Chaque mardi, mercredi et jeudi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Gaspard Proust livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Gaspard Proust - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/gaspard-proust-les-signatures-deurope-1
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 d'abord à 8h34 sur Europe 1. Bonjour Gaspard Proust !
00:04 - Grüezi mittenam !
00:06 - C'est quelle langue ça ?
00:08 - Ça veut dire bonjour en suisse allemand.
00:10 - Et pourquoi ce choix ?
00:12 - Comme on reçoit une passionnée de l'évasion fiscale, je me suis dit un ancien du Crédit Suisse,
00:14 ça me semblait adapté de commencer par un petit coucou à la mère patrie.
00:16 Ein kleine Kucku für das Matinal,
00:18 un gros soco-cul pour l'administration fiscale.
00:20 - Vous avez travaillé au Crédit Suisse,
00:22 la banque qui vient d'être rachetée par UBS
00:24 pour une bouchette de pain.
00:26 - Absolument. Vous pouvez vérifier, je l'ai quitté en 2003.
00:28 - Ah vous en avez gardé un ? Mais c'est vrai ?
00:30 Vous avez vraiment bossé au Crédit Suisse ?
00:32 Vous en avez bon souvenir ou pas ?
00:34 - Tout ce que je peux dire c'est que lorsque j'ai quitté la boîte,
00:36 l'action était aux alentours de 50 francs suisse
00:38 alors qu'elle vient d'être rachetée à 77 centimes.
00:40 Je dis ça comme je sais que le gros plat gardère
00:42 est coté en bourse et que le mercato de la radio
00:44 va bientôt commencer.
00:46 Ça peut toujours être utile d'apprendre des erreurs des autres.
00:48 - Bon. Alors je vérifie.
00:50 Effectivement vous avez bien travaillé
00:52 au Crédit Suisse. Vous y faisiez quoi ?
00:54 - Alors j'ai pas trempé dans les affaires de finances.
00:56 J'étais dans la branche humanitaire.
00:58 La division accueil et prise en charge des migrants fiscaux.
01:00 - Des migrants ?
01:02 - Oui, des migrants fiscaux.
01:04 J'étais une sorte de Cédric Ayrou pour des gens qui ont de la thune.
01:06 Vous savez les banques suisses, Dimitri,
01:08 c'est rien d'autre qu'un bateau SOS méditerranée
01:10 qui n'a jamais largué les amarres de la rate de Genève.
01:12 - Joli.
01:14 Vous avez dû en voir quand même de la misère.
01:16 - Les drames humains. Si on les voyait arriver,
01:18 ces pauvres diables, en grelottant, terrorisés.
01:20 On leur offrait un petit café, des miniardises,
01:22 un moleskin, un stylo à plumes en or.
01:24 - On sent que vous avez fait face à de la vraie misère.
01:26 - J'ai vu de ces trucs, Dimitri.
01:28 J'avais l'impression d'être la mère Thérésa des Palaces.
01:30 Toute la misère du monde.
01:32 Des mecs du 7e, 16e arrondissement obligés de se saper en camailleux
01:34 pour pas attirer l'attention des douaniers
01:36 alors qu'ils transportaient des lingots d'or dans le fion.
01:38 Ils arrivaient en larmes.
01:40 On savait pas si c'était à cause de l'émotion ou le début d'occlusion intestinale.
01:42 Ils s'écroulaient dans le salon feutré.
01:44 "Ah non madame, vous mouchez pas dans votre carrière messe."
01:46 "Je m'en fous, c'est un faux.
01:48 De toute façon on est obligés de porter des limitations à Paris
01:50 pour pas se les faire gauler."
01:52 Je dis "ici madame, vous aurez le droit de vous promener dans ce qui vous plaît.
01:54 Quand ça vous plaît.
01:56 Ici vous avez le droit d'être vous-même.
01:58 Si de l'autre côté de la frontière vous n'étiez pas considérés comme des chances pour la France,
02:00 ici, sachez que vous êtes des richesses pour la Suisse."
02:02 Et là, rassurés, ils allaient aux toilettes,
02:04 ils expulsaient le lingot, ils revenaient,
02:06 ils posaient sur la table en disant "ça c'est le travail de toute une vie."
02:08 Et toi t'ajoutais pour détendre l'atmosphère
02:10 "C'est sûr que s'il suffisait de manger des graines
02:12 pour pondre un truc pareil,
02:14 on vous enfermerait direct dans le coffre de la banque,
02:16 on vous laisserait plus sortir."
02:18 La bonne ambiance. Bref.
02:20 - Donc c'était des gens très riches.
02:22 - Ah pas tant que ça. Comme j'étais gérant de portefeuille junior,
02:24 j'avais des patrimoines inférieurs à 1 million d'euros.
02:26 Donc des gens qui possèdent moins que Arnaud, Pino, Gates ou Jean-Luc Mélenchon.
02:28 Non c'était pas...
02:30 - Bon vous nous faites ces confidences là,
02:32 mais vous savez qu'aux yeux de notre invité, Manon Aubry,
02:34 vous êtes une sorte de délinquant.
02:36 - Mais j'ai payé ma dette.
02:38 J'ai cessé cette activité.
02:40 Vous pensez que je suis venu en France pour quoi ?
02:42 Pour purger ma peine.
