Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans les belles figures de l'histoire.
00:03 Saint Jean de Dieu est une drôle de figure, inclassable et atypique.
00:07 Pendant 33 ans, il mène une vie d'errance.
00:10 Il est tour à tour berger, soldat, valet, mendiant, infirmier et même libraire.
00:15 Et puis, après sa conversion, il passe pour un fou, qu'on l'appelle le pauvre des pauvres.
00:20 Mais quatre siècles et demi plus tard, des centaines de religieux dans le monde suivent encore ses traces et soignent les malades.
00:26 En France, les institutions qu'il a créées deviendront l'assistance publique et on peut le considérer comme le père des soins palliatifs.
00:34 Nous partons donc à la découverte de Saint Jean de Dieu avec le père Jean-François Thomas.
00:38 Bonjour mon père.
00:39 Bonjour Emeric.
00:40 Je rappelle que vous êtes jésuite et auteur de méditations quotidiennes, printemps chez Via Romana, également avec Véronique Jacquet, journaliste.
00:47 Bonjour Véronique.
00:48 Bonjour à tous.
00:49 Et puis cette émission, vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:54 Alors Saint Jean de Dieu, Véronique, avant d'être appelé à la sainteté, il a eu une vie incroyable et surtout une vie d'errance.
01:03 Une vie digne d'un roman Jean de Dieu, qui s'appelle au départ Joie aux Ciudades.
01:08 C'est un portugais, il est né le 8 mars 1495 à Montaimor-aux-Nouveaux et il est mort un 8 mars, à l'âge de 55 ans seulement.
01:16 Une vie courte mais incroyablement riche.
01:19 D'abord, à l'âge de 8 ans, il quitte brusquement sa famille pour des raisons complètement inconnues.
01:24 On imagine qu'il a été sans doute enlevé par un mendiant.
01:27 Toujours est-il que ses parents ne le reverront plus.
01:30 Il part pour une vie d'errance.
01:32 Il arrive en Espagne, à Tolède, où il est recueilli dans une famille riche où il devient berger, une famille qui vit de l'élevage.
01:39 Ensuite, à 27 ans, il s'enrôle dans les troupes de charlequins qui vont combattre François Ier.
01:44 Il frôle deux fois la mort, il fait une chute de cheval.
01:47 Retour à la case départ, il redevient berger.
01:50 Puis de nouveau, il redevient soldat.
01:53 On le retrouve aux portes de Vienne, en Autriche, pour guérouiller contre les Turcs.
01:58 Il est troublé par cette expérience où se mêlent la souffrance humaine, la gloire militaire et la mort.
02:04 Il quitte définitivement l'armée et décide de retourner voir ses parents au Portugal, plus de 20 ans après les avoir quittés.
02:11 Il découvre que sa mère est décédée peu après son départ, sans doute morte de chagrin.
02:17 Son père est décédé lui également.
02:19 Nouveau chemin sur les routes de l'errance, direction le sud de l'Espagne.
02:24 Il est un nouveau berger à Séville.
02:27 Il est travaillé par le fait que rien ne le satisfait.
02:30 Il est très instable parce que rien ne le nourrit profondément.
02:34 Il songe à donner sa vie en martyr pour libérer les chrétiens qui étaient en esclavage en Afrique du Nord, aux mains des musulmans.
02:44 Il franchit le détroit de Gilles Braltard, mais il oublie d'être martyr.
02:48 Il va faire plein de petits métiers, tailleur de pierre, vendeur ambulant de livres et même de timbres.
02:56 Il retourne en Espagne, où il devient libraire.
03:01 Il se nourrit de quelques œuvres qui commencent à le travailler spirituellement.
03:06 Avant d'en venir à ce grand retournement dans sa vie, père Thomas, expliquez-nous le contexte de l'époque.
03:13 C'est une époque d'âge d'or pour l'Espagne.
03:17 C'est la fin de la reconquête.
03:20 Tout est achevé sur les musulmans.
03:24 C'est le début de l'épopée missionnaire avec la découverte du Nouveau Monde.
03:29 C'est aussi un foisonnement intellectuel avec la fondation de l'université d'Alcala par le cardinal Cisneros.
03:39 Il va y avoir le grand mouvement du Concile de Trente, la réforme dans les ordres religieux.
03:45 Pas simplement le Carmel avec Sainte-Thérèse d'Avila, mais les franciscains, les dominicains.
03:51 C'est un foisonnement incroyable, un bouillonnement et une floraison de sainteté.
