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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mardi, il s'intéresse aux relations tendues entre policiers et journalistes.

Retrouvez "Télescopages, Bruno Donnet décrypte l'actualité vue par les médias" sur : http://www.europe1.fr/emissions/telescopages

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Transcription
00:00 c'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet. Bonjour Bruno. - Bonjour Philippe.
00:03 - Tous les jours Bruno, vous observez ici la fabrique médiatique et ce matin,
00:06 en essayant de pointer votre télescope sur les relations tumultueuses entre
00:10 policiers et journalistes, vous avez été totalement ébloui.
00:14 - Oui, ébloui, Philippe, et même carrément aveuglé par une lumière crue.
00:17 C'est ce qui est arrivé vendredi soir à plusieurs journalistes-reporteurs d'image
00:21 qui tentaient désespérément de filmer un groupe de policiers en marge de la
00:25 énième manifestation parisienne.
00:27 Des journalistes professionnels qui sont dans la lumière, dans le visage.
00:31 La scène a été captée par le journaliste Ammar Tawalit qui travaille
00:34 pour le site Loopsider. Il a filmé une séquence très éloquente dans laquelle
00:38 on aperçoit les reporteurs Clément Lanneau et Rémi Buysine qui tentent de
00:42 filmer les forces de l'ordre. Et si je vous dis qu'ils tentent de le faire, c'est
00:45 parce que face à eux, tous les policiers sont équipés de puissantes lampes
00:49 torches, des lampes qui clignotent et qui renvoient une lumière très intense
00:53 droit dans l'objectif des caméras.
00:57 Alors c'est une séquence extrêmement intéressante car elle met en lumière un
01:03 gros problème d'optique. D'optique dans tous les sens du terme.
01:06 Si vous faites un tout petit peu de photos, Philippe, vous savez bien que si
01:09 vous essayez de photographier ou de filmer Anissa par exemple avec le soleil
01:12 face à vous en plein dans les mirettes, votre image va devenir toute blanchâtre,
01:16 on ne reconnaîtra plus Anissa et vous aurez produit un splendide contre-jour.
01:20 Et bien c'est exactement ce qu'essayent de faire les policiers lorsqu'ils braquent
01:24 tous ensemble leurs puissantes lampes torches sur les caméras des
01:27 journalistes. Ils essayent de les rendre aveugles.
01:29 Et ce problème de lumière, dites-vous Bruno, n'est en fait qu'un nouvel épisode
01:33 d'une saga très ancienne.
01:34 Absolument, car l'optique des journalistes et
01:36 celle des policiers sont en fait plus que contrastés, elles sont diamétralement
01:40 opposées. Les premiers veulent pouvoir éclairer l'actualité quand les seconds
01:44 voudraient qu'on les laisse travailler dans l'ombre et rester anonymes.
01:47 Depuis le 1er janvier 2014, vous savez que les policiers doivent en principe
01:51 arborer sur leur uniforme un petit numéro qui permet de les identifier,
01:54 ça s'appelle le RIO.
01:56 - Monsieur, vous laissez les collègues travailler, vous savez pas ?
01:59 - On s'en va au RIO.
02:01 Le journaliste David Dufresne que vous entendez derrière moi s'est fait pour
02:05 spécialité de traquer les comportements répréhensibles de la police et la chasse
02:08 au fameux RIO des fonctionnaires est devenue l'une de ses obsessions.
02:13 - Le RIO de monsieur s'il vous plaît.
02:15 Car oui, bien que ce soit strictement obligatoire, les policiers
02:19 rushing bien souvent à porter ce qui est en quelque sorte leur plaque
02:22 d'immatriculation. Ils n'ont aucune envie qu'on puisse les reconnaître
02:25 et les identifier. C'est la raison pour laquelle certains portent aussi
02:28 des cagoules qui masquent leur visage. Et lors des manifestations des
02:32 Gilets jaunes notamment, une caméra de BFMTV avait enregistré un échange
02:36 entre un manifestant et un policier qui lui avait fait un aveu saisissant.
02:39 - Le matricule apparence obligatoire par contre.
02:42 - Oui monsieur.
02:45 - Sur ordre de leur hiérarchie, certains policiers enlèvent leur RIO.
02:50 Mais alors que dit la loi ?
02:52 Elle est formelle, Philippe. Les policiers doivent être reconnaissables
02:55 et les journalistes ont le droit de les filmer, y compris dans l'exercice
02:59 du maintien de l'ordre. En 2021, Gérald Darmanin avait tenté, dans le cadre
03:03 de la loi dite "sécurité globale", d'interdire aux caméras de filmer
03:07 les policiers. Seulement voilà le conseil constitutionnel avait censuré
03:10 sa mesure. Il lui avait dit non, estimant qu'elle contrevenait aux
03:14 exigences démocratiques. Alors voilà, aujourd'hui, dans un épisode librement
03:18 revisité de l'arroseur arrosé, les policiers éclairent les journalistes.
03:22 C'est mieux que s'ils les allumaient. Toutefois, ça donne des images à contre-jour,
03:26 à contre-temps des exigences de transparente qu'on aimerait distinguer
03:30 un peu plus nettement.
03:32 - Merci beaucoup Bruno Donnet. Si j'osais, je dirais que c'était lumineux.
03:35 Merci Bruno.

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