Crise ivoirienne : comment le pays s'est relevé après le 11 avril 2011 ? (Le Débat Politique)

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00:00:00 [Musique]
00:00:12 Madame, Monsieur, bonsoir et merci de suivre le débat politique.
00:00:16 Tout commence en 1993 avec la mort de Félix Foué-Boigny, le père de l'indépendance ivoirienne.
00:00:22 Trois hommes se disputent alors sa succession.
00:00:25 L'héritier officiel, Henri Conan Bédier,
00:00:27 l'opposant de toujours, Laurent Gbagbo,
00:00:30 est l'économiste en chef à la Sanwatara.
00:00:33 Le premier, Henri Conan Bédier, gouverna le pays pendant 7 ans
00:00:36 et fut renversé par un putsch militaire à Noël 1999.
00:00:40 Le deuxième, Laurent Gbagbo, remporta l'élection d'octobre 2000
00:00:43 et resta au pouvoir pendant près de 10 ans.
00:00:46 Le troisième, Alassane Ouattara, prend la tête d'un pays exsangue
00:00:49 au sortir de la crise postélectorale de 2010-2011.
00:00:53 Les défis sont immenses. L'économie est en panne sèche,
00:00:57 la société en lambeaux.
00:00:59 Il faut mobiliser l'aide extérieure et rassurer les investisseurs internationaux.
00:01:03 Il faut créer une nouvelle armée en démilitarisant les milices.
00:01:07 Il faut juger les crimes de guerre et faire la paix.
00:01:10 Il faut enfin tourner la page de l'ivoirité
00:01:13 et construire une citoyenneté porteuse de sens, l'ivoirien nouveau.
00:01:17 Mais comment écrire un nouveau chapitre de cette histoire commune
00:01:20 entachée par la crise postélectorale de 2010 ?
00:01:23 Car au cours des 5 mois de violence et de conflits armés qui ont suivi,
00:01:27 au moins 3 000 personnes ont été tuées,
00:01:30 plus d'une centaine de femmes violées,
00:01:32 sans oublier tous ces milliers d'exilés.
00:01:35 La Côte d'Ivoire revient de loin.
00:01:37 Mais comment notre pays s'est relevé de cette tragédie ?
00:01:40 Quels ont été les choix stratégiques opérés par le chef de l'État
00:01:43 depuis son accession au pouvoir ?
00:01:45 Comment les Ivoiriens ont-ils reconstruit la Côte d'Ivoire ?
00:01:48 Et surtout, comment préserver cette stabilité politique retrouvée ?
00:01:52 Ce sont autant de questions que je vais soumettre aux invités
00:01:55 qui vont prendre part à ce débat.
00:01:58 Il s'agit de César Etou, journaliste et directeur général
00:02:02 et directeur de publication de La Voix Originale.
00:02:05 Bonsoir et bienvenue.
00:02:06 - Bonsoir, Fatime.
00:02:07 - Monsieur Simplice Dion, professeur de philosophie politique et morale
00:02:11 à l'université Félix Souffré-Boigny de Cocody.
00:02:14 Bonsoir et merci d'être présent.
00:02:16 - Bonsoir, Fatime.
00:02:17 - Wakili Alafeh, journaliste et directeur général de l'Intelligent Dabidjan.
00:02:21 Bonsoir et merci d'être présent.
00:02:23 - Bonsoir, merci de nous avoir invités.
00:02:25 - Lansine Bakayoko, journaliste, chef du service économie à la RTI1.
00:02:29 Bonsoir et merci d'avoir accepté notre invitation.
00:02:32 - Merci, Fatime Dijed.
00:02:34 - Messieurs, en prélude à nos échanges,
00:02:36 je vous propose de suivre cet élément récapitulatif
00:02:39 de l'état des lieux au sortir de la crise,
00:02:41 et c'est signé Ametra Ore.
00:02:45 La crise postélectorale à durée de novembre 2010 à avril 2011
00:02:49 est affectée négativement la situation économique, politique et sociale
00:02:53 de la Côte d'Ivoire, qui est répartie de l'avant.
00:02:56 Classée 1er producteur mondial des cacaos et des noix de cajou,
00:03:00 la Côte d'Ivoire enregistre l'un des taux de croissance économique
00:03:03 les plus rapides et soutenus en Afrique subsaharienne
00:03:06 depuis plus de 10 ans.
00:03:08 Sous le leadership du président Alassane Ouattara,
00:03:10 les Ivoiriens ont travaillé d'arrache-pied
00:03:12 pour être à ce niveau du progrès.
00:03:14 Pourtant, les conséquences de la crise postélectorale
00:03:17 ont été désastreuses, d'où le départ à l'exil
00:03:20 de certains Ivoiriens et une administration
00:03:23 qui n'existait presque plus.
00:03:25 Aussi, une armée qui devait être réorganisée.
00:03:28 Bref.
00:03:29 En 2021, le pays a renoué avec sa trajectoire
00:03:32 des fortes croissances et continue de jouer un rôle central
00:03:35 en tant qu'une hub économique régionale et terre d'accueil
00:03:38 pour de nombreux ressortissants des pays de la communauté économique
00:03:41 des États de l'Afrique de l'Ouest, CDAO et d'ailleurs.
00:03:45 Pour atteindre ce résultat, des réformes ont été initiées
00:03:49 à presque tous les niveaux de la gouvernance.
00:03:51 L'on peut citer, entre autres, la reconstruction de l'armée,
00:03:54 de l'administration, de la justice, des infrastructures,
00:03:58 mais aussi et surtout le renforcement de la cohésion sociale
00:04:01 qui a largement contribué au retour de la paix.
00:04:04 En 2022, dans le contexte de la crise mondiale,
00:04:07 l'économie ivoirienne a enregistré une croissance du PIB,
00:04:11 produit intérieur brut réel estimé à 6,7 %,
00:04:15 et un résultat très prometteur selon les institutions financières internationales.
00:04:20 Aujourd'hui, la nation connaît une situation politique et sociale stable
00:04:25 depuis la tenue d'élections législatives inclusives en 2021.
00:04:29 Les différents acteurs se sont engagés à aller à la réconciliation nationale
00:04:34 à l'issue d'un dialogue politique entre le gouvernement,
00:04:37 les différentes formations politiques et la société civile.
00:04:40 Le pays se prépare à des élections municipales et régionales prévues pour octobre 2023.
00:04:46 Deux scrutins à valeur de tests pour les principaux partis politiques,
00:04:50 notamment le Rassemblement des Oufoutistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) au pouvoir,
00:04:57 le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA) de l'ancien président Henri Connaubédié
00:05:03 et le Parti des Peuples Africains de Côte d'Ivoire (PPACI) fondé par l'ancien président Laurent Gbabo
00:05:09 avant la présidentielle de 2025.
00:05:11 Alors messieurs, quels souvenirs gardez-vous de la Côte d'Ivoire au sortir de la crise post-électorale ?
00:05:19 Vous étiez tous présents. Quelle image vous revient à l'esprit ? Quel souvenir ?
00:05:25 Monsieur Dion.
00:05:28 Moi j'ai été traumatisé par deux choses. Des images qui me sont revenues toute la nuit.
00:05:36 En 2002, le corps de Gaye Robert couché sur la route là
00:05:43 et l'arrestation de Laurent Gbabo qui sort de sa résidence avec tous ses militaires autour de lui.
00:05:50 Je me suis demandé si ça se passait en Côte d'Ivoire
00:05:56 et après je finis par me convaincre que nous avons juste recolté ce que nous avons semé.
00:06:03 Mais c'est une image forte qui m'a beaucoup touché.
00:06:06 Merci. Wakiye Lafey ?
00:06:08 Moi d'abord je pense que sans le dire tout le monde le pense.
00:06:13 Une pensée pour toutes les victimes de cette crise et toutes les crises qu'on a reconnues dans le pays.
00:06:19 Une pensée pour eux, puis les blessés, les parents et tout le monde.
00:06:24 L'image, 12 ans après, 12 ans après, qui marque une commémoration
00:06:29 avec la présence de presque tous les acteurs dans le pays.
00:06:33 C'est la première fois.
00:06:35 Les acteurs de cette crise de protagonistes qui étaient emprisonnés à l'extérieur,
00:06:41 qui étaient en Isile.
00:06:42 Presque tout le monde est rentré au pays et c'est la première commémoration.
00:06:47 Le premier 11 avril où tout le monde est pratiquement là.
00:06:51 Ça permet de se souvenir que ce 11 avril,
00:06:56 après cette période de deux semaines d'affrontements, de deux combats,
00:07:04 l'assaut au Sud à Bijan,
00:07:06 que ça a été une sorte de soulagement, un soulagement dans l'inquiétude.
00:07:12 Et après, on se posait des questions.
00:07:15 Qu'est-ce qui va se passer désormais ?
00:07:17 Le soulagement au début, lorsque l'on a annoncé l'arrestation du président Laurent Gbabo.
00:07:22 Un soulagement mêlé en même temps d'inquiétude.
00:07:25 Et si tout se passe mal ?
00:07:27 Et s'il y a une gaffe ?
00:07:30 Est-ce qu'il y a une bévue et que ça se passe mal ?
00:07:33 Il n'est pas préservé.
00:07:35 - Si on attend sa vie, vous voulez dire ?
00:07:37 - Oui, bien sûr.
00:07:38 Il y a eu ce soulagement, il y a eu aussi cette peur.
00:07:41 Heureusement que tout s'est plus ou moins bien passé.
00:07:44 12 ans après, il est encore là avec nous,
00:07:47 au et bas, avec ses au et ses bas.
00:07:49 Et ce matin, grâce au souvenir, à la fonction souvenir Facebook,
00:07:55 j'ai retrouvé une réaction sur le champ que j'avais fait il y a 12 ans,
00:08:02 qui me revient tous les ans, tous les 11 avril.
00:08:05 C'était des larmes.
00:08:06 J'ai pleuré ce jour-là.
00:08:08 Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pleuré de voir ces images.
00:08:11 Au-delà du soulagement, il y a eu l'émotion.
00:08:14 Pour moi, c'était quand même le président de la Côte d'Ivoire,
00:08:18 le président sortant, qui était dans une posture
00:08:21 qui n'était pas avantageuse.
00:08:24 Heureusement que 12 ans après, il est dans une posture qui est différente.
00:08:28 Et ça aussi, on peut le dire.
00:08:30 Mais ce jour-là, j'ai pleuré.
00:08:32 Et aujourd'hui, on peut dire que beaucoup de choses se sont passées.
00:08:37 Nous sommes beaucoup en vie.
00:08:39 Nous sommes tous en vie.
00:08:41 D'autres n'ont pas eu cette chance.
00:08:42 Ils sont morts.
00:08:43 Nous aussi, nous avons connu des moments d'inquiétude et d'angoisse
00:08:47 parce que dans la période, on a dû fermer notre journal,
00:08:50 comme beaucoup d'autres journaux.
00:08:52 Moi, je suis resté à Bidjan.
00:08:53 D'autres étaient au Golfe.
00:08:54 Il y en a qui sont allés à Boaké.
00:08:56 Quelques-uns sont allés au Togo, à Lomé, à l'extérieur, en France, ailleurs.
00:09:00 Et nous, nous sommes restés.
00:09:02 Et puis après, il y a eu un autre mouvement.
00:09:04 Donc voici toutes ces choses-là que nous avons vécues.
00:09:07 Douze ans après, on peut dire que Dieu merci, rendons-lui grâce
00:09:12 d'avoir permis aux survivants d'être là encore et de parler du 11 avril 2011.
00:09:18 Et vous, l'ancien débat Kayoko, quelle image est attachée, rattachée à cette crise postélectorale ?
00:09:26 Évidemment, c'est l'arrestation du président Laurent Babaud
00:09:31 parce que cette arrestation représentait, si vous voulez, l'épilogue de la crise militaire qui était en cours.
00:09:41 Mais je dois avouer que j'ai eu très, très peur à l'époque
00:09:45 puisque j'avais pensé que cette guerre aurait été une guerre totale.
00:09:49 C'est vrai, ça a été, on ne va pas dire une guerre furtive,
00:09:52 mais une guerre qui a été circonscrite quand même dans le temps.
00:09:57 Et ça, ça a été une surprise agréable pour moi
00:10:00 puisque j'avais imaginé que cette guerre, on en était parti pour plusieurs années,
00:10:05 et elle a été maîtrisée avec l'arrestation du président Laurent Babaud.
00:10:12 L'autre image que je retiens, c'est le retour du président du Conseil constitutionnel, Yaopo Ndreye,
00:10:20 qui est venu investir le président Alassane Ouattara.
00:10:25 Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup marqué.
00:10:30 Il y a eu aussi la situation de ratissage, on va dire,
00:10:38 dans les communes, les cantiers qui étaient encore hostiles à la tranquillité politique.
00:10:43 Et ça, j'ai été agréablement surpris également que la situation a été vite maîtrisée
00:10:50 parce que ce n'était pas donné à l'avance.
00:10:52 Vu que c'était des zones fortement militarisées,
00:10:56 et le gouvernement qui était en place, même si elle dansait pas encore sur ses deux pieds,
00:11:03 a quand même réussi à canaliser toutes ces forces négatives qui voulaient en découdre.
00:11:12 Ça, c'est des choses qui m'ont marqué.
00:11:14 Et puis, évidemment, l'investiture du président Alassane Ouattara,
00:11:18 qui a mobilisé un parterre de personnalités du monde entier et de l'Afrique,
00:11:23 c'est qu'il doit déjà avoir été venu asseoir toute la légitimité
00:11:27 qui avait été issue des urnes aux élections de 2010.
00:11:32 Ça, c'est des choses qui m'ont fortement marqué.
00:11:34 Même question pour vous, César Etou.
00:11:36 Vous savez, je ne voulais pas lire comme l'élément l'a présenté,
00:11:42 les événements douloureux de la Cour d'Ivoire à partir du 11 avril 2011,
00:11:49 parce que là, c'était un pic.
