• l’année dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:11 Bonjour Pascal, merci d'être avec nous à l'Influencia Café.
00:16 Je suis ravi de te recevoir parce qu'évidemment on va parler d'un sujet brûlant
00:20 et qui est tout à fait d'actualité puisque le Parlement s'en est même saisi,
00:25 c'est le sujet de l'influence responsable.
00:27 Avant peut-être, je te présente parce que tu as beaucoup de casquettes
00:31 et peut-être tu complèteras parce que si j'en oublie certaines.
00:35 Tu es évidemment cofondatrice et directrice générale de KingCom
00:39 qui est l'agence conseil que tu as donc cofondé.
00:44 Et par ailleurs tu es évidemment administratrice du syndicat conseil des agences de relations publiques, le SCRP.
00:51 Et par ailleurs tu diriges justement la commission qui s'occupe de l'influence responsable
00:57 de même que tu avais participé évidemment aux travaux de l'ARP dans un premier temps.
01:03 Alors donc on est en plein dans cette bataille réglementaire
01:07 et donc c'était important d'avoir ta vision, ta voix
01:11 puisque tu as participé à tous ces débats-là à Bercy et maintenant au Parlement.
01:17 Alors est-ce qu'il fallait vraiment une loi de plus en France sur ce sujet-là pour contrôler les abus ?
01:25 Et est-ce que la loi va telle qu'elle est débattue en ce moment ?
01:29 Est-ce qu'elle va dans le bon sens pour toi ?
01:31 Alors c'est une bonne question parce que pour être honnête je pense qu'on s'est tous posé la question
01:37 quand le sujet a été pris en main à la fois par le gouvernement et à la fois par les différents députés
01:42 puisqu'il y a eu plusieurs propositions de loi qui ont été déposées avant d'arriver à cette proposition transpartisane.
01:48 Je pense qu'il y a deux choses.
01:52 D'un côté il ne faut pas penser, on l'a beaucoup entendu dire que l'influence était le Far West,
01:57 qu'il n'y avait pas de règles, que chacun faisait ce qu'il voulait et que c'était n'importe quoi.
02:02 Ça ce n'est pas vrai.
02:03 Il y a des lois qui existent et elles existent pour tout le monde
02:06 et elles existent aussi dans le cadre de l'influence commerciale ou du marketing d'influence.
02:11 On parle du code de la consommation, il s'agit de ne pas tromper un consommateur
02:15 et jusque-là on a beaucoup mis en avant et défendu notamment le fait de rendre visible la relation commerciale.
02:24 Il y a la loi Evin, il y a énormément de lois qui existent et qui s'appliquent de la même manière à l'influence commerciale.
02:33 Donc c'est aussi ça qui nous a fait nous demander si vraiment il y avait besoin d'en rajouter par rapport à ça.
02:39 Aujourd'hui avec un peu de recul, puisque ça fait quand même depuis le mois de décembre
02:43 qu'on est dans toutes ces discussions avec à la fois le ministère de l'économie et un certain nombre de députés,
02:49 notre perception en tout cas c'est que, quoi qu'il en soit c'est une bonne chose à la fois,
02:55 un, de montrer que ces lois sont effectivement applicables et à appliquer auprès des influenceurs et de l'influence commerciale.
03:06 Je pense que tout le monde avait à cœur de poser une définition d'un influenceur qui effectivement n'existait pas officiellement,
03:14 puisque par ailleurs l'ARP en avait posé une, parce que ça permet de définir et de donner les contours.
03:20 Et ça a mis la lumière quand même sur un certain nombre d'abus.
03:23 Absolument. Et l'enjeu de tout ça c'est à la fois de montrer qu'il y a eu des dérives importantes, graves,
03:28 et que de l'autre côté il y a aussi des bonnes pratiques.
03:31 Et donc l'enjeu c'est à la fois de donner les moyens et de poser en tout cas le cadre qui permet d'éviter ou en tout cas de sanctionner les abus.
03:45 Mais si on avait appliqué ce qui existait déjà, est-ce que c'était suffisant ?
03:49 En tout cas les sanctions sont, et déjà existantes, donc on aurait pu. Je pense qu'il y a un sujet, c'est pour ça que je parlais de moyens,
03:57 il y a un sujet, beaucoup ont dit la DGCRF n'a pas les moyens suffisants pour en tout cas regarder ce qui est fait, bien fait ou mal fait.
