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Xavier-Laurent Salvador, agrégé de lettres modernes et maître de conférences en langue et littérature médiévales, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent au changement rapide de l'école et à la mixité sociale réclamée par Pap Ndiaye dans le privé.
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Transcription
00:00 - Bienvenue sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'auteur et universitaire Xavier Laurent Salvador.
00:04 - Bonjour Xavier Laurent Salvador.
00:05 - Bonjour Dimitri.
00:06 - Bienvenue sur Europe 1, vous êtes maître de conférence en ancien français, cofondateur de l'observatoire du décolonialisme, votre dernier livre,
00:13 "Petit manuel à l'usage des parents d'un enfant woke", c'est aux éditions du CERF, entre humour et mise en garde, Xavier Laurent Salvador.
00:20 L'école revient au coeur du débat politique ces derniers jours, Emmanuel Macron la place assez haut sur sa feuille de route des fameux 100 jours
00:29 qu'il a décrété donc lundi dans son allocution télévisée.
00:32 Le président s'est enthousiasmé lundi soir d'une école qui change à vue d'œil, tiens tiens, drôle d'expression, ce changement le voyez-vous justement, Xavier Laurent Salvador ?
00:41 - Alors oui, oui, on voit le changement assez régulièrement, je crois qu'on pourrait parler par exemple des difficultés qu'on a à recruter,
00:47 des 2500 postes qui risquent de fermer, des difficultés que rencontrent de plus en plus les collègues aujourd'hui face à des publics qui sont en train de changer
00:54 pour lesquels on n'a pas forcément de réponse à apporter, je veux dire institutionnellement, administrativement,
00:59 donc on a effectivement une école qui change rapidement, est-ce qu'on est capable de digérer ce changement aujourd'hui ?
01:04 Je n'en sais rien, c'est peut-être un des enjeux de cette discussion aujourd'hui, mais il faut se rappeler que l'institution normalement sait répondre à ces changements
01:10 et qu'on ne doit pas la changer pour le plaisir de changer.
01:12 - Alors il va y avoir des annonces notamment sur les revalorisations salariales, mais on va en parler dans quelques minutes avec Nicolas Bouzou qui vous écoute, Xavier Laurent Salvador.
01:19 On voit que l'école pourrait aussi très vite accélérer sur la mixité sociale, dans le Figaro vendredi dernier,
01:25 le ministre de l'éducation Papendieye a dit attendre un engagement des écoles privées sous contrat avec l'État sur ce thème.
01:32 Alors est-ce que c'est une bombe que vient de lâcher Papendieye ou est-ce que c'est un ballon d'essai ?
01:36 - C'est sans doute un ballon d'essai dont on avait déjà vu quand même quelques amorces du temps de Najat Baleou-Belkacem, je crois en 2014,
01:42 parce qu'il avait déjà posé des jalons sur cette mixité. En fait c'est une réponse qui devrait être apportée au déséquilibre qu'on voit aujourd'hui se construire
01:51 entre d'un côté une école publique qui a du mal à remplir ses missions de service public,
01:55 et de l'autre côté une école privée qui devient un refuge, un refuge pour les publics, je parle du public des usagers, les élèves,
02:01 mais je parle aussi des enseignants eux-mêmes, on assiste à une hémorragie permanente de l'enseignement et des profils d'enseignants
02:09 qui vont du public vers le privé pour différentes raisons.
02:12 - C'est marginal ce mouvement-là ou est-ce qu'on peut parler d'exode ?
02:14 - C'est un exode.
02:15 - Vraiment ?
02:15 - C'est un exode. En tout cas pour le recrutement aujourd'hui, c'est caractéristique, il y a quelque chose qui se passe, qui a à voir avec l'exode, on peut en parler.
02:22 Moi j'ai été dans les jurys des concours pendant presque 15 ans et oui j'ai vu cette composition sociologique changer, cette attraction pour le privé.
02:30 - Je vais donner quelques chiffres peut-être pour étayer notre débat, le privé aujourd'hui c'est de l'ordre de 20% des élèves et des établissements en France,
02:36 c'est essentiellement de l'enseignement catholique et les indices de position sociale qui sont publiés chaque année par le ministère de l'éducation nationale
02:45 montrent qu'en effet il y a assez peu, 17% d'élèves d'origine sociale défavorisés dans le privé, 40% d'élèves très favorisés,
02:54 c'est le miroir inversé de ce que l'on voit dans le public aujourd'hui, Xavier-Laurence Salvador.
02:59 Il n'a pas totalement tort quelque part le ministre ?
03:01 - Bien sûr, la réponse à apporter est à trouver aussi dans les raisons pour lesquelles aujourd'hui des gens sont prêts à effectivement payer pour tourner le service public,
03:10 la difficulté aussi que représente le fait de pouvoir inscrire un enfant dans le privé, alors en termes de coûts, je pense notamment à la cantine par exemple,
03:16 là il y aurait vraiment un travail à faire.
03:18 - Qui coûte beaucoup plus cher que dans le public.
03:19 - Qui coûte beaucoup plus cher que dans le public pour les raisons évidentes, mais on voit bien que la réponse qui consiste à dire
03:24 "le public est moins attractif, il faut imposer une forme de recomposition dans les établissements privés" est une réponse maladroite à apporter,
03:33 c'est-à-dire si on croit au service public, c'est le service public qu'il faut renforcer.
03:36 - Mais très concrètement, techniquement, même j'ai envie de vous demander Xavier-Laurence Salvador, que peut faire le ministre pour imposer davantage de mixité sociale au secteur privé ?