00:11:51 Mais la descente aux enfers de notre pays a véritablement commencé en 1999,
00:11:59 avec le premier coup d'État.
00:12:01 Personne dans ce pays n'avait pensé que la Cour d'Ivoire connaîtrait un coup d'État.
00:12:08 Ça a été fait.
00:12:09 Deuxième événement douloureux, c'est le déclenchement de la rébellion.
00:12:16 Quel est le problème en Cour d'Ivoire pour qu'en 2002,
00:12:22 après un forum de la réconciliation,
00:12:26 auxquels tous les leaders dont on entend parler aujourd'hui,
00:12:31 soient venus participer.
00:12:34 Je vous rappelle qu'en 2000, au moment où le président Gbagbo prenait le pouvoir,
00:12:39 ses autres adversaires étaient en exil,
00:12:42 le président Bédié, le président Ouattara.
00:12:45 Mais il les a fait venir pour participer au forum national de la réconciliation.
00:12:52 Le gouvernement qui a été formé après ce forum le 5 septembre
00:12:58 était un gouvernement de large ouverture.
00:13:01 Pour nous, ce moment douloureux était en train d'être balayé
00:13:07 quand le 19 septembre, 5 août, moins de deux mois après,
00:13:18 une rébellion se déclenche avec tout ce que vous savez comme des gars.
00:13:24 Un pays coupé en deux.
00:13:28 Des gens qui fuient leur localité pour aller vivre ailleurs.
00:13:36 Plus d'école, plus d'économie.
00:13:42 Moi, je me souviens de tout ça.
00:13:44 Mais le 11 avril, ce qui m'a marqué, c'est quelles sont donc ces Ivoiriens
00:13:53 qui ne peuvent pas régler une contention électorale par le dialogue.
00:14:01 Jusqu'à maintenant, je continue de me poser la question,
00:14:05 mais quelqu'un a bien demandé, en l'occurrence le président Gbagbo,
00:14:10 qu'on réconte les voix et qu'on fasse l'économie de la guerre.
00:14:16 Parce que la guerre, c'est le pic.
00:14:18 On l'a déjà connu avec la rébellion, mais il faut que ça s'arrête.
00:14:22 Pourquoi on n'a pas pu réconter les voix ?
00:14:24 Pourquoi on a choisi de finir notre crise par une guerre aussi dure et atroce ?
00:14:35 C'est ça que moi, je n'arrive pas à oublier.
00:14:37 Mais aujourd'hui, comme la fée l'a dit, nous nous retrouvons, Dieu merci,
00:14:44 avec les trois gants, puisqu'il faut les appeler comme ça,
00:14:48 la politique ivoirienne, certains paraissent fatigués de les voir,
00:14:54 mais il va falloir qu'ils apprennent à faire avec,
00:15:00 parce que ces trois personnalités représentent des courants très forts.
00:15:06 Et c'est le peuple qui, un jour ou l'autre, va pouvoir les départager dans le calme,
00:15:12 à travers des élections apaisées, civilisées et démocratiques,
00:15:18 pour que la Côte d'Ivoire retrouve sérieusement la paix.
00:15:24 – Alors, je rappelle aux téléspectateurs qui nous suivent, visiblement nombreux,
00:15:28 vous pouvez poser vos questions aux invités,
00:15:31 faire vos remarques grâce au code QR qui s'affiche en bas de l'écran.
00:15:35 Revenons donc à cette sortie de crise qui nous intéresse.
00:15:40 Très rapidement, la communauté internationale, les instances régionales, internationales,
00:15:44 ont pris des sanctions, notamment contre le régime de Laurent Gbagbo.
00:15:48 Comment ces décisions ont impacté finalement l'administration et les entreprises ivoiriennes ?
00:15:55 – Alors, avant d'aborder ce sujet, je voudrais dire à César et tout,
00:15:59 qu'il a parlé d'un forum de réconciliation nationale
00:16:05 qui avait été organisé juste après les élections.
00:16:08 Moi, je pense que ce n'était pas un forum que les autres avaient besoin.
00:16:12 Ils avaient besoin d'une élection inclusive en 2020,
00:16:16 une élection à laquelle ils pouvaient aussi participer.
00:16:19 – En 2000.
00:16:20 – En 2000, c'était une élection inclusive que ces leaders politiques avaient besoin,
00:16:25 pas un forum de réconciliation organisé plus tard.
00:16:30 Et par ailleurs, il a parlé de recontrage des voix.
00:16:33 Moi, je pense que ça, ça relève du dilatoire.
00:16:36 Il fallait, puisque les choses étaient claires et nettes,
00:16:39 donc demander à un recontrat de voix relévé purement et simplement du dilatoire.
00:16:45 Maintenant, pour revenir à votre question, après…
00:16:48 – Oui, l'économie.
00:16:49 – Oui, en économie, la Côte d'Ivoire était quasiment à terre.
00:16:53 Tous les leviers économiques étaient en rupture.
00:16:57 L'économie était exsangue.
00:17:00 La croissance, c'était même plus une récession,
00:17:04 nous étions quasiment à -10,
00:17:07 ça dit une récession quasiment à deux chiffres.
00:17:10 Et l'administration était pillée, pour ne pas dire plus,
00:17:14 il n'y avait plus d'administration.
00:17:16 L'appareil judiciaire était massacré, et donc il fallait reconstruire tout cela.
00:17:22 Et même l'outil productif, ça dit, les entreprises n'existaient plus,
00:17:28 elles étaient toutes pillées.
00:17:31 Donc pour ne pas faire long,
00:17:34 en tout cas tous les fondements de l'État étaient quasiment à terre.
00:17:39 Au niveau sécurité, au niveau militaire, au niveau économique…
00:17:42 – On va en parler.
00:17:43 – Ce pays n'existait plus.
00:17:44 – Mais justement, à l'époque, l'armée disposait en 2010
00:17:48 d'un effectif de 60 000 militaires et 12 000 réservistes,
00:17:51 parce que les 15 000 gendarmes étaient dorénavant rattachés au ministère de l'Intérieur.
00:17:55 Wakili, on était face à une armée mexicaine au sortir de la crise,
00:18:01 c'était ça l'armée ivoirienne ?
00:18:03 – Je ne sais pas, armée mexicaine, c'est-à-dire qu'il y avait
00:18:07 beaucoup plus de chefs que d'hommes de troupes et de terrain.
00:18:13 – C'est la chiffre existe.
00:18:14 – Il faut connaître les grades et puis voir qui faisait quoi.
00:18:18 Mais pour la Côte d'Ivoire, effectivement, pour un pays de pain,
00:18:23 pour un pays qui se veut pays de paix, pour ce chiffre de 60 000,
00:18:29 on peut s'interroger sur ce qui s'est passé,
00:18:31 se demander s'il était normal et réaliste.
00:18:36 Révenant à la question des sanctions économiques,
00:18:39 moi je dirais que oui, il y a eu ça,
00:18:42 et ces sanctions-là, on s'est tellement marqué leurs limites,
00:18:45 mais il faut voir aussi ces sanctions, ces mesures,
00:18:48 ces déclarations comme une volonté d'éviter justement
00:18:51 cette crise qu'on peut déplorer.
00:18:53 – C'était dissuasif.
00:18:54 – Oui, c'était dissuasif, une volonté d'éviter cette guerre
00:18:57 et la violence extrême de la guerre et des bombardements.
00:19:01 Malheureusement, ça n'a pas eu l'effet qui était recherché
00:19:05 et ça n'a pas empêché le régime de l'époque de résister,
00:19:11 de tenir, de descendre jusqu'à ce 11 avril fatidique
00:19:16 et peut-être aurait-il pu encore tenir malgré la fermeture des banques,
00:19:20 malgré les mesures de la BCAO, malgré les navis qui ne venaient pas
00:19:25 pour des produits, même peut-être dit-on de première nécessité,
00:19:29 malgré les interdictions de voyage,
00:19:31 malgré les menaces de coups pénales internationales,
00:19:34 rien n'y faisait et tous les jours on s'enfonçait dans des petits conflits,
00:19:39 dans des affrontements entre commandos dits invisibles
00:19:42 ou commandos visibles.
00:19:44 Cette armée républicaine de l'époque avait un commando visible
00:19:48 et un commando invisible et un commando visible
00:19:50 qui avait de lourds moyens, de lourds engins.
00:19:53 Et puis la crise durait et perdurait.
00:19:57 Face à cette crise, peut-être les pays africains,
00:20:00 les pays qui avaient le CFA, le monde des affaires,
00:20:04 le café cacao, le monde international,
00:20:06 ils avaient un certain nombre de contraintes et d'agendas
00:20:09 qui faisaient que peut-être au-delà d'une certaine période,
00:20:12 ça n'était pas tenable pour tout le monde,
00:20:15 de sorte à ce que la Comité internationale,
00:20:18 à travers l'Union européenne et les Nations unies,
00:20:20 ont autorisé plus ou moins le recours à la force
00:20:23 pour arriver à la situation que nous avons connue.
00:20:26 – Donc, allez-y.
00:20:28 – Pardon, pour que les téléspectateurs n'oublient pas ce qui se passe,
00:20:34 Bakayoko dit que la Cour d'Ivoire n'avait pas besoin
00:20:38 d'un forum de réconciliation mais d'élection inclusive.
00:20:43 Mais celui qui a convoqué le forum,
00:20:45 c'est pas lui qui a organisé l'élection de 2000.
00:20:48 Il faut le comprendre.
00:20:50 C'est qui a fait le coup d'État.
00:20:52 – L'accord d'Ivoire, c'est celui qui a organisé
00:20:54 et celui qui a organisé le forum de la réconciliation.
00:20:57 – Quand tu parlais, je te laissais tranquillement.
00:21:00 C'est pas un débat entre nous.
00:21:02 Chacun avance des arguments, l'autre écoute.
00:21:05 Donc tu dois écouter.
00:21:07 Celui qui a organisé les élections de 2000,
00:21:11 c'est pas celui qui a refusé qu'il y ait des élections inclusives.
00:21:15 Au contraire, après avoir gagné ces élections,
00:21:19 il était en train de s'organiser pour que l'échéance présidentielle,
00:21:25 puisque c'est cela qui t'intéresse, suivante, soit inclusive.
00:21:30 Je vous rappelle que c'est sous Laurent Gbagbo
00:21:33 que le FPI a perdu la municipale.
00:21:37 Peut-être que le résultat de la législation de 2001, décembre 2001,
00:21:43 aurait été autrement si le RDR de M. Ouatra avait participé,
00:21:49 avait accepté d'y participer.
00:21:51 Ce n'a pas été le cas.
00:21:53 Mais en 2002, le FPI est parti au pouvoir,
00:21:56 a organisé des élections inclusives, et les a perdues.
00:22:01 C'était la municipale.
00:22:02 Nous sommes journalistes, il faut se souvenir de ça.
00:22:05 Maintenant, pour y revenir à l'état de l'économie ivoirienne en 2011,
00:22:14 Fatim, j'ai dit que c'est d'abord l'économie.
00:22:20 Ce sont ces sanctions que tu évoques,
00:22:24 qui ont démontré le large et sale complot international contre un régime.
00:22:31 Celui de Laurent Gbagbo.
00:22:33 Il y en a tout le temps, en Russie, subit des sanctions actuellement.
00:22:36 C'est comme ça.
00:22:37 Le Mali.
00:22:38 L'Occident.
00:22:39 Beaucoup de pays subissent des sanctions.
00:22:40 L'Occident s'entend toujours pour dégager,
00:22:45 pour mettre en mal les économies des pays qu'il a envie d'anexer.
00:22:51 Ça va être difficile avec le...
00:22:53 Je vous pose la question en toute sincérité.
00:22:55 Finalement, ça fait partie des textes de plusieurs institutions régionales et internationales.
00:23:01 De prendre, dès le départ, des sanctions économiques, aussi politiques.
00:23:05 On a été exclu de la CEDEAO très rapidement,
00:23:08 comme ils l'ont fait pour d'autres pays, quand il y a eu des coups d'État ou d'autres problématiques.
00:23:11 On le voit avec l'Union européenne qui favorise toujours les sanctions économiques.
00:23:16 On le voit actuellement avec la Russie.
00:23:18 On le voit régulièrement.
00:23:20 Qu'est-ce qui vous surprend ?
00:23:21 Surtout que je pense que vous avez observé la vie internationale bien avant moi.
00:23:26 Ce qui me surprend, c'est qu'en Côte d'Ivoire,
00:23:29 deux personnalités qui ont participé à un deuxième tour des élections présidentielles
00:23:34 réclament la victoire, chacune.
00:23:37 Il y en a une qui dit qu'il faut que ce monde entier vienne pour qu'on raconte les voix.
00:23:43 J'insiste.
00:23:44 Si vous racontez qu'ils savaient que cette personnalité a perdu et qu'elle ne veut pas céder...
00:23:51 Le monde entier avait déjà raconté les voix.
00:23:53 Non.
00:23:54 Le monde entier n'a jamais raconté les voix.
00:23:57 Ce n'est pas bon.
00:23:59 Bakayoko, comme tu ne veux pas me laisser, ce n'est pas bon.
00:24:02 Non, ce n'est pas que je ne veux pas te laisser, mais nous ne sommes pas dans une église.
00:24:05 Que le président de la commission électorale aille déclarer les résultats.
00:24:09 C'est fidèle.
00:24:10 Moi, quand tu parles, je t'écoute sans que tu sois mon fidèle.
00:24:13 Il fallait valider les élections.
00:24:15 Messieurs, en fait, je voudrais très sincèrement...
00:24:17 Non.
00:24:18 Je voudrais très sincèrement, et pas par lâcheté, éviter ce débat.
00:24:22 Moi, je ne veux pas refaire le procès ni l'histoire.
00:24:24 Absolument.
00:24:25 Vraiment, je ne suis ni procureur, ni...
