Florian Jouanny, 31 ans, est Champion olympique, Champion du monde, Champion d'Europe en paracyclisme... vous le saviez ? L'Isérois, originaire d'Echirolles, prépare bien sûr les Jeux Paralympiques de Paris 2024 et s'apprête à entamer sa saison avec la Coupe du Monde manche 1 en Italie (20 au 24 avril), le Tour des Flandres en Belgique (29 avril au 1er mai), l'Ain Handi Tour UCI à Bourg-en-Bresse (12 au 15 mai), La Marmotte à Oisans (1er et 2 juillet), le Championnat d’Europe aux Pays Bas et le Championnat de Monde en Ecosse (8 au 22 août). Un homme de défi Florian Jouanny, comme il l'a expliqué au micro de Cyclism'Actu, à un an de la remise en jeu de son titre paralympique à Paris 2024.
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00:00 Si vous aviez un message à faire passer, ça serait lequel par exemple ?
00:12 Je m'adresserais plutôt aux journalistes, etc.
00:17 Les gens ne regardent pas le handisport parce qu'ils n'ont peut-être pas l'occasion
00:22 aussi de le voir.
00:24 Montrez le plus à la télé et peut-être que le public s'y intéressera et demain
00:30 ce sera plus vu et plus reconnu.
00:32 Pour ceux qui ne vous connaissent pas, présentez-vous parce que quand on regarde votre pamarest,
00:45 il est quand même un peu impressionnant.
00:46 Moi c'est Florian, j'ai 31 ans, je suis paracycliste, je fais du vélo avec les bras, du handbike.
00:59 Pour faire un bref point sur mon pamarest, je suis champion paralympique de la course
01:06 en ligne à Tokyo et également champion du monde de la course en ligne 2022 au Canada.
01:12 Donc trois médailles olympiques, combien de titres ?
01:16 Deux titres mondiaux, un en individuel et un en relais.
01:21 Et puis une médaille d'argent aussi en contre la montre sur les mondiaux l'année dernière.
01:27 Et trois médailles olympiques ?
01:30 Et trois médailles olympiques, oui.
01:32 Or, argent, bronze, les trois couleurs.
01:35 Pas mal ?
01:36 Plutôt pas mal, oui.
01:37 Mais bon, je vais essayer d'aller en chercher d'autres.
01:42 Et les autres, ça serait à la maison pour les Jeux paralympiques Paris 2024 ?
01:48 Oui, bien sûr, il va y avoir les Jeux de Paris l'année prochaine.
01:51 Ils sont déjà dans un coin de la tête.
01:53 Et puis là, il y aura les Mondiaux en Écosse au mois d'août.
01:56 Donc ce sera aussi un objectif.
01:58 Parlez-nous un peu de votre discipline pour ceux qui ne la connaissent pas.
02:03 En fait, nous, le handbike, c'est un vélo à trois roues.
02:07 On a une roue devant motrice et deux roues à l'arrière.
02:10 On est allongé complètement dedans et on pédale avec les bras.
02:14 Les deux bras symétriques en synchronisé, on pousse, on tire sur les pédales.
02:18 On a des distances de course sur les contre la montre, on va dire entre 15 et 25 km.
02:25 Et sur les courses en ligne, on est sur des formats allant de 35 à 70 km sur les courses
02:32 les plus longues.
02:33 Tout dans les bras, du coup ?
02:34 Et c'est tout avec les bras.
02:37 Donc si le commun des mortels essaye ça, s'il n'est pas amé au point de vue bras,
02:42 ça va être compliqué.
02:43 Il faut un peu de temps pour adapter son corps.
02:46 Bon, on parle des...
02:48 Forcément, on est obligé d'en parler.
02:49 On parle des Jeux Paralympiques Paris 2024.
02:51 Je suppose que c'est l'un de vos grands objectifs.
02:54 Ça commence votre saison par la Coupe du Monde en Italie le 24 avril, c'est ça ?
03:00 Exactement, la semaine prochaine, première course de la saison, une manche de Coupe du
03:04 Monde à Maniagour.
03:05 Et quelles sont la concurrence ? Quels sont vos adversaires ? On ne les connaît pas
03:12 forcément, j'en suis désolé.
03:15 Globalement, si ça reste à peu près sur le niveau qu'il y avait la fin de l'année
03:21 dernière, mes principales concurrences, ce sera un Espagnol, Sergio Garote, et un Italien,
03:28 Luca Mazzone.
03:29 Après, il y en a d'autres.
03:31 Là, j'ai regardé la liste des inscrits, il y a des noms qu'on ne connaît pas forcément.
03:36 Donc, on peut toujours être surpris.
03:40 Mais en tout cas, le début de saison, ce sera ça.
