Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce vendredi, il fait le point sur l'actualité brulante de la semaine.
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00:00 D'abord, c'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet.
00:02 Bonjour Bruno.
00:03 Bonjour Philippe.
00:03 Tous les jours, Bruno, vous observez ici le traitement de l'actualité par les médias.
00:07 Mais le vendredi, vous nous en faites régulièrement le bilan.
00:10 Et cette semaine, vous avez trouvé que l'information était tout particulièrement inflammable.
00:14 C'est une petite musique qui s'est installée tout doucement.
00:18 Une petite musique qui évoquait un peu plus que la chaleur.
00:21 La fournaise, le brasier.
00:23 Alors, au commencement, et parce que je regardais lundi le journal télévisé d'Arte,
00:27 j'ai cru que cet ardent réchauffement tenait à la publication du tout dernier rapport du GIEC
00:32 et à ses conclusions préoccupantes.
00:34 Les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu'à présent
00:37 seront parmi les plus fraîches d'ici une génération.
00:40 Du coup, je me suis imaginé que la bande-son de cette chaude semaine médiatique
00:44 pourrait probablement se résumer à ce joli refrain estampillé Niagara.
00:48 Pendant que les champs brûlent
00:52 J'attends que mes larmes viennent
00:57 Seulement voilà, à mesure que la semaine avançait,
01:00 cette petite musique entêtante devenait de moins en moins appropriée.
01:04 Car si le feu couvait bel et bien cette semaine,
01:06 comme l'a rappelé le député Charles de Courson,
01:09 les allumettes étaient d'abord à l'Assemblée Nationale.
01:12 En réalité, rien ne vous obligeait au 49.3.
01:15 Et avec sa motion de censure rejetée pour seulement 9 petites voix,
01:18 Charles de Courson a ouvert la boîte de Pandore.
01:21 Ce vote, vous l'auriez très probablement perdu.
01:24 Mais c'est la règle en démocratie.
01:26 Car cette semaine, le feu aura essentiellement été social.
01:29 49.3, on n'en veut pas !
01:36 Il couvait depuis plusieurs semaines
01:38 et les télévisions n'ont eu aucune difficulté à en identifier le carburant.
01:43 La grève des éboueurs va fournir le combustible aux contestataires.
01:47 Toute la semaine, les journalistes ont insisté sur ces images de poubelles amoncelées.
01:51 Et c'est à ce moment-là que la bande-son a changé.
01:53 Car les poubelles sont tombées à point nommé.
01:56 « Afin que nous puissions émettre quoi ? »
01:57 « La feu ! »
01:58 Eh oui, le feu, c'est extrêmement télégénique.
02:00 Voilà pourquoi toutes les chaînes, nous les ont très largement montrées.
02:04 Ainsi que les heures qui ont rythmé les manifestations.
02:08 « Les face-à-face se transforment parfois en mêlée confuse. »
02:10 « Les coups de matraque pleuvent. »
02:13 Avec une mention spéciale tout de même pour BFM TV
02:16 qui a retransmis en direct et tous les soirs de la semaine,
02:19 ces images d'incendie au point qu'on n'avait plus tout à fait l'impression
02:22 de regarder une chaîne d'information, mais bien un clip signé à YAM.
02:26 « Ce soir, on bouffait. »
02:30 « C'est dans les marges du clip. »
02:31 « Ce soir, on bouffait le feu. »
02:34 « C'est dans les marges du clip. »
02:35 « Ce soir, on bouffait. »
02:39 « C'est dans les marges du clip. »
02:40 « Ce soir, on bouffait le feu. »
02:42 Alors devant l'embrasement et la vigueur du feu social,
02:46 la petite musique de l'info a changé.
02:48 « Ahou, ahou, ahou ! »
02:49 Car l'actualité réclamait un pompier.
02:52 Personnellement, j'aurais bien envoyé Sacha Distel.
02:54 « Est-ce qu'on a fait le tuyau ? »
02:58 « Le lancer de la grande échelle. »
03:02 « Est-ce qu'on a fait le tuyau ? »
03:06 « Pas de panique, il nous répond. »
03:08 Seul, voilà le sommet de l'État à préférer des péchés.
03:11 Emmanuel Macron, mercredi, dans les journaux de 13h.
03:13 « Mais on ne peut accepter ni les factions, ni les factions. »
03:17 En entendant cette phrase, Bruno Guillon,
03:19 qui anime le jeu « Chacun son tour » sur France 2,
03:22 a bien tenté de mettre en garde notre président de la République.
03:25 « Ça, ça ne va pas donner grand-chose, je vous l'annonce. »
03:28 Seulement, Emmanuel Macron n'en a tenu aucun compte.
03:30 Car dans la lance à incendie qu'il avait emportée avec lui,
03:33 le président de la République y a collé de l'essence.
03:36 « Et s'il faut derrière endosser l'impopularité aujourd'hui, je l'endosserai. »
03:39 Résultat, les mécontents ont été immédiatement convaincus.
03:43 « Là, il nous a tous convaincus de rester le plus longtemps possible. »
03:47 « Clairement, ce président, il est totalement déconnecté. On hallucine. »
03:52 Et la manifestation d'hier à Paris a atteint un sommet de participation
03:57 qu'on n'avait plus connu, paraît-il, depuis mai 68.
04:00 « Houhouhouhou ! »
04:02 Mais les flammes, cette semaine,
04:03 elles n'étaient pas uniquement à l'Assemblée nationale ou dans la rue.
04:05 « Je suis très en colère, très très en colère. »
04:08 Non, figurez-vous que le feu couvette aussi au Sénat.
04:11 Xavier Niel, le patron de Fri, y a été auditionné hier.
04:15 Et le sénateur républicain Patrick Chaise lui a reproché de pratiquer des prix,
04:19 tenez-vous bien, beaucoup trop bas.
04:21 « Je ne comprends pas d'ailleurs que vous avez une politique tarifaire agressive
04:27 qui annonce une stabilité de vos tarifs sur les années qui viennent. »
04:33 « Alors ? »
04:34 « Ma question, c'est est-ce tenable ? »
04:35 « Alors, eh bien alors... »
04:37 Xavier Niel s'est mis en boule, en boule de feu.
04:41 « Vous êtes en train de me dire augmentez vos prix ? »
04:42 Et il a convoqué ce qui était tout compte fait la meilleure bande-son de l'information.
04:48 « Alors attendez, alors là moi je marche sur la lune. »
04:51 Police.
04:54 Car oui Philippe, quand l'actualité marche à ce point sur la tête et s'enflamme dans de telles proportions,
05:05 la police fait toujours davantage recette que les pompiers.
05:08 Ça fait partie de la stylistique médiatique.
05:11 Merci beaucoup Bruno Donnet et bon week-end !