00:24:27 Voilà.
00:24:28 Donc, je veux vraiment qu'on ait un débat constructif.
00:24:30 C'est ce que j'ai dit.
00:24:31 Mais j'admets que chacun doit dire sa vérité.
00:24:33 Je ne suis pas là pour occulter la vérité des uns des autres.
00:24:35 Mais s'il vous plaît, restons constructifs et productifs.
00:24:38 Il ne faut pas m'interrompre parce que j'ai fini.
00:24:40 Allez-y.
00:24:41 Voilà.
00:24:42 Je dis, l'économie, si l'économie a été mal en point, c'est du fait des sanctions.
00:24:51 C'est du fait des sanctions arbitraires.
00:24:53 La CEDEAO a violé son propre texte.
00:24:56 L'ABCAO a fait de la politique pour ce qui concerne le cadre de la Cour d'état.
00:25:00 Ce n'est pas un coup d'État.
00:25:01 Je dis, c'est deux personnalités qui se disputent les résultats électoraux.
00:25:06 Il fallait les départager de façon pacifique.
00:25:09 Et cela n'allait pas arriver.
00:25:11 Mais tout le monde a préféré ça.
00:25:13 Aujourd'hui, s'il n'y avait pas eu la décision de la Cour pénale internationale,
00:25:18 beaucoup de gens, beaucoup d'ivoiriens, beaucoup d'Africains,
00:25:22 beaucoup de panafricanistes seraient encore dans le flou.
00:25:27 Tout cela, tout ce qui a été fait, c'était pour rien.
00:25:31 Voilà ce qu'il faut retenir.
00:25:32 Vous voulez réagir avec l'État?
00:25:34 Je ne sais pas si on peut éviter peut-être la tentation de refaire l'histoire,
00:25:40 de restituer les responsabilités.
00:25:42 Parce que si on s'y met, comme vous voyez la tournure que le débat prend entre nos deux amis,
00:25:47 ça pourrait être ainsi avec chacun de nous.
00:25:51 Il faut peut-être faire l'effort de ne pas trop y revenir.
00:25:55 Ce que je veux noter, c'est que dans tous les cas,
00:25:58 ces sanctions qui seraient le signe d'un complot de l'Occident,
00:26:01 comme je l'ai dit tout à l'heure,
00:26:03 elles n'ont pas abouti aux résultats escomptés.
00:26:06 Parce que les sanctions n'ont pas annihilé la détermination de Laurent Mbabwe de son camp à résister.
00:26:13 Et n'eût été l'usage d'autres moyens, ces sanctions ne seraient jamais parvenues à bout,
00:26:19 assurément de Laurent Mbabwe qui aurait pu encore longtemps rester au pouvoir.
00:26:26 Donc ces sanctions signent de complot, peut-être,
00:26:30 mais on a bien vu que ces sanctions ne sont pas venues à bout du régime Mbabwe pendant quatre mois.
00:26:35 Maintenant de deux, je ne voudrais pas qu'on reprenne le concept de la crise.
00:26:41 César insiste beaucoup sur la notion de récompte.
00:26:45 Mais lorsque l'on dit qu'on a gagné une élection,
00:26:50 que le Conseil constitutionnel a tranché,
00:26:53 que la décision du Conseil constitutionnel n'est pas susceptible de recours,
00:26:57 pourquoi alors l'argument du récomptage doit être brandi ?
00:27:03 À quoi devrait servir le récomptage
00:27:06 lorsque l'instant d'avant, on a dit que la décision rendue est définitive,
00:27:13 elle est irrévocable et que même Dieu ne peut pas la changer ?
00:27:17 On va récompter pourquoi ? Je veux savoir.
00:27:21 Tu ne veux pas qu'on réforme ? Non !
00:27:23 Même si on a récompté, est-ce qu'on va éviter la guerre parce que la décision rendue est prétendument irrévocable ?
00:27:30 On ne peut pas la changer, elle est irrévocable.
00:27:33 Qu'on fasse quoi ? Qu'on récompte ou pas, elle serait irrévocable.
00:27:37 Alors à quoi servirait le récomptage ?
00:27:39 Puisqu'on nous dit matin, midi et soir que la décision rendue par le président Paul Yahondre est irrévocable,
00:27:48 elle est définitive.
00:27:50 On peut même dire que même si Dieu descend, il ne peut pas la changer.
00:27:54 Elle est définitive. On récompte pourquoi ?
00:27:58 Qu'on nous le dise aujourd'hui, ce n'est pas lui qui a proposé mais il insiste tant qu'on voudrait bien demander
00:28:05 à quoi aurait servi de récompter pour quelque chose qu'on ne peut pas changer en réalité.
00:28:11 Au moins d'éviter la guerre.
00:28:12 Au surplus, ça n'évite rien parce que quand on va finir de compter,
00:28:15 Paul Yahondre a déjà dit "bon, vous avez compté, ça ne sert à rien".
00:28:20 Yahondre a dit "le président Mbaba a gagné, ça ne sert à rien, vous avez perdu vos temps pour récompter".
00:28:25 Parce que c'est ce qui s'est passé finalement en réalité.
00:28:28 Je ne sais pas, l'évaluation de la crise par l'Union africaine,
00:28:34 quand on va à Nouakchott, quand on va à Dissa Biba, quand on se balade,
00:28:38 quand les chefs d'État viennent, ils vont au Golfe, ils vont au Palais, ils rencontrent toutes les parties.
00:28:42 Et puis un matin, on dit "après avoir fait tout ce tout là, après avoir fait l'évaluation",
00:28:49 parce que dans le mot "récompter" il y avait l'évaluation.
00:28:52 Il y avait l'évaluation, il y avait regarder le processus, s'assurer qu'il a été transparent,
00:28:59 s'assurer qu'il a respecté tous les critères, s'assurer qu'il n'y a pas eu de frauds susceptibles
00:29:04 de manipuler les résultats et d'entacher la sincérité du scrutin.
00:29:09 Lorsque tout cela a été fait durant trois mois, et que des résolutions étaient arrêtées,
00:29:14 et que les protagonistes se sont engagés à accepter ces résolutions qui étaient contraignantes,
00:29:21 dès le départ cela a été dit, et qu'à la fin, une partie ne l'accepte pas, il y a problème.
00:29:28 Parce que le récomptage, c'était un mot d'un ensemble de propositions faites en décembre, en début de crise.
00:29:37 Déjà.
00:29:38 Récompter, c'est un mot d'un ensemble de propositions appellant à une évaluation du processus.
00:29:45 Le président Laurent Gbagbo n'a pas dit uniquement de récompter, il a dit d'évaluer le processus.
00:29:51 Et cette évaluation a été faite dans les règles de l'art.
00:29:54 Ça aussi il faut le dire.
00:29:56 Comment tu le sais ?
00:29:57 C'est l'Union africaine qui l'a fait.
00:29:59 Je vais sortir de ça avec M.…
00:30:01 C'est pour ça que je dis qu'évitons, on va refaire le débat, on peut positiver, avancer avec d'autres aspects,
00:30:08 parce que si on veut répandre la crise, on ne s'en sortira pas.
00:30:12 J'ajoute que Laurent Gbagbo avait dit de former un gouvernement.
00:30:15 Alors qu'on demande de récompter, lui il forme un gouvernement alors que le conflit n'est pas encore élagé.
00:30:20 Le conflit n'est pas élagé, et lui il forme un gouvernement.
00:30:23 Pourquoi ?
00:30:24 M. Diop, vous voulez que je vous mette devant un fait accompli ?
00:30:26 Ça a été fait en Haïti, le récomptage a eu lieu.
00:30:28 On va nous prendre de la hauteur s'il vous plaît, M. Diop.
00:30:30 Le problème en Côte d'Ivoire, c'est que quand on va prendre le temps de se parler,
00:30:37 c'est-à-dire d'abord de s'écouter, je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'on pourra régler.
00:30:43 Mais on ne s'écoute pas. Chacun parle, c'est un monologue.
00:30:47 Et les monologues se juxtaposent, mais des monologues juxtaposés ça ne donne pas un dialogue.
00:30:53 Ce que je retiens de tout ce qui s'est passé, depuis 1995, Bédié arrive au pouvoir à la mort du président Oufouette.
00:31:03 En 1993.
00:31:04 En 1995, on a la première élection.
00:31:06 Déjà le problème électoral se pose, puisqu'il y a un boycott actif.
00:31:13 Et puisque le président Bédié, je crois, va aux élections avec Francis Boudy à l'époque.
00:31:17 En 2000, le même problème électoral.
00:31:20 En 2010, problème électoral.
00:31:23 Donc je retiens de l'histoire récente de la Côte d'Ivoire.
00:31:26 En 2020 aussi.
00:31:27 En 2020, donc il faut faire attention à la question de l'élection.
00:31:32 Ça c'est un premier défi pour nous.
00:31:35 Deuxième chose, je retiens de tout ce temps-là, que malgré tout la Côte d'Ivoire c'est quand même un pays solide.
00:31:43 Et moi c'est ce qui fait ma fierté.
00:31:45 Dans toute cette grisaille, durant tout ce temps de la guerre, on n'a pas été privés d'eau, on n'a pas été privés d'électricité.
00:31:54 Et à la limite, on mangeait comme s'il n'y avait pas de guerre.
00:31:57 À la limite.
00:31:59 Donc on se demandait, sauf quand on voyait des gens circuler en armes, on se demandait si on était en guerre pour un pays coupé en deux.
00:32:06 Je retiens que c'est un pays solide.
00:32:08 Troisième chose, quand on est en guerre, l'économie est forcément déstructurée.
00:32:13 Rien ne peut marcher, vous l'avez dit dans votre argumentaire tout à l'heure.
00:32:18 Il n'y a pas d'école, parce que c'est une économie de guerre.
00:32:22 Parce qu'on se prépare pour faire la guerre.
00:32:25 Et dernière chose, j'ai compris que la Côte d'Ivoire est un pays spécial et particulier dans le dispositif qui a été nommé tout à l'heure,
00:32:37 qui est le dispositif qu'on appelle Occident ou Occidental.
00:32:42 Ça veut dire que celui qui veut diriger la Côte d'Ivoire, gouverner ce pays, doit prendre en compte le fait que la Côte d'Ivoire est un pays important dans ce dispositif.
00:32:55 Quoi stratégique ?
00:32:57 Très stratégique. Si vous ne l'avez pas compris, tant pis pour vous.
00:33:02 Allez, je vais prendre quand même quelques questions de téléspectateurs.
00:33:05 Ma question la suivante, c'est Jojo 16 de Côte d'Ivoire qui nous dit
00:33:11 « Est-ce que nos politiciens ont pris conscience de ce qui s'est passé en 2011 ? »
00:33:16 Qui veut réagir. Est-ce que vous pensez, avec le recul, qu'ils en ont pleinement conscience de ce qui s'est passé ?
00:33:21 Ça me paraît évident, mais qui veut répondre ?
00:33:24 Est-ce que nous avons fait notre mea culpa déjà ?
00:33:28 Quand on dit mea culpa, c'est-à-dire c'est ma faute.
00:33:31 Est-ce que chacun de nous, moi je ne parle pas seulement des politiciens, il y a les hommes politiques, mais il y a aussi les intellectuels qui ont joué leur participe ?
00:33:39 Mais ils étaient où justement ?
00:33:40 Ils étaient là. Ils ont pris position. On a été tous clivants.
00:33:45 Chacun a choisi son camp. Chacun.
00:33:48 Avant ça, ils pensaient de clan, de ghetto, de camp.
00:33:52 Mais qu'est-ce que ça vaut pour la stabilité d'un pays quand toute l'intelligentsia se ghettoïse de cette façon ?
00:33:58 Voilà où nous en sommes. Est-ce qu'aujourd'hui, nous avons eu le temps d'évaluer et nous avons eu le temps de comprendre que le plus important, c'est la Côte d'Ivoire ?
00:34:05 Est-ce qu'on a tiré, au cirice, est-ce qu'on a tiré toutes les leçons de cette douze heureuse crise, étant donné que chacun se dit victime et l'autre bourreau ?
00:34:14 On n'a pas tiré toutes les leçons, parce que ça se résonne dans les débats.
00:34:18 Moi, je constate, je l'ai souvent dit dans les débats, il n'y a pas de contrition.
00:34:23 Il n'y a pas de contrition. Il a dit tout à l'heure le mot, mais il n'y en a pas.
00:34:28 Chacun a cru avoir été victime. Chacun croit qu'il a subi un tort.
00:34:33 Et jusqu'à ce jour aussi, il y a des interrogations qui demeurent avec ce qu'il a dit, ce que la CPI a dit.
00:34:40 La CPI aussi, il faut peut-être situer les choses dans leur contexte. On ne va pas refaire les trucs.
00:34:47 Mais on dit, par exemple, à la CPI, le président Mbambo a été accusé d'un plan commun.
00:34:54 C'est-à-dire qu'on dit ce qui s'est passé là, les 3000 morts, ça a été prémédité, il y a eu un plan commun, ça a été orchestré.
00:35:01 Ça n'a pas pu être démontré. Mais le fait est là que quelque chose s'est passé.
00:35:07 Qu'est-ce qui s'est passé ? Lui-même, aujourd'hui, il revient, parce que ce qu'on disait qu'il avait fait là, il n'avait pas fait et dit qu'il était serein.
00:35:13 Mais en même temps, il pose la question, il faut qu'on sache qu'est-ce qui s'est passé, comment ça s'est passé.
00:35:19 Il n'y a pas eu de préméditation, assurément. C'est-à-dire que, lorsque on lui donne les résultats, il ne dit pas, je reste au pouvoir,
00:35:27 quoi qu'il arrive, 3000 morts, 10 000 morts, ce n'est pas prémédité. Il n'y a pas eu un plan de préparation avant même l'élection.
00:35:35 Il n'y a pas eu de ciblage, contrairement aux allégations qui ont pu être faites.