03:43 Après, j'irai en Belgique, faire le Tour des Flandres en e-sport, qui sera suivi d'une
03:47 deuxième manche de Coupe du Monde à Ostend.
03:50 Et puis, ce sera fini pour la première partie de saison.
03:53 Ensuite, il y aura les Championnats de France au mois de juin.
03:56 Et puis, au mois d'août, les Championnats du Monde à Glasgow, qui seront la course
04:04 phare de l'année, l'objectif principal.
04:05 Parlez-nous de, quand vous dites Tour des Flandres, forcément, on fait le rapprochement
04:10 par rapport à ce qui s'est produit, ce qui s'est passé il y a quelques jours du côté
04:14 de la Belgique.
04:15 Le Tour des Flandres, par un cycliste, comment ça s'organise ? Racontez-nous un petit peu.
04:20 Quel est le parcours ? Combien de kilomètres ? Vous faites aussi les pavés ? Vous faites
04:24 le pâteur bergue ? Enfin, je ne sais pas, dites-nous.
04:26 Alors, c'est beaucoup moins long que le Tour des Flandres classique.
04:32 On va dire, nous, on aura… Alors, il faut que je regarde exactement la cartographie,
04:36 mais une épreuve, il me semble, de 70 kilomètres à peu près, avec quelques monts flandriens,
04:42 mais pas les plus connus.
04:44 Et je ne saurais pas vous dire, non, mais tous les monts les plus mauvais, on va dire,
04:50 en termes de pavés, sont évités.
04:52 Heureusement, en bike, ce serait un peu compliqué.
04:54 Mais voilà, on a à peu près 70 bords, on n'a que 40 kilomètres sur du plat au départ.
05:02 Et puis, sur les 30 derniers kilomètres, on prend quelques monts avant d'arriver.
05:06 Vous l'avez déjà fait ou vous ne l'avez jamais fait ?
05:12 Je ne l'ai jamais fait.
05:13 C'est une épreuve qui est assez récente.
05:14 Je pense que… Il me semble qu'elle est née en 2018.
05:19 Après, il y a eu le Covid, donc elle a dû être annulée peut-être 2019-2020.
05:23 Et puis là, il la repropose.
05:28 Je ne l'avais jamais faite et ça me tenait à cœur d'aller la faire, parce que c'est
05:32 quand même quelque chose qui est mythique dans le cyclisme.
05:35 Donc, je pense que ça va être une belle course.
05:36 Je peux me permettre, quand on voit votre palmarès, quand on voit votre sport, comment
05:44 et pourquoi c'est si peu médiatisé ? Est-ce qu'il y a peut-être un coup de gueule à
05:47 faire passer ? Parce que vous êtes quand même des champions, on regarde votre palmarès,
05:50 vous faites le Tour des Flandres.
05:51 Vous êtes trois médailles paralympiques.
05:54 Non ?
05:55 Ça, bien sûr, c'est dommage.
05:59 Moi, aujourd'hui, voilà, je…
06:02 Si vous aviez un message à faire passer, ça serait lequel, par exemple ?
06:07 Ce serait… Je m'adresserais plutôt aux journalistes, etc.
06:13 Parce que les gens ne regardent pas le handisport parce qu'ils n'ont peut-être pas l'occasion
06:17 aussi de le voir.
06:19 Donc, montrer le plus, montrer le plus à la télé et peut-être que le public s'y
06:25 intéressera et demain, ce sera plus vu et plus reconnu.
06:27 Quand on a 31 ans et qu'on a déjà atteint pas mal d'objectifs avec des types de champions
06:32 du monde, champions d'Europe aussi, sans doute ?
06:34 Champions d'Europe du Contre-la-Monte, oui.
06:36 Et des médailles olympiques, quels sont du coup les grands objectifs ? Par exemple, les
06:46 Jeux Paralympiques Paris 2024, ça serait vos derniers ou viser encore plus loin, plus
06:49 haut ?
06:50 Alors, aujourd'hui, je ne sais pas.
06:54 Je ne saurais pas répondre à cette question.
06:55 Ça peut s'arrêter sur Paris 2024, comme ça peut continuer.
06:59 C'est une décision qui n'est pas prise, mais voilà, les deux solutions sont potentiellement
07:09 faisables.
07:10 Donc, je ne sais pas si je continuerai ou pas.
07:12 Mais je peux continuer après Paris, en tout cas.
07:14 C'est une solution.
07:15 Racontez-nous comment vous vous organisez un petit peu, parce qu'on voit sur votre
07:19 polo vos sponsors GMF, pour ne citer que lui, ou LISER, puisque vous êtes de la région,
07:24 enfin du département, pardon.
