Macron accueille la Conférence Nationale du Handicap à l'Élysée, un collectif d'associations boycotte

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Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 Europe 1 Midi, Romain Desarbres.
00:03 Europe 1 Midi, on va parler de la conférence nationale du handicap.
00:09 Sixième conférence nationale du handicap et on est avec Jérémy Baurois,
00:13 qui est le président du Conseil national consultatif des personnes handicapées.
00:18 Bonjour Jérémy Baurois.
00:19 Bonjour.
00:20 Merci d'être avec nous.
00:21 Vous allez, après l'émission, direction l'Elysée, pour vous exprimer,
00:27 vous allez prendre la parole en ouverture de la conférence ?
00:31 C'est ça.
00:31 En ouverture de la conférence.
00:33 Bon, il y aura le président de la République qui prendra la parole aux alentours de 17h.
00:37 Déjà, qu'est-ce que vous allez dire au président de la République cet après-midi ?
00:41 Quelles sont les priorités selon vous ?
00:43 La première priorité, c'est d'engager un plan de rattrapage de l'accessibilité en France.
00:48 Nous accusons un retard qui est juste insupportable,
00:50 qui met des millions de personnes en difficulté au quotidien.
00:54 Nous avons des lois avec des obligations et nous reportons sans cesse les échéances.
01:00 La dernière a été fixée à 2024 avec la fin des agendas d'accessibilité programmée.
01:05 Donc, c'est vraiment important qu'on entende aujourd'hui qu'on va sortir de cette période d'exception
01:10 et que l'inaccessibilité va clairement devenir un délit
01:13 et qu'on va se donner les moyens d'accompagner les acteurs publics ou privés
01:17 pour qu'ils puissent se mettre aux normes très, très, très vite.
01:20 Alors, quand on parle d'inaccessibilité et d'accessibilité,
01:25 c'est pour les personnes en fauteuil ?
01:27 Pas seulement, c'est les personnes en fauteuil évidemment,
01:29 mais c'est aussi les personnes qui n'entendent pas, les personnes qui ne voient pas,
01:31 les personnes qui comprennent différemment,
01:34 les personnes qui ont des difficultés dans les environnements donnés.
01:38 Et donc, c'est vraiment important qu'on puisse prendre en compte tout ça
01:40 quand on va dans les magasins, quand on va à l'école, quand on va à la mairie,
01:43 quand on prend le bus, quand on réserve un billet sur Internet,
01:47 bref, dans la vie de tous les jours, il faut que tout le monde puisse être autonome et c'est possible.
01:51 Vous voulez que ce soit un délit, c'est-à-dire qu'il y ait des amendes,
01:54 que les magasins, par exemple, ne payent une amende ?
01:57 Malheureusement, oui, puisque la loi est la loi
02:01 et que si on ne se donne pas les moyens d'appliquer la loi, on n'y arrive pas.
02:04 Et nous n'avons rien, cette loi, elle existe depuis très longtemps
02:08 et donc il faut maintenant que nous puissions passer au cas pratique.
02:12 Alors, beaucoup d'appels au 39-21,
02:15 notamment Élisabeth, bonjour Élisabeth !
02:18 Bonjour !
02:19 Vous nous appelez d'Île-de-France,
02:21 vous nous appelez d'où en Île-de-France, j'aime bien savoir moi ?
02:25 Pontoise.
02:26 Pontoise, dans le Val-d'Oise, sauf erreur.
02:30 Aussi.
02:31 Voilà, bon, vous dites,
02:33 je pense que la priorité c'est l'intégration des handicapés
02:36 en passant par l'emploi, donc dans l'entreprise.
02:40 Oui, et en particulier dans les hôpitaux.
02:44 Il y a de nombreux postes qui pourraient être attribués aux handicapés,
02:49 comme tous les postes d'orientation d'accueil dans les cuisines,
02:54 comme animateurs ou animatrices dans les EHPAD,
02:59 pour aider les personnes âgées,
03:01 parce que tous ces handicapés doivent bien faire des travaux manuels aussi,
03:06 et je pense que ça serait très utile qu'ils soient employés dans les hôpitaux
03:11 et qu'ils doivent de toute façon employer aussi un certain nombre d'handicapés.
03:16 Comme pour les Jeux olympiques des handicapés,
03:19 ce serait bien que ce soient les handicapés qui fassent tous les boulots d'accueil.
03:26 Vous m'avez dit que c'est un sujet qui vous touche particulièrement.
03:30 C'est que j'ai travaillé pendant 40 ans dans un hôpital
03:34 et je n'ai pas vu d'handicapé embauché.