00:35:40 Mais d'autres types de responsabilités existent, puisque lui-même, il assume.
00:35:44 Je suis le patron, j'ai donné des ordres, moi, je suis libre. Ceux qui ont agi sous mon ordre, sous mon commandement,
00:35:50 ils ne devraient pas être en prison alors que moi, je suis libre. Il assume sa part de responsabilité.
00:35:55 Mais en quoi peut consister, justement, cette part de responsabilité ? Voilà le débat.
00:36:00 Moi, je pense que, franchement, on peut faire le débat pour savoir si les leçons ont été tirées.
00:36:05 Mais j'avoue que quand on entend une volonté de match-retour, de revanche de part et d'autre,
00:36:11 on se demande si les gens sont conscients des enjeux et de ce qui s'est passé vraiment.
00:36:16 – Alors c'est pour ça que je veux qu'on aille à la seconde partie, après le mot de César et tout,
00:36:20 parce que vraiment, la dernière question qu'on va se poser, c'est comment préserver cette stabilité politique.
00:36:25 Donc encore une fois, je ne veux pas qu'on refasse l'histoire, s'il vous plaît.
00:36:29 – Oui, non, non, c'est… – Je vous laisse intervenir et on passe à la suite.
00:36:32 – Quand on est journaliste et sur un plateau d'émissions écoutée par toute la population,
00:36:37 il faut resituer les faits, dans l'intégralité.
00:36:43 C'est pas ça. Il faut constater que, de temps en temps, nos hommes politiques,
00:36:49 moi je parle des décideurs, de ceux qui décident,
00:36:52 donnent l'impression qu'ils ont envie de tirer les leçons mais ils ne vont pas jusqu'au bout.
00:36:57 N'oubliez pas qu'il y a eu quand même ce qu'on appelle, depuis la crise, depuis la guerre,
00:37:02 le dialogue politique interivoirien, jusqu'à cinq phases.
00:37:08 Mais, quand on prend une décision, après un dialogue, un tel dialogue,
00:37:14 est-ce que ces décisions-là sont appliquées ? C'est ça qui est le problème.
00:37:18 On attend toujours qu'il y ait un drame, un autre pic dans une crise,
00:37:24 pour qu'on rappelle les mêmes acteurs pour se réunir et montrer qu'on veut avancer.
00:37:34 Il va falloir que nos décideurs...
00:37:38 – C'est pour vous, c'est un rassemblement de façades ?
00:37:44 Une volonté politique de façades ? C'est pas sincère ?
00:37:48 – Les façades sont toujours guidées par une crise, c'est toujours provoqué par une crise grave.
00:37:55 Bon, maintenant, il n'y a pas de crise.
00:37:59 Il y a eu la cinquième phase du dialogue politique.
00:38:03 Où est-ce qu'on en est avec les recommandations ? Est-ce qu'on se pose ces questions ?
00:38:07 – On va en parler justement. Comment notre pays a dépassé tout ça ?
00:38:14 Ce sont les explications du sociologue Dr Lil Nikes Nelbain au micro de Lionel Yomini.
00:38:21 – Si nous partons sur le plan politique, nous pouvons dire déjà que
00:38:28 le principal leader de l'opposition était quasiment dehors.
00:38:34 Donc ce qui, dans un premier temps, a pu peut-être désamorcer les choses.
00:38:38 La justice n'a pas tout de suite attaqué ses vies.
00:38:43 Et donc ça a dû être aussi un élément important.
00:38:47 Il y a surtout, je pense, la dépolitisation du pays.
00:38:52 Au sens d'avoir accordé une grande importance aux grands travaux, aux grandes infrastructures.
00:38:59 Où il a fallu quasiment tout reconstruire.
00:39:02 Donc l'accent a été mis sur les routes, les ponts, l'électrification, les grandes infrastructures.
00:39:09 Donc l'économie a beaucoup pris le pas sur la politique.
00:39:12 Un autre élément aussi, je pense, qui a dû jouer,
00:39:16 ça a été aussi l'obsession de reconstruire toute l'administration.
00:39:19 Puisque l'administration était quasiment décimée dans les zones CNO,
00:39:24 la volonté politique n'a pas forcé de reconstruire l'administration.
00:39:28 Je pense qu'il y a été un élément aussi de décrispation.
00:39:32 Il y a eu aussi également la puissance à reconstruire l'armée,
00:39:39 l'élément sécurité, c'est-à-dire la réunification pratiquement de tous les combattants au conflit.
00:39:48 Revoir les FDS qui revenaient dans la République, dans le Nouvelle-Deux-Républiques.
00:39:53 De voir aussi les autres combattants qui ont pu réintégrer dans l'armée.
00:39:59 Et aussi tous les éléments de réinsertion des ex-combattants.
00:40:03 Ça aussi, ça a dû être un élément favorable.
00:40:06 Et si on doit continuer, sur le plan psychologique, c'était la lassitude.
00:40:13 Les gens étaient fatigués, franchement fatigués de la guerre.
00:40:16 Et comme les leaders n'étaient pas là, les référents n'étaient pas là,
00:40:19 chacun a tenté de se reconstruire psychologiquement.
00:40:24 Parce que c'est vrai qu'il y a eu la CDVR, la Commission de Vérité et Réconciliation,
00:40:30 qui a fait aussi ses travaux, dont on peut parler aussi.
00:40:33 Mais comme tout le monde n'a pas été directement impacté,
00:40:37 peut-être pas positivement du point de vue des populations,
00:40:42 donc chacun a essayé de refaire son deuil sur son passé par rapport à ce que nous avons perdu.
00:40:49 Qui n'a pas forcément été reconnu ou reconnu, mais pas dédommagé.
00:40:54 Donc la lassitude, les gens étaient fatigués de la guerre.
00:40:57 Tout le monde a aspiré aussi à la paix.
00:40:59 La paix a dû être un élément aussi qui a décrispé l'atmosphère.
00:41:03 Et puis sociologiquement parlant aussi, les gens ont vu que c'était le même peuple.
00:41:08 On se connaissait tous, on s'était laissé emporter par des élans politiciens.
00:41:14 Il fallait revenir aux fondamentaux, qui étaient qu'on était le même peuple.
00:41:20 Après tout, peut-être que la réconciliation des politiciens et des politiques n'allait pas se faire tout de suite,
00:41:27 mais que nous on avait intérêt à tourner la page.
00:41:30 Alors messieurs, vous le disiez, on l'a rappelé, on va revenir sur tous les points cités par le Dr Lilly Ndikes Ndebba.
00:41:39 Notre pays avait perdu son statut de première puissance régionale francophone.
00:41:43 L'a-t-on retrouvé et comment le président Ouattara a procédé ?
00:41:47 En tout cas, si on ne l'a pas retrouvé, on a su la bonne ligne de retrouver cette place.
00:41:54 Le président Alassane Ouattara, dès qu'il est arrivé dans une politique volontariste, a mis en place des plans quinquennaux.
00:42:02 Vous avez vu que le premier plan quinquennal a commencé en 2012-2016 qui était de 11 000 milliards.
00:42:09 Le deuxième plan en 2016 qui était de 30 000 milliards et aujourd'hui nous sommes dans le troisième plan qui est à peu près de 59 000 milliards.
00:42:16 Alors tous ces plans quinquennaux ont permis quand même de relancer la machine productive au niveau de la Côte d'Ivoire.
00:42:24 Et beaucoup d'autres plans, notamment au niveau agricole, des plans sectoriels ont été mis en place, notamment au niveau agricole.
00:42:31 La Côte d'Ivoire c'est un pays agricole, il faut le savoir.
00:42:33 Donc il y a eu le plan national d'investissement agricole qui a permis quand même de mobiliser d'importantes ressources
00:42:40 et de les orienter dans des secteurs aussi porteurs comme les cultures de rente, les cultures même vivrières.
00:42:49 Et ils ont fait aussi de la planification.
00:42:51 Mais ce n'est pas tout. Il y a eu d'autres investissements au niveau des travaux publics, c'est-à-dire au niveau des infrastructures.
00:42:59 Tout le monde a vu que le pays a été minutieusement quadrillé avec des routes, des autoroutes, des ponts, des chaussées qui jusque là continuent.
00:43:09 Certains ont dit que la route n'est pas importante.
00:43:12 Mais en réalité, la route permet d'ouvrir les voies aux autres projets.
00:43:19 Je prends juste un exemple.
00:43:21 Si César Eto'o qui est de Languibonu mettait 8 heures pour arriver dans son village, maintenant il peut en mettre 4.
00:43:29 Ça fait un gain de temps.
00:43:31 Alors si quelqu'un, pour faire sortir ses produits vivriers...
00:43:36 Merci d'indiquer mon village.
00:43:37 ... ne pouvait pas le faire, maintenant il a la possibilité de faire sortir son produit.
00:43:45 Et si c'est un produit périssable, ça lui permet d'avoir de plus de value.
00:43:49 Et donc nous avons eu aussi des programmes de logements sociaux.
00:43:52 C'est vrai, ces programmes de logements sociaux n'ont pas été menés de façon optimale.
00:43:55 Mais on a vu une volonté politique qui a été vraiment prononcée.
00:44:00 On a vu le secteur privé aussi.
00:44:02 Ça a permis de relancer la machine.
00:44:06 Le gouvernement a, on va dire comme ça, fait des allocations à un certain nombre d'entreprises privées
00:44:12 qui ont permis aujourd'hui de mettre en place tous les outils de production,
00:44:15 les rendre beaucoup plus solides.
00:44:18 Donc je veux dire, en tout cas, il y a eu beaucoup de mesures qui ont été prises.
00:44:22 Il y a beaucoup qui reste à faire.
00:44:24 Mais la Côte d'Ivoire est comme un train qui a décollé et qui aujourd'hui est sur le bon rail.
00:44:31 César Etou, vous confirmez, c'est un billet économique.
00:44:35 Vous avez visualisé un changement, un nouveau visage en termes d'infrastructure du pays depuis dix ans.
00:44:41 Oui, on voit des ponts, on voit des routes.
00:44:47 Pour parler comme les artistes, on voit même de la lumière dans le goudron.
00:44:52 Donc il y a du travail qui est fait.
00:44:57 Mais cela s'explique.
00:44:59 Madame, le régime qui a été renversé a travaillé, a obtenu le point d'achèvement
00:45:10 de ce qu'on appelle le PPPTE.
00:45:13 Je ne suis pas économiste, ils savent mieux que moi.
00:45:16 Le président Ouattara a dit, pendant la campagne électorale de 2010,
00:45:24 que le fait d'avoir obtenu le PPPTE donnait un gain de 500 milliards chaque année à la Côte d'Ivoire.
00:45:35 Donc le régime Bagbo...
00:45:37 Vous nous dites que c'est, encore une fois, c'est le prolongement, c'est grâce au président Bagbo...
00:45:43 Il a travaillé pour ça.
00:45:45 Ça c'est vrai, ce n'est pas vrai.
00:45:48 Le président Bagbo a eu la parole.
00:45:50 Mais le Cameroun est dans l'état qu'il est.
00:45:52 Le Cameroun a eu la parole.
00:45:54 Non mais quand même...
00:45:56 Non, manifestement, il y a eu une vraie politique qui a été menée.
00:45:59 Si tu lui prends la parole...
00:46:01 Quand tu n'as pas fini, tu ne peux pas la abandonner.
00:46:04 Attendez, Wagili elle a fait...
00:46:06 Non, non, je n'ai pas fini.
00:46:08 Je n'ai pas fini.
00:46:10 Si tu veux, j'ai fini et puis je ne parle plus.
00:46:12 Non, non, sinon vous ne serez pas sur ce plateau.
00:46:14 Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas que l'embellie soit l'arbre qui cache la misère.
00:46:21 Écoutez, vous savez, au plan de la gouvernance, c'est la catastrophe.
00:46:28 La Côte d'Ivoire cumule aujourd'hui au plan économique à une dette extérieure de 24 000 milliards.
00:46:38 Qu'a-t-on fait avec tout cet argent ?
00:46:43 En Côte d'Ivoire, nous assistons à des détournements de sommes colossales.
00:46:48 Il n'y en avait pas sous le régime Babou ? Il n'y avait pas de détournement ?
00:46:51 Vous pouvez le prouver ?
00:46:52 Écoutez, vous savez, moi, quand le président Ouattara s'est installé,
00:46:56 s'il avait vu des détournements, il aurait fait des procès.
00:47:01 Il n'y en a pas.
00:47:02 Le président qui est là, le président Laurent Babou, qui est revenu, a été déclaré indigent.
00:47:08 Il n'y a pas eu de détournement sur lui.
00:47:10 C'était des fantasmes. On n'en a pas eu.
00:47:13 Je continue. Au plan social, tout coucher, Fatim.
00:47:19 Et ce n'est pas moi qui l'ai dit.
00:47:20 Mais est-ce que la cherté de la vie qui est visible dans tous les pays du monde
00:47:24 y a eu égard aux crises successives sanitaires ?
00:47:28 Est-ce que la cherté de la vie n'est pas structurellement imputable au gouvernement ?
00:47:32 Mais pourquoi vous voulez que la Côte d'Ivoire ait copié ce qui n'est pas bon ?
00:47:36 La dette n'est pas une mauvaise chose.
00:47:38 C'est inutile qu'elle soit une mauvaise chose.
00:47:40 Mais la dette qu'il y a prise aujourd'hui, elle est utilisée de façon efficiente.
00:47:44 Alors, quand vous en détenez la Côte d'Ivoire, vous en détenez la Côte d'Ivoire pour des générations à l'infini.
00:47:48 Oui, mais cette dette est utilisée de façon efficiente. C'est une dette productive.
00:47:49 Ce n'est pas une dette dormante dans les dépenses somptuaires.
00:47:52 C'est une dette qui permet de financer le développement.
00:47:54 Donc, c'est une dette productive.
00:47:56 On ne peut pas s'en plaindre. Ça, vous le savez.
