Pan sur le bec, épisode 2

  • l’année dernière

Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mardi, il revient sur le trouble qui règne actuellement au sein de la rédaction du Canard Enchaîné.

Retrouvez "Télescopages, Bruno Donnet décrypte l'actualité vue par les médias" sur : http://www.europe1.fr/emissions/telescopages

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Transcription
00:00 l'heure des télescopages de Bruno Donnet. Bonjour Bruno.
00:02 Bonjour Philippe.
00:02 Tous les jours Bruno, vous observez ici la mécanique médiatique et ce matin vous avez
00:07 choisi de revenir sur le trouble qui règne actuellement au sein de la rédaction du Canard
00:10 enchaîné. Vos télescopages ont donc pour titre « Pan sur le bec, épisode 2 ».
00:15 Oui, alors dans l'épisode 1 Philippe, je vous ai raconté ici même il y a tout juste
00:18 un mois comment le journaliste Christophe Nobili, grande plume du Canard, faiseur de
00:23 scoop et auteur de l'enquête qui a révélé l'affaire d'emploi fictif de Pénélope
00:27 Fillon a semé la zizanie dans son propre journal en dévoilant une autre affaire d'emploi
00:32 fictif. Une affaire qui concerne très directement le Canard enchaîné lui-même puisque notre
00:36 confrère a découvert que le journal satirique aurait payé pendant 25 ans l'épouse du
00:41 dessinateur André Escarro, Edith van Dendal, une femme qui n'a jamais écrit la moindre
00:47 ligne dans le journal ni même, d'après l'auteur de l'enquête, fourni le plus petit travail.
00:52 Et oui, ça nous a coûté 3 millions d'euros avec les charges pour le journal.
00:55 Christophe Nobili a publié ses révélations dans un livre qui s'intitule « Cher Canard »
00:59 qui a paru le 8 mars dernier et dont le journaliste a assuré une promotion médiatique assez
01:03 soutenue, notamment sur le plateau de C'est à Vous où il a raconté qu'il vivait désormais
01:08 l'enfer dans sa propre rédaction.
01:10 Il y a des gens qui ne me parlent plus, il y a des gens qui ne me disent plus bonjour
01:13 et puis c'est dur.
01:14 Voilà donc ce que je vous ai raconté dans l'épisode 1, Philippe, un épisode que j'avais
01:17 conclu en vous disant que cette affaire posait une question médiatique très intéressante
01:21 qu'on pouvait résumer en ces termes « Un journaliste peut-il mordre la main qui le
01:26 nourrit ? »
01:27 Et depuis hier Bruno, vous avez donc trouvé la réponse à la question que vous souleviez
01:29 le mois dernier.
01:30 Et la réponse c'est non.
01:31 Non Philippe, car on l'a appris dimanche, la direction du Canard Enchaîné vient tout
01:35 juste de convoquer Christophe Nobili pour un entretien préalable à son licenciement.
01:40 Elle a la ferme intention de le foutre à la porte, elle l'a du reste mise à pied,
01:44 avec interdiction formelle de se rendre au journal et elle l'a même privée de salaire.
01:49 C'est donc un journaliste très en colère qui est allé dire sa rage hier midi sur l'antenne
01:54 de France Info.
01:55 « La mise à pied avec privation de salaire, on fait ça quand un ouvrier brûle son usine,
01:59 quand quelqu'un agresse physiquement quelqu'un dans une entreprise, ça veut dire qu'on
02:01 protège l'entreprise de la venue du salarié. »
02:04 Seulement voilà plus qu'un conflit entre un journaliste et sa direction, l'affaire
02:08 du Canard Enchaîné est en train de tourner à la prise de bec monumentale.
02:12 En effet, 27 salariés du journal, ça fait beaucoup, soutiennent Christophe Nobili et
02:16 ont fait paraître hier un communiqué dans lequel il condamne une sanction disproportionnée,
02:22 évoque le risque de commettre une profonde injustice et de nuire encore davantage, c'est
02:27 comme ça qu'il l'écrive, à l'image du Canard Enchaîné.
02:30 C'est donc une institution de la presse, un titre phare du journalisme d'investigation
02:34 qui est en ce moment même très sérieusement ébranlé par ce conflit tonitruant.
02:38 Seulement voilà, Christophe Nobili l'a assuré hier, il n'a pas la moindre intention de se
02:43 laisser faire et de devenir à lui tout seul le vilain petit canard.
02:47 "Je suis là pour défendre mon poste, c'est ma maison et je resterai dans ce journal."
02:50 Il veut rester, rester au Canard Enchaîné et soulève donc deux questions médiatiques
02:54 majeures et au moins aussi passionnantes que vertigineuses que l'on peut résumer comme
02:58 ceci.
02:59 1) Qui fait l'identité d'un média ? Celui qui le dirige ou ceux qui le fabriquent ?
03:04 2) Peut-on chaque semaine voler dans les plumes de tous ceux qui dérapent et vouloir en même
03:10 temps clouer le bec à un journaliste qui réclame simplement qu'on remette un peu
03:14 d'ordre dans sa propre basse-cour ?
03:15 Merci beaucoup Bruno Donnet et hâte de lire Le Canard Enchaîné demain matin mercredi.
03:20 Merci Bruno.
03:21 Dans un instant la suite de Culture Média avec un ancien grand flic marseillais qui
03:26 est allé s'isoler dans les montagnes et qui continue à enquêter, vous l'avez reconnu
03:30 vous êtes très nombreux à le suivre à la télévision, c'est Alex Hugo interprété
03:34 par Samuel Lebihan qui sera l'invité de Culture Média dans un instant juste après
03:38 téléphone sur Europe 1.

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