03:37 Alors attendez, on se raconte tout dans Europe 1 Midi,
03:40 on me parlait dans le casque au moment où vous me répondiez.
03:43 Donc je n'ai pas entendu. Redites-moi s'il vous plaît.
03:46 Par expérience, j'ai travaillé 40 ans dans un hôpital
03:50 et je n'ai pas vu d'handicapé embauché.
03:54 Jérémy Baurois, je vous traduis parce que Jérémy Baurois est avec nous,
03:59 mais Jérémy ne vous entend pas parce que vous êtes sourd,
04:05 mais par contre vous lisez sur mes lèvres Jérémy.
04:08 Donc on peut se parler, mais en revanche vous ne vous entendrez pas.
04:11 Ce que disait Elisabeth, pourquoi il n'y a pas plus de handicapés dans les hôpitaux,
04:16 notamment aux postes d'accueil ?
04:18 Alors les personnes handicapées ont vocation à pouvoir occuper n'importe quel poste
04:22 en fonction de leurs compétences, de leurs envies, de leur parcours, de leurs aspirations.
04:26 On n'a vraiment pas à délimiter à l'avance les périmètres d'intervention des personnes handicapées.
04:32 Au contraire.
04:33 Donc ça suppose d'abord que nous fassions en sorte que les environnements de travail soient accessibles.
04:38 Donc madame parle de l'hôpital, il faut que l'hôpital soit accessible
04:41 pour que n'importe qui puisse y travailler.
04:43 Le taux de chômage, même s'il a baissé,
04:47 le taux de chômage des personnes handicapées en France,
04:50 c'est le double de celui de la population générale.
04:53 Donc on a vraiment un effort à faire, non pas pour avoir des politiques dédiées,
04:58 des circuits parallèles qui seraient réservés aux personnes handicapées,
05:02 mais bien en sorte que le droit commun de l'emploi soit accessible à tout le monde.
05:06 Et ça, ça commence par l'école, ça commence par la formation,
05:09 et ça commence par l'aménagement des lieux de travail.
05:12 - Hakim est avec nous.
05:14 Bonjour Hakim, vous nous appelez de région parisienne également.
05:17 - Bonjour.
05:18 - Bonjour, merci de nous appeler au 3921.
05:21 Vous nous appelez d'où ?
05:22 - Je vous appelle de Vaujour.
05:24 - Vaujour, alors je ne connais pas Vaujour.
05:26 - Vaujour, c'est près de Ville-Pinte.
05:28 - Près de Ville-Pinte, bon, dans le Nord.
05:30 - Voilà.
05:31 - Je suis agacé des discours ambiants, moi je suis aveugle,
05:34 et Paris c'est horrible, en banlieue c'est horrible aussi,
05:38 alors que je ne suis pas en fauteuil roulant.
05:40 Vous êtes aveugle et vous avez de grandes difficultés ?
05:43 - J'ai pas de grandes difficultés parce que je suis quelqu'un d'excessivement autonome,
05:47 ça en est même agaçant pour le lambda qui me croise dans la rue
05:50 et qui voudrait penser pour moi, me dire où je vais, quand je vais, pourquoi, comment.
05:53 Ah mais je vous dis, non mais c'est vrai.
05:55 Les amis, vous avez un effort mental à faire.
05:57 Le handicapé n'est pas un imbécile, n'est pas un stupide, c'est pas un moins,
06:01 c'est quelqu'un qui fonctionne différemment.
06:03 Et je vous dis que l'inaccessibilité de ce pays, nous sommes 12 millions de personnes concernées par le handicap,
06:08 ça n'est pas normal, ça n'est pas normal.
06:10 Et c'est pas... Il a raison, hein, Jérémy, c'est Jérémy son prénom ?
06:14 - Oui, Jérémy Beaurois.
06:15 - C'est ça, ok. Il a complètement raison dans ce qu'il dit.
06:18 Ok, très bien, embaucher des handicapés, inclure les handicapés dans la société,
06:22 regardez ce que ça fait à l'école.
06:23 Il faut vous faire de la sensibilisation, vous vous rendez compte, pour des choses qui sont hyper logiques.
06:27 Je prends juste un exemple pour que vous compreniez bien ce que je dis.
06:30 Je peux aller n'importe où, en sachant où je vais, parfaitement.
06:33 Je sais parfaitement où je vais.
06:35 Mais écoutez, il n'y a pas un jour où il n'y a pas quelqu'un qui va me prendre le bras sans m'adresser la parole
06:39 et me dire "c'est pas par là".