03:59 Saint Jean de Dieu sera un parmi beaucoup d'autres.
04:04 Comment expliquer cette errance dont a parlé Véronique ?
04:08 Est-ce qu'il est un peu perturbé ?
04:12 Est-ce qu'il a du mal à se fixer ?
04:17 On présente Saint Jean de Dieu comme un gyrovague,
04:22 une personne qui ne sait pas très bien où se fixer.
04:25 Mais ce fut le cas de beaucoup de saints, notamment à cette époque,
04:29 à cause du bouillonnement intellectuel et spirituel.
04:34 Il était difficile pour une personne qui désirait se consacrer à Dieu,
04:38 qui avait une soif d'absolu, de trouver l'endroit où correspondre
04:43 à l'appel précis reçu par le ciel.
04:47 Donc il est tout à fait normal qu'il ait tâtonné.
04:50 Mais alors, comme le disait Véronique, il faut plutôt y voir une recherche d'absolu
04:56 qu'une recherche nombriliste, parce qu'il veut être martyr,
05:00 il veut se donner à la guerre aussi, d'une certaine manière c'est une façon de se donner.
05:04 Donc il ne se limite pas à sa propre personne.
05:07 Non, ce n'est pas du tout le signe d'un manque de maturité spirituelle,
05:11 comme cela peut l'être parfois dans notre cas, lorsque nous tâtonnons
05:15 et lorsque nous essayons une multitude de choses avant de nous fixer.
05:20 C'est aussi un peu le défaut de notre époque de papillonner
05:24 et de ne jamais s'arrêter à rien.
05:26 Non, là c'est vraiment le but, et toujours le même, c'est de servir Dieu, mais comment ?
05:30 Alors les moyens sont évidemment multiples, mais il finit par trouver le moyen
05:35 qui correspondait à sa personnalité et à ses talents.
05:39 Alors justement Véronique, le déclic ce sera un serment qui le bouleverse
05:43 et qui le fait vraiment radicalement changer de vie.
05:46 Oui, nous sommes à Grenade, 20 janvier 1537,
05:50 Jean de Dieu a 42 ans et il vient écouter un serment de Saint Jean d'Avila.
05:56 Il est bouleversé, c'est un retournement intérieur magistral,
06:00 il est converti sur le champ, mais alors même son attitude de vie change radicalement.
06:05 Il parcourt les rues de la ville de Grenade en criant "miséricorde, miséricorde",
06:09 il arrache ses vêtements, il s'habille comme un misérable,
06:12 il brûle ses livres, il passe des heures en prière,
06:15 donc on le prend pour un fou et on l'enferme à l'hôpital royal de Grenade.
06:21 Alors là, il connaît le sort que l'on réservait aux malades mentaux de l'époque,
06:25 malheureusement, c'est-à-dire les jets d'eau glacés, les coups de fouet pour les calmer,
06:29 les pièces sombres où sont entassés les malades mentaux qui sont dans leur urine,
06:33 bref, ils partagent leurs profondes conditions d'inhumanité.
06:38 Et alors là, le cœur de Jean se serre à chaque fois qu'il entend ces pauvres âmes avoir faim,
06:44 crier dans leur folie.
06:46 Il demande d'ailleurs aux soignants des vêtements pour les malades,
06:49 il demande de la nourriture, il réclame aussi de quoi les soigner,
06:53 c'est-à-dire que là, il se découvre une vocation de soignant.
06:56 C'est là d'ailleurs que naît sa vocation, c'est-à-dire qu'il se dit
06:59 "je vais m'occuper de ces gens-là, les fous, mais aussi les paralytiques,
07:03 les vagabonds, les prostituées", parce que dans ces sortes d'asile,
07:06 on mettait tout le monde, tout ce qui était en marge de la société de toute façon.
07:10 Et il est encouragé justement dans cette mission par Saint Jean d'Avila.
07:13 Alors Père Thomas, est-ce qu'on sait de quoi parlait ce fameux serment
07:17 qu'il a complètement retourné et qui était le grand Saint Jean d'Avila ?
07:21 Tout le monde n'a pas la chance évidemment d'entendre une prédication par un saint,
07:26 mais à l'époque, c'était relativement courant.
07:29 Saint Jean d'Avila, c'est une des très grandes figures justement de cette réforme espagnole.
07:34 C'est un prêtre diocésain, mais il sera le... ce n'est pas rien,
07:39 il sera le directeur spirituel notamment de Sainte Thérèse d'Avila.