03:46 Je rappelle que dans le privé, il y a libre choix des élèves et il n'y a pas de carte scolaire.
03:50 Si on veut inscrire son élève à 80 km de chez soi dans une école privée, il n'y a pas de carte scolaire pour nous en dissuader.
03:56 - Absolument, je crois que la relation...
03:57 - On pourrait revenir là-dessus, vous pensez ?
03:59 - Je ne sais pas si on peut revenir là-dessus de manière autoritaire, donc certainement pas,
04:02 puisqu'il y a quand même une caractéristique propre qui est celle, un caractère propre des établissements privés.
04:07 Il y a malgré tout une relation de contrat pour les établissements privés, sous contrat et de financement, c'est ce que je voulais dire par le contrat.
04:12 Il y a effectivement une partie de financement et cette partie de financement est une petite négociation dont le ministère aurait tort de se priver.
04:18 Donc oui, le ministère dans une négociation avec les établissements privés, avec le privé sous contrat,
04:23 peut effectivement peser lourdement sur les exigences de l'État vis-à-vis de cette délégation de services publics que constitue en réalité l'enseignement privé.
04:31 Donc il y a une possibilité habile qui consisterait à effectivement modifier la carte scolaire pour les établissements privés.
04:38 Alors la question c'est, les outils techniques existent, la réponse administrative existe,
04:43 est-ce que c'est souhaitable politiquement et est-ce que ça correspond à des enjeux de société fort pour nos enfants et pour la société de demain ?
04:51 Ça c'est une autre question, c'est-à-dire que techniquement on peut en parler, on peut faire des choses,
04:55 politiquement aujourd'hui, est-ce que c'est ça qu'il faut faire ? C'est peut-être ça plutôt l'enjeu du débat.
05:00 - Alors sujet peut-être moins populaire mais tout aussi crucial concernant toujours Papendia et Xavier Laurent Salvador,
05:07 vous y avez consacré une tribune publiée par le Figaro, le ministre a changé la composition à l'émission du Conseil des sages de la laïcité,
05:15 c'est une structure qui avait été mise en place par Jean-Michel Blanquer,
05:19 quel est l'enjeu autour de ce fameux Conseil des sages, Xavier Laurent Salvador ?
05:23 - La laïcité est au cœur de la construction du service public et en particulier de l'école.
05:28 Croit-on ou non à l'émancipation au sein de l'école et l'école est-elle ce lieu de neutralité où l'on construit une vérité scientifique ?
05:35 La réponse est oui.
05:37 Quel est l'organe qui permet de répondre aux questions que peuvent se poser des collègues, des chefs d'établissement sur la laïcité ?
05:42 - Des questions très concrètes. - Des questions très concrètes.
05:44 Qu'est-ce que je fais si j'ai tel élève, si j'ai telle situation d'accompagnement scolaire pour une sortie, etc. ?
05:50 - Qui me demande un temps de prière à l'intérieur de l'établissement, qui vient avec une tenue religieuse type abaya ou camisme,
05:56 ces sujets dont on parle depuis des semaines et des mois en France.
05:58 - Exactement, et l'organe qui répond à ça depuis la création du Conseil des sages, c'est le Conseil des sages de la laïcité,
06:04 qui répond bénévolement avec des collègues comme Dominique Schnapper, Yanis Roder, des gens qui sont très engagés, qui vont sur le terrain.
06:10 Et là, l'enjeu, ça a été la recomposition des missions du Conseil des sages et une forme de caporalisation qui interdit la relation directe entre les acteurs de terrain et le Conseil des sages.
06:21 - C'est-à-dire qu'un chef d'établissement ne peut plus saisir comme il l'entend le Conseil des sages de la laïcité ?
06:25 - Exactement. Aujourd'hui, il faut que ça passe par la saisine du ministre ou éventuellement par le recteur.
06:29 Alors imagine-t-on un recteur aujourd'hui aller directement saisir son recteur puis son ministre pour savoir si à la cantine tel ou tel problème peut se régler ou non ?
06:38 - Donc on coupe le lien entre ce Conseil de la laïcité et les gens qu'il est censé aider finalement ?
06:42 - Exactement. Mais de quoi a-t-on peur sur les questions de laïcité aujourd'hui ?
06:47 Qu'est-ce qu'on avait à craindre de cette liberté de parole de gens comme Dominique Schnapper, comme Alain Sexy, comme Jean-Dominique Châtel ?
06:54 Que craignait-on ?
06:55 - Justement, que craignait-on ?
06:57 - Je pose la question. En tout cas, une des façons d'y répondre, c'est de regarder finalement la recomposition de ce Conseil.
07:05 On voit par exemple l'entrée des gens, je pense par exemple à un collègue qui vient d'arriver qui s'appelle Alain Policar, qui lui-même se définit dans Politis
07:12 en disant "mais moi je ne suis pas pour la laïcité à la française, je suis pour une laïcité de la coexistence à l'anglo-saxonne".
07:19 Alors on se dit que peut-être qu'en même temps qu'on caporalise le Conseil des sages, en même temps on procède à une redéfinition des enjeux du service public.
07:26 - L'école change à vue d'oeil, disait donc Emmanuel Macron. Merci d'être venu nous en parler ce matin.
07:30 - C'est moi qui vous remercie.
07:31 - Sur Europe 1, Xavier Laurent Salvador, votre dernier ouvrage petit manuel à l'usage des parents d'un enfant woke sur un autre sujet, aux éditions du CERF.
07:38 Bonne journée à vous.
07:39 - Il est 7h19 sur Europe 1.

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