00:47:58 Mais on ne sent pas les effets, frère.
00:48:00 On ne sent pas les effets.
00:48:02 Ça, au moins, tu le sais.
00:48:04 Non, je ne le sais pas.
00:48:05 Alors, poursuivons, poursuivons.
00:48:07 Laissons l'aspect économique, mais...
00:48:09 Bon, on entend dire par tous les spécialistes de la question...
00:48:12 Et c'est la question que j'allais vous poser.
00:48:14 Je ne voulais pas ramener ce débat à un homme.
00:48:17 Mais, mine de rien, est-ce que l'accent économique dans le redressement national
00:48:21 tient avant tout à la personnalité et peut-être à la carrière du chef de l'État ?
00:48:24 Ce profil économiste, est-ce que ça a joué ?
00:48:28 Puisque chaque personnalité a sa vision.
00:48:30 Est-ce que vous pensez que ça a été déterminant, dans ce choix,
00:48:33 de mettre en avant surtout l'économie,
00:48:36 ou on n'avait pas le choix ?
00:48:38 C'était la priorité absolue.
00:48:40 Naturellement.
00:48:41 Regardez le profil du président Alassane Ouattara.
00:48:44 C'est le profil de l'économiste.
00:48:46 C'est le profil de celui qui a contribué à faire en sorte
00:48:49 que beaucoup de pays se relèvent de leurs situations difficiles.
00:48:52 Il a fait le FMI, il a fait la Banque mondiale.
00:48:54 Donc, quand on lit son CV, on voit déjà que c'est son profil.
00:48:58 Mais c'est la Côte d'Ivoire.
00:49:00 On est à ce niveau.
00:49:01 Ça aussi, il faut pouvoir le reconnaître.
00:49:05 On peut ne pas...
00:49:07 On ne va pas dire aimer en politique, on n'aime pas particulièrement.
00:49:10 On peut ne pas estimer quelqu'un, apprécier.
00:49:13 Mais quand il travaille, il faut regarder le travail
00:49:17 et voir s'il fait bien ou s'il fait mal.
00:49:20 Le leadership du président Alassane Ouattara a joué pour beaucoup.
00:49:24 Son leadership a joué pour beaucoup.
00:49:29 Deuxièmement, il a compris tout de suite qu'il ne pouvait rien faire
00:49:33 s'il ne réglait pas la question de la sécurité.
00:49:38 Gérer un État, c'est d'abord faire en sorte que cet État soit en sécurité.
00:49:43 La sécurité, c'est d'abord à l'interne et puis à l'externe,
00:49:47 c'est-à-dire éviter des agressions extérieures.
00:49:50 C'est pour ça que vous avez parlé de sécurité et de défense.
00:49:53 Une fois que vous sécurisez votre territoire,
00:49:55 à l'intérieur de votre territoire, vous pouvez faire les réformes que vous voulez.
00:50:00 César Etout l'a dit.
00:50:02 Le problème de Laurent Gbabo, c'est qu'il n'arrive même pas à décoller
00:50:07 puisque dès qu'il prend le pouvoir, la question de la sécurité se pose déjà à lui.
00:50:11 Mais si l'État est dans l'instabilité et dans l'insécurité,
00:50:14 on ne peut pas tellement vous juger de façon efficace sur les politiques que vous mettez en place,
00:50:19 sauf si vous décidez de couper le pays en deux,
00:50:21 ne plus vous occuper d'une partie et travailler sur l'autre.
00:50:24 Parce que quand vous prêtez serment en tant que chef d'État,
00:50:27 le serment que vous prêtez, c'est de dire que je juge,
00:50:29 de faire en sorte que l'État reste un du point de vue de son intégrité.
00:50:34 Une fois que l'intégrité de l'État est touchée, tout est déstructuré.
00:50:39 Donc je pense que le leadership du président Assam Ouattara
00:50:42 a permis à ce pays d'arriver au niveau où il est.
00:50:46 Ça ne veut pas dire que tout est parfait.
00:50:48 Ça veut dire qu'il y a des choses qu'il faut encore faire.
00:50:51 Et si c'était l'opposition qui est devenue républicaine,
00:51:01 qui n'est plus dans la belligérance,
00:51:04 et qui laisse l'opposition qui n'est pas républicaine s'y résigner.
00:51:08 Elle s'est résignée.
00:51:10 C'est une façon d'apprécier les choses.
00:51:13 Je veux entendre ce qu'Akili a fait, s'il vous plaît.
00:51:18 Et poser les questions des téléspectateurs.
00:51:20 C'est sur ces ressorts-là que le président Ouattara capitalise,
00:51:25 à travers une vision.
00:51:27 Vous avez vu, il a parlé des plans nationals de développement,
00:51:30 des plans PND, des plans nationaux de développement.
00:51:33 Mais au-delà, il y a eu des concepts dont les gens ont ri.
00:51:36 Il y a eu Adosolutions, il y a eu l'émergence, 2020.
00:51:39 Aujourd'hui, à Côte d'Ivoire, vision 2030.
00:51:42 C'est basé sur quelque chose.
00:51:44 Et le président Alassane Ouattara a compris très tôt, en 2011,
00:51:49 que s'il ne donne pas un plus, une valeur ajoutée,
00:51:53 lorsqu'il prend le pouvoir, créer des richesses,
00:51:56 créer la croissance, ce sera vain.
00:52:00 Des vieux démons peuvent revenir.
00:52:02 Et donc, il a créé un contexte pour mettre tout le monde au travail,
00:52:06 pour créer de la richesse.
00:52:08 Et on a vu un moment où on disait que l'argent ne circule pas, il travaille.
00:52:12 Parce que peut-être pendant trop longtemps, l'argent a circulé, il n'y a rien fait.
00:52:16 L'argent a travaillé, en circulant, sans doute.
00:52:21 Et il y a du concret aujourd'hui.
00:52:23 Il y a des ponts, il y a du bâti, il y a l'augmentation des capacités en énergie.
00:52:28 Il y a des grands projets qui se font.
00:52:31 Sur l'instant, on ne sent pas l'impact.
00:52:34 Peut-être sur l'instant, les châteaux d'eau, l'électricité,
00:52:37 on ne voit pas, ce n'est pas mesurable.
00:52:39 Mais dans la durée, lorsque l'on se souvient que ce pays
00:52:43 repose peut-être pour encore 60%
00:52:47 sur ce que le président Fouboye a fait.
00:52:49 Voyez-vous, depuis 1960 ou avant,
00:52:53 ce pays repose dans bien de domaines.
00:52:56 Prenons simplement l'aéroport d'Abidjan, qui s'est agrandi.
00:52:59 Mais c'est le seul aéroport international qu'on a.
00:53:02 Il a été construit depuis avant et sous le président Fouboye.
00:53:05 Le seul grand port, le second, Abidjan et Saint-Pédro-Saint-Saëns,
00:53:09 sous le président Fouboye.
00:53:11 On attend nos nouveaux stades.
00:53:13 Bientôt, on aura la Cannes.
00:53:15 On a désormais six stades.
00:53:16 On a des choses qui arrivent.
00:53:18 Mais les acquis de ce pays, c'est le président Fouboye.
00:53:20 Et après, quand on regarde le parcours,
00:53:23 ça fait souvent mal à certaines personnes du PSDI
00:53:27 qui disent que c'est une irrespect pour le président Fouboye.
00:53:31 Mais quand on regarde en termes de chiffres,
00:53:34 après le président Fouboye, il y a eu un passage à vide.
00:53:38 Et le président Ouattara est celui qui réalise des performances
00:53:42 qui, souvent en termes de chiffres, dépassent même ce que le président Fouboye a fait.
00:53:46 Quand on dit cela, quand des partisans du président,
00:53:49 la République dit cela, ça fait à certaines personnes.
00:53:51 Mais c'est la réalité.
00:53:53 Tout en reconnaissant que beaucoup des acquis de la Côte d'Ivoire
00:53:56 datent du président Fouboye.
00:53:58 Et c'était une bonne base pour l'après-11 octobre.
00:54:01 L'un des acquis était la réputation de notre pays.
00:54:04 On a l'impression que, excusez-moi, sur la scène internationale,
00:54:07 on a été discrédité, humilié.
00:54:09 Vous parliez de l'arrestation à titre personnel,
00:54:12 mais déjà la symbolique d'un ancien président ivoirien.
00:54:15 La présidence elle-même bombardée.
00:54:17 On était... Personne n'a notre gratta.
00:54:20 – Vous ne voulez pas de polémiques.
00:54:22 – Non, non, je ne veux pas de polémiques.
00:54:24 Mais c'est pour dire que, non, comment on a retrouvé cette stature sur la scène internationale ?
00:54:27 On accueille, on abrite des événements internationaux.
00:54:30 On est cité en exemple à bien des reprises là aussi.
00:54:34 Comment on est passé d'un opposé à l'autre ?
00:54:38 – C'est pour ça que je disais à Professeur Dion
00:54:41 qu'il faut certainement saluer le patriotisme des opposants.
00:54:46 – La résignation des opposants.
00:54:49 – Il faut bien que tu écoutes.
00:54:52 Vous savez, dans un pays, dans une nation,
00:54:55 c'est l'opposition, en tout cas en Afrique,
00:54:58 l'opposition qui imprime la paix dans le pays.
00:55:04 Si vous êtes une opposition belligérante
00:55:07 qui cherchait des armes pour résoudre vos problèmes,
00:55:11 une opposition n'est pas belligérante actuellement ?
00:55:13 – Non, pas du tout.
00:55:14 – Tu le penses vraiment ?
00:55:15 – Mais pas du tout.
00:55:16 – Non, attendez, je vais départir.
00:55:18 – Il n'y a pas d'opposition.
00:55:20 – Mais une opposition ne peut pas être responsable face à un régime irresponsable.
00:55:24 – Comment ?
00:55:25 – Est-ce qu'une opposition peut être responsable face à un régime irresponsable ?
00:55:28 – Parfaitement.
00:55:29 – Hein ?
00:55:30 – Parfaitement même.
00:55:31 – Mais vous serez complice du mauvais gouvernement,
00:55:33 des mauvaises choses au nom du patriotisme.
00:55:35 Vous serez complice si ce gouvernement est irresponsable.
00:55:38 – Non, le problème, vous prenez votre patience.
00:55:42 – Vous serez complice d'un drame pour la nation.
00:55:44 – Vous prenez l'opposition responsable, patriot.
00:55:46 – Ne soyez pas complice, si c'est mauvais, dites-le.
00:55:48 – Ce n'est pas une affaire de complicité.
00:55:50 – Ne soyez pas uniquement responsable.
00:55:51 – C'est une affaire de patriotisme.
00:55:52 – Est-ce que c'est patriotisme à la bêtise, par exemple ?
00:55:54 – C'est quoi la bêtise ?
00:55:55 – C'est pas bon, la Côte d'Ivoire est mal gérée,
00:55:57 et vous vous dites que vous êtes responsable.
00:55:58 – Oui, vous travaillez, le critique est tellement intéressant.
00:56:01 – Vous travaillez, l'opposition travaille.
00:56:04 – T'as coût rien de le dire.
00:56:05 – L'opposition doit travailler, quelle que soit la situation qu'on est dans.
00:56:08 – César est tout, César est tout.
00:56:09 Effectivement, on va parler du dialogue politique,
00:56:11 et tout le monde a plus ou moins, en tout cas officiellement, joué le jeu,
00:56:14 mais quand vous dites ça, ce qui est étonnant,
00:56:16 c'est que souvent on reproche à l'opposition son inaction,
00:56:19 et elle nous répond "nous ne sommes pas au pouvoir, on ne peut rien faire".
00:56:22 Et là, vous nous dites quand même, en filigrane,
00:56:24 que c'est grâce à vous que la quiétude, la paix, tout a été retrouvé.
00:56:28 C'est un discours quand même étonnant.
00:56:30 – Quel que soit ce qui s'est passé, il faut laisser ce parti travailler.
00:56:34 Pas patriotisme, vous comprenez ?
00:56:36 Vous pouvez ne pas aimer la façon dont on vous a évincé,
00:56:40 mais vous n'appliquerez pas la même méthode
00:56:43 à ceux qui ont le destiné de la nation en main.
00:56:46 Vous travaillez à faire rebondir la démocratie,
00:56:51 à faire revenir la paix, à exiger qu'il y ait des élections.
00:56:55 – Oui, mais vous avez cumulé un grand nombre de boycott d'élections,
00:57:00 là aussi, on peut parler de responsabilité.
00:57:02 – Boycotté… – Vous avez boycotté des élections pendant longtemps.
00:57:04 – Passive, de façon passive.
00:57:06 L'opposition boycotte l'élection sans poser d'acte pour entraver sa tenue.
00:57:14 L'opposition se contente de dire par exemple,
00:57:17 à ce moment-là, vous n'allez pas voter.
00:57:19 Quand vous avez des taux de participation aux élections
00:57:24 qui tournent autour de 8, 10, 15 %, vous savez que vous avez gagné.
00:57:29 Et à partir de ce moment-là, vous savez très bien quelle est votre force.
00:57:32 Et puis vous vous réorganisez, et ça se passe exactement en Côte d'Ivoire,
00:57:35 au lieu de prendre le fusil pour contrarier celui qui a le pouvoir aujourd'hui.
00:57:40 – J'entends, allez-y.
00:57:42 – César, moi je suis un peu répilé par ce révisionnisme
00:57:50 dans lequel j'ai engouffré ce soir.
00:57:53 Parce que tu ne peux pas me dire que les gens ne se sont pas opposés à des élections.
00:57:58 En 2020, tout le monde a vu, c'était un boycott actif.
00:58:02 Tout le monde a vu.
00:58:04 Et là, tu dis qu'on a lancé que des slogans, et on s'est arrêté là.
00:58:10 Ça c'est du révisionnisme.
00:58:12 – Il n'y a pas eu de fusil.
00:58:14 – C'est toi qui le dis.