07:43 Et il sera aussi un grand ami de Saint Ignace de Loyola,
07:46 à tel point que Saint Ignace de Loyola lui proposera d'entrer dans la compagnie de Jésus.
07:50 Et Saint Jean d'Avila refusera, mais il demeurera toujours un grand soutien
07:55 des jésuites en train d'être créés.
07:58 Sa parole sera une parole de feu, et dans la prédication qu'entend Saint Jean de Dieu,
08:03 il parle de suivre le Christ.
08:06 Alors ça n'a rien de très original, mais évidemment, sans doute,
08:09 avec des mots particulièrement inspirés.
08:11 Et Saint Jean de Dieu retiendra qu'il faut suivre le Christ
08:17 même au milieu des épines et des ronces.
08:20 Donc les épines et les ronces se concrétiseront pour Saint Jean de Dieu
08:27 dans la personne de ces êtres vraiment marginalisés et maltraités à l'époque,
08:35 qu'étaient les malades mentaux et les malades en général.
08:39 Mais ça veut dire que si on suit un peu le fil rouge de sa vie,
08:43 c'est la découverte de la souffrance qui le convertit d'une certaine manière ?
08:47 Oui, et la souffrance dans ce qu'elle avait de plus abjecte, je dirais.
08:53 Parce que la souffrance était une présence relativement courante.
09:00 C'était des siècles évidemment très très durs.
09:03 Donc chacun était habitué à la souffrance.
09:05 Mais là, c'était une souffrance qui était plutôt cachée, contrairement à beaucoup d'autres.
09:10 C'était vraiment les exclus de la société.
09:13 Alors on est à une époque aussi où les hôpitaux commencent à évoluer.
09:18 Les hôpitaux existent, ce sont les chrétiens qui ont inventé les hôpitaux,
09:23 c'est dès l'époque de Justinien.
09:26 Mais jusqu'à l'époque du Moyen-Âge et de la Renaissance,
09:29 les hôpitaux accueillent un peu toutes les pauvretés.
09:33 Donc les pauvres, les mendiants, les orphelins, les malades mentaux, etc.
09:39 Tout le monde est mélangé.
09:40 C'est simplement à partir de cette époque, et notamment avec Saint-Jean-de-Dieu,
09:43 que peu à peu va se dessiner l'hôpital moderne.
09:47 Alors justement Véronique, venons-en à cette fondation,
09:51 cette congrégation par Saint-Jean-de-Dieu.
09:54 Il n'avait pas envisagé de le faire, mais en revanche,
09:57 il a été interpellé, et plus que cela, par les besoins de l'époque.
10:01 Quand il quitte l'hôpital pour lui-même, puisqu'on l'avait enfermé,
10:04 puisqu'on le prenait pour un fou, il se dit,
10:06 mais comment venir en aide à tous ces indigents ?
10:09 Il commence par mendier de la nourriture pour eux,
10:12 il commence aussi par mendier des vêtements pour les couvrir, pour en prendre soin.
10:16 Il parcourt la ville de Grenade en criant,
10:18 "Mes frères, pour l'amour de Dieu, faites-vous du bien à vous-mêmes",
10:22 en donnant aux miséreux, ce qui signifie, la charité vous rend meilleurs,
10:26 vous faites du bien, soyez charitables.
10:28 En 1537, en fait ça va très vite après cette conversion,
10:33 tout cela c'est à peine en un an, un an et demi,
10:36 il fonde son propre asile qu'il appelle "Maison de Dieu",
10:39 justement pour accueillir tous les indigents et les malades et les fous.
10:42 Il est en quelque sorte le précurseur de l'hôpital moderne,
10:45 puisqu'il attache beaucoup de soins au respect des malades et à leur dignité,
10:51 et les patients sont répartis en fonction des maladies et des besoins,
10:55 alors qu'à l'époque on les mettait tous dans une grande salle,
10:57 quelle que soit leur pathologie.
10:59 Alors il est respecté par tous les habitants de Grenade,
11:01 il commence à avoir une réputation, une notoriété.
11:04 L'évêque l'appelle d'ailleurs "Jean de Dieu",
11:06 c'est ainsi qu'il va garder ce patronyme,
11:09 et il lui fournit un habit gris qu'il ne quittera plus.
11:12 Cinq compagnons vont le rejoindre, vont être gagnés par son exemple.
11:15 Il va ouvrir une deuxième maison, puis une troisième maison,
11:18 mais alors tout cela coûte très très cher,
11:20 et il ne vit que de la mendicité, donc il commence à accumuler des dettes,
11:24 et ça, ça le travaille terriblement.