07:26 Vous avez une équipe autour de vous, vous êtes un individuel, il faut que vous allez
07:30 chercher vous-même votre partenaire.
07:32 Racontez-nous votre quotidien au-delà de l'aspect compétition.
07:35 Oui, globalement, en fait, moi, je gère ma carrière comme un entrepreneur, dans le
07:41 sens où je suis seul, mais j'essaie de m'entourer du mieux que je peux de gens qui vont m'aider.
07:53 Alors, j'ai mes propres partenaires qui me soutiennent et qui me permettent de financer
07:58 mes saisons, de payer mon matériel, de payer mes déplacements, d'avoir un salaire à
08:03 côté.
08:04 Et j'ai un staff qui me suit, des gens qui m'aident pour la communication, pour l'aspect
08:11 un petit peu médiatique, pour diverses facettes, pour la mécanique, etc.
08:16 Mais je gère ça vraiment comme une auto-entreprise quelque part.
08:21 De rentrer dans une structure, par exemple, comme Cofidis, qui a une équipe paracycliste,
08:26 ça serait ça le modèle pour développer votre sport ou de rester en individuel entrepreneur
08:32 comme vous le faites ?
08:33 Alors, je ne sais pas s'il y a un modèle meilleur qu'un autre.
08:37 En tout cas, aujourd'hui, mon choix personnel, ça a été de rester en individuel parce que
08:43 je pense qu'aujourd'hui, d'aller dans une équipe comme Cofidis, alors c'est très,
08:47 très bien ce que Cofidis fait de proposer une équipe en e-sport, mais aujourd'hui,
08:57 le budget alloué à l'équipe en e-sport par rapport à l'équipe valide, pour moi,
09:00 est encore bien trop, il y a encore une marge bien trop importante.
09:04 Et si on décide d'aller dans une équipe professionnelle comme Cofidis, derrière,
09:09 on va porter les couleurs de Cofidis, les sponsors de Cofidis et rien d'autre.
09:14 Point barre, ça s'arrête là.
09:15 Donc, il faut pour moi qu'il y a un salaire qui soit correct pour ça.
09:20 Et aujourd'hui, pour moi, ce n'est pas le cas.
09:22 Cofidis ou notre équipe ne propose pas ça.
09:24 Donc, j'ai meilleur compte, en tout cas personnellement, à porter mes propres partenaires
09:32 et faire ça individuellement.
09:33 Mais à l'avenir, je souhaite, j'aimerais en tout cas, voir des équipes en e-sport
09:39 se monter avec quelque chose qui se rapproche en tout cas du monde valide.
09:44 Quand on vous voit avec vos liserées de champion du monde sur les manches, c'est quoi ?
09:51 C'est quelque chose qui me semblait encore très, très loin il y a quelques années,
10:00 inaccessible on va dire.
10:01 Et finalement, aujourd'hui, je les vois, ils sont là.
10:05 Donc, quelque part, ça donne un petit peu du sens à tous les entraînements, tout ce
10:11 que j'ai fait, tout ce que j'ai mis en place pour en arriver là.
10:13 L'apothéose, ce serait quand même ces Jeux paralympiques Paris 2024, parce que c'est
10:22 quand même à la maison.
10:23 Donc, quand on est Français, c'est important et qu'en plus, on a trois fois médaille
10:26 olympique et un titre à défendre.
10:28 Oui, alors déjà, il y aura le titre à défendre, ça me tient à cœur.
10:32 Et puis, effectivement, tout le monde en parle, les proches, les amis, la famille à Paris.
10:39 On en parle dans les médias.
10:40 Donc, c'est l'événement qui va être mis en avant.
10:44 Donc, évidemment que j'ai à cœur de réussir ces Jeux et de briller à Paris.
10:52 Ce serait peut-être enfin la fenêtre de tir nécessaire pour votre sport et vous,
10:57 ces sportifs, pour vous faire connaître du grand public.
11:00 J'espère que ce sera bien retransmis et que ça permettra à tous ceux qui désirent
11:06 de pouvoir suivre les courses en direct et bien et de mettre en lumière le handbike.
11:13 Allez, dernière question.
11:14 Combien d'heures d'entraînement pour en arriver là ?
11:16 En moyenne, je suis à peu près sur 20 heures de vélo par semaine.
11:22 Et vous faites que ça, vous ne travaillez pas à côté, vous êtes un sportif de haut
11:26 niveau tout simplement.
11:27 Voilà, exactement.
11:28 Je fais ça à temps plein.
11:31 Qu'est-ce que vous souhaitez d'ici Paris 2024 ?
11:33 Que ça continue de rouler comme ça le fait actuellement et qu'il n'y ait pas d'embûches
11:41 sur le chemin.