06:41 - Ah oui, et ça, ça vous agace.
06:43 - Mais ça m'agace consolément.
06:44 - J'allais dire, ça part d'un bon sentiment.
06:46 Alors je répète pour Jérémy Beaurois,
06:49 Akim nous appelle et il s'agace parce qu'en fait il dit "je me débrouille très très bien"
06:53 et il y a des gens qui viennent me voir, qui viennent me prendre par le bras,
06:55 et me dire "ah non, en fait c'est par ici".
06:57 Moi je dis "ça part d'un bon sentiment" mais Akim me dit "en fait, en réalité,
07:01 on... comment dire... ce qui l'agace...
07:05 Qu'est-ce qui vous agace exactement Akim ?
07:06 - C'est le mot que je dis.
07:07 - Pardon ?
07:08 - Je dis qu'on nous infantilise.
07:10 - Voilà, il se sent infantilisé.
07:12 - Mais il a bien raison, il a bien raison de le sentir, de le vivre comme ça.
07:17 - Et ça c'est bien l'objectif de l'accessibilité et de l'autonomie,
07:20 c'est faire en sorte que chacune et chacun puisse se déplacer
07:23 et accéder aux services sans avoir besoin de qui que ce soit.
07:27 Et c'est vrai que l'interaction avec l'environnement qui veut être aidant,
07:34 c'est parfois intrusif,
07:37 et il faut d'abord éventuellement proposer son aide,
07:41 mais sans vraiment l'imposer.
07:43 C'est vraiment essentiel.
07:44 - Et c'est important, c'est d'abord que dans l'environnement on puisse se déplacer
07:47 sans avoir besoin de personne.
07:48 C'est bien la définition de l'autonomie et de l'accessibilité.
07:51 - De l'autonomie et de l'accessibilité.
07:53 Akim, qu'est-ce qui est un exemple de quelque chose qui vous manque dans la vie de tous les jours ?
07:57 - Oh, dans la vie de tous les jours, écoutez, il ne me manque pas grand-chose.
08:02 Les sites internet gouvernementaux, c'est magique.
08:06 - Ah, les sites internet gouvernementaux, ça ne fonctionne pas ?
08:10 - C'est extraordinairement magique.
08:12 Il y a toujours un bug quelque part, et puis alors punaise.
08:15 Non, mais c'est comme dans la rue en fait, c'est comme partout.
08:19 Vous avez à Paris des travaux tout le temps partout.
08:21 Paris, c'est un trou généralisé.
08:22 Merci Yann, je t'aime beaucoup.
08:25 - Oui, les sites internet gouvernementaux qui ne fonctionnent pas.
08:28 - Romain, je vais vous raconter juste une dernière anecdote.
08:31 J'ai proposé à Anne Hidalgo pendant sa campagne de 2014,
08:35 parce qu'elle venait serrer la cuillère à peu près à tout le 14ème arrondissement,
08:38 pour faire une balade à Paris avec tous les poteaux, les machins qu'elle met sur le trottoir.
08:42 Ça, elle me répond, elle me dit "je ne suis pas élue pour ça".
08:44 J'ai dit "bah dommage alors".
08:46 - Bon, on va conclure l'émission là-dessus.
08:49 Merci, merci à Kim.
08:51 Jérémy Baurois, à Kim disait qu'il avait proposé à Anne Hidalgo de faire une balade dans Paris
08:57 pour lui montrer tous les poteaux qu'elle installe.
09:00 Et Anne Hidalgo lui a dit "je ne suis pas élue pour les handicapés, pour aider les handicapés".
09:05 - Il faut le reproposer à Anne Hidalgo pour qu'elle fasse cette déambulation avec lui dans le 14ème arrondissement.
09:10 Mais si vous évoquez les sites internet gouvernementaux, c'est vraiment un cauchemar.
09:14 On a un retard juste inadmissible en France sur l'accessibilité des sites internet,
09:19 alors qu'ils sont aujourd'hui la clé vers justement l'autonomie
09:23 et vers l'accès aux services publics d'une manière générale.
09:26 Et donc là, il y a un retard absolument phénoménal qu'il faut rattraper tout de suite.
09:30 Et là aussi, malheureusement, prévoir des sanctions quand c'est pas fait.
09:34 - Merci beaucoup Jérémy Bauroy et bonne Conférence nationale du handicap.
09:38 Dans une heure, vous prenez la parole avec le président de la République à l'Elysée.
09:41 Merci d'être venu dans le studio d'Europe 1.

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