00:58:15 – L'opposition n'a pas pris le fusil.
00:58:16 – C'est toi qui le dis.
00:58:19 – Moi je n'ai pas vu.
00:58:21 – En réalité aujourd'hui, le champ de critique est restreint pour l'opposition.
00:58:29 Parce qu'aujourd'hui, je prends un simple exemple.
00:58:33 Moi je fais de l'économie.
00:58:34 Suis l'énergie par exemple.
00:58:36 En 2010, la Côte d'Ivoire ne produisait que entre 1100 et 1200 mégawatts.
00:58:43 Aujourd'hui en 2023, nous sommes à 2556 mégawatts.
00:58:48 L'électricité est là.
00:58:50 – Il y a le moyen.
00:58:52 – L'adduction en eau potable.
00:58:54 Aujourd'hui nous sommes à près de 76% de couverture.
00:58:57 Le taux d'électrification rurale…
00:59:01 – Parce qu'il n'y a pas de guerre.
00:59:02 – Il y a aussi du rôle régalien de l'État d'empêcher qu'il y ait de guerre.
00:59:06 C'est ça la réalité.
00:59:07 Si vous n'avez pas été capable d'empêcher qu'il y ait la guerre,
00:59:10 je ne vois pas comment vous aurez pu diriger.
00:59:13 Vous pensez que ceux qui sont là aujourd'hui n'ont pas été
00:59:16 souvent victimes de crocs en jambe ou d'attaques ?
00:59:19 Tu sais bien qu'il y a des velléités.
00:59:22 Et jusqu'à présent, il y a des velléités qui sont toujours actives.
00:59:25 Mais il s'agit pour l'État, il s'agit de son rôle régalien de sécuriser,
00:59:30 d'assurer l'outil de défense, de mettre en place l'outil de défense
00:59:35 pour que la population soit en sécurité.
00:59:37 Et c'est ce qui se passe.
00:59:39 Tout le monde sait bien qu'une partie de l'opposition est en belligérance permanente.
00:59:44 Je ne dis pas dans des batailles, dans des querelles politiques,
00:59:46 je dis bien en belligérance.
00:59:47 – Démocratique.
00:59:48 – Les libéraux sont bien choisis.
00:59:49 Pas démocratique.
00:59:50 – Pacifique.
00:59:51 – Pas pacifique.
00:59:52 Je parle de belligérance, tu ne me parles pas de pacifique.
00:59:53 Si je parle de bataille, oui, mais c'est une belligérance.
00:59:56 Donc il faut dire qu'en réalité, il n'y a pas beaucoup de choses à critiquer
01:00:02 et l'opposition elle-même sait qu'elle ne ferait pas mieux.
01:00:05 C'est pour ça qu'elle est aujourd'hui ankylosée.
01:00:10 Elle est ankylosée, elle ne peut pas aujourd'hui…
01:00:13 – C'est vu.
01:00:14 – Elle ne peut pas aujourd'hui émettre des critiques objectives
01:00:16 puisque même quand elle est en position opérationnelle,
01:00:19 elle sait qu'elle ne ferait pas mieux.
01:00:21 – En même temps, est-ce qu'on attend de l'opposition
01:00:23 qu'elle applaudisse tout ce qui a été fait par le Parti au pouvoir ?
01:00:26 Même si sur des choses factuelles,
01:00:28 on aimerait quand même qu'il y ait de la bonne foi des uns et des autres.
01:00:32 C'est possible ça ?
01:00:33 – Mais sinon, ce ne serait pas une opposition.
01:00:36 Quand un État se met en place, il y a forcément des visions du monde.
01:00:42 On parle d'opposition quand vous êtes deux, vous êtes trois,
01:00:46 vous avez une vision de la gouvernance
01:00:49 et vous voyez comment vous voulez diriger un peuple.
01:00:52 Vous n'avez pas la même façon de faire,
01:00:54 vous vous retrouvez dans des partis politiques différents.
01:00:56 Et chaque parti politique, c'est dans la définition du parti,
01:00:59 veut prendre le pouvoir et veut l'exercer.
01:01:02 Donc un parti d'opposition, sérieux, c'est un parti qui veut prendre le pouvoir.
01:01:07 Je ne vois pas qui voudrait prendre le pouvoir,
01:01:10 même aux États-Unis, même en France, dans les démocraties consolidées,
01:01:14 qui voudrait à chaque fois applaudir celui qui le remplacer tous les cinq ans.
01:01:18 Non.
01:01:19 – Vous voulez dire quoi ? Il y a une posture aussi ?
01:01:21 – Il y a une posture de l'opposant.
01:01:23 Ça ne veut pas dire que l'opposant s'oppose à tout.
01:01:26 Ça veut dire qu'à un moment donné, quand il y a des choses qui sont faites
01:01:30 et que les choses sont faites dans l'intérêt du plus grand nombre,
01:01:34 il faut reconnaître que ce qui a été fait est bon.
01:01:39 Là, vous êtes une opposition et vous êtes une opposition républicaine et citoyenne.
01:01:43 – Est-ce possible ?
01:01:44 – Mais vous ne trouverez aucun opposant qui va dire tout est parfait.
01:01:47 Mais vous trouverez peut-être des opposants qui vont dire rien n'est bon
01:01:51 quand bien même ils seraient convaincus que des choses sont faites.
01:01:54 Ça, ça fait partie du jeu politique et du discours politique.
01:01:57 C'est normal.
01:01:58 Il faut aussi qu'au niveau des gens qui gouvernent,
01:02:03 qu'on ne fasse pas l'erreur de penser que parce qu'on ne dit rien, tout est bon.
01:02:08 Quand vous êtes au pouvoir, il faut savoir lire.
01:02:13 Par exemple, Babou, je l'écoute souvent.
01:02:15 Il y a des moments où il dit des choses, je ne parle pas de causalité,
01:02:20 c'est peut-être une corrélation, mais il y a des moments où ça trouve un écho
01:02:24 dans la gouvernance.
01:02:26 Et ça, c'est bon.
01:02:27 C'est-à-dire que le président Babou peut dire quelque chose,
01:02:30 mais après, ça peut être six mois, un an après, on se rend compte que
01:02:35 c'est comme si les gens avaient entendu.
01:02:37 Mais parce que ça a été dit d'une certaine manière.
01:02:40 Et là, je voudrais insister là-dessus.
01:02:43 Il y a une manière de dire les choses.
01:02:46 - On va en parler dans la dernière partie.
01:02:48 Je vais vous donner quand même quelques questions.
01:02:50 César et tout, je pense que ça vous touche, pas que vous, mais
01:02:55 quel rôle a joué la presse proche de l'opposition pour le retour de la paix
01:02:58 et du devement dans notre pays après la crise ?
01:03:01 Ça, c'est la question d'Adam Scoulibaly de Côte d'Ivoire.
01:03:04 - Oui, je le me suis...
01:03:07 - C'est sur Internet, c'est les gens qui nous écrivent en direct.
01:03:09 - Ah, c'est sur Internet ? - Oui.
01:03:11 La presse, en tout cas la presse proche de l'opposition,
01:03:15 a joué un rôle éminemment capital.
01:03:20 Depuis la nuit de temps, en tout cas dès après la crise.
01:03:24 Vous savez, moi, je n'ai pas été en exil.
01:03:27 J'étais là, j'ai ouvert le journal "Notre voix" le 23 mai,
01:03:33 c'est-à-dire moins de deux mois après les événements douloureux.
01:03:36 Et j'ai commencé, avec mes collaborateurs, à écrire
01:03:40 que pour que la Côte d'Ivoire se retrouve,
01:03:42 il faut qu'il y ait la réconciliation.
01:03:44 Il faut que les exilés rentrent.
01:03:46 Il faut que le président Louaoui Gbagbo soit libéré.
01:03:49 Bien sûr, on n'avait aucun moyen d'aller faire pression sur la CPI,
01:03:54 mais nous étions convaincus que ce monsieur a été transféré à la CPI
01:03:59 de façon arbitraire et qu'il allait revenir.
01:04:01 Nous avons dit ça.
01:04:03 Nous avons même écrit que c'est sa présence en Côte d'Ivoire
01:04:07 qui va faire répartir la démocratie.
01:04:11 Mais on est en train de constater ça.
01:04:14 Donc nous avons joué ce rôle-là.
01:04:17 Moi qui suis là, j'ai payé le prix fort à la fée.
01:04:21 Vous êtes allés en dossier ?
01:04:23 – Non, pas vous.
01:04:25 – Non, pas vous. N'est-ce pas ?
01:04:27 – Bon, alors, revenons-en à nos moutons à la Côte d'Ivoire.
01:04:30 – Les confrères ont été solidaires aussi.
01:04:33 – Voilà, c'est vu.
01:04:34 – Même si le NDI c'est...
01:04:35 – Tout le monde a été...
01:04:37 – Ça c'est à nous.
01:04:39 – Voilà, parce que l'internaute a interrogé.
01:04:42 – C'est à nous la FPI.
01:04:44 – Oui, je me suis tournée vers vous.
01:04:46 – C'est à vous la FPI.
01:04:48 – Donc vous voyez, nous, en tant que journal,
01:04:51 nous avons fait comprendre
01:04:54 que ce n'est pas dans la violence qu'on peut construire un pays.
01:04:57 – Il y a aussi...
01:04:58 – Mais en même temps, sans les considérations, on ne peut rien faire.
01:05:01 – Mais il y a aussi tous ces exilés qui étaient partis,
01:05:04 vous nous le dites, vous n'avez pas fait le choix de partir.
01:05:06 Je ne sais pas si l'un d'entre vous est parti ou a fait ce choix,
01:05:09 qui n'est loin d'être critiquable.
01:05:11 Il y avait plus de 150 000 réfugiés ivoiriens en 2011, selon l'UNHCR,
01:05:16 qui étaient répartis dans 12 pays de la sous-région.
01:05:19 Aujourd'hui, plus de 95 % d'entre eux sont rentrés.
01:05:22 Là aussi, c'est un soulagement.
01:05:24 Et qu'est-ce que ça dit de notre pays ?
01:05:28 La confiance est retrouvée ?
01:05:30 – Oui, ça veut dire que les choses ont changé,
01:05:32 les choses se sont améliorées à ce niveau,
01:05:35 et qu'il y a un sentiment de sécurité générale qui est là.
01:05:40 Et aussi que même s'il y a des craintes de matchs,
01:05:44 il y a un apaisement quand même qui est là.
01:05:46 – Il n'y a pas de craintes de matchs du tout.
01:05:48 – Il y a la tentation.
01:05:49 – Qui vivra verra.
01:05:50 – Il faut mettre fin à ces fantasmes.
01:05:52 – Il y a un apaisement général qui est là.
01:05:54 – Le match de tout le monde va se passer dans les urnes.
01:05:56 – Il y a un apaisement général qui est là,
01:05:58 et c'est rassurant, c'est satisfaisant
01:06:02 que vraiment presque tout le monde soit rentré.
01:06:04 Et il faut qu'on le souligne vraiment beaucoup,
01:06:09 il faut qu'on travaille sur cet aspect-là.
01:06:11 Pour moi, c'est une bonne chose.
01:06:13 Mais en même temps, c'est un défi.
01:06:15 Éviter justement de créer une situation nouvelle
01:06:18 qui pourrait encore conduire à un mouvement d'exil,
01:06:22 un nouveau mouvement de sortie du pays
01:06:24 pour des raisons de la même nature.
01:06:26 – Monsieur, on parle beaucoup des hommes politiques depuis tout à l'heure,
01:06:29 on les accable, on les félicite tantôt,
01:06:31 mais quel en est-il du peuple ivoirien ?
01:06:33 Comment il a participé à cet effort ?
01:06:35 Est-ce que vous, moi je n'étais pas là,
01:06:37 donc je ne peux même pas m'auto-congratuler,
01:06:40 est-ce que vous êtes résilient ?
01:06:42 Est-ce que ce peuple finalement a quelque chose en lui
01:06:47 pour pouvoir remonter ce type de crise ?
01:06:51 Comment vous l'expliquez ?
01:06:53 – Moi je le pense vraiment, parce que, vous savez,
01:06:57 moi j'ai souvent pensé que cette crise,
01:07:02 elle est là, mais elle n'est pas aussi profonde que ça.
01:07:07 Cette crise est artificiellement entretenue
01:07:10 par beaucoup d'hommes politiques
01:07:12 qui essaient de manipuler ce peuple-là.
01:07:16 Vous savez, le discours politique qui est là
01:07:19 a permis de fragmenter notre société.
01:07:24 Et ce discours-là, il est entretenu.
01:07:26 Tout à l'heure, tu parlais des exilés,
01:07:30 mais à un moment donné, il n'y avait aucune raison objective
01:07:33 d'être en exil, d'oublier de rester en exil.
01:07:36 Mais moi je me suis rendu, j'étais dans certains pays
01:07:39 où il y avait des exilés,
01:07:41 mais c'était un acte politique.
01:07:45 C'était un acte politique.
01:07:46 Parfois quand tu échanges avec certains,
01:07:48 si je retourne, c'est comme si je viens légitimer.
01:07:51 - D'accord, ce n'était pas par crainte de...
01:07:54 - Donc ce n'était pas nécessairement
01:07:56 par crainte de représailles.
01:07:58 Si il y a peut-être crainte de représailles,
01:08:00 ce n'est pas l'administration, ce n'est pas vis-à-vis de l'État.
01:08:03 Peut-être des questions individuelles, interquartiers,
01:08:06 oui, ça c'est possible.
01:08:07 Mais je pense que l'administration a fait de son mieux.
01:08:10 L'administration a mis en place diverses politiques.
01:08:12 Les appels au retour n'ont jamais cessé.
01:08:15 Et tous ceux qui avaient envie de retourner,
01:08:18 parce qu'ils veulent retourner, sont retournés.
01:08:20 Beaucoup sont restés pour des raisons politiques.