02:44 Je suis lucide, je sais que ça suffira pas à me faire aimer
02:46 par les gens de LFI comme Manon Aubry.
02:48 Ah, si seulement je savais me mettre en formation de la tortue,
02:50 habillée dans un sac poubelle,
02:52 avancée avec une boule de pétanque à la main
02:54 contre un quart de CRS.
02:56 Sans doute qu'elle percevrait à ce moment-là que derrière cet audio enculé
02:58 se cachait un mec sensible.
03:00 Mais bon, comme disait le général de Gaulle,
03:02 on commence pas une carrière de black bloc à mon âge.
03:04 - Vous allez nous faire pleurer, Gaspard.
03:06 - C'est le but, oui. D'ailleurs, je dois vous avouer que souvent
03:08 les gens de LFI m'ont rendu service quand je bossais dans la banque.
03:10 - Ah bon ? - Oui. A chaque fois que les clients
03:12 commençaient à se plaindre sur les frais de gestion trop élevés,
03:14 on sortait une photo de Jean-Luc Mélenchon, on disait
03:16 "Tu veux la voir, lui, pour président ?
03:18 Ah non, non, c'est pas cher. Merci, merci,
03:20 nos accueillants, monsieur le banquier."
03:22 - Donc vous connaissiez Manon Aubry ou pas ?
03:24 - Ah, que si, que si. Je me suis replongé dans le CV
03:26 et je dois dire que l'accueil ce matin était pas à la hauteur de l'invité.
03:28 - Ah bon, pourquoi ? - Bah hier, on a reçu Bruno Le Maire.
03:30 Vous aurez vu le sketch. Tambour et trompette.
03:32 Il y avait la patronne qui s'est pointée.
03:34 - Je le savais. - Ah mais c'est tout juste, elle lui a pas mis un collier de fleurs
03:36 comme si elle venait d'atterrir à pas péter.
03:38 On sentait que c'était le moment VIP.
03:40 C'est limite si la patronne lui a pas dit
03:42 "Mais elle est restée à l'hôtel, Beyoncé,
03:44 parce que, vous savez, on a un petit salon pour les conjoints,
03:46 monsieur Le Maire."
03:48 Alors que je suis arrivé ce matin, j'ai croisé personne
03:50 quand tout juste la femme de ménage "Bonjour, bonjour."
03:52 - Non mais Gaspard, vous exagérez, c'est pas vrai.
03:54 Et puis c'est pas faire injure à notre invitée. Quand on reçoit un ministre
03:56 en fonction, qui plus est le numéro 3 du gouvernement, on fait un effort.
03:58 - Oui, peut-être.
04:00 C'est vrai que Manon Aubry
04:02 n'est pas ministre de l'économie et des finances.
04:04 Mais elle est capricorne, comme Jésus.
04:06 Et ça, ça se respecte.
04:08 Si ce n'est plus. Et d'ailleurs, non, j'ai découvert ça
04:10 en lisant sa bio, c'est un parcours surprenant
04:12 que celui de Manon Aubry. - Ah oui, vous trouvez, racontez un peu.
04:14 - Elle vient du Var, même lycée que David Racheline,
04:16 elle vote non référendum et s'appelle Manon,
04:18 ça démarre comme un conte de fées.
04:20 Tu lis sa bio, tu dis "Putain, c'est une cousine
04:22 de Marion Maréchal qui a pas de mec".
04:24 - En fait, non, elle a fini
04:26 à la France Insoumise. - J'ai raconté ça à ma mère
04:28 et dans son darwinisme plein de bon sens,
04:30 elle m'a dit "Ah, la nature, c'est un peu jouer
04:32 avec elle". Non, parce que logiquement,
04:34 une nana en paca qui s'appelle Manon,
04:36 quand tu rentres dans un salon de coiffure à Carpentras,
04:38 c'est rare d'entendre le dialogue. Et toi Manon,
04:40 qu'est-ce que tu en penses des violeurs sous OQTF ?
04:42 Eh bien, je les adore. Je pense
04:44 qu'il faut leur donner des papiers, des logements, des aides
04:46 sociales et surtout faire en sorte que par une très
04:48 forte mobilisation citoyenne, solidaire et collective,
04:50 on refuse de les livrer à ce policier
04:52 fasciste soumis à ce méchant nazi de Darmanin.
04:54 Et comme dirait mon frère,
04:56 il m'accabe, Darmanin. - Oh, il m'accabe,
04:58 joli. - C'est la chute ?
05:00 - Oui, c'est-à-dire
05:02 c'est la chute finale, mais...
05:04 C'était...
05:06 - C'était brutal. - J'ai le jeu de mots parfois.
05:08 Un peu pourri, souvent.
05:10 - Il y a peut-être un lien entre Bruno Le Maire et la Suisse,
05:12 c'est que si Bruno Le Maire luttait un peu plus
05:14 contre l'évasion fiscale en Suisse, peut-être qu'on
05:16 aurait pas mal d'argent dans les caisses de l'État.
05:18 - On peut rebondir sur l'humour, en faire un statut politique
05:20 et en faire avancer les idées comme ça.
05:22 Je le reconnais tellement dans ce militantisme.
05:24 - Mais donc, y aurait-il une connexion ?
05:26 - Merci, Gaspard Saint-Chalet. - Moi, je suis con.