11:26 Donc il va voir les grands seigneurs à la cour d'Andalousie,
11:29 à la cour de Castille, il va même voir le roi d'Espagne,
11:32 où il va d'ailleurs rester quelques mois,
11:34 puisque je vous le dis, il commence à être connu dans tout le royaume,
11:37 et il s'occupera d'ailleurs des pauvres alentours,
11:39 c'est-à-dire qu'il est à la cour du roi d'Espagne,
11:41 mais son vœu le plus cher, c'est encore de s'occuper des indigents
11:45 qui sont autour de la cour, et d'ailleurs les grands seigneurs lui reprochent
11:48 en lui disant "mais tu n'as pas assez à faire, qu'est-ce que tu t'occupes encore de cela ?"
11:51 Bref, l'angoisse de l'endettement de toute façon le poursuivra
11:54 jusqu'à la veille de sa mort, puisqu'il écrira sur un papier
11:58 le nom de toutes les personnes à qui il doit de l'argent,
12:00 et quand il va mourir, comme c'est l'évêque de Grenade
12:03 qui va "hériter" de sa charge, c'est lui qui devra rembourser
12:07 toutes les dettes de Jean de Dieu, et saint Jean de Dieu lui dira
12:10 qu'il tient vraiment à ce que toutes ses dettes soient honorées.
12:12 Toujours est-il donc qu'il meurt d'épuisement,
12:14 tellement il est au service des autres,
12:16 un 8 mars 1550 à 55 ans, avec une réputation de sainteté
12:21 qui traverse déjà les frontières, il meurt en étant à genoux,
12:25 en serrant dans ses bras un grand crucifix,
12:28 et il meurt en disant "Jésus, Jésus, je me confie à toi".
12:32 Voilà, ce seront ses dernières paroles, 22 ans plus tard,
12:35 parce qu'en fait quand il meurt, il n'a pas encore fondé de congrégation,
12:38 et ça c'est d'ailleurs assez original, mais ses compagnons vont prendre le relais
12:42 pour évidemment assumer son œuvre, son œuvre de charité,
12:45 et donc 22 ans plus tard, le pape Pie V va approuver la congrégation
12:49 de l'ordre des hospitaliers, telle qu'elle s'est constituée
12:52 juste après la mort de Jean de Dieu.
12:54 Alors justement, quelle sera la fécondité de cette congrégation
12:57 dans les siècles qui suivront ?
12:59 Alors là, c'est un succès foudroyant, et ça en dit long d'ailleurs aussi
13:02 sur l'époque, on a du mal maintenant à s'imaginer,
13:04 mais les frères de saint Jean de Dieu vont rayonner très très vite
13:06 et fonder des hôpitaux partout en Espagne, en Colombie, au Mexique, en Italie,
13:10 où Catherine de Médicis les découvre en Toscane,
13:13 et touchée par leur compassion, va les faire venir en France,
13:18 c'est elle qui va faire venir cette congrégation en France.
13:21 Pourquoi ont-ils tant de succès ?
13:25 Parce qu'ils sont aussi chirurgiens, ils ne sont pas que soignants,
13:28 et donc, comme je vous l'ai dit, ils savent finalement classer
13:31 les malades par spécialité, donc on les reconnaît aussi
13:34 pour leurs sciences en médecine, ils ne sont pas que religieux.
13:37 Au 17e et 18e siècle, les frères de saint Jean de Dieu
13:40 vont fonder en France 34 établissements, vous voyez la carte
13:44 qui s'affiche à l'écran, dont notamment deux hôpitaux de 200 lits
13:48 à Paris et Grenoble, avec Athenon, une école de chirurgie,
13:51 c'était incroyablement moderne pour l'époque.
13:54 - Alors, Père Thomas, finalement, est-ce que c'est le propre
13:57 de la sainteté d'identifier les besoins de son temps
14:00 et d'y répondre avec discernement, mais effectivement,
14:04 dans le sens d'une plus grande humanité, en tant que cas,
14:07 c'est le cas pour les malades à l'hôpital du temps de saint Jean de Dieu.