01:08:22 Jusqu'à présent, certains y sont aujourd'hui,
01:08:24 quoique le statut de réfugié est aboli, n'existait pas.
01:08:28 - Oui, oui.
01:08:29 - Certains y sont toujours pour des raisons politiques.
01:08:32 Et quand je dis pour des raisons politiques,
01:08:33 je ne suis pas en train de dire
01:08:34 qu'ils sont pourchassés par l'administration politique.
01:08:36 Ils y sont parce que pour eux,
01:08:38 il faut que ça reste dans la mentalité collective
01:08:41 que la Côte d'Ivoire est toujours en état de belligérance.
01:08:44 - Vous savez, pendant longtemps, des acteurs politiques,
01:08:46 je crois de plusieurs camps aussi l'ont dit,
01:08:49 ils ont dit que les Ibrahimiens n'ont pas de problème entre eux.
01:08:53 Ce sont des acteurs politiques.
01:08:54 - Le Dr Lil l'a dit dans l'élément.
01:08:56 - Voilà, qui ont des soutiens entre eux.
01:08:58 - Qui ont vécu ensemble.
01:08:59 - Voilà. Il y a un réel vivre ensemble.
01:09:01 Il y a eu cette détention,
01:09:02 mais il y a eu effectivement 3 000 morts.
01:09:05 Il y a eu des moments forts,
01:09:07 comme à l'Ouest, à des endroits,
01:09:09 mais il n'y a pas eu véritablement de guerre civile.
01:09:12 C'est un conflit armé entre deux groupements,
01:09:15 deux entités, deux camps qui étaient en armes.
01:09:19 Mais la guerre civile en elle-même,
01:09:21 comme celle qu'on connaît dans d'autres pays,
01:09:23 n'a pas eu lieu.
01:09:24 On pouvait y arriver.
01:09:26 Il y avait une menace d'y arriver,
01:09:29 mais on l'a évité.
01:09:31 Elle n'a pas eu lieu.
01:09:32 Et les couples mixtes sont restés,
01:09:35 les métissages sont restés,
01:09:36 les partages culturels,
01:09:38 l'interconnexion des communautés,
01:09:40 des religions, dans les villages,
01:09:42 ça est resté.
01:09:43 En dehors des tensions armées
01:09:46 liées à des agissements d'hommes en armes.
01:09:49 Donc ce pays est résilient.
01:09:51 Il y a une volonté de vivre ensemble qui existe.
01:09:55 C'est ça qui fonde une nation.
01:09:59 Même au plus fort de toutes les crises,
01:10:01 depuis 1999,
01:10:03 il n'y a jamais eu de tentation de rupture radicale.
01:10:08 La crise se faisait pourquoi ?
01:10:10 Parce que même les belligérants,
01:10:12 des parts et d'autres,
01:10:13 expriment une volonté de demeurer ensemble
01:10:16 dans le même pays.
01:10:17 C'était une bataille pour contrôler
01:10:20 le pouvoir dans le même pays
01:10:21 et pour arriver à exister dans le même pays.
01:10:24 Et c'est un élément très très fort
01:10:27 qu'il faut pouvoir capitaliser
01:10:30 dans les mois à venir.
01:10:31 C'est sur ça aussi qu'on dit s'appuyer le chef du Létat.
01:10:35 Je suis heureux d'entendre Alaphile faire ce développement-là.
01:10:40 Parce que vous voyez, on est journaliste.
01:10:44 Et il faut toujours se rappeler cela.
01:10:47 Se rappeler les choses quand elles commencent.
01:10:51 Dans ce pays, cher ami,
01:10:54 il y a un leader qui a dit
01:10:56 "On ne veut pas que je sois candidat
01:10:58 parce que je suis de telle région".
01:11:00 Vous avez entendu ça ?
01:11:01 Il y a de telles confessions religieuses.
01:11:03 Mais en Côte d'Ivoire, cela ne peut pas se faire.
01:11:05 Les gens sont imbriqués les uns dans les autres.
01:11:08 Les ethnies sont mélangées.
01:11:09 Les religions sont mélangées.
01:11:11 Ça ne peut pas se passer en Côte d'Ivoire.
01:11:14 Et c'est pour ça qu'on a été sauvés.
01:11:16 On a été sauvés parce que la guerre qu'il y a eu en Côte d'Ivoire,
01:11:20 la rébellion, la guerre,
01:11:22 c'était une guerre de conquête du pouvoir.
01:11:25 Il n'y avait rien du tout.
01:11:26 Les Ivoiriens n'avaient aucun problème entre eux.
01:11:29 Et je suis heureux qu'il fasse ce développement-là.
01:11:31 Il ne faut pas oublier que des Ivoiriens
01:11:34 ont tenté de mélanger religion et ethnie dans cette affaire.
01:11:41 Il ne faut pas oublier.
01:11:42 Mais autant on dit que les Ivoiriens sont résilients
01:11:45 et que le tissu est tellement...
01:11:47 Il y a tellement de connexions entre nous que ça ne pouvait pas casser.
01:11:50 Mais en même temps, encore une fois,
01:11:52 ceux qui ont pris les armes au nom d'une cause ou au nom d'un dirigeant,
01:11:56 comment vous expliquez aussi cette facilité
01:11:59 de suivre les hommes politiques, même dans le pire ?
01:12:03 C'est le pouvoir des hommes politiques.
01:12:06 C'est plus que de traîner la foule.
01:12:11 C'est le pouvoir des hommes politiques que d'instrumentaliser.
01:12:14 C'est pour ça que quand il dit qu'on a été résilients,
01:12:17 oui, on a été aussi.
01:12:19 Même dans la bêtise, on a été un peu intelligents.
01:12:22 J'étais allé rencontrer la dernière fois une dame qui venait de très loin.
01:12:26 Elle disait, vous avez un beau pays.
01:12:29 À la suite de la crise entre le nord musulman et le sud chrétien,
01:12:33 tout le monde arrive dans la salle, mais la pauvre dame,
01:12:35 elle ne savait pas pour son bien.
01:12:37 Parce que nous sommes tous assis là, on ne sait pas de quoi elle parle.
01:12:39 Mais ce sont les catégorèmes dans lesquels ils sont.
01:12:43 Ils veulent simplifier, ils veulent schématiser.
01:12:45 Donc on a dû lui expliquer après que c'est beaucoup plus subtil que ça.
01:12:49 Il faut nuancer.
01:12:50 Mais c'est ça la Côte d'Ivoire.
01:12:52 Et notre humour légendaire contribue aussi à ça.
01:12:55 C'est pour ça qu'il faut dire merci aux chanteurs de Zouglou et de Couper et Décaler.
01:12:59 Parce que ça permet aussi de dé-stresser et de décomplexer.
01:13:03 Et aux humoristes surtout.
01:13:05 Mais c'est ça la Côte d'Ivoire.
01:13:06 Donc on fait aussi des artistes, visiblement pas les intellectuels.
01:13:09 On l'avait dit tout à l'heure.
01:13:10 Allez, on va finir avec ce micro-totoir des populations
01:13:13 qui finalement nous donne des indications
01:13:17 pour préserver la stabilité politique qu'on souhaite tous.
01:13:21 La question de comment préserver la stabilité politique en Côte d'Ivoire
01:13:24 dans le cadre des élections.
01:13:25 Donc les élections, je disais, elles soient organisées
01:13:28 comme ça a été le cas par le passé.
01:13:30 Dans la transparence, dans le respect des règles démocratiques.
01:13:36 Et puis dans l'inclusion aussi.
01:13:38 Donc maintenant, la meilleure façon en tout cas de mon point de vue de préserver
01:13:41 la stabilité politique de notre pays,
01:13:43 c'est de continuer ce développement socio-économique auquel on assiste depuis 11 ans.
01:13:48 La Côte d'Ivoire a multiplié par deux sa richesse.
01:13:51 Le produit intérieur brut a été multiplié par deux en 11 ans.
01:13:54 C'est de continuer les travaux d'infrastructure tel qu'on les observe aujourd'hui.
01:13:57 C'est de redistribuer la richesse entre les Ivoiriens.
01:14:00 C'est de faire en sorte aussi que les jeunes aient du travail,
01:14:03 qu'on continue comme ça à avoir des centaines de milliers d'emplois
01:14:06 créés chaque année dans différents domaines.
01:14:08 Dans le transport, dans l'agriculture, dans l'élevage, dans l'industrie,
01:14:12 dans tous les secteurs que vous pouvez imaginer.
01:14:14 En tout cas, c'est de continuer sur cette lancée-là.
01:14:17 Lutter contre la corruption, favoriser la bonne gouvernance,
01:14:20 mais augmenter la cadence, accélérer la cadence
01:14:23 pour que les conditions de vie des Ivoiriens continuent de s'améliorer
01:14:28 comme c'est le cas depuis les 11 dernières années.
01:14:30 La saluté politique en Côte d'Ivoire, c'est un peu délicat,
01:14:33 mais que tous les politiciens mettent un peu d'eau dans leur vin.
01:14:36 Que chacun sache sa place au fait et que chacun essaye de penser
01:14:40 à ceux qui sont à l'intérieur du pays, pas qu'habitants.
01:14:44 Il ne faut pas qu'on retombe encore dans les mêmes choses
01:14:47 puisque c'est ce qui va faire retarder aussi l'économie du pays.
01:14:51 Il va falloir que chaque Ivoirien regarde devant avec beaucoup de sérénité.
01:14:57 Il faut que, déjà, au point de vue des campagnes électorales,
01:15:00 il n'y ait pas d'attaque.
01:15:03 Je veux dire que chaque groupement reste, n'est-ce pas, séréne dans sa ligne
01:15:11 pour pouvoir galvaniser ses troupes afin de pouvoir accéder
01:15:14 de façon démocratique au pouvoir.
01:15:17 Il faut d'abord que chaque citoyen sache que la politique, c'est un jeu.
01:15:26 Et que chaque personne fasse une révolution intérieure.
01:15:34 Et comprendre que le plus important, c'est l'être humain.
01:15:39 C'est la personne en face de moi, la personne autour de moi.
01:15:44 Pour qu'il n'y ait pas de problèmes lorsque nous faisons la politique.
01:15:51 On ne peut pas parler de paix sans qu'il y ait de justice.
01:15:54 Des gens ne peuvent pas grouper en prison.
01:15:57 Et puis on va parler de paix.
01:16:00 Parce que des gens qui ont leurs parents emprisonnés,
01:16:03 ceux-là vont toujours ruminer contre ce qui se passe.
01:16:06 Et ils ne seront jamais d'accord.
01:16:09 Donc pour qu'on puisse parler de paix, pour que la paix soit durable,
01:16:13 il faut qu'il y ait égalité, il faudrait qu'il y ait justice sur tous les plans.
01:16:18 Pour moi c'est l'union de tous les partis politiques.
01:16:24 Et puis l'entente de la population.
01:16:31 C'est de l'accord de la population, il faut qu'il y ait l'entente entre les populations.
01:16:38 Tout cela fait partie de la stabilité politique.
01:16:42 Il faut que les partis politiques s'entendent.
01:16:46 Messieurs, on a entendu quelques propositions.
01:16:50 L'aspect économique à préserver, à conserver.
01:16:54 Les échanges à ne pas détériorer entre les partis politiques.
01:16:58 Mais ce qui est surprenant, c'est qu'on a vu ces accolades, ces réunions entre ces trois leaders.
01:17:03 Et puis par médias interposés, on entend quand même des propos assez durs.
01:17:08 Qu'en pensez-vous ? Est-ce qu'il faut finalement tempérer les propos tenus publiquement ?
01:17:18 Est-ce qu'on doit exiger ça ? Est-ce que ça peut mettre de l'huile sur le feu ?
01:17:23 Les sorties publiques avec des propos...
01:17:28 Bien sûr, mais il y a différents niveaux d'intervention et il y a différents niveaux de compréhension.
01:17:33 Quand les trois grands qui sont là se parlent, qu'on le veuille ou pas, ça apaise.
01:17:40 Maintenant, après, il y a les sofas, il y a tous ceux qui suivent, il y a tous les lieutenants, il y a tous les soldats.
01:17:47 Chacun va dans tous les sens, mais ça c'est l'animation du jeu politique.
01:17:52 Donc il est important, et c'est bien ce que vous dites là, de faire en sorte que les discours et les propos rassurent.
01:18:01 Parce que nous allons vers une échéance.
01:18:04 Et parce que nous allons vers une échéance qui forcément nous rappelle d'où nous venons,
01:18:10 il faut qu'on soit un peu intelligent pour ne pas refaire ce qu'on a fait.
01:18:16 Parce qu'on ne peut pas refaire les mêmes choses et attendre des résultats différents.
01:18:20 Ce n'est pas possible.
01:18:22 Deuxième chose, tous ceux qui nous suivent là, et notamment sur les réseaux sociaux,
01:18:28 qui se plaisent à mettre de l'huile sur le feu, parfois ce sont des jeunes qui n'ont pas vécu ce que nous avons vécu.
01:18:33 Qui n'étaient même pas encore nés quand 2002 commençait.
01:18:36 Qui ne savent pas ce qu'on a vu, ce qu'on a entendu et ce qu'on a mangé.
01:18:41 Quand ils n'étaient pas encore nés.
01:18:43 Nous, nous avons une certaine responsabilité.
01:18:46 Moi je dis nous, c'est les journalistes, c'est les intellectuels, c'est...
01:18:51 Moi je pense qu'on ne peut pas, comme on dit, détenir la lumière et s'enfermer dans la ténèbre.
01:18:58 J'ai horreur des extrêmes.
01:19:00 Or dans ce pays, on veut nous voir dans les extrêmes.
01:19:03 Professeur Dion doit attaquer tel pouvoir pour qu'on sache que.
01:19:08 Il doit être contre celui-ci et il doit le dire.
01:19:10 Est-ce que je suis obligé d'être extrémiste ? D'être radical ?