04:07 Après il y a quand même eu beaucoup d'interpellations sur les réseaux sociaux d'ailleurs, d'abus.
04:16 Il y a des associations qui se sont montées justement parce qu'il y a eu des gens qui ont été beaucoup abusés.
04:24 On a beaucoup parlé des produits financiers mais en fait il n'y a pas que ça.
04:27 La chirurgie esthétique aujourd'hui est au cœur des discussions, comme un secteur qui doit être complètement interdit au marketing d'influence,
04:37 ça vient de conséquences de dérives majeures.
04:41 Donc je pense que ça existait, ça s'est su, oui ça aurait pu être mis en place,
04:46 je pense qu'il n'y a pas eu peut-être en tout cas jusque-là de prise de conscience suffisante sur les enjeux.
04:53 Et est-ce que le texte qui est débattu actuellement est exagéré ?
04:59 Il y a eu la polémique de la tribune de JDD sur l'attention à ne pas trop contraindre la liberté d'expression
05:06 ou freiner une partie de l'économie de l'influence.
05:10 Est-ce que ce n'était pas un peu exagéré quand même de parler de contraindre la liberté d'expression et freiner le business des influenceurs ?
05:22 Ou est-ce qu'il y a quand même un sujet là-dessus ?
05:25 Je ne vais pas revenir sur ni la tribune ni la polémique,
05:29 je pense qu'il y a peut-être des incompréhensions aussi dans la démarche qu'ont voulu faire les auteurs de cette tribune.
05:37 Nous en tout cas ce qu'on voit c'est qu'il y a un enjeu de poser le cadre,
05:46 ou de clarifier peut-être le cadre si besoin.
05:49 Il y a un enjeu de pédagogie parce que finalement dans l'ensemble des influenceurs il y a beaucoup de diversité.
05:56 Il y a des influenceurs qui connaissent les règles, qui les respectent et qui font extrêmement bien leur métier.
06:02 Dedans il y a la malveillance et c'est ce qui a entraîné les dérives.
06:06 Et puis il y a au milieu de tout ça des influenceurs qui ne savent pas, qui ne connaissent pas le cadre.
06:10 Et il y a un enjeu de pédagogie vis-à-vis de cela.
06:13 Après, à notre sens en tout cas, il y a un sujet sur...
06:18 A la fois on est d'accord sur le fait que bien sûr qu'il faut appliquer les règles de la publicité à l'influence commerciale,
06:25 mais à notre sens, et c'est là où on va être très attentif, ça va être dans la manière d'appliquer ces règles.
06:31 Quand on prend un contenu, quel qu'il soit, qui fait 1 cm sur 0,5 cm,
06:36 dans lequel il y a déjà une obligation justement de l'information sur la collaboration commerciale.
06:43 On va devoir rajouter... Est-ce qu'il y a un filtre ?
06:47 Oui, il n'y a pas de filtre.
06:48 On va devoir rajouter les mentions publicitaires.
06:51 Certains secteurs, il y a 3 ou 4 mentions publicitaires à rajouter.
06:55 À un moment donné, il faut juste se rendre compte que si c'est un millefeuille de mentions sur un contenu qui fait 1 cm²,
07:03 c'est juste un faisable.
07:04 Les marques vivent déjà avec ça.
07:06 Sur un écran de télé, sur de la VOL.
07:09 Mais bon, ils sont passés par des années de messages radio.
07:12 Oui, mais il n'y a pas de notion dedans.
07:14 Là, on est sur une surcouche et un millefeuille de mentions.
07:18 Donc, c'est plutôt comment est-ce que tout ça va être mis en application ?
07:22 Est-ce que les plateformes Instagram, aujourd'hui, il y a un outil natif qui permet d'identifier la relation commerciale ?
07:28 Est-ce qu'il n'y a pas ce genre de choses ?
07:30 Comment est-ce que ça va être mis en place ?
07:32 Et pour nous, il y a un vrai sujet là-dessus très fort.
07:34 C'est le premier point qui va aussi permettre de laisser ou de garder une créativité et de pouvoir continuer.
07:42 Après, si on fait attention aux spécificités du marketing d'influence, il n'y a pas de raison qu'il y ait une incidence sur le marché.