14:12 - Les saints sont toujours les hommes les plus modernes
14:15 de leur époque, parce qu'en effet, ils savent repérer
14:19 quels sont les besoins, même si le but est toujours le même,
14:22 évidemment, c'est toujours de servir le Christ et le Christ souffrant
14:26 à travers les personnes, que ce soit les pauvres, les malades
14:29 ou toute autre catégorie. Donc, les saints sont ceux
14:33 qui ont le plus grand sens du discernement,
14:36 d'où aussi, parfois, comme cela a été dit auparavant,
14:40 l'hésitation au moins apparente qui peut être la leur
14:44 pour trouver le terrain le plus adapté pour servir le Christ.
14:51 - Il lui a fallu du temps, mais finalement, il a visé juste.
14:54 - Il a visé très juste, parce que c'était un domaine
14:57 qui était resté complètement en friche.
14:59 - Est-ce qu'on peut dire qu'il est, en quelque sorte,
15:01 le père des soins palliatifs ?
15:03 - Oui, alors, soins palliatifs, évidemment, il faut modérer un peu,
15:09 parce que... - Dans le sens d'un accompagnement et de...
15:12 - Dans le sens de l'accompagnement, mais ça, l'accompagnement
15:14 des mourants a toujours existé, évidemment, dans l'Église.
15:17 C'est tout de même le propre du christianisme de se préparer,
15:22 que chaque chrétien se prépare jour après jour à la mort,
15:27 qui n'est pas considérée comme une fin, mais comme l'entrée
15:30 dans la vie éternelle. Donc, l'accompagnement des mourants
15:33 a toujours existé, mais cet accompagnement des mourants
15:37 un peu abandonné, oui, c'est lui qui, évidemment,
15:40 a donné un élan qui, depuis, ne s'est jamais arrêté.
15:44 - Parce qu'auparavant, on leur a infligé des traitements de choc,
15:47 des saignées, des camisoles de force, et effectivement,
15:50 saint Jean de Dieu a un peu révolutionné tout cela.
15:52 - Oui, c'était quasiment des tortures. Alors, ce n'était pas fait,
15:55 évidemment, avec un mauvais esprit, on pensait que c'était
15:59 le seul traitement possible, mais c'est lui, évidemment,
16:04 qui a apporté, cette fois, cette dimension de compassion
16:08 et de douceur. - De douceur, oui.
16:10 - Alors, quatre siècles et demi après saint Jean de Dieu,
16:13 il y a environ 1000 frères, aujourd'hui, vivent, soignent, accueillent,
16:17 prient dans une cinquantaine de pays, sur les cinq continents,
16:20 dans 423 établissements détenus par la Congrégation.
16:24 Regardez ce reportage à Paris, signé Éloi Rochebrune.
16:28 - Dans la chapelle du centre Le Courbe, le frère Christian
16:33 célèbre la messe devant sa communauté.
16:35 Les soignants et les personnes handicapées qui le souhaitent
16:38 peuvent assister à l'Eucharistie.
16:40 Depuis la mort de son fondateur en 1550, l'ordre hospitalier
16:43 de saint Jean de Dieu, épaulé par une large équipe de soignants,
16:46 poursuit son engagement auprès des malades.
16:49 - Nous vivons avec elle, nous veillons sur elle.
16:52 Dans la spiritualité d'un frère de saint Jean de Dieu,
16:55 c'est de reconnaître Jésus présent dans les malades.
16:58 Saint Jean de Dieu disait souvent "je suis endetté et captif,
17:01 pour Jésus Christ seul". Une autre chose qu'il disait,
17:04 c'est "Dieu avant tout et par-dessus tout ce qui est au monde".
17:08 - Le centre Le Courbe a vu le jour en 1858.
17:11 Il accueillait à l'époque des garçons infirmes et pauvres,
17:14 exclus des écoles et des hôpitaux.
17:16 Il dispose aujourd'hui de 4 établissements médico-socials,
17:19 une école et un collège pour les enfants en situation de handicap.
17:22 La vie de prière des frères hospitaliers est elle aussi
17:25 adaptée au rythme des résidents.
17:27 - Nous avons la messe souvent à midi.
17:29 Nous l'avons souvent à midi, l'heure n'est pas très pratique
17:32 pour nous, mais elle est surtout à cause des résidents,
17:35 qui nous favorisent pour qu'ils puissent venir.
17:38 Comme le dimanche, la messe est à 11h, il ne faut pas le faire
17:41 trop tôt parce qu'ils ne seront pas prêts pour venir.
17:44 On essaye de favoriser le plus possible.
17:47 - L'ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu rassemble aujourd'hui
17:50 1000 frères sur les 5 continents. Dans 423 établissements,
17:53 ils font rayonner l'hospitalité de Saint Jean de Dieu
17:56 pour ceux qui en ont le plus besoin.