01:19:15 Je suis moi pour le juste milieu.
01:19:17 Et le juste milieu pour moi, c'est le dialogue.
01:19:20 C'est la rencontre des tendances divergentes pour que la Côte d'Ivoire puisse avancer.
01:19:25 Parce qu'il n'y a rien de tel que la stabilité d'un pays.
01:19:28 S'il n'y a pas de stabilité, s'il n'y a pas de pays, il n'y a pas de politique et il n'y a pas de leader.
01:19:35 Voilà ce que nous sommes condamnés à construire.
01:19:38 Pour qui est ce vivre ensemble dont nous parlons ?
01:19:40 Il y a un de vos... Il a dit tout à l'heure.
01:19:43 Il y a trois choses.
01:19:45 Premièrement, le respect mutuel.
01:19:47 Deuxièmement, la justice.
01:19:49 Troisièmement, l'égalité.
01:19:50 Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Platon qui le dit.
01:19:52 Depuis l'Antiquité.
01:19:54 Voilà les trois choses sur lesquelles repose le vivre ensemble.
01:19:57 Il faut qu'on se respecte.
01:19:59 Qu'on soit région, qu'on soit religion, qu'on soit citoyen d'ici ou d'ailleurs.
01:20:03 Qu'il y ait entre les Ivoiriens le respect.
01:20:06 Il faut qu'il y ait la justice.
01:20:09 Et que nous ayons nous tous notre part dans la justice.
01:20:12 Et que la justice de notre pays ait du respect pour nous.
01:20:15 Troisièmement, il faut que nous soyons tous égaux devant la loi.
01:20:19 Que nous soyons autorités, que nous soyons individus ou citoyens.
01:20:23 C'est ça la définition de l'état de droit.
01:20:26 Tout à fait, c'est ce que j'allais dire.
01:20:28 Bakayoko, toujours...
01:20:30 Bon, là le dialogue politique a été quand même inclusif.
01:20:33 On va laisser César et tout donner ses propos sur la question.
01:20:37 Ils étaient tous autour de la table et ils ont tous signé des documents.
01:20:40 Est-ce qu'on doit aller encore plus loin avec une sorte de charte éthique ?
01:20:44 Parce qu'encore une fois, vous l'avez dit, ça ne vient pas d'en bas la population.
01:20:47 Ça vient d'en haut ces crises politiques successives dans notre pays.
01:20:51 Est-ce qu'on doit les résigner à rentrer dans un certain schéma ?
01:20:55 Dans leur comportement et dans leurs propos encore tenus publiquement ?
01:20:59 Pour moi, il faut que la classe politique elle-même fasse preuve de citoyenneté.
01:21:06 Parce que j'ai l'impression que certains s'abreuvent de violences,
01:21:11 s'abreuvent d'escalades et leur existence tient à la belligérance.
01:21:20 Ça, j'ai fait cette remarque sur le plan politique.
01:21:24 Il faut que le dialogue politique, d'abord il est institué, il est permanent,
01:21:28 mais il faut quand même un temps pour travailler aussi.
01:21:31 On ne va pas passer tout le temps à parler des mêmes choses, à ressasser les mêmes problèmes.
01:21:36 Mais j'accepte que le dialogue politique, en tout cas, doit venir de temps à autre.
01:21:42 Mais pour moi, la vraie solution, c'est que la classe politique elle-même désarme sa langue
01:21:49 et que les gens ne vivent pas, leur existence politique ne tienne pas à la violence, au plan social.
01:21:57 Et ça, mon message à l'endroit du gouvernement, il s'agit de profiter de la croissance ambiante.
01:22:04 Je précise que pour 2023, il y a une prévision de croissance de 7,2%.
01:22:08 Et donc, ce fruit de la croissance-là, on doit irriguer l'ensemble de la population avec le fruit de cette croissance.
01:22:17 Pourquoi ? Parce qu'une société qui ne mange pas, ou bien qui a faim,
01:22:21 ou bien qui ne mange pas à sa faim, ou bien qui se sent frustrée,
01:22:25 c'est une société, en tout cas, qui est sous des braises.
01:22:30 Donc, il faut que le gouvernement pense à irriguer davantage sa population.
01:22:34 C'est déjà fait, c'est le cas, mais il faut que ça continue davantage.
01:22:38 Puisqu'aujourd'hui, on a plusieurs de nos jeunes qui sont aujourd'hui dans des positions pas très confortables.
01:22:43 Et c'est la bombe à retardement, tout le monde le sait.
01:22:45 Il faut des politiques volontaristes vis-à-vis de cette jeunesse.
01:22:48 Et il faut que les hommes politiques désarment leur langue.
01:22:51 Il faut que les hommes politiques inculquent, en tout cas à partir d'eux-mêmes,
01:22:56 la citoyenneté à l'ensemble de leurs militants.
01:22:59 Pour le moment, ce n'est pas toujours le cas.
01:23:01 – César Eto'o, tout à l'heure, vous nous disiez, "Abutiez-vous à voir ces trois leaders."
01:23:07 Est-ce que la limitation de l'âge, qui a été déjà soulevée régulièrement
01:23:11 depuis le retour de l'ancien président Gbagbo, est-ce qu'il faut y songer ?
01:23:17 C'est une solution, visiblement, ce n'est pas la vôtre.
01:23:20 Est-ce qu'on doit étudier cette possibilité de les empêcher d'être candidats ?
01:23:24 – Vous savez, toutes les possibilités sont envisageables.
01:23:28 Mais cela ne doit pas se faire comme si on avait en arrière-plan
01:23:36 la volonté d'écarter quelqu'un.
01:23:39 – Alors ça, c'est les trois qui sont écartés d'un coup ?
01:23:41 – Bon, d'abord, il faut éviter ça. – C'est les trois.
01:23:43 – Ce n'est pas démocratique que de dire, on écarte trois personnes et puis on est content.
01:23:49 Ce n'est pas élégant.
01:23:52 Laisser la possibilité aux Ivoiriens de décider de qui doit les gouverner.
01:23:58 Mais ça, la question appartient au peuple ivoirien.
01:24:03 Moi, je suis heureux du développement que vient de faire Bakayoko
01:24:08 parce qu'il a parlé comme un opposant parlerait.
01:24:12 Ça dit quoi ?
01:24:14 Aujourd'hui, il faut faire en sorte que s'il y a croissance en Côte d'Ivoire,
01:24:18 le fruit de cette croissance soit partagé.
01:24:21 N'oubliez pas, nous sommes journalistes, c'est nous qui rapportons ça.
01:24:26 Le taux de suicide augmente chez les jeunes.
01:24:29 En Côte d'Ivoire, nous détenons le troisième rang de suicides en Afrique.
01:24:34 – Mais ça, ce n'est pas un peu de gouvernement.
01:24:37 Ça, c'est l'inconscience de cette partie de la jeunesse.
01:24:40 – Ne traite pas des jeunes qui souffrent d'inconscient, s'il te plaît.
01:24:44 – Ceux qui se suicident… – Personne !
01:24:46 – Ceux qui se suicident… – C'est peut-être un mal-être.
01:24:48 – Ceux qui se suicident… – Oui, c'est plus un mal-être que…
01:24:51 – Je ne sais pas ce qui les anime.
01:24:52 – La Côte d'Ivoire fait partie des pays qui fournissent le plus grand nombre d'immigrés.
01:24:58 Ceux qui sont morts et mouris dans la mer, dans le Méditerranée,
01:25:01 et ceux qui arrivent à Francie pour tomber en France et qui sont recensés.
01:25:06 – Mais ça, ce n'est pas lié à la pauvreté, ça, c'est un problème culturel.
01:25:09 Chacun veut devenir, veut dire qu'il est en Europe, qu'il vit en Europe.
01:25:12 Ça, c'est purement culturel, mais ils ne sont pas en train de fuir une certaine misère dans le pays.
01:25:17 – Pourquoi ce phénomène est né cette dernière année ?
01:25:20 – Ma question, c'est comment préserver la stabilité politique ?
01:25:24 – Comment préserver la stabilité politique ? Et c'est là que j'allais…
01:25:28 – Déjà, c'est une manière de reconnaître pour vous que c'est stable.
01:25:31 Votre pays est stable, politiquement.
01:25:33 – Non, le pays n'est pas stable.
01:25:35 L'absence de guerre n'est pas la stabilité.
01:25:38 Il faut faire en sorte qu'on ne retombe pas.
01:25:41 Parce qu'il ne faut pas faire l'erreur de croire qu'au cimetière aussi, il y a la stabilité.
01:25:46 Vous comprenez ?
01:25:48 Mais ce qu'il faut, c'est que…
01:25:51 Au début de l'émission, je vous ai parlé des recommandations du cinquième dialogue politique interivoirien.
01:26:04 Tout le monde a signé un papier en y mettant ce qu'il faut pour qu'il y ait quatre choses.
01:26:14 D'abord, l'apaisement de l'environnement politique national.
01:26:20 Deuxièmement, la réconciliation nationale.
01:26:24 Troisièmement, des élections démocratiques et apaisées en Côte d'Ivoire.
01:26:30 Et enfin, un cadre de suivi de toutes ces recommandations-là,
01:26:35 pour qu'on ne retombe plus dans le travers du passé.
01:26:41 Est-ce que cela est mis en application aujourd'hui ?
01:26:45 – Oui, cela est mis en application.
01:26:47 – Il y a des choses qui sont faites ?
01:26:48 – Oui, cela est mis en application.
01:26:49 – Il y en a d'autres ?
01:26:50 Par exemple, je constate que plus d'un an après la signature,
01:26:56 parce que ce document date du 4 mars 2022,
01:27:02 Temba vient de rentrer à la Commission électorale indépendante.
01:27:05 – Oui, ce n'est pas fini.
01:27:07 – On a entendu, il ne faut pas refaire et aller au bout
01:27:11 de ce que vous avez tous accepté visiblement quand vous vous êtes rencontrés.
01:27:15 J'aimerais, parce qu'il nous reste vraiment deux minutes, excusez-moi,
01:27:17 j'aimerais les derniers mots, qu'il y ait la fin à la fée.
01:27:21 C'est 2023 puis 2025 qui seront finalement le test grandeur nature
01:27:28 pour savoir jaucher de la stabilité de notre pays, c'est ça ?
01:27:32 – Oui, c'est ça. Il faut dire que le président Foubroyan a fait 33 ans,
01:27:36 le président Bélier 6, le président Mbavo 10
01:27:39 et le président Alassane Ouattara sont en train de détenir un autre record.
01:27:44 Il aura fait 15 ans bientôt et après le président Foubroyan,
01:27:48 en termes de longévité, ce sera lui.
01:27:50 Il a bénéficié d'une situation difficile mais aussi d'une longévité extraordinaire
01:27:57 qui lui a permis de réaliser un certain nombre de choses
01:28:01 avec notamment la Cannes 2023 qui arrive et à côté de cette situation
01:28:08 qui j'espère sera festive et positive pour l'ensemble des Ivoiriens,
01:28:12 c'est un souhait, je pense, des Ivoiriens, toutes tendances confondues.
01:28:16 Voilà quelque chose qui rassemble le football, le sport, les victoires de la nation
01:28:22 et c'est là aussi à saluer l'attitude de l'opposition face à cela.
01:28:26 Il y a effectivement ces élections de 2023 qui arrivent,
01:28:30 qui sont un enjeu important, un test avant 2025.
01:28:34 2025, César n'a pas peur du mat' et tout, on espère que les choses vont bien se passer.
01:28:41 – Ça va avoir lieu dans les années.
01:28:43 – Mais avant, on a 2023 et je pense qu'après les législatives de mars 2021,
01:28:51 ce sera une des élections…
01:28:53 – Là tout le monde est présent, à la différence des précédentes.
01:28:57 – Voilà comme les législatives et puis comme en 2002, il en a parlé,
01:29:02 en 2001 et 2002, voilà, en espérant que les bonnes choses, les symboles positifs,
01:29:10 comme il en a eu hier, ne soient pas le prelude à des coups de poignard,
01:29:15 des assissements de certains fils de la nation qui seraient tentés de faire ce qu'ils déplorent,
01:29:22 de la part d'autres fils de la nation qu'il y a eu hier.
01:29:25 Il est temps aujourd'hui de tirer les leçons du passé pour éviter de reconduire
01:29:30 les errements des uns et des autres, pour éviter de reconduire les mêmes erreurs du passé
01:29:35 comme chacun de nous le souhaite ici et comme je pense que toutes les Ivoiriennes
01:29:39 et tous les Ivoiriens le souhaitent.
01:29:41 Donc rendez-vous pour ces élections en espérant que chacun aura tiré les leçons
01:29:46 et que nous aurons un scrutin relativement apaisé.
01:29:49 Les tensions existent, une situation parfaite où on dit tout va bien, tout va bien, ça n'existe pas.
01:29:54 Même aux États-Unis, il y a des tensions plus ou moins, même en France,
01:29:58 il y a des situations de tensions et d'autres même parlent de chaos.
01:30:02 Voilà, il n'y a pas de situation parfaite quelque part.
01:30:06 On espère que nous, les Ivoiriens et les populations de côte d'Ivoire,
01:30:09 aurons suffisamment de maturité pour savoir gérer leurs contradictions internes.
01:30:13 Allez, ce sera le mot de la fin.
01:30:15 Messieurs, merci infiniment d'avoir pris part à cet échange qui est devenu un débat, mine de rien.
01:30:20 Merci pour la courtoisie.
01:30:23 Non, non, mais arrêtons, on relance pas.
01:30:26 Non, non, on va crier en cours s'il vous plaît.
01:30:28 Merci à toutes les équipes techniques et rédactionnelles pour toutes leurs aides pour préparer cette émission.
01:30:34 À la réalisation, Mariette Alagba.
01:30:37 Et restez sur RTI1 et surtout vive la côte d'Ivoire, magnifique pays qui est le nôtre.
01:30:43 [Musique]

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