, c'est que quand on fait des propositions
04:24 pour améliorer cette carte des formations, la plupart du temps, la réponse du rectorat
04:28 qui représente le ministère, c'est de dire "oui, mais dans telle formation, on a des
04:31 places vacantes".
04:32 Donc souvent, on préfère envoyer les élèves vers les places vacantes plutôt que de créer
04:38 des formations qu'ils pourraient insérer.
04:40 Donc il y a un petit peu une hypocrisie dedans.
04:43 Sinon, reparler de la carte des formations, nous, on est tout à fait pour en reparler,
04:47 mais vraiment en discuter concrètement.
04:49 On parlait de la mobilisation qui a eu lieu à la fin de l'année dernière contre cette
04:53 réforme.
04:54 Elle pourrait reprendre dans les prochains jours, dans les prochaines semaines ?
04:56 Oui, bien sûr, parce qu'en fait, encore une fois, on a été exclu de toute discussion
05:00 et donc ce sont des mesures qui vont tomber d'en haut sans que jamais...
05:06 Parce que nous n'avons pas été concertés, les représentants des personnels, mais les
05:09 représentants des élèves non plus, les représentants des parents non plus.
05:12 Les entreprises ? Les entreprises, sans doute, mais par l'intermédiaire
05:16 du MEDEF, parce que le MEDEF représente toujours toutes les entreprises, c'est encore...
05:20 Ça, c'est leur souci.
05:22 Mais tous les gens qui sont internes au lycée professionnel, c'est-à-dire les parents d'élèves,
05:27 les élèves, les enseignants et les proviseurs, ont été soigneusement tenus à l'écart.
05:31 Donc on sait que forcément, il va y avoir plein de choses qui seront ratées dans cette
05:36 réforme.
05:37 Merci, Ronan Ouelik, d'avoir été l'invité de France Bleu Armorique ce matin.
05:40 Vous êtes le représentant, le secrétaire académique du syndicat SNUEP FSU en Bretagne
05:45 et donc le déplacement d'Emmanuel Macron en Charente-Maritime.
05:48 C'est à partir de midi aujourd'hui pour présenter la réforme du lycée pro.