07:51 Encore une fois, la mention, on en a discuté avec les plateformes,
07:54 la mention de collaboration commerciale n'a pas d'incidence sur l'audience.
08:00 Il y a quelques années, il y avait certains influenceurs qui étaient frileux pour le mettre
08:05 parce qu'ils avaient peur justement que ça joue sur les statistiques.
08:10 Ce n'est pas le cas. Donc, il n'y a pas de raison de ne pas aller dans ce sens-là.
08:14 Mais j'ai l'impression que tout le monde est un peu tombé de sa chaise,
08:17 ou en tout cas a réalisé l'ampleur du secteur économique.
08:21 Et à la fois le nombre d'influenceurs, je ne sais pas si tu veux rappeler quelques chiffres,
08:25 à la fois le nombre d'influenceurs, à la fois l'économie générale du système,
08:29 puisqu'on parle de plusieurs dizaines de milliards.
08:32 Donc, c'est un énorme...
08:33 Tant mieux !
08:34 Oui, d'accord.
08:35 Mais néanmoins, quand on voit le marché publicitaire aujourd'hui
08:39 et quand on voit l'attrait des marques pour cet investissement,
08:43 plutôt que de le faire en publicité, le faire en influence,
08:47 on a l'impression que tout le monde a découvert un peu l'énormité du secteur.
08:53 C'est possible.
08:54 Aujourd'hui, on évalue en France à 150 000 influenceurs qui...
08:59 Qui vivent de ça. Donc, c'est énorme.
09:01 Ou pas. Ils peuvent être professionnels ou pas,
09:03 mais il n'y a pas que des gens qui vivent que de ça.
09:06 Non, non. Mais je n'ai pas dit que de ça.
09:08 Ils sont rémunérés, effectivement, pour ça.
09:11 On n'a pas encore de chiffres consolidés sur le marché économique en France.
09:17 On est en train...
09:18 L'idée, c'est que l'ensemble des associations, dans les mois qui viennent,
09:21 se mettent en relation pour arriver à estimer ce que ça représente en France.
09:26 Mais effectivement, c'est un marché, d'abord, qui continue de croître,
09:29 qui est extrêmement dynamique, qui est très créatif.
09:32 Et bien sûr qu'il y a eu un enjeu de se rendre compte...
09:36 Après, c'est vrai que, j'allais dire, la filière et les acteurs eux-mêmes,
09:41 nous, on avait conscience, mais je pense qu'il y a eu une sorte de révélation
09:45 et de découverte d'un peu tout ce qui se passait dans ce milieu.
09:48 Mais encore une fois, avec, finalement, la malveillance,
09:54 mais qui n'est pas la majorité, encore une fois, du contenu, de la création.
09:58 Mais ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas l'encadrer, qu'il ne faut pas sévir.
10:01 Et la création du premier syndicat ou de la première association,
10:05 le Centre Marketing d'Influence, l'Umic, est-ce que c'est une bonne chose ?
10:08 Et comment le SCRP, par exemple, va travailler à partir de maintenant avec l'Umic ?
10:13 Quelle place ça va prendre dans l'écosystème qu'on connaissait historiquement
10:17 avec l'Union des marques, avec la ACC, avec le SCRP, et ainsi de suite ?
10:21 Alors, pour nous, c'était une très bonne nouvelle
10:23 parce qu'effectivement, c'est plutôt un marché qui est très éclaté.
10:25 Ce sont souvent soit des indépendants, enfin, les influenceurs sont des individus,
10:28 même s'ils sont constitués en société.
10:30 Donc le fait que les agents de ces influenceurs qui les représentent
10:35 se constituent en syndicat ou en association était pour nous hyper important.
10:40 Et on trouve que c'est une très bonne initiative.
10:42 On discute beaucoup avec eux depuis le début de la création.
10:45 Et après, on a des débats sur certains sujets sur lesquels on est tout à fait alignés
10:49 et d'autres sur lesquels on peut avoir des sujets.
10:52 Ce qui était important aussi pour nous, c'était justement d'expliquer
10:56 les positions et le marché, la structure du marché.
10:59 Avec d'un côté les marques, les organisations qui sont les donneurs d'ordre,
11:03 les agences conseil en communication qui conseillent ces marques
11:07 et qui défendent les intérêts de ces marques et de ces organisations.
11:10 Et puis, les influenceurs et les agents qui représentent ces influenceurs.
