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00:00 Nous sommes le 28 avril, il est 7h15, c'est la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.
00:04 Et on vous a parlé cette semaine de ce chiffre, 645 morts en un an dans des accidents du travail.
00:10 On en parle ce matin dans la Nouvelle Écho avec la Mutualité Française qui vient de sortir un rapport à ce sujet.
00:15 Thomas Coignac.
00:16 Bonjour Bertrand Dupouille.
00:17 Bonjour.
00:17 Vous êtes président de la Mutualité Française en Nouvelle-Aquitaine, vous représentez donc les mutuelles et les salariés qu'elle protège.
00:22 On entendait dans le journal de 7h, Caroline Dilly du collectif Familles Stop Morts au Travail,
00:27 qui parlait d'un déni sur les accidents du travail, mortels au travail. Est-ce que vous avez la même impression ?
00:31 Oui, écoutez, nous on oeuvre au quotidien pour sensibiliser effectivement sur la préoccupation de la santé au travail
00:38 et on essaie de décloisonner un petit peu les choses puisque l'entreprise est un lieu de vie également
00:45 et on essaie de travailler à la fois sur la santé au travail, sur les habitudes de vie,
00:48 parce que comme vous le disiez, les indicateurs ne sont pas bons.
00:52 On meurt toutes les 13h en France au travail et on a l'impression qu'on n'en parle jamais.
00:57 Oui, un peu plus d'un million de sinistres déclarés, environ les deux tiers des accidents du travail avec arrêt,
01:06 c'est à peu près deux morts par jour effectivement et si on y rajoute les accidents de trajet et les maladies professionnelles,
01:13 ça fait trois décès par jour, donc ce sont des chiffres qui ne sont pas bons.
01:17 Alors ce sont des chiffres qu'il faut tout de même relativiser parce que ces classements européens
01:23 sont à prendre avec précaution parce qu'il y a des différences méthodologiques,
01:27 on ne compare pas exactement les mêmes choses.
01:29 La France est le pays européen qui compte le plus d'accidents du travail.
01:31 Oui, tout à fait, mais on ne compare pas exactement les mêmes choses.
01:34 En France par exemple, tous les accidents du travail sont déclarés quelle que soit la durée
01:38 et ce n'est pas le cas par exemple en Allemagne où on ne fait des déclarations qu'au bout du troisième ou du quatrième jour.
01:44 Il faut prendre tous ces chiffres avec un petit peu de précaution.
01:48 L'exemple qu'on avait dans le journal de 7h, c'était un couvreur qui était tombé du toit.
01:52 Le bâtiment, c'est le secteur le plus touché par les accidents du travail ?
01:56 Oui, tout à fait, c'est ce qui ressort effectivement de nos investigations.
02:00 La construction, c'est le plus fort taux d'accidents du travail avec un peu plus de 53 accidents du travail
02:05 avec arrêt pour 1000 salariés contre un peu plus de 33 dans l'ensemble des autres secteurs.
02:12 Et puis ce que l'on peut aussi remarquer, c'est qu'il y a une grosse disparité
02:17 en termes d'accidents du travail entre les hommes et les femmes.
02:21 Et les femmes, notamment sur les activités de services, de soins et d'aide à la personne, sont particulièrement touchées.
02:26 Et on n'y pense pas souvent, mais le travail intérimaire est très frappé également, très sinistré.
02:33 Pour revenir sur le bâtiment secteur le plus touché,
02:35 est-ce que secteur le plus touché, ça veut dire secteur qui fait le plus d'efforts pour essayer de limiter ces accidents ?
02:40 Pas nécessairement, c'est un petit peu la problématique.
02:43 Alors on essaie, nous à l'Amitualité française, de sensibiliser non seulement les salariés bien sûr,
02:49 mais également les employeurs puisque...
02:52 - Vous êtes bien accueillis ?
02:53 - Oui, on est plutôt bien accueillis, oui, oui, tout à fait.
02:56 Alors on essaie de prêter main forte, notamment dans la construction,
03:00 dans l'élaboration du document unique d'évaluation des risques professionnels,
03:03 où avec la nouvelle loi, l'employeur n'est plus seul pour rédiger ce document force,
03:09 en termes de santé au travail.
03:11 Mais c'est vrai qu'il y a du travail.
03:13 - Elle est 7h18 sur France Bleu, j'ai eu notre invité ce matin, Bertrand Dupuis,
03:16 président de l'Amitualité française Nouvelle-Aquitaine.
03:19 On nous demande de travailler plus longtemps avec cette réforme des retraites
03:21 qui pousse l'âge de départ à 64 ans.
03:23 Est-ce que quand on est plus vieux, on a plus d'accidents du travail ?
03:27 - Oui, pas nécessairement, mais lorsque les accidents surviennent, ils sont plus graves.
03:31 Mais ce qu'il faut mettre en évidence sur cette question de la retraite,
03:36 c'est qu'au moment de partir à la retraite, on a un travailleur sur deux qui n'est plus en emploi.
03:41 Donc on estime à l'Amitualité française qu'au lieu de prendre cette réforme
03:47 sous un angle paramétrique, à savoir l'âge de départ en retraite,
03:50 on aurait dû en amont travailler davantage sur la vie au travail.
03:54 - Vous n'avez pas été consulté par le gouvernement sur cette réforme ?
03:58 - On est régulièrement consulté, mais c'est vrai qu'on essaie d'être force de proposition.
04:06 Il y a un axe fort qui a été proposé par le nouveau gouvernement,
04:11 puisque le ministre de la Santé n'est pas que ministre de la Santé,
04:13 il est ministre de la Santé et de la Prévention.
04:15 Nous de la Prévention, on en fait depuis très longtemps.
04:18 Vous disiez qu'on a sorti un observatoire sur la santé au travail,
04:22 c'est ce qui nous amène aujourd'hui à vos micros.
04:24 Mais notre précédent observatoire était relatif à la santé mentale
04:28 et on avait fait des préconisations, notamment de la prise en charge des consultations psy.
04:34 Et on a été suivi par le gouvernement là-dessus.
04:37 Donc on a quand même un petit peu d'influence
04:39 et on essaie de faire en sorte que la santé au travail devienne une vraie préoccupation,
04:45 parce que le nombre de médecins du travail est en baisse et diminue.
04:50 A peu près 4 800 médecins du travail en France.
04:53 La loi a prévu des visites médicales de plus en plus espacées.
04:58 Et le problème c'est que les médecins du travail ont du mal à recevoir les salariés en visite.
05:04 - Et ça impacte forcément sur la prévention. - Bien sûr.
05:06 - Merci Bertrand Dupouille, je suis désolé de vous couper.
05:08 - Madame la maire présidente de la mutualité française d'être venue nous parler de vos travaux ce matin.
05:12 Bonne journée à vous ! - Bonne journée, merci.