17:59 - Avant de partir sur les traces de Saint Jean de Dieu en Espagne,
18:02 Père Thomas, une question sur une réaction
18:05 par rapport à ce reportage. On a entendu voir Jésus-Christ
18:08 dans les malades, c'est ce qu'essayent de faire les frères
18:11 qui suivent Saint Jean de Dieu. Lui-même est représenté
18:14 avec une couronne d'épines. Comment il faut comprendre
18:17 cette identification aux souffrances du Christ ?
18:21 - C'est en lien avec ce qu'il a entendu dans cette prédication
18:25 de Saint Jean d'Avila, les épines et les ronces.
18:29 Il porte en effet la couronne d'épines comme notre Seigneur
18:33 parce qu'il va jusqu'au bout du sacrifice,
18:37 jusqu'au bout du don de lui-même avec ces personnes
18:41 qui sont pour lui des images du Christ.
18:45 - Pour suivre les traces de Saint Jean de Dieu,
18:48 il faut aller en Espagne, à Grenade.
18:51 - Grenade, bien entendu. Visitez la superbe basilique
18:55 de Saint Jean de Dieu, à ne pas confondre avec la cathédrale.
18:59 Cette basilique a été achevée 200 ans après la mort du Saint.
19:03 Elle abrite ses reliques. Elle est remarquable
19:07 parce qu'elle est recouverte à l'intérieur d'or.
19:10 Je ne sais pas si Saint Jean de Dieu aurait aimé ça,
19:13 lui qui prêchait pour la pauvreté. Elle est recouverte d'or
19:16 et de l'argent venu du Nouveau Monde.
19:19 Vous l'avez dit, Père Thomas, c'est l'époque
19:22 de la découverte des Amériques.
19:25 Venu du Nouveau Monde, or et argent dans les années 1730.
19:29 L'un des points forts de l'église, c'est la petite pièce
19:32 derrière l'hôtel. Dans les vitrines, on peut voir
19:35 des effets personnels du Saint et cette magnifique chasse
19:39 en argent où il y a ses restes.
19:43 - Quels ouvrages faut-il lire pour mieux découvrir
19:46 la figure de Saint Jean de Dieu ?
19:49 - La vie de Saint Jean de Dieu, une biographie de Haudil
19:52 aumontée aux éditions du Cygne. Je vous recommande
19:55 aussi Jean de Dieu, de l'angoisse à la sainteté.
19:58 Ça, c'est par Jean Karadèque-Cousson, un religieux
20:01 nommé encore frère Corentin et c'est aux éditions
20:04 Bochennes. Et puis Saint Jean de Dieu, patron
20:07 des hôpitaux et du personnel hospitalier, bien entendu.
20:10 Ça, c'est par Jean Barbier, chez Caris Trip, sans oublier
20:13 France Catholique, qui chaque semaine évoque
20:16 la vie des saints. France-catholique.fr
20:19 - Merci Véronique, merci Père Thomas. Je rappelle également
20:22 le titre de votre ouvrage, c'est "Méditation quotidienne
20:25 pour la période du printemps", publié
20:28 chez Via Romana. Un dernier mot pour vous signaler
20:31 que Saint Jean de Dieu est fêté le 8 mars, le jour de sa mort.
20:34 C'est le protecteur des hôpitaux, bien sûr, du personnel soignant
20:37 et des malades. Une prière des infirmiers dit d'ailleurs
20:40 "Saint Jean de Dieu, s'il est triste de souffrir, il est plus triste
20:43 de souffrir seul. Aussi voulons-nous être, jour et nuit,
20:46 une présence attentive auprès des souffrants confiés
20:49 à nos soins." Bien sûr, cela résonne aussi
20:52 avec notre actualité. Et puis cette citation
20:55 de Saint Jean de Dieu, "Quand soignera-t-on les pauvres gens
20:58 aussi bien que l'on soigne les chevaux?" C'était vrai
21:01 à l'époque de Saint Jean de Dieu, au XVIe siècle, mais peut-être
21:04 encore vrai aujourd'hui, quand les animaux sont parfois mieux traités
21:07 que les hommes. À suivre demain, également
21:10 à 13h, Enquête d'Esprit, nous parlerons du
21:13 Mont-Saint-Michel qui fête le millénaire de son abbaye,
21:16 Saint-Michel qui protège la France et l'Église.
21:19 Mais en attendant, l'info continue sur CNews.
21:22 Merci à tous !