11:16 Et donc, avec finalement une chaîne de valeurs assez structurée
11:23 et qui du coup, l'Umic vient finir finalement cette structuration du marché.
11:28 Mais face à un marché aussi éclaté que celui des influenceurs,
11:31 l'Umic peut vraiment essayer de canaliser ça ou en tout cas d'aider à organiser le marché ?
11:37 Je pense que ce n'est pas que de la responsabilité de l'Umic.
11:40 Pour moi, c'est l'ensemble des acteurs qui doivent accompagner le marché.
11:43 Bien sûr que l'Umic représentant ces influenceurs,
11:46 mais il ne représente pas les 150 000 influenceurs en France, c'est ce qu'ils disaient justement.
11:50 Et donc, oui, bien sûr qu'il y a un enjeu global du marché d'accompagner.
11:55 Et c'est la raison pour laquelle le syndicat du Conseil des relations publiques a lancé ce label
12:01 qui est validé par l'AFNOR et qui est un label "Agence Conseil en influence responsable"
12:06 qui a vocation à accompagner l'ensemble des agences conseil sur justement une montée en expertise
12:14 ou en compétence ou en connaissance aussi des règles.
12:16 Et mises en application dans les agences, donnent d'une démarche d'influence responsable
12:21 avec dedans un enjeu de pédagogie vis-à-vis à la fois des marques et des organisations,
12:26 mais aussi des influenceurs.
12:28 Et ce label, l'Umic va l'utiliser ?
12:31 Ça ne concerne que les agences conseil en communication.
12:35 Donc, c'est sur cette partie-là de la chaîne, l'Umic aujourd'hui,
12:38 à la fois travaille avec l'ARP sur une certification.
12:42 Je crois qu'il y a plus de 600 influenceurs qui ont été aujourd'hui,
12:45 en tout cas qui ont suivi cette formation et qui ont été certifiés par l'ARP.
12:49 650 000, c'est bon.
12:51 On est d'accord ? D'où l'enjeu que ce ne soit pas que l'Umic qui fasse ce travail-là.
12:55 Bien sûr que c'est son rôle, mais c'est pour ça que nous on est pour un contrat, par exemple,
13:01 dans la relation commerciale avec un influenceur, quand on est sur de l'influence commerciale,
13:05 on est pour le contrat parce que le contrat permet aussi de rappeler aux influenceurs les règles.
13:10 Et donc, le fait de signer un contrat et d'être rémunéré sur la création de contenu,
13:15 c'est aussi s'engager à respecter les règles qu'on rappelle dans le cadre du contrat.
13:19 Donc, on a aussi cet enjeu de pédagogie.
13:22 Et après, le point simplement par rapport à l'encadrement d'un lois qui est aussi important pour nous,
13:27 nous, on est à la fois sur des métiers de relations médias, de relations journalistes,
13:32 de relations avec les influenceurs.
13:34 Dans cette démarche-là, on a l'influence commerciale, mais il y a aussi,
13:38 c'est pour ça qu'on parlait beaucoup de liberté d'expression,
13:43 cette latitude qui n'est pas encadrée par cette loi-là,
13:48 puisque ça n'est pas de l'influence commerciale, et qui doit rester très ouverte,
13:52 et qui est du test produit, de l'invitation à des soirées, des événements, de l'information.
13:58 – D'accord, et vous ne vouliez pas que ça tombe dans le cadre de la loi ?
14:02 – Parce que sinon, j'allais dire, ça relève, même si on n'est pas du tout sur le même type de personnes,
14:09 entre un journaliste et un influenceur, c'est différent.
14:11 – C'est un frein important. – Un frein important, à un moment donné.
14:13 – La communication des produits.
14:15 – À partir du moment où l'influenceur décide d'en parler, de ne pas en parler,
14:17 et la manière dont il a envie d'en parler,
14:19 évidemment ça ne doit pas tomber dans le cadre d'une influence commerciale.
14:22 – Merci beaucoup, Pascale, c'est très clair.
14:24 – Merci.
14:25 – Merci pour cette pédagogie sur tout ce qui se passe en ce moment sur l'influence responsable,
14:29 et on va suivre ça ensemble dans les prochains jours et semaines, sur les débats parlementaires.
14:34 Merci beaucoup d'être venue à l'Influencia Café.
14:36 – Merci.
14:37 [Musique]